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curriculum
Forum Med Suisse 2011 ;11(40):701–706 703
de l’opération; les identier est un dé et impose une
anamnèse très méticuleuse. Le dépistage d’infections
avant une opération urgente est très important: si un
patient âgé ayant une pneumonie fait une chute et est
victime d’une fracture pertrochantérienne de son fé-
mur, la pneumonie peut parfaitement se manifester par
de la èvre le jour suivant l’opération.
Les manifestations cliniques de la fasciite nécrosante,
potentiellement fatale, sont très rares mais importantes
à reconnaître (si infection de plaie à souches particuliè-
rement virulentes de streptocoques du groupe A; symp-
tômes majeurs: douleurs locales intenses et instabilité
cardiovasculaire) et les myonécroses à clostridies ou
gangrène gazeuse (si infection à souches de Clostridium
perfringens productrices de toxines; symptômes ma-
jeurs: septicémie fulminante et production de gaz dans
les tissus). Ces infections catastrophiques peuvent déjà
se déclarer dans les 1–2 jours postopératoires.
La période typique de manifestation des infections post-
opératoire est 5–10 jours après l’intervention, et les
infections du site opératoire se manifestent un peu plus
tard que les autres infections nosocomiales. En cas de
complications postopératoires avec réinterventions et
utilisation p rolongée de corps étrangers endoluminaux
(canule trachéale si ventilation assistée, cathéters vei-
neux et sondes vésicales, drains), la période pendant
laquelle ces nouvelles infections nosocomiales sont à
prévoir est prolongée en conséquence.
Les infections d’implants ont leur propre dynamique:
après une phase initiale avec manifestation d’infections
par germes hypervirulents des infections à bas bruit
peuvent apparaître plusieurs mois encore après l’inter-
vention; par convention, les infections du site opé-
ratoire dues à des implants métalliques sont considé-
rées comme nosocomiales jusqu’à un an après
l’intervention [12]. La èvre est très rarement un symp-
tôme de telles infections d’implants tardives et les
signes inammatoires humoraux ne sont souvent que
légèrement augmentés.
Fièvre postopératoire et intervention
Le type et l’importance de l’intervention ne déter-
minent pas seulement l’incidence de la èvre secon-
daire au traumatisme tissulaire et des complications
postopératoires qui peuvent causer une èvre non in-
fectieuse; ce sont également les déterminants les plus
importants du risque d’infection du site opératoire. Le
tableau 4 p présente les risques infectieux approxima-
tifs de certaines opérations; les chiffres entre paren-
thèses indiquent les marges dans différents systèmes
de surveillance [16–19].
La gure 4 x montre à quel point l’appréciation de la
cause de la èvre 5 jours après telle ou telle interven-
tion peut être différente: alors qu’après l’implantation
d’une prothèse totale de hanche les causes non infec-
tieuses prédominent, que la thrombose veineuse pro-
fonde et l’embolie pulmonaire sont importantes dans
le diagnostic différentiel, après une intervention sur
le côlon c’est l’infection du site opératoire qui est la
cause la plus probable de la èvre.
Ta bleau 2. Critères diagnostiques d’une infection du champ opératoire
(modié d’après [12]).
Infection supercielle de l’abord chirurgical (peau, tissu sous-cutané)
Sécrétion purulente de la plaie
Culture d’un germe dans un prélèvement aseptique de liquide ou de tissu
(par révision en salle d’opération ou par ponction)
Au moins l’un des signes suivants:
douleur, tuméfaction, érythème ou hyperthermie
et
réouverture de la plaie par le chirurgien
Infection profonde de l’abord chirurgical (fascias, muscles)
Sécrétion purulente de la plaie
Déhiscence spontanée ou réouverture de la plaie par le chirurgien
et
soit èvre >38 °C soit douleur et/ou douleur à la pression localisées
Abcès ou infection profonde manifeste, documentés par révision, histopathologie
ou radiologie
Infection d’organes creux ou de cavités (par ex. cavité péritonéale, espace pleural,
articulation, organe parenchymateux, cavité utérine, etc.)
Drainage de pus de l’organe ou de la cavité
Culture d’un germe dans un prélèvement aseptique de liquide ou de tissu
(par révision en salle d’opération ou par ponction)
Abcès ou infection manifeste d’un organe/d’une cavité, documentés par révision,
histopathologie ou radiologie
Fi
Signes inflammatoires
Infection
èvre
Figure 2
Relation entre signes inammatoires, èvre et infection
chez un patient récemment opéré.
Ta bleau 3. Infections postopératoires les plus importantes
ne concernant pas le champ opératoire.
Ty pe d’infection Facteurs de risque
Infection urinaire Sonde à demeure, sonde sus-pubienne,
résidu vésical
Pneumonie Ventilation mécanique prolongée,
immobilité, importantes interventions
abdominales, troubles de la déglutition
Bactériémie
sur cathéter
Cathéter veineux central, cathétérisme
en situation d’urgence, alimentation
parentérale
Diarrhée
à Clostridium difcile
Antibiothérapie, précédentes diarrhées
à Clostridium difcile, sonde gastrique,
inhibiteurs de la pompe à protons [15]