Statut précaire de l’emploi
et son impact sur le personnel
infirmier
Gaétan Lévesque
Coordonnateur
Service de la recherche
Mars 2007
Sommaire
On rencontre plus d’emploi à statut précaire chez l’infirmière et l’infirmière auxiliaire
que chez les travailleurs de l’ensemble de l’économie. Les établissements de santé,
malgré l’ajout d’argent neuf depuis quelques années, ont tendance à perpétuer cet état
d’emploi précaire pour les infirmières et les infirmières auxiliaires. Les spécialistes
considèrent que le ratio temps plein/temps partiel et occasionnel devrait être de 70/30.
L’infirmière auxiliaire canadienne travaille à temps partiel ou à temps occasionnel dans
une proportion plus élevée que sa consoeur infirmière canadienne. L’infirmière auxiliaire
québécoise travaille dans une proportion plus élevée à temps partiel ou à temps
occasionnel que sa consoeur canadienne. La précarité d’emploi a un sexe : féminin. La
précarité d’emploi est plus fréquente au Québec qu’ailleurs au Canada.
L’infirmière auxiliaire qui travaille à temps partiel et occasionnel désire, dans une plus
forte proportion que l’infirmière, travailler à temps plein. La non-disponibilité de postes
à temps plein serait pour l’infirmière auxiliaire le principal facteur qui l’empêcherait de
travailler à temps plein. De plus, les infirmières auxiliaires sont sous- utilisées car une
proportion plus élevée d’entre elles doivent œuvrer hors des soins infirmiers ou travailler
dans des postes en soins infirmiers mais qui sont non réglementés.
Le niveau de satisfaction de l’infirmière et de l’infirmière auxiliaire envers son emploi est
plus faible que celui de l’ensemble des travailleurs au Canada. Le niveau de satisfaction
de l’infirmière et de l’infirmière auxiliaire québécoise envers son emploi est inférieur à
celui observé chez sa consoeur canadienne. L’infirmière auxiliaire canadienne a un taux
de satisfaction envers son emploi qui est inférieur à celui de l’infirmière canadienne. Le
taux de satisfaction envers son emploi de l’infirmière et de l’infirmière auxiliaire
canadienne qui travaillent en soins de longue durée est plus faible que celui de leurs
consoeurs qui œuvrent en centre hospitalier.
La précarité d’emploi entraîne des conséquences sur divers aspects de l’emploi,
notamment sur les conditions de travail, le climat de travail et la rétention de la main-
d’œuvre infirmière et infirmière auxiliaire. Elle procure moins d’expérience de travail,
moins de possibilités d’avancement professionnel, de moins bonnes relations de travail
avec l’équipe de soins et la possibilité, même si la relation n’est pas bien établie,
d’accroître les incidents indésirables auprès des patients.
À statut d’emploi équivalent, la rétention des infirmières et des infirmières auxiliaires est
équivalente. L’infirmière auxiliaire dont le statut d’emploi est à temps partiel a un taux
de rétention plus faible que celle dont le statut est à temps plein. Celle dont le statut
d’emploi est sur une base occasionnelle a un taux de rétention plus faible que celle dont
le statut d’emploi est à temps partiel.
2
Le stress au travail devient une préoccupation majeure à cause de son impact négatif sur
la santé en général, la santé mentale et l’absentéisme au travail. Le stress créé par les
contraintes dans l’exercice de la profession d’infirmière et d’infirmière auxiliaire, le
manque de soutien du supérieur immédiat, le manque de respect des supérieurs et des
collègues et la charge de travail nuisent à la santé des infirmières et des infirmières
auxiliaires. L’absentéisme est en outre très fortement relié aux conditions de travail, tout
particulièrement à la charge de travail (heures supplémentaires, soins directs, souhait non
réalisé de modifier le nombre d’heures de travail, instabilité d’emploi et changements
fréquents de quart de travail). En outre, la surcharge de travail, combinée au statut
précaire de l’infirmière et de l’infirmière auxiliaire, est un facteur prédicteur de
l’épuisement professionnel (burnout) et éventuellement de la dépression.
Les infirmières et les infirmières auxiliaires considèrent que les exigences physiques de
leur travail sont plus prononcées que celles ressenties par l’ensemble des travailleurs
canadiens. L’infirmière et l’infirmière auxiliaire jugent que leur travail est frénétique,
potentiellement source de conflits, exigeant plus de compétences que pour la moyenne
des emplois et nécessitant, de surcroît, l’acquisition de nouvelles compétences. En outre,
l’infirmière auxiliaire considère qu’elle travaille dans un contexte de plus grandes
tensions et de contraintes plus marquées que ne le juge l’infirmière.
L’infirmière et l’infirmière auxiliaire considèrent, dans une plus grande proportion que le
travailleur canadien en général, œuvrer dans un contexte où elles n’ont pas suffisamment
de soutien de la part de leurs supérieurs et de leurs collègues. Cette situation accentue le
stress au travail et nuit à la santé. Le niveau de stress au travail de l’infirmière et de
l’infirmière auxiliaire est plus élevé que celui observé en moyenne chez le travailleur
canadien.
La satisfaction de l’infirmière auxiliaire envers son emploi s’améliore lorsque le nombre
d’heures travaillées augmente. La satisfaction de l’infirmière auxiliaire envers son
emploi diminue lorsqu’elle juge que l’effectif est insuffisant pour le travail qu’il y a à
faire. L’infirmière auxiliaire québécoise juge que son niveau de responsabilisation, c’est-
à dire le contrôle qu’elle a sur son travail, sa pratique professionnelle ainsi que les
ressources qu’elle a pour accomplir son travail, est plus faible que celui perçu par les
infirmières et les infirmières auxiliaires des autres provinces.
Les infirmières auxiliaires ressentent moins de respect de la part de leurs supérieurs et de
leurs collègues de travail que ne le ressentent les infirmières.
Le climat de travail dans une organisation est le reflet de ses valeurs. La qualité du
management (supérieur immédiat en montant vers le haut de la pyramide) est le facteur le
plus sévèrement jugé par les employés des établissements de santé parmi tous les
éléments qui définissent leur emploi et le contexte dans lequel ils l’exercent. Le climat
de travail dans une organisation est relié directement à la satisfaction des employés et
indirectement à la rétention de la main-d’œuvre.
3
La rétention de la main-d’œuvre infirmière et infirmière auxiliaire est le thème central de
la préoccupation des chercheurs dans le domaine des soins infirmiers. La rétention de la
main-d’œuvre dépend de la satisfaction de l’employé envers son emploi.
La satisfaction de l’infirmière et de l’infirmière auxiliaire envers son emploi dépend de
plusieurs facteurs qui ne sont pas totalement indépendants les uns des autres. Le groupe
le plus important (ou qui revient le plus souvent dans la littérature) gravite autour des
conditions de travail (statut d’emploi et sa plus ou moins grande précarité, les conditions
d’exercice de l’emploi telles que les horaires de nuit, de soir, de fin de semaine et enfin la
perception d’une surcharge de travail pour réaliser son travail selon des normes de qualité
acceptées dans le milieu). Le deuxième groupe repose sur la qualité du management vue
dans le sens le plus étendu, c’est-à-dire de la haute direction à celle des soins infirmiers :
motivation des employés, consensus entre la direction des soins infirmiers et les
infirmières et infirmières auxiliaires, qualité du moral des équipes de soins, cohésion au
sein de l’équipe et qualité des relations entre les collègues (dont le respect est le thème
central). Le troisième groupe en importance concerne les conditions de la pratique
professionnelle : autonomie, responsabilités et soutien. Le quatrième groupe touche les
éléments d’ordre personnel et psychologique tels que la gestion du stress, l’épuisement
professionnel et la dépression, le revenu et enfin l’interrelation travail et responsabilités
familiales.
On a vu jusqu’ici que les infirmières auxiliaires, et tout particulièrement les québécoises,
souffrent d’un déficit de reconnaissance par rapport aux infirmières au sujet de plusieurs
des facteurs présentés ci-haut : statut précaire de l’emploi, conditions plus difficiles de
l’exercice de l’emploi (soir, nuit et fin de semaine), exigences physiques plus intenses,
soins directs auprès des patients, soins de longue durée, contraintes sur le plan de la
pratique professionnelle, moins de responsabilités auprès des patients, perception d’un
manque de respect de la part des gestionnaires et des collègues, etc.). Tous ces facteurs
affectent davantage le niveau de satisfaction de l’infirmière auxiliaire comparativement
à celui de l’infirmière et potentiellement peut mener à l’abandon de son emploi (ou de sa
profession) mais le plus souvent à une augmentation du stress avec son cortège de méfaits
sur la santé.
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Table des matières
Sommaire............................................................................................................................ 2
Table des matières............................................................................................................... 5
Introduction......................................................................................................................... 6
Emploi précaire des infirmières auxiliaires au Québec ...................................................... 7
Caractéristiques de l’emploi précaire.................................................................................. 9
Tendances actuelles .......................................................................................................... 10
Ratio temps plein/temps partiel idéal ............................................................................... 11
Importance de la satisfaction au travail ............................................................................ 11
Climat de travail................................................................................................................ 12
Conditions de travail du personnel infirmier.................................................................... 15
Travail et santé.................................................................................................................. 16
État de santé générale.................................................................................................... 16
État de santé mentale .................................................................................................... 16
Absences en raison de maladie (20 jours et plus)......................................................... 17
Satisfaction et charge de travail........................................................................................ 18
Analyse des facteurs ......................................................................................................... 22
Enquête auprès des infirmières et infirmiers au Canada en 2004................................. 22
Statut d’emploi et charge de travail.......................................................................... 22
Climat et organisation.............................................................................................. 23
Rétention................................................................................................................... 24
Satisfaction................................................................................................................ 25
Enquête nationale sur la santé et le travail du personnel infirmier en 2005................. 25
Statut d’emploi et charge de travail.......................................................................... 25
Climat et organisation............................................................................................... 26
Autres études................................................................................................................. 26
Statut d’emploi et charge de travail.......................................................................... 26
Climat et organisation............................................................................................... 27
Rétention................................................................................................................... 30
Satisfaction................................................................................................................ 32
Conclusion ........................................................................................................................ 35
Annexes............................................................................................................................. 37
Annexe 1 : indicateurs de la charge de travail de l’infirmière québécoise et canadienne (%
de répondants)................................................................................................................... 38
Annexe 2 : coefficients de corrélation (R) en relation avec le taux d’insatisfaction........ 39
Annexe 3 : données comparatives sur les infirmière auxiliaire Québec et Canada (%)... 40
Annexe 4 : caractéristiques des travailleurs canadiens et du personnel infirmier (%) ..... 41
Annexe 5 : perception quant à la qualité des soins dispensés aux patients (%)................ 42
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