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Complexité et propositions relatives 631
Intuitivement, une RO est plus difficile à comprendre qu’une RS. De
nombreuses expériences ont confirmé cette intuition, en utilisant une
grandevariétédeméthodesetdetâches.UneROsembleplusdifficile
à comprendre, comme le montrent les tâches utilisant des questions de
compréhension (King & Just, 1991), les tâches de sondage (Wanner &
Maratsos, 1978), les tâches de décision lexicale (Ford, 1983), les tâches de
paraphrase (Larkin & Burns, 1977) et les tâches de détection de phonèmes
(Cohen & Mehler, 1996 ; Frauenfelder, Segui & Mehler, 1980). Les tâches
utilisées comprennent des mesures off-line, mais également des mesures en
temps réel, comme les temps de lecture (King & Just, 1991) et les mesures de
l’activité cérébrale (Caplan, Alpert & Waters, 1998 ; Just, Carpenter, Keller,
Eddy & Thulborn, 1996 ; Stromswold, Caplan, Alpert & Rauch, 1996). Les
études ont testé des sujets sains, mais également des patients aphasiques
(Caplan & Futter, 1986 ; Caramazza & Zurif, 1976 ; Grodzinsky, 1989 ;
Hickok, Zurif & Canseco-Gonzales, 1993 ; Rigalleau, Baudiffier & Caplan,
2004).
La différence de complexité entre ces deux structures n’est pas due à
des différences lexicales, puisque les deux structures contiennent les mêmes
mots. Elle n’est pas due non plus à des différences de plausibilité, puisque les
relations entre les mots dans les deux structures sont également plausibles.
En Anglais, il existe une ambiguïté temporaire dans la mesure où le pronom
relatif (that) est identique pour les deux structures (RS et RO). Cependant,
cette ambiguïté ne permet pas d’expliquer la différence de traitement entre
les RS et les RO. En effet, cette ambiguïté n’existe pas en Français car le
pronom relatif est différent dans les RS (qui) et les RO (que), et des études
réalisées en Français (Holmes & O’Regan, 1981 ; Schelstraete & Degand,
1998) ont montré que les RO (3b) étaient plus difficiles à traiter que
les RS (3a).
(3a) Le guide de montagne qui photographiait le jeune alpiniste
audacieux au sommet du col espérait pouvoir redescendre avant
la nuit.
(3b) Le guide de montagne que le jeune alpiniste audacieux
photographiait au sommet du col espérait pouvoir redescendre
avant la nuit.
Pour expliquer cette différence entre RS et RO, plusieurs interprétations
ont été proposées. Par exemple, des auteurs tels que Sheldon (1974),
Bever (1970) ou encore MacWhinney & Pleh (1988) considèrent qu’une
RO est difficile à traiter car le N1 se voit attribuer plusieurs fonctions
L’année psychologique, 2010, 110, 629-654