Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Jean-Paul Vincent Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes 1 Fonctions à valeurs complexes Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Definition Une fonction à valeurs complexes est une fonction dont l’image est contenue dans C. En particulier, une suite complexe est une suite (un )n≥0 où pour tout n : un ∈ C. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Definition La conjuguée d’une fonction f à valeurs complexes est la fonction f¯ définie par f¯ (x ) = f (x ). La partie réelle d’une fonction f à valeurs complexes est la fonction Re f := 21 (f + f¯ ) et sa partie imaginaire, Im f , est définie par Im f = 2i1 (f − f¯ ). Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Definition Une partie A de C est bornée s’il existe un réel M tel que tout élément z de A soit tel que : |z | ≤ M. Autrement dit, A est contenue dans le disque de centre 0 de rayon M. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Definition Une partie A de C est ouverte, si tout élément a de A est le centre d’un disque contenu dans A. Une partie A est dite fermée si la partie complémentaire C \ A est ouverte. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité La somme et le produit de deux fonctions complexes se définissent de la même manière que pour les fonctions réelles. Theorem L’ensemble des fonctions complexes bornées est muni de structures d’espace vectoriel et d’anneau (algèbre). Les notions de limite, de convergence, sont analogues aux notions réelles, le module remplaçant la valeur absolue. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Definition Nous dirons que la fonction complexe f admet une limite en a si pour toute suite (réelle) (un )n≥0 qui tend vers a, la suite (complexe) (f (un ))n≥0 admet une limite (cette limite étant un (unique) complexe si f est bornée ou ∞ sinon). La fonction complexe f est continue en a, élément de C, si elle est définie en a et si elle admet une limite finie (lima f ∈ C) en a. Ces définitions peuvent s’écrire avec la notion de voisinage et C = C ∪ { ∞ }. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Theorem Une fonction complexe admet une limite ` dans C si et seulement si ses parties réelle et imaginaire admettent une limite. Remarque f a une limite infinie si et seulement si sa partie réelle ou sa partie imaginaire admet une limite infinie. Theorem Une fonction complexe admettant une limite finie en un point est bornée au voisinage de ce point. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Limites et continuité Opérations algébriques sur les limites de fonctions Hormis ce qui concerne ±∞ toutes les relations réelles se récrivent telles quelles. D’aprés ce qui précède, il est toujours possible de se ramener au cas réel. Theorem Soit I un intervalle de R, l’ensemble C(I ) est muni de structures d’espace vectoriel et anneau. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes Tous les résultats concernant les fonctions à valeurs complexes ont leurs équivalents pour les fonctions à valeurs dans R2 , sauf exception. Les notions de fonctions dominantes, négligeables se transcrivent au cas complexe, par exemple : Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I et à valeurs complexes, on dit que g = o(f ) en a (a ∈ R) si et seulement si pour tout e > 0 il existe un voisinage V de a tel que x ∈ V implique |g (x )| ≤ e|f (x )|. Par suite Definition f fonction définie au voisinage de a et à valeurs complexes est dérivable en a, de dérivée égale à f 0 (a) si et seulement si, pour tout x au voisinage de a : f (x ) − f (a) − f 0 (a)(x − a) = o (|x − a|) Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes Theorem f , fonction complexe, est dérivable en a si et seulement si Re f et Im f sont dérivables en a. Dans ce cas : f 0 (a) = Re f 0 (a) + iIm f 0 (a) Démonstration. L’opération qui à une fonction associe son développement limité est linéaire. Nous définirions de même une fonction dérivable sur un intervalle, une fonction n fois dérivable, une fonction de classe C k (k ∈ N ∪ {∞}). La formule de Leibniz est valable pour les fonctions à valeurs complexes (les fonctions de classe C k forment une algèbre). Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes Remarque Le théorème de Rolle est faux. En effet, soit f (x ) = eix , on a f (0) = 1 et f (2π ) = 1 pourtant, pour tout x : |f 0 (x )| = 1. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes Theorem Soit f , fonction complexe définie et continue sur [a, b ], dérivable sur ]a, b [ (et à dérivée bornée), alors : |f (b ) − f (a)| ≤ |b − a| sup |f 0 (t )| t ∈]a,b [ Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes Preuve Soient f1 = Re(f ) et f2 = Im(f ), α et β deux réels quelconques, on pose g (x ) = αf1 (x ) + βf2 (x ), on peut appliquer le théorème des accroissement finis, version réelle, à g : il existe c dans ]a, b [ tel que g (b ) − g (a) = g 0 (c )(b − a), d’où : α(f1 (b ) − f1 (a)) + β(f2 (b ) − f2 (a)) = (αf10 (c ) + βf20 (c ))(b − a) Posons α = f1 (b ) − f1 (a) et β = f2 (b ) − f2 (a), alors : |f (b ) − f (a)|2 = (αf10 (c ) + βf20 (c ))(b − a) Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Dérivation des fonctions à valeurs complexes (suite). D’après Cauchy-Schwarz-Bouniakovsky : q |f (b ) − f (a)|2 ≤ α2 + β2 |f 0 (c )| |b − a| L’inégalité attendue est obtenue car : p α2 + β2 = |f (b ) − f (a)|. (si la dérivée n’est pas bornée, la conclusion reste valide mais pas très utile.) Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Intégration La définition de l’intégrale s’étend naturellement au cas d’une fonction f définie sur un intervalle [a, b ] et à valeurs complexes. Definition Soit f , définie sur [a, b ] à valeurs complexes, continue par morceaux (telle que Re f et Im f soient continues par morceaux). Alors l’intégrale de f sur [a, b ] est : Z b a f (t ) dt = Z b a Re (f )(t ) dt + i Z b a Im (f )(t ) dt Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Intégration Theorem (Propriétés) Soit f une fonction complexe définie et continue par morceaux sur [a, b ] où a ≤ b : R R b b a f (t ) dt ≤ a |f (t )| dt R b a f (t ) dt ≤ |b − a| sup[a,b ] |f | Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Intégration Démonstration. Soient f1 = Re(f ) et f2 = Im(f ), α et β deux réels quelconques (a ≤ b) : Z b Z b Z b Z b α f1 + β |αf1 + βf2 | αf1 + βf2 ≤ f2 = a a Intégrons |αf1 + βf2 | ≤ p α2 + β2 |f | en posant : α= Z b a il vient : a a f1 , β= Z b a f2 Z b 2 Z b Z b a f ≤ a f a |f | Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Primitives Theorem Soit f , définie et continue sur [a, b ] à valeurs complexes, alors la Rx fonction F : x 7→ a f (t ) dt est l’unique primitive de f , nulle pour x = a. Petit supplément sur les fonctions à valeurs complexes Formules de Taylor Theorem Les formules de Taylor-Young et de Taylor avec reste intégral sont valables pour les fonctions complexes. Il n’y a pas d’égalité pour la formule de Taylor-Lagrange mais l’inégalité est valide (et utile lorsque la dérivée d’ordre n + 1 est bornée). Theorem Soit f , définie, de classe C n sur [a, b ], n + 1 fois dérivable sur ]a, b [, à valeurs complexes. Alors : k ( b − a ) | b − a | n +1 f ( b ) − ∑ f (k ) ( a ) ≤ sup |f (n+1) (t )| t ∈]a,b [ k! (n + 1) ! 0≤k ≤n