Troubles urinaires de la Sclérose en Plaques Troubles urinaires dans la Sclérose en Plaques Module DES 2005 Troubles vésico-sphinctériens • Quasi-systématiques au cours de l’évolution de la SEP – Polymorphes, variables au fil du temps – Retentissement fonctionnel et organique • Nécessité d’une prise en charge thérapeutique et d’un suivi au long cours spécifiques Marianne de Sèze MCU-PH, Service de médecine Physique et de Réadaptation, CHU Bordeaux, Troubles urinaires de la Sclérose en Plaques Troubles urinaires de la Sclérose en Plaques Epidémiologie Plan • Prévalence des TVS dans la SEP: (revue de littérature 1965-2005) • • • • • • Epidémiologie Typologie clinique Typologie urodynamique Complications uronéphrologiques Modalités thérapeutiques Recommandations pour le suivi au long cours TVS de la SEP – Délai d’apparition des TVS dans la SEP: 6 ans (5 à 9.5 ans) – Prévalence dès la première poussée: 10% (0 à 14%) • Présence de TVS inauguraux – prédictive de la sévérité du tableau clinique et urodynamique ultérieur – facteur de majoration de la morbidité vésico-sphinctérienne [Giannantoni 1999] TVS de la SEP Typologie clinique • – 32 à 96.8% selon le délai d’évaluation à partir du début de la maladie Prévalence – Prédominance des symptômes irritatifs: 37 à 99% – Incontinence: 19 à 80% – Symptômes obstructifs: 34 à 79% ⇒ Rétention urinaire chronique: 25% • Association fréquente de symptômes irritatifs et obstructifs – Giannantoni 1998: chez 59% homme, 51% femme • Symptomatologie clinique – polymorphe au cours du temps • En 42 mois, 1/3 des patients présentent de nouveaux symptômes (irritatifs++) – peu informative du type et de la sévérité de l’atteinte vésico-sphinctérienne • Betts 1993: sensation de vidange incomplète chez 47% des patients rétentionistes . – peu corrélée à la typologie urodynamique • Koldejwin 1995: 52% d’anomalie urodynamique chez patients asymptomatiques • Amarenco 1995: données cliniques sensibles (82%) mais peu spécifiques (58%) Facteurs influençant la typologie clinique • Durée d’évolution de la SEP – Corrélation avec la présence et la sévérité ++ de TVS cliniques – Mais pas avec leur type • Sévérité des déficiences et incapacités – Prévalence des TVS corrélée avec déficiences (EDSS, Kurtzke) – Corrélation TVS irritatifs/atteinte pyramidale +/- atteinte cérebelleuse • Forme évolutive SEP: possible lien poussée SEP/syndrome obstructif • Genre: – Symptômes irritatifs et incontinence + fréquents chez la femme – Symptômes obstructifs + fréquents chez l’homme 1 TVS de la SEP TVS de la SEP Typologie urodynamique • Prévalence • Prédominance de l’hyperactivité du détrusor: 34 à 99%, médiane ≈ 65% • Hypoactivité du détrusor: 0 à 40%, médiane ≈ 25% • Défaut de compliance: 2 à 10% • Dyssynergie vésico-sphinctérienne: 5 à 83, % médiane ≈ 35% • Activité vésicale normale: 1 à 34% des patients asymptomatiques • Association fréquente de troubles • 43 à 80% de DVS associées à l’hyperactivité du détrusor • 5 à 9% d’acontractilité associées à l’hyperactivité du détrusor • Evolution au cours du temps • 55% de Δ CVF, PD, compliance en 42 mois • Indépendamment de l’évolution neurologique Facteurs influençant la typologie urodynamique • Genre: • Régime pression H>F [Giannantoni 1999] • Amplitude max CNID, Détrusor LPP, P max du détrusor • Durée d’évolution de la SEP: • Pas de typologie spécifique des formes évoluées • Excepté un possible lien entre durée d’évolution et prévalence DVS • DVS:13% avant 48 mois,15% 48/109 mois, 48% >109 mois [Porru 1997] • Rare régression de la DVS et majoration prévalence anomalies urodynamiques avec le temps [Blaivas 1979, Wheeler 1983] • Formes évolutives de SEP: • Pas de typologie spécifique des formes rémittentes et progressives • Lien possible entre poussée (basic protein dans LCR) et DVS et/ou hyperactivité du détrusor [Koldejwin 1995] • Seule DVS apparaît stable au cours du temps (60%) TVS de la SEP Facteurs influençant la typologie urodynamique • Statut neurologique: • Corrélation probable entre hyperactivité du détrusor et sévérité des déficiences sensitivo-motrices et pyramidales (EDSS) • Lien possible entre dyssynergie vésico-sphinctérienne et score d’incapacité (Barthel) et atteinte pyramidale • En fonction des sites lésionnels: • Possibles corrélations entre • Plaques cérébrales ou supra-sacrées et DVS • Plaques tronc cérébral et présence de symptômes cliniques +/hypocontractilité vésicale Complications uro-néphrologiques des troubles vésico-sphinctériens dans la SEP Bas appareil urinaire: • Infections urinaires basses: 13 à 80%, médiane ≈ 30% • Altérations morphologiques urétro-vésicales: 4 à 49% médiane ≈ 30% Complications uro-néphrologiques des troubles vésico-sphinctériens dans la SEP • Revue de littérature: – Domaine sous-documenté par rapport aux populations médullaires – 21 études, dont 17 exploitables, 1694 patients, évolution SEP 3.6 à 18 ans ⇒ Prévalence globale: 0 à 40%, dont 16% sur le haut appareil urinaire Facteurs influençant le pronostic uro-néphrologique dans la SEP • Genre: – Possible influence négative du sexe masculin • Gallien 1998: pyélonéphrites + fréquentes chez homme • Giannantoni 1998: pas d’influence directe, mais régime de pression du détrusor plus élevé chez l’homme (amplitude CNID, PD) Haut appareil urinaire: • Infections urinaires hautes: 0 à 23%, médiane ≈ 8% • Reflux vésico-urétéral: 0 à 15%, médiane ≈ 5% • Dilatation haut appareil: 0 à 25%, médiane ≈ 8% • Lithiase urinaire: 2 à 11% • Insuffisance rénale: 0 à 3% • Age: – Possible influence négative de l’age croissant • Patients avec complication U.N + âgés que ceux sans complication – Amarenco 1995-1996: 50.6 vs 46 ans – Giannantoni 1998: 53.1 vs 45.5 ans • Mais non systématiquement observée et biais possible avec l’évolution neurologique 2 Facteurs influençant le pronostic uro-néphrologique dans la SEP Facteurs influençant le pronostic uro-néphrologique dans la SEP • • • Durée d’évolution: probable – Corrélation rapportée par la majorité des études récentes • Amarenco 1995: durée d’évolution moyenne chez patients présentant complication de 15.25 ans vs 11 ans sans complication. • Giannantoni 1998: idem, 17.8 ans vs 13.4 ans • Gallien 1998: risque de pyélonéphrite croissant avec durée d’évolution Statut neurologique: Probable – Corrélation prévalence des complications • et sévérité déficiences [Blaivas 1984] • et score EDSS [Giannantoni 1998] (4.1 vs 3.1 avec et sans complication) Symptomatologie cliniques VS: possible – influence néfaste des RPM sur les pyélonéphrites [Gallien 1998], mais controversé • Typologie urodynamique – Haut régime de pressions du détrusor probablement délétère [Giannantoni 1998]: – corrélation amplitude max des CNID et complications haut appareil – corrélation PD max et altération morphologique bas appareil – corrélation entre hypocontractilité du détrusor et normalité bas appareil – DVS jugée globalement néfaste sur le pronostic urologique • corrélation DVS/pyélonéphrite/hydronéphrose/complications rénales [Blaivas 1984, Koldewijn 1995] • Arguments en faveur d’un lien indirect DVS-complication – corrélation DVS/sévérité déficience et incapacité, elle-même corrélée avec prévalence des complications uronéphrologiques • Mais, – quelques travaux contradictoires [Amarenco 1995-1996, Giannatoni 1998] – et moindre dangerosité que dans la population médullaire traumatique » Hypercontractilité du détrusor ou spasme strié moins marqués? » Fluctuations statut urodynamique (contractilité détrusor, résistance urétrale) [Amarenco 1996, Giannatoni 1998] • Formes évolutives: Non argumentée Facteurs influençant le pronostic uro-néphrologique dans la SEP • Mode de drainage des urines – Port d’une sonde à demeure • corrélé au risque de détérioration du haut appareil urinaire • et cofacteur possible de risque de tumeur vésical, surtout chez les patients traités par immunosuppresseurs [de Ridder 1998] – Pas d’étude spécifique consacrée aux autres modes mictionnel • Type de prise en charge thérapeutique Mortalité ‘uro-néphrologique’ dans la SEP • Peu documentée et résultats hétérogènes: – Samellas 1965: 55% de 20 décès – Leibowitz 1972, 260 patients, suivi 10 ans: 5% de 75 décès. • Taux de survie à 40 ans moindre chez les patients ayant présenté des TVS durant les 10 premières années de SEP [Phadke 1997] - Pas d’étude spécifique longitudinale dans la SEP Recommandations pour le suivi des neurovessies dans la SEP Complications uro-néphrologiques dans la SEP Synthèse sur les facteurs de risques – Facteurs reconnus par majorité des auteurs et/ou étude de bonne méthodologie (niveau de preuve établie) • Durée d’évolution de la maladie • Port d’une sonde à demeure • Forte amplitude max des contractions involontaires du détrusor • Pressions élevées du détrusor lors du remplissage – Facteurs reconnus par au moins une étude de bonne méthodologie, mais débattus: (présomption de preuve) • Dyssynergie vésico-sphinctérienne • Sexe masculin • Bilan initial: – Patients asymptomatiques sur le plan vésico-sphinctérien • Interrogatoire dirigé sur les TVS • Mesure du RPM (échographique) – Patients symptomatiques sur le plan vésico-sphinctérien • • • • • Calendrier mictionnel sur 24 à 72 h Echographie vésico-rénale ECBU BUD Clairance de la créatinine 3 Recommandations pour le suivi des neurovessies dans la SEP Prise en charge thérapeutique des TVS dans la SEP • Bilans de suivi: - Objectif double – Patients à risques (SEP>15 ans, hautes pressions vésicales, CNID amples, SAD, +/- homme/age>50 ans/DVS) • Suivi spécialisé recommandé • Bilan annuel: calendrier mictionnel, BUD, ECBU, échographie VR, clairance créatinine, qualité de vie • Bilan morphologique tous les 3 ans: cystographie rétrograde ou vidéourodynamique • Fonctionnel: limiter les conséquences sur les activités de vie quotidienne • Organique: préserver l’avenir uro-néphrologique – Personnalisée et régulièrement adaptée – Patients sans risques: • Bilan annuel: calendrier mictionnel, débimétrie, ECBU, échographie VR • Bilan urodynamique tous les 3 ans – Arsenal thérapeutique croissant • Privilégier le confort • Adaptations régulières – Dépistage cancer vésical par cystoscopie • systématique si hématurie • annuel chez patient en SAD • tous les 2 à 3 ans si patients en ASI/KT>3 ans Traitement de l’hyperactivité vésicale Traitement de l’hyperactivité vésicale Anticholinergiques oraux Algorythme thérapeutique ● – Eviction de facteurs favorisants (infection, escarre, médicaments…) – Pharmacologie • Voies d’administration aisées en priorité, puis relais/association – Orale, endovésicale, intradétrusorienne • Deux types d’agents – Molécules affectant le versant efférent du réflexe mictionnel » Anticholinergiques, toxine botulique… – Molécules affectant le versant afférent du réflexe mictionnel » Vanilloïdes, oipioïdes, anesthésiques… Traitement de première intention ● Oxybutine: Efficacité clinique et urodynamique établies - → 94% d’efficacité immédiate, > placebo - mais fort taux d’échappement (48%) et tolérance médiocre (→ 93% ES) ⇒ abandon pour inefficacité ou intolérance 1 cas sur 2 ● Tolterodine, Chlorure de Trospium: - Efficacité > placebo et au moins égale à Oxybutynine - meilleure tolérance générale (trospium) – Thérapies fonctionnelles (neuromodulation, rééducation périnéale) ● Exposent au risque de rétention urinaire: – S’assurer préalablement et au cours du traitement de la qualité de la vidange vésicale+++ – Association fréquente au sondage vésical si rétention urinaire – Neuro-uro-chirurgicale ● Formes LP, transdermique, rectale en évaluation (↑tolérance) Traitement de l’hyperactivité vésicale Traitement de l’hyperactivité vésicale Traitements endovésicaux Autres traitements oraux Anticholinergiques ● Desmopressine -Effet antidiurétique + inhibiteur central de l’activité vésicale - Efficacité pollakiurie, polyurie, continence nocturne - Risque d’hyponatrémie (polymédication) • Efficacité 55 à 90%, tolérance acceptable • Mais - courte durée d’efficacité - absence de conditionnement commercialisé - pas de consensus sur préparation, dose, rythme ⇒ Peu utilisés en pratique quotidienne 4 Traitement de l’hyperactivité vésicale Traitements endovésicaux Traitement de l’hyperactivité vésicale Traitements endovésicaux Vanilloïdes • Neurotoxiques des afférences amyéliniques C – Capsaïcine (piment), Résinifératoxine (cactus) • Efficacité établie Bénéfice: – 80% des cas, > solvant, 2 à 6 mois (1 à 18 mois) • Tolérance immédiate médiocre: – ES quasi-systématique de J0/J15, douleur, aggravation symptômes irritatifs – Rôle ++ du vecteur (éthanol 30%) – Nouveaux vecteurs en évaluation • Administration intravésicale, milieu hospitalier, ambulatoire, 30’ • Contre-indications: reflux vésico-urétéral, lésion muqueuse, anticoagulants Traitement de la dysurie Toxine botulique A • Endotoxine produite par Clostridium Botulinum – Inhibition libération d’Ach+/-voie purinergique ⇒ Blocage de la transmission influx nerveux parasympathique • Administration endovésicale cystoscopique – 30 sites, évitant trigone, 200/300 UI Botox, 500/1000 UI Dysport • Premiers travaux cliniques encourageants – Gain continence, ↑ CVF et VR, ↓ PD ⇒ Efficacité maintenue 4 à 14 mois. ⇒ Tolérance satisfaisante (à confirmer pour forte dose) • Réservée à l’hyperactivité vésicale du patient cathétérisé (acontractilité détrusor) Traitement de la rétention urinaire (spontanée ou induite) Drainage artificiel des urines – / Hypertonie urétrale: Alpha-bloquants • • • • Blocage des récepteurs alpha-1 du col vésical et sphincter lisse urétral Surtout validés pour pathologie prostatique Travaux ouverts: 60% efficacité immédiate, mais 2/3 d’échappement Intérêt agents sélectifs et LP – /DVS: Toxine Botulique A sphinctérienne • Injection transpérinéale ou cystoscopique, 1 flacon • Efficacité 70%, 2 à 3 mois – Réduction résidu, pression urétrale,+/-pressions vésicales – Reprise de miction spontanée inconstante – /Acontractilité vésicale: • Peu de moyens pharmacologiques – Cholinergiques (betanéchol chloride): Bénéfice clinique controversé Traitements fonctionnels des TVS Neuromodulation sacrée Stimulation continue de la racine S3 - Interférence avec coordination réflexe vessie-sphincter-périnée pour en restaurer l’équilibre et le contrôle mictionnel - Indiquée dans l’hyperactivité vésicale et la dysurie - Peu de travaux chez le neurologique mais premiers résultats encourageants - Alternative thérapeutiques après échec des thérapeutiques usuelles Autosondage intermittent ⇒ Technique la plus satisfaisante • Mode stérile ou propre • Objectif: éviter la distension vésicale – Sondages réguliers toutes les 3 à 4 heures, diurèse 1,5 l/j – Adaptation selon calendrier mictionnel et pressions vésicales • Matériel adapté à morphologie, statut sensitivo-moteur et cognitif • Limites: cognitive, incapacités, psychologiques Alternatives • cathéter sus-pubien, hétérosondage, SAD, chirurgie Traitements fonctionnels des TVS Neurostimulation tibiale postérieure Nerf mixte, contingent de fibres L4-S3, originaires de segments impliqués dans l’innervation périnéale et vésicale Action: Inhibition centrale + interneurones segmentaires + voies lemniscales Séance 20’/j, 12 semaines, intensité infra-douloureuse, 10Hz, 200µs Efficacité clinique chez 70% des patients Meilleurs résultats si symptomatologie irritative > hyperactivité détrusor Validation en cours 5 Traitements fonctionnels des TVS Traitements des infections urinaires dans la SEP Rééducation périnéale – Intérêt controversé dans la SEP • Bénéfice de l’électrostimulation endovaginale et du biofeed back rapporté dans l’hyperactivité vésicale – … mais peu maintenu et protocoles astreignants • Intérêt des vibrations sus-pubiennes pour favoriser la contractilité vésicale des vessies modérément rétentionnistes – …étude ouverte, 36 patients [Dasgupta 1998], à suivre… • Rééducation comportementale intéressante (reprogrammation mictionnelle) ⇒ Adjuvant thérapeutique, traitement combiné ⇒ Pas d’aggravation de la fatigue ni de la spasticité • Pas d’attitude consensuelle sur prise en charge thérapeutique de l’infection urinaire dans la SEP – Problématique néanmoins fréquente – Importance+++ par recours fréquent à thérapeutiques altérant défense antimicrobienne • Par analogie aux blessés médullaires traumatiques – Pas d’antibioprophylaxie systématique si bactériurie asymptomatique – Antibiothérapie réservée aux infections symptomatiques (7 à 14 j) – Chez le patient en cathétérisme • Pas de dépistage systématique • ECBU si symptômes cliniques ou circonstances favorisantes • Prévention (drainage vésical régulier, diurèse> 1,5l/j 6