CONSTRUIRE L’ÉGLISE DOMESTIUE
La famille pleinement vivante
En fondant les Chevaliers de Colomb, l’abbé Michael McGivney souhaitait
répondre à la crise qui secouait la vie familiale catholique aux États-Unis lors du
19esiècle. Jeune homme, il avait été témoin des défis auxquels sa mère, veuve, était
confrontée avec sept enfants à la maison. Plus tard, en tant que prêtre, il dut
affronter quotidiennement les problèmes affligeant les familles de sa paroisse. Ceux-
ci étaient causés par la pauvreté, la violence, l’alcoolisme, l’immigration, le préjudice
anticatholique et la discrimination.
Au niveau de la vie familiale, la vision de l’abbé McGivney ne se limitait pas à
faire en sorte que chacune des familles puisse bénéficier d’une aide matérielle et
financière. Il comprenait que tous les baptisés sont appelés à la sainteté. Sachant
que ses deux frères ont marché sur ses traces dans le sacerdoce, nous pouvons
constater à quel point « le sanctuaire de la maison » était véritablement important
pour la famille McGivney.
Sa famille était un exemple vivant de ce qu’enseignerait plus tard le Concile
Vatican II, à l’effet que chaque homme, chaque femme et chaque enfant sont appelés
à la sainteté à travers la proclamation de l’Évangile et la transmission, dans leurs
activités quotidiennes, du cadeau divin que représente l’amour.
Lorsque les familles chrétiennes répondent de cette manière au dessein du
Créateur, elles deviennent une « Église domestique » qui, comme le disait le pape
Paul VI, est le miroir des « différents aspects de l’Église toute entière. »1
Depuis le Concile Vatican II et, d’une manière particulière, durant le pontificat
de saint Jean-Paul II, il est devenu clair que la famille est « la voie de l’Église. »2
Dans un sens, cela signifie de manière évidente que la famille est l’objet de l’œuvre
d’évangélisation de l’Église.
Mais la famille chrétienne se voit également confier sa propre mission
indispensable. Comme l’écrivait saint Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique
Familiaris Consortio, « […] la famille reçoit la mission de garder, de révéler et de
communiquer l’amour […]. »3Cette mission est au cœur de la « communauté de vie
et d’amour »4qui débute au sein du couple marié à l’intérieur du sacrement du
mariage.
Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne que « […] l’amour
conjugal comporte une totalité où entrent toutes les composantes de la personne
[…] il vise une unité profondément personnelle, celle qui, au-delà de l’union en
une seule chair, conduit à ne faire qu’un cœur et qu’une âme […]. »5Dit
autrement, le mariage sacramentel n’implique pas seulement un accord entre les
époux mais une transformation radicale de ceux-ci.
Comme l’écrivait le pape Benoît XVI dans la Lettre encyclique Deus Caritas Est,
« Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation
de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la
mesure de l’amour humain. »6