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Le Courrier des addictions (12) – n ° 3 – juillet-août-septembre 2010
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de l’appariement thérapeutique. Elle a inclus une
autre modalité de traitement que n’avait pas pris
en compte le projet MATCH: le traitement de
liaison et de comportement social (Social beha-
vior and network therapy [SBNT]) dans lequel
les thérapeutes utilisent différentes approches
cognitives comportementales pour construire
un réseau social d’aide au changement pour le
patient et son entourage. Le deuxième, le trai-
tement motivationnel (MET) est fondé sur les
principes d’entretiens motivationnels.
Les hypothèses de l’étude étaient les sui-
vantes: le traitement fondé sur la motivation
(MET), moins intensif, est aussi efficace que
les traitements plus "serrés", fondés sur les
déterminants sociaux (SBNT) ; un traitement
social, SBNT, est aussi efficace économique-
ment qu’un traitement moins intensif comme
le MET fondé sur la motivation.
En fait, les patients disposant d’un faible réseau
social lors de l’évaluation initiale ont rencontré
les mêmes difficultés avec le MET et le SBNT.
Ceux qui étaient peu enclins à modifier leurs
comportements de consommation d’alcool
lors de l’évaluation initiale n’ont pas obtenu de
meilleurs résultats avec le SBNT qu’avec le MET.
On na pas noté de relation entre la sévérité de
la morbidité psychiatrique des patients, pas plus
qu’entre leur niveau de dépendance au départ et
l’efficacité relative de l’une ou l’autre de ces mo-
dalités de traitement. Même les spécificités des
thérapeutes dans l’une ou l’autre d’entre elles
n’ont pas débouché sur des résultats différents.
L’analyse statistique est fondée sur trois prin-
cipes: un essai pragmatique dont l’analyse porte-
ra sur l’intention de soigner. Les données de tous
les clients seront analysées par le groupe auquel
ils ont été orientés et auront reçu un traitement.
L’analyse sera focalisée sur les changements des
résultats de mesures entre les prétraitements et
les traitements suivants après 3 et 12 mois. La
recherche portera sur les déséquilibres entre les
traitements de groupe au départ.
LES RéSULTATS
Aucune des hypothèses d’appariement théra-
peutique n’a pu être confirmée faute de résultats
significativement probants. Trois explications
peuvent être avancées. La première est l’erreur
théorique. La deuxième ressort de la particula-
rité de la méthodologie de recherche : prise en
charge multiple, suivi intense de l’expérimen-
tation, différences entre les sites. La troisième
concerne l’appariement qui fonctionne "en
dehors" de la thérapie et non "à l’intérieur". Ce
constat apparaît très clairement dans le projet
MATCH pour les patients qui ont un accompa-
gnement ou non par les Alcooliques Anonymes.
Les implications cliniques qui en découlent :
la décision de commencer un traitement est
associée à une réduction de la consommation
d’alcool et il est essentiel de convaincre les pa-
tients que le traitement va les aider.
Pour conclure, le traitement a porté sur des
théories spécifiques telles que MET et CBT,
mais les changements ne sont pas corrélés
avec la durée de l’abstinence ou l’importance
Paris récompense les lauréats du
concours “Trop boire, c’est le cauchemar"
vLa ville de Paris a lancé en novembre dernier une campagne
originale de santé publique sur le phénomène du "binge drin-
king". Avec, point d’orgue, un concours de minifilms réalisés par
des Parisiens âgés de 15 à 25 ans, mis en ligne sur le site Internet www.
thebinge-lefilm.com, qui a remporté un vif succès : plus 100 films ont
été réalisés, environ 1 000 jeunes ont pris part de façon active au sein
des équipes de tournages, plus de 100 000 visiteurs se sont rendus sur le
site depuis le début de la campagne. Six films ont été primés par un jury
présidé par Chantal Lauby, comédienne et marraine de l’opération, et
composé de Jean-Marie Le Guen, adjoint chargé de la santé publique et
des relations avec l’AP-HP, de Bruno Julliard, adjoint à la Jeunesse, d’ex-
perts de la prévention, et de jeunes des Conseils de la jeunesse parisiens.
Résultats : Grand prix du jury : Twist in the night; 2e prix : Et si t'avais
le choix ? 3e prix : Doppelganger ; Prix du public: Écart de conduite ;
Prix des associations : Fête foraine ; Prix Coup de cœur du jury: Jean-
Michel le vampire ; Prix mention spéciale du jury: Cauchemar au col-
lège. Comme l’a expérimenté depuis longtemps le CRIPS avec ces divers
concours de films sur le sida, l’usage de drogues ou l’homosexualité,
ces films deviendront les supports de communication pour des futures
campagnes de prévention. Ils seront diffusés sur le site Paris.fr, dans
les équipements municipaux, dispositifs dédiés aux jeunes et à l’occa-
sion d’événements festifs (festivals, concerts, etc.). Ils seront bien sûr
utilisés dans le cadre d’actions de sensibilisation et de prévention sur la
consommation excessive d’alcool et ses conséquences.
La méphédrone au tableau des stups
vLe ministère de la Santé a décidé de classer la 4-methylmethca-
thinone (la méphédrone) comme stupéfiant, suivant en cela les
recommandations de l’OMS et la décision d’un certain nombre
de pays européens (J.O. du 11 juin 2010). Cette drogue de synthèse sti-
mulante et euphorisante, dérivée du principe actif du khat, était vendue
dans toute l’Europe sur le Net comme "engrais végétal", "sels de bains",
"produit utilisé pour la recherche", voire "alternative légale à la cocaïne,
aux amphétamines, à l’ecstasy". En France, elle a été identifiée pour la
première fois à la fin de l’année 2009 dans le cadre du dispositif Système
d’identification nationale des toxiques et des substances (SINTES).
Depuis, 6 autres échantillons ont été collectés auprès des consomma-
teurs et le réseau des Centres d’évaluation et d’information sur la phar-
macovigilane et l’addictovigilance (CEIP) ont reçu, au début de cette
année, les premiers signalements d’effets liés à sa consommation. Elle
provoque "une descente" violente, avec maux de tête, crises d’angoisse et
de paranoïa. Elle provoque aussi des nausées et des vomissements, des
hallucinations, une irritation nasale, une obstruction des vaisseaux pé-
riphériques et du bruxisme. Elle est soupçonnée d'être impliquée dans
une bonne vingtaine de décès survenus outre-Manche. DGS/Afssaps.
P. de P.
de la baisse de consommation d’alcool. Les
meilleurs résultats obtenus l’ont été lorsqu’il
y avait une alliance thérapeutique, un désir de
changement du patient et des possibilités pour
lui de trouver dans son environnement des
ressources d’auto-support.
Ces études donnent une forte évaluation des mé-
diateurs et des modérateurs, et de l’efficacité des
traitements. L’échec de la recherche sur l’appa-
riement thérapeutique fondé sur le modèle tech-
nologique du changement psychothérapeutique
peut nous conduire à une recherche plus fruc-
tueuse des moyens d’améliorer l’accès aux traite-
ments au travers de la distribution des ressources,
ainsi que par des approches individuelles. Selon
omas Babor, les recherches doivent s’orienter
désormais dans d’autres directions, comme l’ap-
pariement des traitements pharmacologiques,
l’auto-appariement du patient au traitement.
v
Références bibliographiques
1. Babor T. Traitement des personnes présentant
des troubles liés à l’usage de substances psychoac-
tives: nécessité d’une nouvelle approche pour la re-
cherche. Conférence de la journée du 20 mai 2010
célébrant les 25 ans de l’URSA, Saint-Cloud (92).
2. Babor T. Treatment for persons with substance
use disorders: mediators, moderators, and the need
for a new research approach. Int J Methods Psy-
chiatr Res 2008;17(Suppl.1):S45-9.
3. Babor T, Del Boca F. Treatment matching in al-
coholism. Cambridge University Press, 2003.
4. UKATT Research Team. United Kingdom Alco-
hol Treatment Trial (UKATT): hypotheses, design
and methods. Alcohol Alcohol. 2001;36(1):11-21.
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