s`attaquer à l`inégalité et la pauvreté pour réussir

Prospérer
ensemble
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groupe de travail
d’action Canada
février 2012
le groupe de travail d’action canada sur les inégalités, la pauvreté
et l’économie du savoir - www.prospererensemble.ca
2
action canada
table des matières
Les Fellows sélectionnés proviennent de tous les secteurs, dont le milieu des affaires, les sciences, le
gouvernement, les milieu universitaire et les professions libérales. Le programme s’articule autour de
conférences organisées à travers le Canada, lors desquelles les Fellows interagissent avec des leaders du
gouvernement, de l’industrie, des médias, du milieu universitaire et des ONG. Les Fellows travaillent
en équipes sur des projets de politiques qui ont, dans le passé, été à l’origine de politiques publiques
canadiennes.
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biographies
remerciements
 est rédactrice en chef adjointe de www.OpenCanada.org, le carrefour du Conseil international
du Canada pour les discussions sur les affaires internationales, et présidente fondatrice de Reclaim Child-
hood, une organisation qui fait découvrir les sports aux réfugiées irakiennes.
 est boursier Gates à l’Université de Cambridge et chargé de cours à la Faculté de droit de
l’Université d’Ottawa. Il est également président de la Bourse CAÉP qui aide les personnes issues de milieux
défavorisé à faire des études et à accéder à des services professionnels.
 est agent de programmes à la Fondation canadienne pour l’innovation. Il s’implique
également à Mission Leadership Québec, une organisation qui développe le réseautage et le positionnement
stratégique des jeunes leaders québécois.
 est boursière de la Fondation Jeanne Sauvé à Montréal, au Québec. Elle travaille actuel-
lement à la production d’une série de vidéos d’entrevues et d’essais photographiques sur des questions de
droit de la personne à travers le monde.
est conseiller en gestion chez Boston Consulting Group, à Toronto. Il fait aussi partie de redseven,
une organisation caritative qui se consacre à l’éducation des jeunes dans le monde.
 est directeur, Affaires réglementaires et gouvernementales, à la Banque royale du Canada.
Il est instructeur bénévole pour le programme Emerging Global Leaders de l’Université York et est membre
de l’équipe d’évaluation des demandes de subvention à la Fondation Trillium.
Les membres du groupe de travail tiennent à remercier Action Canada et ses généreux donateurs pour leur
soutient. Le groupe de travail remercie particulièrement Cathy Beehan pour son organisation méticuleuse
ainsi que Rae Hull, dont le travail infatigable et inestimable ont transformé la simple production d’un rapport
en une expérience d’apprentissage bien plus vaste. Nous tenons également à remercier Kevin Chan, Marcel
Côté, Mary-Lou Finlay, Bob Foulkes et Janet Smith pour leurs commentaires constructifs sur notre rapport,
ainsi que les panelistes de notre dialogue public, John Curtis, Jim Milway et Armine Yalnizyan. En particulier,
nous remercions M. Curtis pour avoir lancé l’idée d’une Commission Royale.
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table des matières
le groupe de travail d’action canada sur les inégalités, la pauvreté
et l’économie du savoir - www.prospererensemble.ca
4
introduction
n pourrait penser que les inégalités et la
pauvreté sont l’apanage des politiques
sociales, et non des « politiques économiques
et commerciales », le thème du programme
d’Action Canada pour cette année. On ap-
prend aux Canadiens à considérer les politiques
économiques et sociales comme des domaines
distincts. Et en effet, quand le groupe de travail
d’Action Canada sur l’inégalité, la pauvreté et
l’économie du savoir (« Le groupe de travail »)
a commencé à discuter du présent projet, c’était
avec une conception beaucoup plus étroite des
« politiques économiques et commerciales ».
Politiques économiques et politiques sociales
sont devenues indissociables à nos yeux – au
point que nous nous sommes convaincus que,
si l’on veut assurer la prospérité économique du
Canada à long terme, il est crucial de se pencher
sur des enjeux qui sont traditionnellement con-
sidérés comme sociaux. L’évolution même de la
pensée du groupe de travail montre combien les
inégalités et la pauvreté sont importantes d’un
point de vue économique.
Le groupe de travail a commencé par se concentrer
sur la lente croissance de la productivité au Cana-
da, tendance que certains attribuent à un manque
d’innovation au pays. Ces tendances négatives ont
retenu notre attention parce que, selon les théories
économiques conventionnelles, l’innovation en-
traîne une augmentation de la productivité, ce qui
résulte en des salaires, des revenus et des niveaux
de vie plus élevés pour tous. Mais, en y regardant
mieux, le groupe de travail a découvert que, dans la
pratique, cela se passe tout autrement. Entre 1980 et
2005, bien que la productivité de la main-d’œuvre se
soit considérablement accrue, le salaire réel moyen
des Canadiens a à peine augmenté. Autrement dit, la
majorité des Canadiens n’ont pas bénécié des retom-
bées escomptées de la « tangente innovation » prise
par le pays.
Le groupe de travail a ensuite pris un peu de recul
et s’est penché sur les ingrédients de base de la réus-
site dans l’économie du 21e siècle. L’idée que la plus
importante ressource dans l’économie actuelle est le
capital humain fait consensus – le savoir, les compé-
tences et les qualités des gens. Après avoir identié
les éléments clés du capital humain, nous nous som-
mes interrogés sur les conditions qui favorisent ou
gênent l’acquisition de ces éléments. Les membres du
le capital humain
groupe de travail ont trouvé plusieurs études qui sug-
gèrent que les inégalités et la pauvreté sont nuisibles
pour les diverses
composantes du
capital humain.
Après avoir consta-
té la performance
du Canada dans
ces domaines, le
groupe de travail
s’est rendu compte
qu’il manque une
dimension essenti-
elle dans le discours
sur les « politiques
économiques et commerciales » dans ce pays. Le
Canada se classe 17 eparmi 20 pays de taille compa-
rable en ce qui a trait à l’inégalité. Ces 30 dernières
années, celle-ci a augmenté plus vite qu’aux États-
Unis, le pays industrialisé où les inégalités sont les
plus grandes. Le problème est aggravé par le fait
que le système canadien de scalité et de transferts
ne corrige pas les inégalités de revenu attribuables
au marché du travail comme c’était le cas il y a une
vingtaine d’années. Si le taux de pauvreté est resté
le même pendant cette période, il demeure élevé par
rapport aux normes internationales, particulièrement
pour les enfants.
Le groupe de travail avait donc, à ce point, bouclé la
boucle. Si, dans une économie du savoir, la réussite
dépend du capital humain et si les inégalités et la pau-
vreté ont une incidence négative sur les composantes
du capital humain, alors les inégalités grandissantes
et les niveaux constamment élevés de pauvreté pour-
raient compromettre la capacité du Canada à pros-
pérer. La façon dont le Canada met en œuvre son pro-
gramme d’innovation – ne prêtant guère attention à
l’évolution inquiétante des inégalités et de la pauvreté
– pourrait en fait saper ses efforts. De l’avis du groupe
de travail, la question méritait que l’on y rééchisse
davantage.
Au cours de nos recherches et de nos consultations,
nous avons découvert que le débat sur ces questions
est bien plus polarisé qu’il ne le devrait. Alors que le
milieu des affaires déplore la lenteur du Canada à em-
brasser l’économie du savoir et que les défenseurs de
la justice sociale décrient les inégalités et la pauvreté,
aucun des groupes ne semble se rendre compte qu’ils
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pourraient en réalité avoir des intérêts communs dans
ce domaine. Le groupe de travail espère montrer que
la seule façon pour les Canadiens de prospérer dans
l’économie du savoir est de le faire ensemble. Pour
établir la nouvelle économie de manière durable au
Canada, les leaders canadiens doivent faire en sorte
que le Canada ait accès aux meilleurs cerveaux et aux
plus grands talents, ce qui signie nous assurer que
tous ont la possibilité de contribuer à la prospérité
future du pays et d’en tirer prot.
Si le mouvement Occupons Wall Street a attiré
l’attention sur les inégalités et la pauvreté en tant
qu’enjeux moraux, nous nous concentrons exclusive-
ment ici sur l’impératif économique de s’occuper de
ces enjeux et plus précisément sur le risque qu’ils
sabotent la capacité du Canada de prospérer.
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Le Blackberry n’est pas apparu par miracle, alors d’où
vient-il? Les économistes emploient le terme « facteur
de production » pour décrire les différents éléments
qui contribuent à la production de quelque chose
comme le Blackberry. De tradition, ils englobent dans
ces facteurs de production le capital, la matière pre-
mière et la main-d’œuvre. Mais il faut bien plus que
des machines, des semi-conducteurs et des chaînes
de montage pour produire un Blackberry. Il faut aussi
des cerveaux comme celui de Mike Lazaridis et des
employés innovateurs de RIM.
Dans les années 1960, des économistes ont introduit
la notion de « capital humain » pour décrire ce
facteur de production moins tangible mais tout à
fait crucial. Aujourd’hui, le capital humain est pour
nous « l’ensemble des connaissances, qualifica-
tions, compétences et caractéristiques individuelles
qui facilitent la création du bien-être personnel, so-
cial et économique»2 . Il repose sur quatre piliers :
l’éducation, les compétences, la santé et les relations
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ette année, le mouvement Occupons Wall
Street a mis les inégalités et la pauvreté au
premier plan des préoccupations du public. Mais
malheureusement ce dernier ne semble pas avoir
saisi toute l’importance de ce fait nouveau. Les
inégalités, tout comme la pauvreté, ont un im-
pact économique sur toute la société, du 1 %
du haut au 1 % du bas. La réussite des entre-
prises canadiennes dans l’économie du savoir
dépend de leur capacité d’innover. Comme l’a
récemment fait observer le Groupe d’experts
sur le soutien fédéral de la recherche-dével-
oppement, « l’innovation est à l’origine même
de la compétitivité à long terme des entreprises
et de la qualité de vie de la population cana-
dienne»1 . La capacité d’innovation du Canada
découle directement de son capital humain, lui-
même grandement influencé par les facteurs so-
cioéconomiques. Comme nous l’expliquons ci-
dessous, pour avoir des travailleurs hautement
qualifiés comme ceux sur lesquels s’appuient
des entreprises comme RIM et OpenText pour
offrir des innovations compétitives au niveau
mondial, des conditions sociales porteuses sont
nécessaires et elles ne sont pas compatibles avec
des niveaux élevés d’inégalité et de pauvreté.
Le Canada doit changer sa façon de penser. Comme
le présent rapport le démontre, les Canadiens doivent
commencer à voir les inégalités et la pauvreté com-
me des obstacles à la croissance économique – et non
comme ses conséquences. Nous devons commencer à
comprendre que la prospérité n’est pas la seule solu-
tion aux inégalités et à la pauvreté et qu’atténuer ces
problèmes sociaux est un ingrédient essentiel de notre
prospérité à long terme. Les politiques que recom-
mande notre groupe de travail mettront le Canada sur
la bonne voie pour créer une économie du 21e siècle
qui sera concurrentielle parce qu’inclusive.
le capital humain
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