Chacun est confronté à un moment ou l’autre de sa vie
à des questions existentielles. Chacun aussi peut trouver parmi
les relations affectives, la flexion ou l’action de quoi y répondre .
Donner un sens à sa vie
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Q
u’est-ce qui est le plus important
pour moi? Ma vie vaut-elle d’être
v é c u e ? Po u r qu oi ? Telles son t
quelques-unes des questions que
chacun se pose un jour ou l’autre,
car nous avons besoin de trouver un sens à notre
existence. Selon le psychiatre autrichien Viktor
Frankl, qui a élaboune thérapie par la recher-
che du sens – la logothérapie après les horreurs
de la Secon de Gu erre mon d i a l e , « Il ex i s te ,
comme tout le monde sait, une psychologie des
profondeurs” – qui se définit elle-même comme
telle. Qu’attend-on pour faire place à une “psy-
chologie des hauteurs” – qui tiendrait compte
non seulement de la quête du plaisir,mais aussi
de la volonté de sens. »
La réponse à la quête de sens peut être très dif-
férente d’une personne à l’autre, voire chez la
même personne à des moments différents de sa
vie. Cependant, les recherches de psychologie
menées sur le sujet montrent que l’être humain
donne du sens essentiellement à tra vers trois
dimensions : une dimension affective et relation-
nelle l’amour,l’amitié et la parentalité ; une
d i m en s i on cogn i tiv e les pen s é e s , c roya n ce s ,
va l eu r s et ch o ix ph i l o s o ph i qu e s , ou en core
appréciation de l’art ; une dimension comporte-
mentale l’engagement dans une activité, pro-
fessionnelle ou non. Chacun donne du sens à sa
vie au travers de son cœur, de son cerveau et de
ses mains. Pour approcher ce que donner du sens
à sa vie peut signifier, nous examinerons ces trois
dimensions : les relations affectives, les convic-
tions personnelles et l’action.
Com m e n ç ons par la dimen s i o n affective .
L’homme est être de relation. De très nombreuses
recherches ont mis en évidence que le sentiment
d’appartenance et de liens est nécessaire à l’épa-
nouissement et au sentiment de sa valeur person-
nelle. D’ailleurs, plus que le nombre de personnes
de l’entourage, c’est la qualité du soutien qui
importe. La plupart des gens préfèrent avoir
quelques amis ou membres de sa famille intimes
plutôt que de nombreuses relations superficielles.
Les relations affectives,
principale source de sens
L’ é c r ivain Philippe Del erm sume bi en ce
be s oin de lien s : « “ Le bon h eu r, c’est d’avoi r
qu el qu’un à perd re. J ’ é c r ivais cela en 1985, et je
n’ai pas changé d’avi s . Ce sont les gens qu e
j’aime qui don n ent un sens à ma vi e . Avoir ren-
con t ceux que j’aime est évi dem m ent un fan-
t a s ti que privi l è ge , qui rend to ut à la fois plu s
lu m i n e ux et plus tra gi qu e , p u i s qu’il y a un ri s-
qu e , à ch a que secon de . Si je n’ avais pas ren con tr é
ceux que j’aime, ou si je les perd a i s , j ’ a u r ais pu,
je po u rrais peut - ê t re tro uver une forme de paix
je n’aime pas le mot harm on i e , trop frel a t é – ,
et même go û ter qu el ques plaisirs minu s c u l e s .
Mais tant que ce que j’appelle le bon h eur est là,
je n’ai pas le ch oi x . Je suis un homme de bon-
h eu r. Cela me vi ent de loin je croi s . Venu au
m o n de après la mort d’une sœur, je l’ai sen ti tr è s
t comme un po uvoi r, comme une ch a n ce et
comme une re s pon s a bi l i t é . »
Des psychologues, Karen de Vogler et Peter
Ebersole, de l’Université d’État de Californie, ont
mené avec leurs collègues une série de recherches
sur les facettes de l’existence qui lui donnent du
sens. Quel que soit l’âge, les relations interper-
sonnelles sont le plus souvent citées.
Les relations sociales positives jouent un rôle
essentiel dans l’équilibre psychologique. Les per-
sonnes qui en jouissent trouvent leur vie plus
Jacques Lecomte,
docteur en psychologie,
est chargé de cours
à l’Université Paris
X
et à la Faculté des sciences
sociales de l’Institut
catholique de Paris.
Dossier
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satisfaisante, sont moins sujettes à la dépression
et à d’autres troubles psychologiques, tentent
moins de se suicider que celles qui n’en ont pas ;
elles supportent mieux les coups du sort, tels que
le deuil, le chômage et la maladie. Il s’établit d’ail-
l eu rs une sorte de cercle vertu eu x :po uvoi r
compter sur des proches renforce le bonheur de
vivre, et être heureux conduit à entretenir des
relations proches avec d’autres personnes.
Par aill eu rs , be a u coup d’êtres humains sou-
h a i tent laisser une trace qui leur su r vive , tra n s -
m e t tre un héri t a ge moral aux généra ti ons à
ven i r. Ce thème a fait l’obj et de nom breuses étu-
des et a été nommé généra tivi t é . Ce mot, for g é
par le psych a n a lys te américain Erik Eri k s on ,
d é s i g ne l’intérêt et l’implicati on des adu l te s
( p a r ents et en s ei gnants) dans le bi en - ê tre de la
g é n é r a t i o n su iva n te . Sel on le psych a n a lys te amé-
ricain Geor ge Va i ll a n t , p a rents et en s ei gn a n t s
s o nt des « ga rd i ens du sen s » , ce qui impliqu e
n o n seu l em ent d’accom p a g n e r le dével oppe-
m e nt de ses en f a n t s , mais aussi de con s erver et
de tra n s m e t tre les bi ens co ll ecti f s de l’hu m a n i t é :
c u l t u r e , trad i ti ons et insti tuti on s .
Beaucoup d’enseignants, également parents,
établissent spontanément un lien entre ces deux
facettes de leur personne. C’est ce qu’exprime ce
témoignage d’une enseignante : « La naissance de
mes trois enfants a été suivie d'une période de
grande sérénité, de joie profonde faite d'évidence.
Tout allait de soi. Aider à grandir, nourrir, donner
du bonheur,être essentielle pour quelqu’un !
C'est cert a i n e m ent la ra i s on qui ex p l i que le
métier que je fais aujourd’hui, puisque je suis
enseignante et que je dirige un établissement sco-
l a i re . Une façon de con ti nu er à a i d er à gra n d i r.»
Limportance
des convictions personnelles
Les processus mentaux représentent une autre
façon importante de donner un sens à sa vie. Il
faut ici prendre ce mot dans un sens élargi, qui
com p orte une réflex i on ph i l o s o ph i qu e , de s
valeurs personnelles, une démarche spirituelle,
voire l’appréciation de l’art.
Pour le ph i l o s ophe d’ori gine russe Ni co l a s
Berdiaev (1874-1948), la recherche du sens fut
très tôt une préoccupation majeure et c’est la
philosophie qui lui a per mis d’assouvir cette
quête. « En ce qui concerne ma vie intérieure, en
m’ a n a lys a n t , j’y tro uve su r to ut deux mobi l e s
d’action : la recherche du sens de la vie et la
recherche de l’éternité. […] Une fois, au seuil de
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En Bref
Les relations
personnelles sont celles
qui donnent le plus de
«sens à la vie ». On
mesure leur importance
en imaginant le vide
que laisserait leur perte.
Les réflexions et
valeurs personnelles,
la philosophie ou l’art,
sont autant de façons
de donner un sens
à sa vie.
L’action, le travail,
tout acte qui aboutit à
un dépassement de soi :
chacun peut trouver
dans cet éventail de
quoi répondre à ses
questions existentielles.
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l’adolescence, j’ai été très ébranlé par l’idée sui-
vante : “Si je ne saisis pas encore le sens de la vie,
le seul fait que je veuille me consacrer à sa recher-
che est en soi une raison de vivre et c’est précisé-
ment à cette recherche que je veux consacrer ma
vie. Voilà la véritable conversion intime qui a
transfortoute ma vie. Cette période de méta-
morphose a été vécue par moi dans l’enthou-
siasme. […] C’est cela qui a été ma véritable
conversion, en tout cas la plus importante de ma
vie, la décision de consacrer ma vie à la recherche
de la vérité, établissant ma foi en l’existence de la
vérité. J’opposais la recherche de la vérité, la
recherche de la raison de vivre à la réalité quoti-
dienne, dénuée de sens. »
Aujourd’hui, en France, des philosophes tels
André Comte-Sponville et Luc Ferry reprennent
le flambeau millénaire de la philosophie comme
art de vivre. Ainsi, pour A. Comte-Sponville, « La
philosophie n'a de sens qu'au service de la vie : il
s'agit de vivre mieux, d'une vie à la fois plus
lucide, plus libre, plus heureuse... Penser mieux,
pour vivre mieux. [...] On ne philosophe pas
pour passer le temps, ni pour faire joujou avec les
concepts : on philosophe pour sauver sa peau et
son âme. » Il reconnaît d’ailleurs sans détours
que son intérêt pour la philosophie est très pro-
bablement à son besoin de se libérer de la
souffrance que produisait en lui la vision de sa
mère, femme profondément dépressive. « C'est
parce que je suis très peu doué pour la vie, écrit-
il, que j'ai eu besoin de tant philosopher. »
La quête de sens conduit parfois à la foi reli-
gieuse, en témoigne Léon Tolstoï (1828-1910).
Élevé dans la foi orthodoxe, il évolue jusqu’à ne
plus croire en rien de ce que l'on lui avait appris,
vers l'âge de 18 ans. Les années passent, sa vie
familiale et sa réussite littéraire le détournent
radicalement « de toute quête d'un sens universel
de la vie ». Puis surgissent des moments de per-
plexité, de plus en plus profonds et fréquents,
durant lesquels il a l’impression de ne pas savoir
comment il doit vivre ni ce qu’il doit faire.
Pendant une année, à l’âge de 50 ans, il est obsédé
par la ten t a ti o n du su i c i de . Il ch erche une
réponse à sa quête dans les sciences, la philoso-
phie, la religion ; il observe ses semblables dans
l’espoir de trouver dans leur vie une issue à son
angoisse… et ressort bredouille de sa quête. Il se
tourne alors « vers ces immenses masses d'hom-
mes simples, ni savants ni riches » et est boule-
verpar leur foi simple, ce qui l’amène à cette
certitude : « La foi est la force de la vie. »
L’art est également une source d’enrichisse-
ment de l’existence pour de nombreuses person-
nes. L’un des artistes qui a su le mieux l’exprimer
est le sculpteur Auguste Rodin. « L’art, c’est la
contemplation. C’est le plaisir de l’esprit qui
pénètre la nature et qui y devine l’esprit dont elle
est elle-même animée. C'est la joie de l’intelli-
gence qui voit clair dans l’univers et qui le recrée
en l’illuminant de conscience. L’art, c’est la plus
sublime mission de l’homme puisque c’est l’exer-
cice de la pensée qui cherche à comprendre le
monde et à le faire comprendre. »
La valeur de l’artiste réside précisément, selon
Rodin, dans ce qu’il aide l’humanité à s’élever au-
dessus des strictes contingences matérielles et
facilite l’accès à la contemplation et au sens de
l’existence : l’artiste, nous annonce-t-il, « enrichit
l'âme de l’humanité. Car, en teintant de son
esprit le monde matériel, il révèle à ses contem-
porains extasiés mille nuances de sentiment. Il
leur fait découvrir en eux-mêmes des richesses
jusqu’alors inconnues. Il leur donne des raisons
nouvelles d’aimer la vie, de nouvelles clartés inté-
rieures pour se conduire. […] Les œuvres d’art
[…] nous arrachent à l’esclavage de la vie prati-
que et nous ouvrent le monde enchanté de la
contemplation et du rêve. […] Or il n’y a rien au
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La logothérapie
La logothérapie, ou thérapie par le sens, a été élaborée par le psychia-
tre Viktor Frankl, à la suite d’une expérience personnelle dramatique :
jeune Juif, il a vécu l’enfer des camps de concentration, et à sa libération,
il apprend que la plupart des membres de sa famille, dont son épouse, ont
été exterminés.
Cette approche thérapeutique diffère radicalement de la psychanalyse
(thérapie dominante à l’époque), dans la mesure où elle considère que l’être
humain cherche avant tout à donner un sens à sa vie plutôt qu’à satisfaire
uniquement ses besoins et ses instincts.
En logothérapie, on parle de « frustration existentielle », lorsqu’une per-
sonne a le sentiment que sa vie n’a pas de sens. Ceci n’a rien de patholo-
gique, et peut au contraire être mobilisé dans une action thérapeutique.
Selon Frankl, « l’important n’est pas ce que nous attendons de la vie, mais
ce que la vie attend de nous. »
Bien entendu, Frankl estime que l’individu doit s’efforcer d’éliminer les cau-
ses de la souffrance, lorsque cela est possible, mais que faire lorsque ce n’est
pas le cas ? La logothérapie considère alors que toute souffrance, même la
plus intense, peut être surmontée si la personne parvient à lui donner un sens.
Frankl raconte notamment la situation suivante, qu’il a vécue avec un patient.
Cet homme, un médecin d’un certain âge était profondément déprimé depuis
la mort de sa femme, survenue deux ans plus tôt. « Que pouvais-je faire pour
l u i ? Que lui dire ? Je décidai de lui poser la question suivante : “Et si vous
étiez mort le premier et que votre femme ait eu à surmonter le chagrin pro-
voq par votre décès ?”. “Oh ! pour elle, ç’aurait été affreux ; comme elle
aurait souffert !lui répond le médecin. “Eh bien Docteur, cette souffrance
lui a été épargnée, et ce, grâce à vous. Certes, vous en payez le prix puis-
que c’est vous qui la pleurez. » Bien entendu, cela n’a pas instantanément
guéri cet homme, mais du moins cela l’a-t-il apaisé. Il a pu créer du sens à
p a rtir d’une situation in-sensée au sens propre, privée de sens.
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B i b l i o g r a p h i e
J. Lecomte,
Donner un sens à sa vie,
Odile Jacob, 2007.
V. Frankl,
Découvrir un sens à sa vie
avec la logothérapie,
Éditions de l’homme,
1 9 8 8 .
m o n d e qui nous ren de plus heu reux que la
contemplation et le rêve. […] L’homme qui, à
l’abri du dénuement, jouit en sage des innombra-
bles merveilles que rencontrent à chaque instant
ses yeux et son esprit, marche sur terre comme un
dieu. […] Il ne s’agit pas seulement de voluptés
intellectuelles. Il s’agit de bien plus. L’art indique
aux hommes leur raison d’être. Il leur révèle le
sens de la vie, il les éclaire sur leur destinée et par
conséquent les oriente dans l’existence. »
L’ é c r ivain Éri c - E m m a nu e l Schmitt racon te ,
quant à lu i , com m ent l'irru pti on de la mu s i qu e
de Moz a rt lui a donné la certi tu de que la vie po u-
vait avoir un sen s : « À 15 ans, j’étais fatigué de
vivre . […] Je crus avoir pénétré le sens de la vi e :
la mort . » Il traîne pendant des mois son mal de
vivre ju s qu’au jour où son profe s s eur de mu s i qu e
emmène certains de ses élèves assister à une pé-
ti ti on de l’op é ra de Lyon . É . - E . S c hmitt s’ en n u i e
ju s q u’au mom ent la cantatri c e ch a n t e . Il en
est su bju g u é . « En évoquant un paradis perdu , l a
ch a n teuse rendait le paradis pr é s en t . […] Ma
force ren a i s s a i t . Et l’émervei ll em en t . O u i , d é fer-
lait dans la salle la be a u t é , to ute la be a u du
m o n d e ; elle m’était of f erte , l à , devant moi . [ … ]
À cet instant, je fus guéri . » Su r git alors une inter-
roga ti on qui le ti r e définitivem ent de sa dépre s-
s i on : « Moz a rt m’ a vait sauv é . […] Aucun psy-
ch o l o gue n’ a u r ait songé sans do ute à m’ a p p l i-
qu e r ce tra i t em en t . »
Donner du sens à sa vie
par laction
E n f i n , une troisième source essen ti elle de sen s
se situe dans l’acti on , qu’ elle soit profe s s i on n ell e
ou pers on n e ll e . Le psych o l o gue Mi h a ly
C s i k s zen t m i h a l yi , à l'Un i versité de Cl a rem ont en
Ca l i forn i e , s’est intéressé à ce qu’il nomme les
m om ents de « f lu x » ou d’« ex p é ri en ce opti-
m a l e » . Il s’ a git d’ex p é ri en ces qui ont une va l eu r
en soi , qu el qu’ en soit le résu l t a t , et qui « su rvi en-
n ent quand le corps ou l’esprit sont uti l i s é s
ju s qu’à leu rs limites dans un ef fort vo l o n t a i re en
vue de réaliser qu el que chose de difficile et d’im-
port a n t » . Par exem p l e , certaines pers on n e s
d i s ent de leur trava i l : « C’est si satisfaisant que je
le ferais même si je n’ avais pas à le faire . »
Dans la majorité des cas, l ’ ex p é ri en c e opti m a l e
se produit quand on s’ en ga ge dans une activi t é
qui repr é s en te un défi en ra i s on de la difficulté à
la réaliser. E lle su rvi e nt lors que les ex i gen ces de la
t â che sont légèrem ent su p é ri eu res aux apti tu de s
de l’indivi du , ce qui l’incite à se dépasser. Au co u rs
d’une telle ex p é ri en c e , le su j et est con cen tsur ce
qu’il fait, car l’ex p é ri en c e est en ri ch i s s a n te . Ai n s i
s’ ex prime un alpiniste : « La mys ti que de l’esca-
l a de , c’est l’escalade . Vous arrivez au som m et et
vous êtes en ch a n t é , mais vous vo u d riez que l’as-
cen s i on du re to u j o u rs . La ju s ti f i c a ti on de l’esca-
l a de , c’est l’escalade , comme la ju s ti f i c a ti on de la
po é s i e , c’est l’écri tu re . Vous ne con qu é rez ri en
d ’ a utre que vo u s - m ê m e . […] Il n’y a pas de ra i s on
à l’escalade si ce n’est l’ascen s i on ell e - m ê m e ; c’ e s t
une com mu n i c a ti on avec soi - m ê m e . »
Mais le sens au travers de l’action se manifeste
particulièrement lorsque nous nous sentons uti-
les, lorsque nous apportons notre pierre, même
modeste, dans la construction du monde dans
lequel nous vivons, par le biais de notre activité
profe s s i o n n ell e , par exem p l e . Arm elle Spain,
Lucille Bedard et Lucie Paiement, du Centre de
recherche sur le développement de carrière de
l'Université Laval, au Canada, ont mené une
enquête sur le travail féminin. Les femmes inter-
rogées soulignent fréquemment, quel que soit
leur âge ou leur métier, que leur activité profes-
sionnelle leur donne le sentiment d'être utiles.
L’étude a montré que la vie professionnelle est
vue comme un espace nécessaire au développe-
ment de l’identité qui correspond aux valeurs de
la personne et contribue à les renforcer. Il n’y a
pas rupture, mais continuité, entre la vie person-
nelle et la vie professionnelle. Ce refus d'une frag-
mentation de l’expérience vécue unifie la per-
sonne et assure son identité dans la continuité.
Ainsi, il existe un large éventail de stratégies
pour donner un sens à sa vie, sans qu’aucune ne
soit ni idéale ni universelle. Chacun (ou chacune)
construit pas à pas le sens de sa vie. Sens unique
à chacun, que chacun doit inventer et que nul ne
peut imposer à quiconque.
n
Lors d’une escalade,
ce n’est pas le sommet
que l’on conquiert,
c’est soi-même.
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