La société translucide

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Observatoire du Management Alternatif
Alternative Management Observatory
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Fiche de lecture
La société translucide
Augustin Landier & David Thesmar
2010
Badis Bousouar – Décembre 2010
Majeure Alternative Management – HEC Paris – 2010-2011
: «La société translucide» - Novembre 2010
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La société translucide –
Pour en finir avec le mythe de l’État bienveillant
Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre du cours « Histoire de la critique » donné
par Eve Chiapello et Ludovic François au sein de la Majeure Alternative Management,
spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d’HEC Paris.
Fayard, Paris, 2010
Date de première publication : Mai 2010
Résumé: En s’appuyant principalement sur le modèle français, mais en faisant également
appel à de nombreuses comparaisons internationales, les auteurs décortiquent les mécanismes
de régulation de la société. L'État, dans son interaction avec les entreprises, façonne le réel et
fait société. C'est donc en comprenant mieux la manière dont les hommes et les conflits
d'intérêt sont au cœur de cette fabrique que l'ont peut mieux l'organiser. Au delà du diagnostic,
l'idée est que la société est devenue depuis peu une société d'abondance des données et que,
pour la qualité de l’action publique, c’est une chance. Elle peut, et doit, à présent s’appuyer
sur une myriade d’acteurs de la société civile pour jouer le rôle de donneurs d’alerte et de
sentinelles, dans un débat politique plus ouvert, donc plus rationnel.
Mots-clés : État, Economie, Finance, Régulation, Réforme, Société.
Translucent society – taking to an end the myth of a benevolent
state
This review was presented in the “Histoire de la critique” course of Eve Chiapello and
Ludovic François. This course is part of the “Alternative Management” specialization of the
third-year HEC Paris business school program.
Fayard, Paris, 2010
Date of first publication : May 2010
Abstract : Translucent society focuses mostly on the French model of government and tries to
understand how the state, through its interactions with companies and people, makes the
society. It is thus in understanding better the role of human beings in this mechanism that one
can make it work in a less counter-productive manner. Beyond this detailed diagnosis, the
authors want to show that the new abundance of information and statistics on society is a
chance for policy makers to grab now. They should more than ever be able to base their
decisions and budgeting on a series of actors from the civil society who can play the role of
whistle-blowers and alarm givers, in a more open, and thus more rational, political debate.
Key words : State, Economics, Finance, Regulation, Reform, Society
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Précisions sur la découverte de l'ouvrage.
J’ai pour la première fois entendu parler de ce livre et de ses auteurs lors d’une conférence
organisée en juin 2010 à Sciences-Po par le Master Economics and Public Policy, de façon tout à fait
originale. Le « procès de la finance » (ainsi était intitulée la conférence) était orchestré de manière
que le public, dans le rôle du jury, après deux heures de plaidoyer des différents invités, soit en mesure
de se prononcer sur la culpabilité de la finance dans la crise économique d’une part et sur la capacité
de l’État à réguler le système financier d’autre part. Augustin Landier était avocat de la défense,
soutenant la thèse que la crise a pour origine véritable la faillite de l’État dans son rôle de régulateur.
Ce prisme d’un État faillible, trop faillible, est à la racine des développements théoriques de « la
société translucide » qui analyse la manière dont la capture des rentes s’organise dans la société et
dont les hommes d’État sont soumis aux conflits d’intérêt et à des arbitrages court-termistes.
How I heard about Transludent Society.
I have first heard about this book and its authors as I went to a conference in June 2010,
organized in a very original manner. The “trial of finance”, so was entitled, was orchestrated
so that the public in the role of the jury and after listening to the speakers for a couple of
hours could make a judgment on two things : first on the guiltiness of finance in the economic
crisis and second in the ability of government to regulate the financial system. Augustin
Landier stood for the idea that the financial crisis has its original roots in the failure of the
state in its role of regulator. This idea of a fallible state, too fallible state, is key in the
theoretical development made in “translucent society”which analyzes more broadly how the
capture of rents is organized in our society and the way and how politicians are prey to
conflicts of interests.
: «La société translucide» - Novembre 2010
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Table des matières
1. Les auteurs et leur oeuvre....................................................................................................5
1.1. Brève biographie des deux auteurs....................................................................5
1.2. Les caractéristiques de La société translucide...................................................6
2. Résumé ..................................................................................................................................7
2.1. Plan de l'ouvrage...............................................................................................7
2.2. Principales étapes du raisonnement et principales conclusions........................8
3. Commentaires critiques .....................................................................................................17
4. Bibliographie des auteurs ..................................................................................................18
5. Références ...........................................................................................................................20
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1. Les auteurs et leur oeuvre
1.1.
Brèves biographies des deux auteurs
Augustin Landier et David Thesmar sont deux jeunes économistes français. Tous deux ont une
formation très quantitative : agrégation de mathématiques à l'Université Paris 6 pour le premier, Ecole
Polytechnique puis ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique)
pour le second. Ils ont co-écrit en 2007 Le Grand Méchant Marché qui s’attachait à décortiquer et
démonter les a priori négatifs d’une majorité de Français à l’égard des marchés financiers. Leur furent
décernés pour cet ouvrage deux prix : le Prix Rossi 2007, délivré par l'Académie des Sciences Morales
et Politiques et le Prix de l'Institut Manpower pour l'emploi 2008. Ils font partie de la « nouvelle
vague » des économistes français très à l’aise avec l’économie statistique et ont depuis peu rejoint
l’équipe qui entoure le gouvernement au sein du Conseil d’Analyse Economique.
Augustin Landier
Ancien élève de l'École Normale Supérieure et agrégé de mathématiques, Augustin Landier est
actuellement professeur associé à l’Université Toulouse 1 - Capitole et à la Toulouse School of
Economics (TSE). Il est également Resident Scholar au Fonds Monétaire International (FMI) depuis
2009 et, depuis septembre 2010, membre du Conseil d'Analyse Economique (CAE) du Premier
Ministre. Il a obtenu son doctorat d'économie au Massachusetts Institute of Technology en 2002 et a
débuté sa carrière dans l’enseignement à l'université de Chicago en tant que professeur assistant en
finance avant de rejoindre en 2004 la Stern School of Business de l'Université de New York. Il a
également exercé une activité de gérant de portefeuille chez Old Lane (Citi Alternative Investments) et
co-fondé Ada Investments, une société d’investissement qui sélectionne des titres en faisant appel aux
résultats les plus récents de la recherche économique et en prenant également en compte dans son
choix des paramètres extra-financiers.
David Thesmar
David Thesmar est professeur de finance et d’économie à HEC Paris. Auparavant, il a été
conjoncturiste au ministère des finances et chercheur à l'INSEE (Institut National de la Statistique et
des Etudes Economiques). Il a enseigné la finance d'entreprise et la macroéconomie à l'ENSAE,
l'École Normale, l'École Polytechnique et à la London School of Economics. Actuellement, ses axes de
recherche sont le gouvernement d'entreprise, l'organisation interne de l'entreprise, l'évaluation des
réformes financières, et la finance des agents non rationnels.
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1.2.
Les caractéristiques de La société translucide.
L’ouvrage est un essai de deux cent cinquante pages publié dans le contexte du retour de des États
sur le devant de la scène : suite à la crise financière et économique de 2007, ceux-ci ont en effet dû
racheter tout ou partie d’un certain nombre d’institutions financières et d’entreprises, créant une
distorsion forte dans ce qui était censé être les mécanismes libres du marché. Les auteurs adoptent un
ton très objectif qui se voit notamment par la foison de notes, renvoyant à des études statistiques, de
microéconomie expérimentale et de psychologie, décrites dans une vingtaine de pages qui clôturent le
livre et ouvrent des pistes d’approfondissement de la réflexion. C’est un livre qui traite de la situation
actuelle et qui puise de nombreux exemples dans l’actualité économique et politique des dernières
années. Organisé en trois parties, il se veut le plus pédagogique et le plus analytique possible, puisqu’il
revient d’abord sur les principales fonctions de l'État avant de décrire de quelle manière il peut au
mieux les remplir.
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2. Résumé
2.1
Plan de l'ouvrage
1. L'horlogerie des règles
1.1.
L'injustice du monopole
1.2.
L'eau du robinet : pourquoi nous n'avons pas le choix
1.3.
Boire ou conduire : pourquoi l'État surveille ?
1.4.
Bienfaiteurs et passagers clandestins : encourager l’altruisme
1.5.
Protéger l’individu contre lui-même : le paternalisme moderne
1.6.
Service public : réguler pour l’égalité
2. Les imperfections de l'action publique
2.1.
La capture du régulateur
2.2.
Pourquoi est-il si difficile de réformer ?
2.3.
La tyrannie du court terme en politique
2.4.
Les médias informent-ils ?
2.5.
Les limites de l’expertise
3. La régulation en architecture ouverte
3.1.
Misère de la politique sans évaluation
3.2.
L'écosystème de la pensée critique
3.3.
Libérez l'information
4. Epilogue : la crise de l’opacité et ses remèdes
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2.2
Principales étapes du raisonnement et principales
conclusions
La première partie du livre étudie de manière très fine les impacts de l'action publique et des
régulations sur les comportements des citoyens et des acteurs économiques. Elle s'intéresse tout
particulièrement à l'optimalité, au niveau global, des règles que la puissance publique doit imposer aux
lieux d'échange que sont les marchés. Ultra-libéraux et partisans forcenés de l'intervention de l'État
sont renvoyés dos-à-dos : pour les auteurs, l’important n’est pas le marché OU l’État, c’est l’échange
efficace, pour lesquels tous deux sont nécessaires.
Premier levier d’action : investir, produire et consommer
Les auteurs observent ici la question du monopole, intimement liée au profit. Le monopole est, de
prime abord, néfaste du point de vue de la société, car il créé de la rareté de manière artificielle (afin
de pouvoir augmenter ses prix, et donc ses profits). Il faut donc démanteler les monopoles et
condamner les ententes qui nuisent à l'innovation. Mais d'un autre côté, le profit ne doit pas être nul
pour les producteurs puisque celui-ci est nécessaire pour que l’entreprise réalise des investissements.
La ligne entre l'excès de profit dû à un abus de position dominante (nuisible pour le consommateur) et
le profit bénéfique car il permet un investissement qui améliore le produit (bénéfique pour le
consommateur) est ténue, encore plus dans les secteurs de la production de biens immatériels. De
manière plus précise, l'ouvrage s'intéresse aux questions de monopole naturel, car c’est en protégeant
les profits de l'entreprise que le régulateur l'incite à investir : cela vaut pour l'ensemble des industries
dont les investissements sont difficilement redéployables – ce qui est particulièrement vrai dans les
infrastructures, liées à un territoire. Afin que le consommateur reste le premier bénéficiaire des
investissements, il s'agit ensuite pour le régulateur de choisir de manière optimale le périmètre
géographique du monopole (local plutôt que national pour l'eau) et le périmètre d'activité (la
production d'électricité doit se faire dans une situation de concurrence tandis que le réseau électrique
est un monopole).
Second levier d’action : gérer les biens communs par la maîtrise des externalités
Pour ce qui est des externalités négatives, les auteurs reviennent sur le principe de la taxe
pigouvienne. Cette dernière consiste à taxer les comportements nuisibles à la mesure des risques de
dommages globaux afin de dissuader un maximum d'acteurs d'avoir ce comportement. Les amendes et
la taxe carbone sont élaborées dans ce sens. Pour déterminer le prix de cette taxe, le régulateur doit
s'assurer que le coût induit par les arbitrages de chacun des agents ne dépasse par le total de
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l’externalité négative que la société peut se permettre. Les auteurs reviennent ensuite sur une
externalité négative dont on a beaucoup entendu parler pendant la crise financière de 2007-2008 : le
risque systémique, proche du risque de contagion. La faillite d’un acteur peut en effet parfois fragiliser
tout le système, lorsqu'il y a de nombreuses interdépendances. Pour empêcher cela, une alternative est
possible : taxer la fragilisation due à un risque inconsidéré des acteurs (une sorte d'assurance du
système) ou micro-réguler les comportements de chacun des acteurs (c'est ce à quoi servent les règles
prudentielles, telles que celles de Bâle). Le problème de la micro-régulation concerne le régulateur : il
doit être plus expert que les acteurs, ce qui est difficile dans un secteur très innovant et changeant tel
que la finance ; il doit en plus, comme dans le cadre d’un monopole, s’intéresser au bon marché (pour
avoir une vue globale des risques encourus par le système). En France par exemple, les auteurs
soulignent que les instances de régulation ont longtemps été balkanisées dans le secteur financier–
Banque de France pour les banques, Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles d'autre part
pour le secteur de l'assurance.
Lorsqu'on parle de gestion des externalités, il faut également penser à la gestion des externalités
positives et à l'encouragement des comportements bénéfiques à la société (la meilleure illustration de
du concept d’externalité positive est bien sûr la pollinisation des fleurs par les abeilles). En particulier,
le domaine de la production des idées est un important vecteur du progrès et de l'enrichissement des
sociétés. Les brevets sont un instrument de droit qui sert à internaliser les retombées positives d'une
invention. Ils sont utiles en ce sens mais peuvent réduire considérablement le bénéfice sociétal d'une
idée en empêchant sa diffusion rapide (par exemple, la machine à vapeur de Watt qui a été diffusée très
lentement en Europe). Parmi les pistes devant permettre une meilleure dissémination des bonnes idées
et pouvant encourager les comportements innovants dans la société, les auteurs suggèrent de parfois
nationaliser les inventions, en les rachetant à l’inventeur, et les mettre dans le domaine public pour
assurer leur diffusion, comme cela avait eu lieu pour Daguerre et la daguerréotype, premier appareil
photo. Cela pourrait se faire de manière régulière lors de concours.
Troisième levier d’action : protéger l’individu contre lui-même
Tandis que l'État protège, de manière légitime même selon les ultra-libéraux, les personnes
irresponsables (mineurs et malades mentaux) de la liberté de faire des erreurs, les adultes sont peu ou
prou libres de faire ce qu'ils veulent. En réalité, la frontière est plus ténue qu’on ne le pense entre
personnes saines et malades. La faillibilité du citoyen est maintenant au centre des questions de
régulation, avec l’essor notamment de l’économie expérimentale qui les analyse comportements
irrationnels de l’individu lambda.
Parmi ces failles de raisonnement, deux en particulier sont communément utilisées par le
marketing :
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 L'individu sous-estime l’effet des substances et perceptions sur le cerveau et sur le processus
de prise de décision, pensant être toujours aussi rationnel. C'est de cela que se servent les
manipulations sensorielles et discursives mises en place par le marketing pour "guider" le
consommateur.
 Le cerveau a tendance à être victime de schizophrénie temporelle, puisqu'il se caractérise par
une préférence pour le présent, qui amène à une actualisation hyperbolique (autour de l'idée :
« un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ») et une inertie excessive (recherche du plaisir
immédiat). Dit plus simplement, l'individu à du mal à prendre une décision rationnelle sur le
long terme.
La solution proposée se décrit comme un paternalisme libertaire qui utilise la législation pour
mettre en place, pour les individus, les meilleurs choix rationnels (du point de vue de la société), par
défaut (dans les contrats standards par exemple) mais avec une possibilité de se soustraire à la norme.
L’individu conserve ainsi ses prérogatives, mais fait par défaut les meilleurs choix pour la société.
Quatrième levier d’action : redistribuer pour une équité sociale
Enfin, Augustin Landier et David Thesmar s'attellent à décrire les trois dispositifs de
redistribution qui peuvent permettre à l'État de réduire les inégalités :
 Cela se fait d’abord par la régulation, des prix notamment. Mais il faut que le régulateur veille,
lorsqu'il met en place ce type de mesure, à ce que les stratégies de contournement mises en
place par les agents économiques ne desservent pas in fine les populations visées.
 L’État peut également mettre en place un opérateur public. L'avantage de cette démarche est
qu'elle constitue un engagement fort de la part de l’État, qui inscrit son action dans la durée.
Le problème, lorsque cet opérateur est un monopole, est une probable moindre efficacité; par
ailleurs, cela peut avoir l’effet inverse de la redistribution escomptée, si est constituée une
subvention par les impôts de tous de ceux qui connaissent le mieux le système (souvent les
plus aisés), comme dans le cas de l'enseignement supérieur ou des hôpitaux.
 Par le financement direct des usagers défavorisés afin qu'ils achètent dans le secteur privé des
services dont ils ont besoin (se pose ici le dilemme de l’aide plus ou moins orientée).
Cette première partie, truffée d'exemples et d'anecdotes, est importante car elle constitue une grille
de lecture puissante et complète pour le citoyen désireux d'évaluer le bien-fondé de l'action publique.
Un seul manquement peut-être : un schéma qui décrit le détail des postes du budget de l'État Français,
afin d’avoir une vision plus globale des aspects financiers de ces leviers d’action.
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Dans un deuxième temps, les auteurs s'intéressent à la manière dont l'Etat fonctionne en France à
travers l’analyse et le démantèlement de cinq idées reçues, accompagnés de préconisations de
procédures qui pourraient permettre de mieux faire fonctionner la machine étatique.
Idée reçue n°1 : la neutralité du régulateur
Les modalités de la capture sont criantes en France. Les aller-retour des décisionnaires entre le
secteur public (régulateur) et le secteur privé (régulé) sont constants, sans parler des deux spécificités
de réseaux français qui entérinent ces pratiques : le corporatisme, encore présent, notamment dans le
secteur de la santé ou le secteur bancaire et le système des hauts fonctionnaires et Corps d'État (en
octobre 2009, trente-trois des directeurs d'entreprises du CAC 40 étaient issus de l'ENA, des grands
Corps de l'État ou étaient passés par un cabinet ministériel).
De manière générale, les auteurs reviennent sur une étude économétrique faite en Indonésie qui
montre qu'il y a corrélation entre la proximité à l’État d'une entreprise et sa capitalisation : son cours
de bourse est supérieur de 3 à 8% lorsqu'elle est proche du pouvoir. La conséquence de cette capture
du régulateur par le secteur privé est le soutien financier public (indirect) à certains secteurs par de
subtiles déductions fiscales au consommateur final notamment ("la prime à la casse" en est un bon
exemple récent) ou une garantie financière qui entraine une baisse du coût du crédit (comme Freddy
Mae aux US). L’État peut aussi parfois tuer la concurrence sous couvert de protection du
consommateur (régulation des prix ou numerus clausus pour certaines professions ; mise en place de
barrières à l’entrée pour protéger des acteurs d'un secteur - on l'a vu par exemple lorsque Nicolas
Sarkozy a pris position contre l'acquisition d'une licence 3G par l'opérateur Free en 2009).
Idée reçue n°2 : il est simple de réformer
De manière générale, une réforme sert à mettre fin à des rentes, qui sont des « polluants » de
l'économie. Selon le théorème de Coase, elles devraient toujours pouvoir être supprimées par une
compensation financière de l’État à leur bénéficiaire, après une phase de négociation. Mais il n'est en
réalité pas facile de réformer car :
 L'avantage individuel d'une rente est grand pour la frange de la population qui en bénéficie
mais le désavantage est saupoudré sur l'ensemble de la population (peu d’effet de prise de
conscience de la population, sauf si les médias ou un groupe associatif s’en emparent, donc
peu de soutien à la suppression de la rente).
 Il existe un manque de crédibilité à long terme des compensations qui seraient proposées par
l’État (qui pourront être supprimées du jour au lendemain par un prochain gouvernement)
 De manière plus profonde se retrouve dans ces situations de rentes contre-productive une
tendance au statut-quo (par peur de perdre quelque chose et par immobilisme, on préfère ne
rien changer) qui vient principalement de deux phénomènes psychologiques : la dissonance
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cognitive (l’esprit se met en cohérence avec le comportement de l'individu, à force de faire
quelque chose, il finit donc par croire que c’est bien et à penser sincèrement qu'une réforme
est contraire au bien public) et l'aversion à la perte.
Il est donc vital pour la fluidité de la régulation dans la société que toutes les règles mises en place
soient « biodégradables », c'est à dire qu’elles contiennent dans le texte les règles de leur suppression.
Idée reçue n°3 : La souveraineté et l’intérêt du peuple s’expriment à travers le vote
Ce chapitre a pour but d'examiner, dans le cadre d'une démocratie représentative, la manière dont le
jeu de l'élection fait dévier les décisions des hommes politiques du bien commun ou même de la
logique économique.
La discussion se fait d'abord sur le bien-fondé du vote pour choisir la meilleure politique. Une
justification traditionnelle est fondée sur la fameuse expérience de Condorcet sur l'intelligence des
foules : les erreurs d'estimation de chaque citoyen devraient s'annuler et donner un choix globalement
rationnel. Cette justification voudrait que, même si l'électeur ne s’intéresse pas à la politique, le
jugement qu'il opère en fonction de l’évolution de son propre bien-être aboutit à grande échelle au
choix de la politique qui permet le plus grand surcroît de bien-être global.
Cette théorie de la rationalité globale de l'électorat est pourtant de plus en plus battue en brèche.
Notamment par Wolfers qui montre que les électeurs font tous les mêmes erreurs d'appréciation (ils ne
différencient par exemple pas les effets de la politique, de ceux de la conjoncture économique ou
même de ceux d'une catastrophe naturelle). Par ailleurs, les votes des citoyens se font souvent de
manière héritée, un peu comme les choix religieux (80% des gens votent comme leurs parents). Enfin,
et cela est la raison du succès du marketing politique, jouer sur les émotions peu avant les élections a
un impact notoire (des différentiels de 5% dans l'issue du scrutin peuvent être aisément atteints).
Dans ce contexte, un homme politique, s’il veut optimiser au mieux sa carrière et ses revenus, a
tout intérêt à avoir des raisonnements court-termistes. Électoralisme et marketing politique sont
consubstantiels de toute démocratie représentative et la meilleure manière de s'en protéger est surtout
d'être réaliste quant aux motivations des hommes politiques et donc d'éviter : le cumul des mandats,
les rémunérations trop basses des politiques qui incitent à la corruption ainsi qu’une trop grande
faiblesse et un manque de transparence des autorités de contrôle et des juridictions d'État.
Idée reçue n°4 : Les médias nous informent de manière indépendante.
Les auteurs rappellent d'abord que les médias sont indispensables à la vie politique pour la simple
et bonne raison qu'ils sont la seule source à peu près objective qui informent le citoyen sur les actions
des politiques (en Inde, par exemple, a été constatée une corrélation forte entre les mesures de lutte
contre la famine prise par les gouverneurs et le nombre de journaux présents dans une région).
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Le problème du système médiatique est en fait son manque d'indépendance vis à vis du pouvoir
politique et économique. Dans toute l'Europe, les médias (surtout de masse) sont possédés en grande
partie par l'État et les grandes fortunes (Le Figaro par Dassault; Libération par Rothschild; en tout 90%
des titres de presse). Les médias sont donc parfois un outil mis au service d'un intérêt particulier
(synergie étrange entre offrir un plateau de télé à un homme politique et obtenir des marchés dans un
secteur très dépendant de l'État tel que l'armement, avec Dassault ou le BTP, avec Bouygues et
Lagardère). La présence de ces "mécènes" a un deuxième effet pervers : le surinvestissement dans le
secteur entraine un manque de rentabilité chronique et donc une plus forte dépendance des rédactions
aux annonceurs...et à leurs actionnaires.
Par ailleurs les médias informent avec de nombreux biais, que Bourdieu avait déjà mis en
évidence : mimétisme, raisonnement par catégorie grossière et volonté de faire du sensationnel sont
autant de réflexes médiatiques qui les empêchent de bien informer.
Malgré toutes ces critiques, il ne faut pas oublier la valeur des médias qui sont un véritable
quatrième pouvoir : en faisant l'actualité, ils forcent les politiques à réagir. L'information est un droit
(et un devoir) fondamental et, afin de le défendre, on pourrait par exemple mettre en place des chèques
"informations" qui permettrait au secteur de mieux se financer et donc d'être plus indépendant.
Idée reçue n°5 : les comités d’experts et les administrations permettent de palier au courttermisme des politiques
Confier un pan de la politique publique à des comités d'experts, comme des gouverneurs des
banques centrales pour la politique monétaire, vise à combattre les deux problèmes de la démocratie
que sont le populisme et le court-termisme.
Des dysfonctionnements existent cependant en ce qui concerne ces groupes d’experts. Sur
l'apparente plus grande intelligence des groupes, Asch montre que les phénomènes de groupes mènent
souvent à une unanimité trompeuse, même si ce sont des groupes hétérogènes (car les individus aux
opinions dissonantes ont peur de l'ostracisme). Pour ce qui est de l'apparente plus grande intelligence
des experts, Tetlock estime qu'ils ont tendance à s'en remettre à des théories réductrices (bien que très
judicieuses parfois) et à tout analyser en fonction d'elles. Ils sont par ailleurs souvent soumis à des
conflits d'intérêt lorsqu'ils sont employés par le régulateur pour l'aider dans l'élaboration d'une
législation (cf. : corporation, laboratoire universitaire financé par le privé).
Afin de pallier ces défauts, il faut mettre en concurrence plusieurs groupes d'experts mais aussi les
obliger à utiliser la statistique publique pour étayer leurs travaux. Une troisième piste serait de mettre
sur le marché l'expertise (et la vérité) avec des outils tels que les marchés prédictifs. Seuls ceux qui se
sentent suffisamment experts et armés en matière d’information et d’outil d’analyse y interviennent,
pour gagner de l’argent.
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En résumé (et de manière caricaturale), l’État ce sont des hommes politiques que l’on peut capturer
par du lobbying, qui raisonnent à court terme à partir de vote de citoyens peu informés et gouvernent
en écoutant des experts aux nombreux biais, il faut donc faire en sorte, pour qu'il fonctionne
correctement, d'encadrer ses processus et prises de décisions de nombreuses manières. C’est l’objet de
la troisième partie que de présenter en trois points les processus qui pourraient permettre une plus
grande efficacité de cet acteur au sein de la société.
Recommandation n°1 : Mettre en place une évaluation transparente et rigoureuse des politiques
publiques
Une des priorités de l’État doit être de permettre une meilleure évaluation de l'adéquation entre
objectifs et conséquences des décisions politiques, qui sont souvent victimes de contournement par les
acteurs. Les auteurs préconisent, pour cela, un recours systématique aux statistiques et aux
expérimentations contrôlées de politiques publiques, sur des échantillons de population.
Ils présentent en ce sens les trois problématiques liées à l'économie expérimentale. Le premier
problème, pour cette dernière, est que le contre-factuel (échantillon témoin) théorique, impossible à
mettre en œuvre du fait de la difficulté à modéliser le trop grand nombre d'interactions entre agents. Or
ce contre-factuel est crucial dans une bonne évaluation. La solution trouvée par les économistes est
d'utiliser les méthodes de la médecine (qui a systématisé les expériences contrôlées depuis les années
1950) qui était confrontée aux mêmes problèmes, en utilisant un contre-factuel naturel. Un problème
s'ajoute en économie : les groupes de contrôle naturels sont souvent imparfaits (biais de sélection) et il
existe des causalités croisées. La solution est donc de faire des expériences contrôlées avec des
groupes traités aléatoires (Esther Duflo/Michael Kremer). Enfin la dernière difficulté de l'évaluation
en politique publique est la difficulté qui existe pour généraliser, cela pour deux raisons : il est rare que
l'échantillon testé soit en tout point identique à la population cible et, au niveau microéconomique, il
est impossible de voir les effets de congestion que l’on peut constater lorsqu’on passe au niveau
macro.
La nouvelle culture de l'évaluation dans l'administration doit selon les auteurs se fonder sur une
évaluation statistique plutôt que des comités d'experts pour l'évaluation des politiques publiques. Ils
préconisent en ce sens la mise en place d'une sorte d'INSEE 2.0 qui combinerait les prérogatives de la
Cour des Comptes et la capacité statistique de I'INSEE et dont le protocole d'évaluation serait élaboré
au moment de la promulgation de chaque loi.
Recommandation n°2 : L’écosystème de la pensée critique
La mise en place et la diffusion de cette évaluation systématique aurait également l'avantage de
faciliter la participation de la société civile à l'élaboration des politiques publiques, indispensable selon
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les auteurs. L'exemple de la découverte du backdating1 par l'utilisation des statistiques par des
universitaires montrent qu'il faut un grand nombre d'acteurs (universitaires, journalistes, juristes) pour
faire fonctionner la société civile.
Il existe quatre types d'acteurs qui peuvent apporter énormément à une régulation en architecture
ouverte : les citoyens d'abord, à qui il faut donner les moyens de leur action. Les class actions en
justice sont par exemple, pour les auteurs, une technologie d'intervention citoyenne d'une efficacité
redoutable pour la lutte contre les rentes de situation; les référendums d'initiative populaire mis en
place aux États-Unis permettent également une gouvernance moins centralisée. Enfin, afin d'impliquer
les citoyens, d'avantage de pouvoir doit leur être attribué au niveau local (comme à Porto Alegre, de
même que dans une centaine de villes brésiliennes où l'allocation de 31% du budget de la ville est
décidée par les habitants). Les universitaires sont la deuxième classe d'experts externes importants
pour détecter les tendances (discrimination) et anomalies de fonctionnement (lors d'élection par
exemple) car ils ont des motivations nécessaires : une carrière fondée sur l'innovation et le long terme.
Enfin, les organismes à but non lucratif (Associations,Think-Tank, ONG, etc. ...) sont des acteurs clés
dont le rôle est de cristalliser le débat en organisant des conférences et en expliquant les sujets
complexes aux citoyens, en complément des médias. Le rôle des médias est de relayer et de soutenir
les informations qui remontent de ces acteurs, et cela peut se faire au mieux par un journalisme
d'investigation poussé et soutenu qui permet de faire émerger des sujets d'actualité indépendamment
des faits divers.
Tous ces acteurs sont ainsi les sentinelles de l'action publique et travaillent mieux s'ils ont
l'information nécessaire. C’est pour cela que la troisième recommandation s’intéresse à ce dernier
point.
Recommandation n°3 : Libérez l’information !
Pourquoi? Parce que le débat contradictoire organise le tri entre les idées de manière efficace.
Comment? En appliquant le modèle de la recherche : gratuité des idées et libre circulation de celle-ci
sous l'égide des universités, transparence des méthodes utilisées (rigueur scientifique, reproductibilité),
Disponibilité maximale de l'information pour permettre à tous les citoyens et associations de faire leur
propre analyse des statistiques et de donner l’alerte (comme a pu le faire le New York Times en 2009
sur la pollution de l’eau, en vertu du Freedom of Information Act, promulgué aux Etats-Unis en 1996).
Tout comme la médecine a fait un grand pas en avant lorsqu’elle s’est inscrite dans une démarche
rigoureuse d’expérimentation et d’évaluation, la politique doit se doter des mêmes outils, des mêmes
méthodes et du même mode de pensée afin de ne plus se limiter à des querelles d’idées et de
préconçus mais de se fonder sur des faits, maintenant accessibles grâce aux milliards de données
collectées, puis anonymisées par les systèmes d’information modernes, notamment des données sur les
comportements microéconomiques des acteurs.
Le problème d'efficience de l'action publique à l’heure actuelle est dû à l’inadéquation entre la
rapidité de l’économie et la lenteur du régulateur dans le traitement de flux considérables
d’informations. Le régulateur doit donc s’adapter au changement de société ("the world is flat" titrait
récemment un livre de Thomas Friedman). Il doit y avoir une révolution de l’action publique, et l’une
des "nouvelles fonctions régaliennes" de celle-ci doit être la production d’informations publiques et
connues par tous, à destination de l'ensemble des parties prenantes de la société.
: «La société translucide» - Novembre 2010
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3. Commentaires critiques
Dans un contexte de plus en plus grand de défiance envers les gouvernements et la classe politique
- un sondage effectué en 2007 sur la confiance qu’ont les Français envers leurs institutions montrait
que la classe politique était la plus touchée par la défiance, loin devant les associations, les Eglises et
même le secteur privé, La société translucide vient proposer un modèle assez innovant de gestion de
l’action publique, dans une société de l’information plus mûre et qui développe petit à petit les moyens
de se connaître elle-même. C'est un ouvrage remarquable par la finesse de l'analyse des changements
les plus récents de la société, dont la crise financière a été un des symptômes les plus frappants. Parmi
les bonnes idées à retenir et à chercher à appliquer systématiquement, je pense que celle de « lois
biodégradables », dont la perpétuation des conditions d'applications sont conditionnées à l'atteinte d'un
certain nombres d'objectifs sociétaux est importante. L'utopie de la démocratie 2.0 (i.e. plus
participative) me semble également un point à mettre en œuvre de la manière la plus urgente possible :
dans une démocratie, la parole de n'importe quel citoyen lambda doit être en mesure d'avoir un impact.
Enfin, la question de la mise en place de statistiques plus fines qui permettent d'évaluer, au niveau
micro également, les activités des acteurs, est cruciale pour le pilotage de l'économie par la politique
publique.
Deux critiques néanmoins : il est dommage que les questions de développement durable, brûlantes,
ne soient abordées qu’en filigrane, à travers l’explication de la notion d’externalité négative et des
différents moyens de la gérer et par la critique du danger du court-termisme politique. Cela vient sans
doute du fait que le prisme économique et monétaire est omniprésent dans ce livre, avec un être
humain vu la plupart du temps comme un simple agent économique, simplifié à l'extrême pour les
besoins de l'exercice de modélisation du fonctionnement de la société.
Parce qu’il prend en compte le changement de paradigme qu’est en train de vivre une société où les
coups de diffusion de l’information sont devenus nuls, ce livre est à mettre entre toutes les mains des
politiques s’ils se veulent en phase avec les nouveaux impératifs et les nouvelles modalités de
gouvernance.
: «La société translucide» - Novembre 2010
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4. Bibliographie des auteurs
4.1.Articles et Ouvrages écrits en commun :
Articles :
 2009, « Financial Risk Management: When Does Independence Fail? », American
Economic Review, vol. 99, n°2, p. 454-458 (avec David Sraer ).
 2009, « Optimal Dissent in Organizations », The Review of Economic Studies, vol.
76, n°2, mars 2009, p. 761-794 (avec David Sraer ).
 2009, « Financial Contracting with Optimistic Entrepreneurs: Theory and
Evidence », The Review of Financial Studies, vol. 22, n°1, p. 117-150.
 2008, « Investigating Capitalism Aversion », Economic Policy, vol. 23, n°55, p. 465497. (avec Mathias Thoenig).
Ouvrages :

2010, La société translucide, Fayard, mai 2010.

2007, Le Grand Méchant Marché, Flammarion, 2007.
4.2. Ouvrages et articles d’Augustin Landier
Ouvrage:
2008, Investing for Change: Profit from Responsible Investing, Oxford University Press,
(avec Vinay Nair).
: «La société translucide» - Novembre 2010
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Articles:
 2009, « A Multiplicative Model of Optimal CEO Incentives in Market
Equilibrium », The Review of Financial Studies, vol. 22, n°12, p. 4881-4917.
(avec Alex Edmans et Xavier Gabaix).
 2009, « Le risque d'inflation, un Black Swan sur nos radars? », Risques - Les
Cahiers de l'Assurance, n°80.
 2009, « The Economics of Bank Restructuring: Understanding the Options », IMF
Staff Position Note, (avec Kenichi Ueda).
 2009, « Trade-offs in Staying Close: Corporate Decision Making and Geographic
Dispersion », The Review of Financial Studies, vol. 22, n°3, p. 1119-1148.
(avec Vinay Nair et Julie Wulf).
 2008, « Investissement Socialement Responsable: une Approche Efficace et
Rentable », En Temps Réel, n°34, (avec Vinay Nair).
 2008, « Why Has CEO Pay Increased So Much? », The Quarterly Journal of
Economics, vol. 123, n°1, p. 49-100. (avec Xavier Gabaix)
 2002, « The Perverse Effects of Partial Labor Market Reform: Fixed Duration
Contracts in France », The Economic Journal, vol. 112, n°480, p. 214-244.
(avec Olivier Jean Blanchard).
4.3. Articles de David Thesmar :

2007, « Performance and Behavior of Family Firms: Evidence From the French
Stock Market», Journal of the European Economic Association, vol. 5, n° 4, (avec
David Sraer).

2007, « Banking Deregulation and Industry Structure: Evidence From the French
Banking Act of 1985 », Journal of Finance, vol. 62, n° 2, (avec Marianne Bertrand et
Antoinette Schoar).

2002, « Identifying Dynamic Discrete Choice Models », Econometrica, vol. 70, n° 2,
(avec Thierry Magnac).

2000, « Creative Destruction and Organization Change », The Quarterly Journal of
Economics, vol. 115, n° 4 (avec Mathias Thoenig).
: «La société translucide» - Novembre 2010
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5. Références
Friedman, T. (2005), The World Is Flat: A Brief History of the Twenty-First Century, 5 avril 2005,
Farrar, Strauss and Giroux.
Le Parisien-Aujourd’hui en France / Fonda /CEVIPOF Sondage (2007) - « Crise et renouveau du
politique : quelle contribution des associations ? »
: «La société translucide» - Novembre 2010
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