
1.0 INTRODUCTION
En macroéconomie, les économistes s’accordent
avec la thèse selon laquelle une inflation faible est
nécessaire pour assurer la promotion de la
croissance économique. Au cours des années,
l’existence d’une relation éventuelle entre ces deux
variables a enregistré un regain d’intérêt
considérable et est ainsi devenue un sujet de débat.
Il est généralement admis que des taux d’inflation
faibles et stables entraînent le développement d’un
pays et par conséquent la croissance économique.
Un taux d’inflation faible assure la croissance
économique à travers une plus grande flexibilité
des prix et des salaires (Lucas, 1973). D’autre part,
un niveau de prix élevé est susceptible de créer de
l’incertitude et d’empêcher une bonne performance
économique. L’inflation est également susceptible
de réduire la compétitivité internationale d’un pays
par le maintien d’un prix élevé des exportations, ce
qui pourrait avoir un impact négatif sur la balance
des paiements. En outre, l’inflation peut interagir
avec la fiscalité d’un pays pour créer des
distorsions dans la prise de décision de prêt et
d’emprunt. Une inflation élevée empêche la
croissance économique en raison de l’impact
négatif sur une distribution efficace des ressources,
un résultat des variations des prix relatifs (Fisher,
1993). S’il est admis qu’une inflation élevée est
préjudiciable à une économie et qu’une inflation
faible est plutôt bénéfique, on pourrait aisément
s’interroger sur la définition du niveau optimal
d’inflation pour une économie. Ce débat soulève
une question de politique intéressante sur le niveau
d’inflation qui serait jugé excessif: c'est-à-dire quel
est le niveau d’inflation à partir duquel la
croissance économique est compromise. Quel est
alors le niveau du taux d’inflation requis pour
promouvoir la croissance dans les Etats membres
de la ZMAO?
L’inflation à un seul chiffre demeure l’un des
critères de convergence de premier rang requis
pour la création d’une union monétaire entre les
Etats membres de la Zone Monétaire de l’Afrique
de l’Ouest (ZMAO2). Cependant, au cours des
2 Les Etats membres de la ZMAO sont: la Gambie, la
Guinée, le Ghana, le Libéria, le Nigéria et la Sierra
Leone
années, cet objectif est devenu quelque peu
difficile à atteindre tout simplement parce qu’on
avait manqué de prendre en compte les difficultés
économiques spécifiques internes des Etats
membres, les chocs extérieurs tels que la montée
des cours du pétrole, la détérioration des termes de
l’échange, la dépréciation du taux de change, des
facteurs qui ont invariablement empiré la pression
de l’inflation dans ces pays. La question que se
posent les responsables politiques et les spécialistes
est de savoir s’il serait mieux que des critères
d’inflation spécifiques qui sont fonction de la
structure économique particulière des Etats
membres soient pris en compte au lieu d’un taux
d’inflation d’un seul chiffre valable pour tous les
Etats membres. Au cas où la réponse à la question
qui précède serait l’affirmative, quel taux
d’inflation l’Institut Monétaire de l’Afrique de
l’Ouest (l’IMAO) recommanderait-il aux Etats
membres? D’une façon générale, à quel niveau
d’inflation la relation entre l’inflation et la
croissance économique devient-elle négative?
Bien que la relation entre l’inflation et la
croissance économique soit un sujet de controverse
ou quelque peu non concluant, plusieurs études
empiriques confirment l’existence d’une relation
positive d’une part ou négative d’autre part entre
ces deux principales variables macroéconomiques.
Mundell (1965) et Tobin (1965) ont révélé qu’une
relation positive existait entre le taux d’inflation et
le taux d’accumulation de capital qui à son tour
implique une relation positive par rapport au taux
de croissance économique. Ils ont soutenu que tant
que la monnaie et le capital sont substituables, un
accroissement du taux d’inflation entraîne
naturellement une montée du niveau
d’accumulation de capital par le biais d’un transfert
de portefeuille de la monnaie au capital et que de
cette manière, on parvient à la stimulation d’un
taux de croissance économique élevée (Gregorio,
l996). En revanche, Fisher et Modigliani (1978)
ont soutenu l’existence d’une relation négative non
linéaire entre le taux d’inflation et la croissance
économique à travers les nouveaux mécanismes de
la théorie de la croissance (Malla, 1997).