Inquisition
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Breviaire des Religions
Ce Bréviaire « des Religions » traite des connaissances communes à tous les personnages sur les différentes religions
représentées en jeu. Certains personnages possèdent néanmoins un savoir plus étendu, et se verront communiquer ces
éléments dans leurs BGs ou dans le Bréviaire consacré à leur faction. Tous les personnages respectent la religion, oscillant
entre la terreur ici-bas sur terre face aux fléaux omniprésents et l’espoir d’un au-delà rédempteur. Ce Bréviaire porte avant
tout sur la religion dominante : l’Eglise de la Consolation (i.e. les « Cathares »), qui correspond à un dogme répandu au
sein de l’Eglise catholique depuis le XIe siècle.
La Religion en 1243
« L’homme médiéval se meut dans un univers de signes. Sa religiosité concrète lui fait voir en ce monde,
centre de la création et noyau stable d’un ballet d’astres et d’étoiles, un champ d’intervention divine.
Il a placé des croix, marque de son Dieu, à la limite de son champ et sur la pierre levée des anciens
païens qui dérange la lande. Ainsi le diable s’y gardera-t-il bien d’y poser l’empreinte de son sabot
fourchu. Il prie son Dieu à deux genoux, les yeux tournés vers l’autel consacré par le seigneur évêque,
au beau milieu du chœur de la petite église de pierre, qui indique la direction de l’Orient et de la Terre
Sainte. Si sa récolte est bonne, c’est que Dieu lui sourit (…) la maladie est le signe d’une corruption de
l’âme. L’intercession des saints, l’eau bénite et les cierges, les prières promettant repentance, obtiendront
peut-être de Dieu grâce, rémission et guérison.
Dieu, qui se penche indéfiniment sur sa création, distribue à ses créatures messages, punitions,
avertissements. Son bon vouloir s’exprime par les miracles, ses avis par l’ordalie, le « jugement de
Dieu ».
L’homme sait que Dieu dessine des signes dans le ciel : les comètes présagent des épreuves hors du
commun, une guerre, une famine. Un jour les signes se feront plus dramatiques, comme l’annoncent les
saintes prophéties : ce sera la fin des temps.
Pour l’heure, l’homme chemine entre la grêle de la colère divine et la hantise du Salut, sous l’angoisse de
la damnation éternelle. Dans la forêt des images, des symboles, et des chiffres qui sont ses seuls repères
du sacré sur cette terre, il s’avance en comptant ses pas. Il se dirige vers l’église de son village, encore et
toujours, songe qu’au bout des mains du prêtre le pain de l’Eucharistie se fera corps divin, que dans le
tabernacle, présent, rassurant, menaçant, son Dieu veille. L’homme médiéval, le chevalier, le laboureur,
la veuve de l’artisan, la bergère ou le chanoine, vit dans les mains et sous le regard de Dieu.
Sauf le chrétien cathare.
Le voici. Il sourit, ironique un peu, des superstitions des croyants et des clercs de l’Eglise romaine, et
répond que Dieu n’a point à se préoccuper des inconséquences de ce bas monde, dont Satan est le
prince. Pour lui, Dieu est ailleurs, dans son éternité, dans la lumière immobile du Bien et de l’Amour. »
Ouverture de l’ouvrage Les femmes cathares d’Anne BRENON.