Le rôle de la gestion des stocks dans les fluctuations de l`économie

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The role of inventory
management in Canadian
economic fluctuations
Swings in inventory investment have traditionally
accounted for a substantial proportion of the fluctuation
in growth in gross domestic product (GDP).
In recent years, however, advances in inventory-control
techniques and reduced uncertainty associated with
lower inflation have led firms to trim inventory
requirements substantially and have generally reduced
undesired fluctuations in inventories.
The decline in the stock-to-sales ratio has been
particularly pronounced in the manufacturing and
wholesale trade sectors.
Retailers, however, have been pushed to stock a wider
variety of products. Nevertheless, there seems to be
scope for retailers, especially department stores, to cut
their inventory requirements.
Further improvements in inventory-management
techniques and the prospective environment of low
inflation may promote tighter inventory control,
reducing both the size and volatility of inventory
investment relative to GDP. This would imply that
inventory investment will continue to decline in
importance as a source of cyclical fluctuations.
Le rôle de la gestion des
stocks dans les fluctuations
de l’économie canadienne
Les variations que connaissent les investissements en stocks ont été
dans le passé à l’origine d’une part substantielle des fluctuations
que subit la croissance du produit intérieur brut (PIB).
Cependant, au cours des dernières années, l’amélioration des
techniques de contrôle des stocks et le recul de l’incertitude lié
à la baisse de l’inflation ont amené les entreprises à réduire
considérablement le niveau de leurs stocks et ont atténué, de
façon générale, les fluctuations non désirées de ces derniers.
La baisse du ratio stocks/ventes a été particulièrement marquée
dans les secteurs de la fabrication et du commerce de gros.
Les détaillants ont toutefois été incités à stocker une plus large
gamme de produits. Néanmoins, le niveau des stocks que les
détaillants, en particulier les grands magasins, ont besoin de
maintenir pourrait encore baisser.
De nouvelles améliorations des techniques de gestion des stocks et
la persistance d’un climat de faible inflation pourraient favoriser
un contrôle plus strict des stocks et ainsi réduire à la fois la taille
et la volatilité des variations de stocks par rapport au PIB. Le cas
échéant, l’importance de ces variations en tant que source de
fluctuations cycliques continuera de régresser.
Le présent article a été rédigé par Hung-Hay Lau, du département des Recherches.This article was prepared by Hung-Hay Lau of the Research
Department.
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Bank of Canada Review Spring 1996
Historically, movements in inventory investment have played a major
role in business cycles in Canada. However, technological advances,
combined with a reduction in uncertainty resulting from lower inflation,
have enabled firms to manage their inventories much more tightly and
effectively than in the past. This should tend to reduce the size of
undesired buildups or rundowns in inventories and lessen the
importance of inventories as a source of economic fluctuations in the
future. Recent developments in the management of non-farm business
inventories in Canada, at both the aggregate and the sectoral level, are
examined in this article.
Stylized facts
Inventory investment or the change in the stock of goods held in
inventories is given by the difference between production and sales.
Although non-farm inventory investment represents a small proportion
(normally less than 2 per cent) of total real GDP (Chart 1), the change in
Les variations des investissements en stocks ont joué dans le passé un rôle majeur
dans l’évolution des cycles économiques au Canada. Cependant, les progrès
techniques récents, conjugués à la baisse de l’incertitude due au recul de l’inflation,
ont permis aux entreprises de gérer leurs stocks de façon beaucoup plus serrée et
efficace que ce n’était le cas auparavant. Cela devrait avoir pour effet de réduire
l’ampleur des variations — positives ou négatives — non désirées des stocks, de
même que l’importance de ces derniers comme source de fluctuations économiques
dans l’avenir. Le présent article traite de l’évolution récente de la gestion des stocks
commerciaux non agricoles au Canada, sur les plans tant global que sectoriel.
Faits stylisés
Les investissements en stocks, ou la variation de la quantité de marchandises
stockées, sont donnés par la différence entre la production et les ventes. Bien que
les investissements en stocks non agricoles ne représentent qu’une faible proportion
(en temps normal moins de 2 %) du PIB réel (Graphique 1), leurs variations ont en
général été la source d’une part importante — 20 % en moyenne — des fluctuations
Revue de la Banque du Canada Printemps 1996
Chart 1 Ratio of constant dollar inventory investment (non-farm business sector) to GDP
Graphique 1 Ratio des investissements en stocks en dollars constants dans le secteur commercial non agricole par rapport au PIB
Per cent
En pourcentage
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
1965 1970 1975 1980 1985 1990 19951961
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inventory investment has tended to account for a significant proportion,
20 per cent on average, of the fluctuations in GDP growth (year-over-
year) over the last 35 years (Chart 2).1 Indeed, the downward
movements in inventory investment have accounted for more than the
entire decline in real GDP during some recessionary periods (Table 1).
In such episodes, production is further held back by firms’ attempts to
run down their stocks of inventories to levels consistent with lower
sales. This typically follows an unintentional buildup in stocks when
sales slow down unexpectedly.
1More specifically, the variance of year-over-year growth in seasonally adjusted GDP is 24.1 per cent
greater than the corresponding variance of final sales over the last 35 years. Hence, the change in
inventory investment accounts for about 20 per cent (i.e., 24.1/124.1), of the variance in GDP growth,
since GDP is the sum of final sales and inventory investment. In the last 10 years, however, the
contribution of non-farm inventory investment to the fluctuations in GDP growth has diminished to
14 per cent from 25 per cent during the previous 25-year period.
de la croissance sur douze mois du PIB au cours des 35 dernières années
(Graphique 2)1. Durant certaines périodes de récession, la contribution des variations
négatives des stocks à la baisse totale du PIB réel a même été supérieure à celle-ci
(Tableau 1). En de telles périodes, la décrue de la production est exacerbée par les
tentatives des entreprises de ramener leurs stocks à des niveaux compatibles avec
un chiffre d’affaires réduit. C’est ce qui se produit habituellement lorsqu’il y a
accumulation non intentionnelle des stocks attribuable à un ralentissement inattendu
des ventes.
Pour bien jauger le comportement des stocks, il est utile d’en examiner le niveau,
1Plus précisément, la variance de la croissance sur douze mois du PIB désaisonnalisé est de 24,1 % supérieure à la
variance des ventes finales au cours des 35 dernières années. Par conséquent, la variation des investissements en stocks
représente environ 20 % (c’est-à-dire 24,1/124,1) de la variance de la croissance du PIB, puisque le PIB est la somme des
ventes finales et des variations de stocks. Cependant, au cours des dix dernières années, la contribution des variations de
stocks non agricoles aux fluctuations de la croissance du PIB est passée de 25 % qu’elle avait été au cours des 25 années
précédentes à 14 %.
Bank of Canada Review Spring 1996 Revue de la Banque du Canada Printemps 1996
Chart 2 Growth in real GDP and final sales
Graphique 2 Croissance sur douze mois du PIB réel et des ventes finales en termes réels
Per cent, year-over-year
En pourcentage
GDP
PIB
Final sales
Ventes finales
-5
0
5
10
1965 1970 1975 1980 1985 1990 19951961
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Chart 3 Inventory-to-sales ratio and trend: Non-farm business sector
Graphique 3 Ratio stocks/ventes dans le secteur commercial non agricole
Number of months of current dollar sales
Nombre de mois requis pour la vente du stock au complet, évalué en dollars courants
2.6
2.8
3.0
3.2
3.4
3.6
3.8
4.0
4.2
4.4
1965 1970 1975 1980 1985 1990 19951961
Trend
Tendance
Table 1 The contribution of non-farm inventory investment to GDP in recessionary periods
Tableau 1 Apport des investissements en stocks non agricoles au PIB en période de récession
Recessions*Per cent change in real GDP Change in non-farm inventories as
Récession* (peak-to-trough) a percentage of the level of real GDP
Taux de variation du PIB réel Variation des stocks non agricoles en
entre le sommet et le creux du cycle pourcentage du PIB réel
1947Q3 to 1948Q2
1951Q2 to 1951Q4
1954Q1 to 1954Q2
1957Q1 to 1957Q4
1960Q2 to 1961Q1
1970Q2
1980Q2
1981Q3 to 1982Q4
1990Q2 to 1991Q1
1947T3 - 1948T2
1951T2 - 1951T4
1954T1 - 1954T2
1957T1 - 1957T4
1960T2 - 1961T1
1970T2
1980T2
1981T3 - 1982T4
1990T2 - 1991T1
-0.4 -4.1
-2.1 -3.6
-3.5 -1.6
-0.9 -3.2
-0.9 -0.7
-0.5 -0.1
-0.2 0.9
-5.3 -4.1
-3.5 0.4
* This dating of business cycles in Canada is based on Statistics Canada’s GDP criterion.
See Cross (1996) for chronology and alternative dating criteria. * La chronologie établie pour les cycles économiques au Canada est basée sur celle que Statistique Canada
utilise pour le PIB. Elle est tirée de l’article de Cross (1996), de même que d’autres règles d’attribution de
date.
35
To appreciate the behaviour of inventory investment, it is useful to
look at the level of inventories, particularly in relation to sales of goods
(which represent about 60 per cent of GDP).2 The inventory-to-sales (or
stock-to-sales) ratio has trended downward noticeably over the past
35 years (Chart 3), at an average rate of 1.35 per cent per year.3
Measured against this trend decline in the inventory-to-sales ratio,
there was a sharp contrast in inventory behaviour between the 1981-82
and 1990-91 recessions. Inventory investment accounted for 4.1 per-
centage points of the 5.3 per cent drop in real GDP between 1981Q2 and
1982Q4 and contributed 3.6 percentage points of the 6.5 per cent growth
in real GDP over the four subsequent quarters. By contrast, there was
very little inventory correction during the 1990-91 recession, and the
boost to aggregate economic growth from inventory investment over the
recovery period has been correspondingly modest. A possible
explanation for the difference between the two periods is the different
prerecession levels of inventories: at the beginning of 1981, the stock-
to-sales ratio was abnormally high, whereas in 1990 there had been no
major prerecession buildup in stocks.
Theories and applications of inventory management
What can theory tell us about inventory behaviour? From a technical
perspective, firms hold inventories of raw materials, goods in process
and finished goods because there are time lags between purchases,
production and sales. Even in the case where finished goods are presold,
producers still need inventories of raw materials and hold goods in
process of production.
A number of economic theories have been advanced to explain
aggregate inventory behaviour (Abel 1990). According to traditional
theory, firms are motivated to hold inventories by the desire to smooth
the rate of production in the face of fluctuations in demand, because it is
costly to adjust production levels rapidly. With inventory holdings, large
unexpected orders can be filled by drawing down stocks and production
2Using national accounts data, sales of goods are defined as the sum of current dollar consumer
expenditures on goods, government non-wage expenditures on goods and services, total business and
government investment expenditures on fixed capital, and net merchandise exports. This measure of
sales includes value-added in such service industries as transportation and wholesale and retail trade,
and is thus substantially larger than value-added in the goods-producing sector of the economy (which
makes up about 35 per cent of GDP).
3Sales are expressed at a monthly rate in the computation of the stock-to-sales ratio to facilitate
comparisons with sectoral information presented below. A stock-to-sales ratio of 2.7, as observed in
1994, indicates that for every $100 of monthly sales, businesses hold goods valued at $270 as inventory.
This implies that the entire stock of inventories would be sold out in 2.7 months, if sales continued at
the current rate and no additional goods were produced.
notamment par rapport aux ventes de produits (qui représentent environ 60 % du
PIB)2. Le ratio stocks/ventes a affiché une nette tendance à la baisse au cours des
35 dernières années (Graphique 3), puisqu’il a diminué en moyenne de 1,35 % l’an3.
Compte tenu de la baisse tendancielle du ratio stocks/ventes, le comportement des
stocks a affiché un constraste frappant entre la récession de 1981-1982 et celle de
1990-1991. La contribution des investissements en stocks à la chute de 5,3 % qu’a
accusée le PIB réel entre le deuxième trimestre de 1981 et le dernier trimestre de 1982
a été de 4,1 points de pourcentage, et leur contribution à la progression de 6,5 %
enregistrée par le PIB réel durant les quatre trimestres suivants, de 3,6 points. En
revanche, pendant la récession de 1990-1991, les stocks ont très peu varié, et
l’impulsion donnée par les investissements en stocks à la croissance globale de
l’économie durant la reprise a en conséquence été modeste. La différence entre les
deux périodes tient peut-être au fait que les stocks ne s’établissaient pas au même
niveau avant la récession : au début de 1981, le ratio stocks/ventes était anormalement
élevé, tandis qu’aucun gonflement considérable des stocks n’a précédé la récession
de 1990-1991.
La gestion des stocks : théories et applications
Que pouvons-nous apprendre des théories relatives au comportement des stocks? Sur
le plan strictement technique, les entreprises maintiennent des stocks de matières
brutes, de produits en cours et de produits finis en raison des décalages qui existent
entre les achats, la production et les ventes. Même dans les cas où des produits finis
sont vendus à l’avance, les producteurs ont encore besoin de stocks de matières
premières et gardent des stocks de produits en cours.
Plusieurs théories économiques ont été avancées pour expliquer le comporte-
ment des stocks pris globalement (Abel, 1990). La théorie traditionnelle veut que
les entreprises gardent des marchandises en stock afin de maintenir un rythme de
production régulier en dépit des fluctuations de la demande, car il est onéreux de
procéder à des ajustements rapides des niveaux de production. Elles peuvent ainsi
faire face aux commandes inattendues de grandes quantités de marchandises en
puisant dans les stocks accumulés et ensuite accroître progressivement la production
pour ramener les stocks au ratio visé par rapport aux ventes moyennes. Inversement,
2Les ventes de produits sont définies comme la somme en dollars courants des dépenses de consommation en biens,
des dépenses publiques non salariales en biens et services, de l’ensemble des dépenses d’investissement des entreprises
et du secteur public et des exportations nettes de marchandises; tous les chiffres proviennent des comptes nationaux.
Cette mesure des ventes comprend la valeur ajoutée dans les industries productrices de services telles que le transport
et le commerce de gros et de détail et est par conséquent bien supérieure à la valeur ajoutée dans le secteur producteur
de biens (qui n’intervient que pour environ 35 % du PIB).
3Afin de faciliter la comparaison du ratio stocks/ventes avec les données sectorielles présentées ci-dessous, les ventes
sont exprimées en chiffres mensuels. Le ratio stocks/ventes de 2,7 observé en 1994 signifie que, pour chaque montant
de 100 dollars de ventes mensuelles, les entreprises maintenaient un stock de marchandises évalué à 270 dollars. Ce qui
revient à dire que la totalité du stock serait épuisée en 2,7 mois si les ventes continuaient au même rythme et qu’aucune
autre marchandise n’était produite.
Bank of Canada Review Spring 1996 Revue de la Banque du Canada Printemps 1996
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