3
Le Manipulateur n°208
dossier Téléradiologie
En premier lieu, il est nécessaire que l’ARS (Agence régionale
de santé) soit l’élément moteur dans la prise de la décision
d’engager un projet de cette nature et de l’inscrire dans son
PRS (Programme régional de santé) pour obtenir l’assenti-
ment de tous. Ce n’est pas fini, car il y a tous les acteurs que
sont les professionnels de santé qui reçoivent les patients. En
effet, il ne faut pas oublier qu’un projet de téléradiologie a plu-
sieurs vocations, la première est d’assurer l’équité des soins
à tous les patients face à la pénurie future de radiologues.
Donc, il faut assurer pour le patient un service rendu de qua-
lité et sécurisé dans le respect des règles d’éthique et de
déontologie.
Cette chaîne passe par plusieurs maillons: les radiologues qui
réalisent les actes intellectuels, mais aussi les urgentistes, les
cadres de santé et, surtout, les manipulateurs.
< Les radiologues ont des comportements divers. Certains ne
veulent pas que l’on touche à leur pré carré. C’est une in-
sulte pour eux que de vouloir demander une coopération.
C’est remettre en cause leurs compétences. Et à l’autre
bout, vous avez les leaders, ceux qui ont véritablement ré-
fléchi aux enjeux et qui sont prêts à s’investir. Ils ont un côté
“innovateur”. Entre les deux, vous avez les suiveurs qui
veulent bien, mais ne savent pas comment.
< Les urgentistes sont totalement partants, car ils savent
qu’il est parfois difficile d’obtenir une interprétation, surtout
durant la PDS (Permanence des soins). Toutefois, ils sou-
haitent qu’un relationnel puisse s’établir avec les radio-
logues pour créer un climat de confiance. Il ne faut pas ou-
blier qu’ils sont souvent seuls à prendre des décisions dans
l’urgence. Aussi, avant de lancer un projet de téléradiologie,
il est indispensable que tous les professionnels de santé se
rencontrent pour mettre un visage sur une voix.
< Le cadre de santé est celui qui doit assurer la cohésion en-
tre tous les intervenants, il doit “mettre de l’huile dans les
rouages”.
< Les manipulateurs sont des acteurs pivots d’un tel projet.
En dehors de la prise en charge du patient et de la réalisa-
tion de l’examen, ce sont eux qui assurent le bon fonction-
nement de l’outil de téléradiologie en relation avec le ra-
diologue. Dans un premier temps, il leur faut décrire tout le
contexte clinique afin que le radiologue prenne la décision
de l’examen. Ensuite, tous les flux d’images sont à leur
charge. Et si l’outil a une défaillance, ils doivent mettre en
œuvre une solution de contournement. Sans cette compo-
sante, un projet de téléradiologie ne pourra pas réussir.
À cela, il faut se rapprocher des institutions savantes (le G4
régional, le Conseil de l’Ordre…) qui jouent un rôle essentiel
dans l’avancée du projet et qui aident à bâtir les protocoles,
les processus et la chaîne de prescription.
Et puis, il y a toutes les institutions nationales qui participent
et qui facilitent tous les projets de télémédecine: la DGOS (Di-
rection générale de l’offre de soins) pour tous les aspects ré-
glementaires et juridiques, l’ASIP Santé (Agence des sys-
tèmes d’information partagés de santé) pour les référentiels
et l’aide à la conduite de projet.
Déploiement d’une solution de téléradiologie
Comment construire un tel projet?
Christian Badinier
Directeur GCS (Groupement de coopération sanitaire) Télésanté Lorraine
Pour déployer un projet de téléradiologie, il suffit de mettre
en place une solution technique et tout va bien !
Erreur, la technique, même si elle représente une
composante importante du projet, n’en est que la partie
émergée de l’iceberg. En aucun cas, vous ne pouvez décréter
un projet de téléradiologie sans parler de projet médical
qui doit être bâti avec tous les protagonistes.
*208-Intérieur papier_Mise en page 1 24/04/12 14:43 Page28