Septembre 2012
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LES INVESTISSEMENTS DES ENTREPRISES BELGES DANS LE CONTEXTE DE LA CRISE
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la demande
(1). À partir du second semestre de 2009, les
perspectives de la demande se sont à nouveau amélio-
rées, entraînant ainsi la demande d’investissement. Les
cash-flows d’exploitation et les rendements d’exploitation
connexes, qui, en 2008, avaient apporté une contri-
bution plutôt modestement négative à la croissance
des investissements, ont fortement freiné la demande
d’investissement en 2009. Ces bénéfices décevants des
entreprises sont évidemment la conséquence de la dégra-
dation notable de la demande associée à une masse
salariale globale initialement assez inélastique. Ce n’est
qu’après que les entreprises ont pu revoir leur demande
de travail à la baisse (aidées en cela par le recours au
système du chômage temporaire) qu’elles sont parvenues
à relever lentement leur rendement. Il faudra toutefois
attendre jusqu’au second semestre de 2010 pour que ces
cash-flows concourent à nouveau positivement à l’aug-
mentation des investissements. Le repli marqué des taux
d’intérêt à court terme (et, dans une moindre mesure, des
taux d’intérêt à long terme) survenu en 2009 et sa trans-
mission aux taux appliqués aux crédits des entreprises et
(1) Pour lisser les variations erratiques de la croissance des investissements à
un trimestre d’écart, l’on a eu recours à une moyenne mobile centrée de la
croissance du trimestre en cours, du trimestre précédent et du trimestre suivant.
Le même filtre a bien évidemment été utilisé pour calculer la contribution des
déterminants individuels à la croissance globale des investissements.
constats apparemment contradictoires qui ont été abor-
dés à l’issue de l’analyse descriptive présentée à la section
précédente. Une série de variables susceptibles d’éclairer
la question de la forte baisse des investissements dans le
sillage de la crise seront examinées, d’une part, de même
que des facteurs pouvant justifier pourquoi les investisse-
ments des entreprises se sont néanmoins caractérisés par
un recul d’amplitude limitée, d’autre part.
2.1 L’évolution récente des investissements des
entreprises à l’aune du modèle économétrique
de la Banque
La production de biens et de services requiert une alloca-
tion optimale du capital et du travail, allocation décrite au
sein du modèle économétrique par une fonction de pro-
duction CES à rendements d’échelle constants. L’on peut
en déduire simultanément la demande optimale de capi-
tal et de travail. Dans ce modèle, les déterminants per-
tinents de la demande d’investissement d’équilibre sont
les suivants : la demande totale de biens et de services du
secteur privé, le coût réel du capital des investissements,
c’est-à-dire le coût du capital mesuré par rapport au coût
de production total des entreprises, l’efficacité croissante
des facteurs de production que sont le travail et le capital,
en conséquence de quoi produire la même quantité de
biens et de services requiert toujours moins de facteurs
de production, le rythme d’amortissement des investisse-
ments antérieurs, l’élasticité, qui mesure la substitution
entre le travail et le capital, ainsi que le paramètre de dis-
tribution, qui compare l’importance du travail à celle du
capital, et le mark-up variable utilisé par les entreprises.
La demande effective d’investissements est intégrée dans
un modèle à correction d’erreurs, qui permet de corriger
graduellement les écarts de la demande optimale d’inves-
tissement durant la période précédente pour tendre vers
la demande d’équilibre. L’on tient par ailleurs compte des
délais qui interviennent habituellement dans le processus
d’investissement, et un déterminant supplémentaire est
inséré dans l’équation via les cash-flows, ce déterminant
or n’influençant la demande d’investissement qu’à court
terme : plus le cash-flow des entreprises est important,
moins elles devront recourir au financement externe –
ce qui entraîne une incertitude supplémentaire quant à
l’issue du processus de décision – et plus elles sont dès
lors à même de mener effectivement de nouveaux projets
d’investissement.
Une analyse des investissements des entreprises selon
les déterminants précités montre que la principale cause
du fléchissement des investissements après l’éclatement
de la crise financière réside dans l’évolution négative de
Graphique 5 ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS ET DES
DÉTERMINANTS
(contributions à la croissance à un trimestre d’écart
(1) des
investissements selon le modèle trimestriel de la Banque, en
points de pourcentage)
2007 2008 2009 2010 2011
–4
–3
–2
–1
0
1
2
3
4
–4
–3
–2
–1
0
1
2
3
4
Coût réel du capital
Cash-flow
Production
Residu + autres facteurs
projections
Investissements des entreprises
2012 e 2013 e
Source : BNB.
(1) Séries lissées : moyenne mobile centrée sur trois trimestres.