
© 2005 – Presses de l’Université du Québec
Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca
Tiré de: Économie et Solidarités, vol. 35, nos 1-2, M. J. Bouchard, J. L. Boucher, R. Chaves
et R. Schediwy, responsables • EES3501N
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
Économie et Solidarités, volume 35, numéros 1-2, 2004 197
sociaux d’un individu, de son insertion sociale. Formellement, le « système
complet d’IMF » est un ensemble E formé d’un continuum d’IMF tel que :
E ={IMF1, IMF2, IMF3, … IMFi, … IMFN}.
Les IMF sont différentes les unes des autres et elles peuvent être ordon-
nées elles-mêmes selon un degré d’exigence croissante de leur système de
garantie, de la manière suivante : IMF1 < IMF2 < IMF3 … < IMFi … < IMFN.
L’IMF1 est moins exigeante que l’IMF2, elle-même, moins exigeante que
l’IMF3 et ainsi de suite. La garantie la plus faible, celle exigée par l’IMF1 est
par hypothèse l’appartenance à un groupe de caution solidaire. On parle de
système complet parce que l’union des IMF, IMF1∪ IMF2 ∪ IMF3….∪ IMFi
…..∪ IMFN couvre tout l’espace de la microfinance de sorte que toute tran-
saction financière quelle qu’elle soit, répondant aux conditions minimales,
celles de l’IMF1 (la capacité d’appartenir à un groupe de caution solidaire),
trouve sa place dans le système microfinancier. Une comparaison7 peut être
faite avec le système de distribution des marchandises (Haudeville et Dado,
2002). Les banques formelles seraient en fait des grossistes des transactions
financières, les mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit seraient des
demi- grossistes, les institutions de crédit solidaire seraient l’échelon intermé-
diaire équivalent de la grosse épicerie ou de la supérette et, enfin, la finance
informelle pourrait être assimilée aux détaillants qui recyclent de petits lots de
produits. On serait alors en présence d’un « système financier complet », selon
qu’on traite de la globalité du système financier, ou d’un « système micro-
financier complet » selon qu’on traite de la seule microfinance. Comme indi-
qué, au sens large, on peut inclure dans le « système complet de micro finance »
toutes les institutions de microfinance formelle et informelle allant des coo-
pératives et mutuelles d’épargne et de crédit aux tontines en passant par le
crédit solidaire, etc. ; dans ce cas, l’ensemble sera borné au niveau inférieur
par les institutions de la finance informelle. Dans une analyse plus restrictive
qui exclurait la finance informelle, le « système complet de microfinance » est
borné à son niveau inférieur par les modèles de type crédit solidaire et à son
niveau supérieur par les mutuelles d’épargne et de crédit dont les garanties
sont assimilables dans certains cas à celles demandées par les banques com-
merciales. Que signifie alors l’exclusion d’une catégorie socioéconomique de
l’accès à cet espace d’IMF ?
L’exclusion relative d’un individu ou d’une catégorie
L’analyse des IMF montre que le passage de la caution solidaire comme garan-
tie à l’épargne préalable (forme de garantie supérieure, plus exigeante) se tra-
duit par l’exclusion des membres très pauvres pour qui la garantie morale est
la seule qu’ils peuvent mobiliser. Mais si cette population pauvre est dotée
d’un « capital social », son exclusion par une IMFi particulière est relative, car
elle n’est pas exclue pour autant du « système complet de microfinance » qui