Les Dossiers du CSTC – 2006/4 – Cahier n° 6 – page 2
TECHNIQUES & PRATIQUE
tôles et des profilés, éclats et fissures du béton
armé, percements de canalisations, …
En réalité, les réactions électrochimiques qui
conduisent à la corrosion de l’acier sont d’une
grande complexité et dépendent de multiples
facteurs. A chacun des milieux précités cor-
respond une série de paramètres spécifiques à
prendre en compte pour en évaluer la corrosi-
vité. Ces paramètres et les processus qui les
accompagnent sont explicités ci-après pour
chaque milieu en contact avec l’acier.
2.1 Corrosivité de l’atmosphère
2.1.1 Humidité relative : principal acti-
vateur de la corrosion atmosphé-
rique
Si la corrosion sèche existe, sa vitesse de déve-
loppement dans l’atmosphère est négligeable
et non préoccupante. Elle ne joue un rôle im-
portant que pour des appareils fonctionnant à
très haute température.
C’est principalement la teneur en vapeur d’eau
ou l’humidité relative de l’atmosphère qui est
à la base des phénomènes de corrosion atmos-
phérique de l’acier [9]. Si l’humidité relative
est élevée, il se forme à la surface de l’acier
un film d’eau fortement oxygéné, parfois in-
visible, d’épaisseur variable, qui constitue une
couche mince d’électrolytes. Si l’humidité re-
lative est faible (inférieure à 60 %), la vitesse
de corrosion de l’acier est négligeable. C’est
notamment le cas à l’intérieur des bâtiments
chauffés, ventilés ou climatisés, à l’exception
des pièces d’eau, des buanderies ou des cui-
sines qui peuvent présenter temporairement
une humidité relative particulièrement élevée
(jusqu’à 100 %).
Dans les atmosphères ‘normales’ contenant
d’office des agents polluants (SO2, sels ma-
rins, suie, particules, ...), on admet que l’acier
ainsi que les autres métaux se corrodent à une
vitesse accélérée lorsque l’humidité relative de
la couche d’air située au-dessus de la surface
excède 70 % [2]. La condensation de l’eau à
des valeurs d’humidité relative inférieures à
100 % se produit notamment lorsque la tempé-
rature de l’air baisse ou si la surface elle-même
est refroidie par rayonnement et que l’air en
contact avec celle-ci commence, lui aussi, à se
refroidir au-dessous de la température du point
de rosée. C’est le cas, par exemple, lorsque la
surface rayonne vers un ciel nocturne dégagé.
Si la rencontre de l’air avec une surface froide
constitue l’une des causes de la formation
d’eau à l’état condensé, il en existe d’autres.
Il peut s’agir de la condensation de l’eau dans
des capillaires ou crevasses de taille molé-
culaire à la suite de phénomènes de tension
superficielle réduisant la pression saturante
à l’intérieur des capillaires [5]. Ceci met en
évidence l’importance de la rugosité de sur-
face dans les phénomènes de corrosion. L’eau
à l’état condensé dépend aussi de l’hygrosco-
picité des produits de corrosion solubles dans
l’eau et des poussières de l’atmosphère [2].
Ces produits peuvent favoriser la formation
d’un film électrolytique avant même d’attein-
dre les 70 % d’humidité relative.
Ajoutons que la géométrie et l’orientation
d’un ouvrage en acier influencent également
la condensation de la vapeur d’eau. C’est ainsi
qu’on peut observer la présence de rosée sur le
toit d’une voiture et non pas sur ses côtés (cf.
figure 2). Il en va de même pour les bâtiments :
la durée d’humidification (durée de mouillage
ou temps de persistance de l’humidité) à la
surface d’un toit en acier peut être deux fois
plus élevée que celle des éléments de façade.
On peut donc s’attendre à une augmentation
proportionnelle du taux de corrosion de la toi-
ture [39] (cf. figure 3).
2.1.2 Polluants gazeux et particulaires
Nombre de gaz et de poussières provenant des
activités humaines (industrie, agriculture, cir-
culation automobile, chauffage, …) sont injec-
tés dans l’atmosphère. Ces polluants atmos-
phériques peuvent se déposer sur les surfaces
qu’ils rencontrent ou bien réagir entre eux ou
avec la vapeur d’eau présente dans l’atmos-
phère. Les nouveaux composés formés peu-
vent à leur tour se déposer sur les surfaces par
voie sèche ou par voie humide (pluie, neige,
brouillard, condensation). Ces polluants sont
plus concentrés en région industrielle ou à for-
te densité de population qu’en région agricole
ou faiblement peuplée.
Parmi ces polluants, on retrouve des activa-
teurs de la corrosion atmosphérique tels que :
• l’oxyde de soufre ou anhydride sulfureux (SO2)
Ce polluant gazeux des plus agressifs pro-
vient essentiellement de la combustion du
charbon et du pétrole (combustibles fossi-
les). Des corrélations entre le niveau de SO2
dans l’air et le niveau d’attaque de l’acier
ont prouvé que le SO2 accélère de façon
sensible le processus de corrosion. Les pré-
visions de la vitesse de corrosion dans une
région doivent tenir compte de la teneur an-
nuelle en SO2 dans l’atmosphère, mais aussi
de la pollution locale pouvant provenir, par
exemple, de la cheminée d’un bâtiment dé-
gageant du SO2 à proximité [39]
• l’ozone
L’ozone (O3) de la troposphère (basses cou-
ches de l’atmosphère s’élevant du sol jus-
qu’à 20 km d’altitude environ) est un gaz
extrêmement irritant et incolore, dangereux
parce que nous le respirons, contrairement à
l’ozone de la stratosphère que nous ne res-
pirons pas et qui nous protège du rayonne-
ment solaire ultraviolet. Ce gaz provient de
la transformation des NOx (oxydes d’azote)
et des COV (composés organiques vola-
tils) sous l’effet des rayons UV. Sa teneur
habituellement faible dans la troposphère
semble augmenter dans l’hémisphère nord
en raison des activités humaines. L’ozone a
un pouvoir oxydant qui le rend, à concentra-
tion équivalente, aussi agressif vis-à-vis de
l’acier que l’oxyde de soufre [2]
• l’acidité des eaux de condensation
Les ions H+ responsables de l’acidité des
eaux sont des oxydants qui participent aux
réactions d’oxydoréduction de la corrosion.
A l’état naturel, l’eau atmosphérique est lé-
gèrement acide (pH 5,6) par dissolution du
dioxyde de carbone (CO2 + H2O HCO3
- +
H+), mais la pollution de l’atmosphère due à
l’industrie et à la circulation automobile rend
cette eau aujourd’hui beaucoup plus acide
(pH 4 couramment observé). Cette acidifica-
tion de l’atmosphère provient de la transfor-
mation dans l’air des NOx en HNO3 et des
SO2 en H2SO3 et H2SO4 [39], acides forts se
dissociant dans l’eau en libérant des protons.
Les NOx (NO + NO2) sont formés au cours de
tout processus de combustion à haute tempé-
rature, soit par oxydation de l’azote de l’air
par l’oxygène, soit par combustion des pro-
duits azotés contenus dans les combustibles
• les chlorures présents dans l’atmosphère
La salinité atmosphérique due aux chlorures
augmente distinctement les vitesses de corro-
sion atmosphérique de l’acier, pas seulement
Fig. 2 Condensation sur le toit d’un
véhicule.
Fig. 3 Corrosion de la toiture d’un
bâtiment en acier.