ARCHIVES DEPARTEMENTALES
DE LA SEINE-MARITIME
La Seine-Inférieure
dans la Seconde Guerre mondiale
(1940-1946)
51 W
Cabinet du Préfet
271 W
Services de la Préfecture
Répertoire numérique détaillé
établi par
Corinne TUNCQ, attachée de conservation du patrimoine
Christophe DUBOIS, attaché de conservation du patrimoine
Michel CROGUENNEC, docteur en histoire
Sous la direction d’Armelle SENTILHES et Vincent MAROTEAUX,
conservateurs généraux du patrimoine
ROUEN, 2009
© Conseil général de Seine-Maritime (Direction des Archives Départementales)
ISBN : 2-86076-027-X
Visa de la Direction des Archives de France du 12 octobre 2009
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3 -
I
NTRODUCTION
Historique et traitement du fonds
Après la réorganisation de la préfecture de la Seine-Inférieure en 1946, les archives de la
période de la Seconde Guerre mondiale ont été conservées de longs mois dans les greniers de
cette administration avant d’arriver aux Archives départementales dans les années 1960. En
1965, celles-ci ont intégré la nouvelle Préfecture, sur les quais rive gauche, devenu depuis
l’Hôtel du Département.
En dépit de la circulaire AD 65-29 du 16 décembre 1965 sur la cotation des archives
départementales , qui prévoyait de clore les séries modernes au 10 juillet 1940, à la fin de la
Troisième République, et en attendant de recevoir des instructions sur l’organisation des
archives contemporaines, les Archives départementales de la Seine-Maritime ont intégré
provisoirement le fonds du cabinet du préfet de 1940 à 1946 à la série M, tout en les
distinguant des documents antérieurs à la guerre par une cotation parallèle. Jusqu’en 1980, les
573 articles de ce fonds ont donc été cotés en 1 MP, avant de recevoir la cote 51 W, lors de la
création de la série W. Par ailleurs, les archives du cabinet du préfet au-delà de 1946 sont
entrées aux Archives départementales par versements successifs, cotés provisoirement en une
série continue Z. 71 articles concernant la période de guerre y ont été retrouvés. C’est donc
644 articles au total qui ont été traités, le tout représentant 98,40 mètres linéaires.
Cet ensemble couvre les périodes suivantes : l’Occupation partir de la fin du printemps
1940), la libération du département et toute la durée du Gouvernement provisoire de la
République, pour s’arrêter à la fin de 1946, approximativement autour du référendum du 13
octobre 1946 instituant la IV
e
République. Les documents concernant la préparation à la
guerre et les premiers mois de 1940 ont, eux, été intégrés à 1 M, lors du classement de cette
sous-série à la fin des années 1980.
Jusqu’aux années 1990, il n’existait pas de répertoire complet du fonds mais des relevés
partiels d’analyse. Ces instruments de recherche, quoiqu’insuffisants, ont permis son
exploitation par quelques chercheurs, surtout des membres de la délégation locale du comité
d’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Entre 1968 et 1972, ces mêmes chercheurs ont
participé avec les Archives départementales à des essais d’indexation du fonds, en vue de la
création de fiches mécanographiques susceptibles de résumer chaque article.
P
REFECTURE DE LA SEINE
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INFERIEURE
(1940-1946)
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Le travail de classement n’a été engagé qu’à partir de 1992. Un examen complet des articles a
permis alors de s’apercevoir du caractère hétérogène de l’ensemble. Ce sont en réalité trois
fonds différents qui se trouvaient mélangés : le cabinet du préfet de la Seine-Inférieure, le
cabinet du préfet de la région de Rouen et le cabinet du commissaire régional de la
République de Rouen. Il a donc fallu analyser chaque dossier, puis les reprendre pour tenter de
reconstituer les fonds d’origine. La cote 51 W a été réservée à la préfecture de Seine-
Inférieure, 40 W à la préfecture de région et 52 W au commissariat régional de la République.
Cette première étape passée, les archives provenant de la préfecture de la Seine-Inférieure ont
été reclassées selon l’organigramme de 1942. Le choix du plan de classement s’est porté sur
cet organigramme car il est le plus complet de tous ceux retrouvés. La répartition des missions
entre les quatre premières sections du cabinet a, semble t-il, très peu changé de 1940 à 1946,
une cinquième section ayant été créée à la fin de 1944 [Annexe 1].
Lors de ce travail, il est apparu nécessaire d’isoler, du fonds des archives du cabinet lui-même,
de nombreux dossiers provenant en fait des divisions de la préfecture et du secrétariat général.
Ceux-ci ont été regroupés sous la cote 271 W. Longtemps imbriquées avec le fonds du cabinet
et en lien direct avec lui, ces archives ont été intégrées dans le présent répertoire à la suite de
celles du cabinet et le tout (542 articles pour 51 W et 290 pour 271 W) a fait l’objet d’un
index commun. L’ensemble occupe 62,40 mètres linéaires.
Pendant toutes les années consacrées au reclassement de ces fonds, les archives sont restées
accessibles aux chercheurs. Dès qu’un ensemble était isolé, les articles étaient reconstitués
rapidement, une cote provisoire leur était attribuée et un instrument de recherche provisoire
était mis à la disposition du public. Une table de concordance des cotes d’origine, des cotes
provisoires et des cotes définitives est à la disposition des chercheurs sur demande.
L’administration préfectorale,
entre Occupation et Libération
Lorsque les troupes allemandes entrent dans Rouen le dimanche 9 juin 1940, la ville, son
agglomération et beaucoup de cités de la Seine-Inférieure ont déjà subi de nombreuses
destructions par fait de bombardements. Les haut-normands voient défiler depuis déjà
plusieurs semaines un flot incessant de réfugiés du nord de la France et de Belgique. En ce
premier jour d’occupation de Rouen, Roger Verlomme, préfet de la Seine-Inférieure depuis
avril 1938, constate que les fonctionnaires de la Préfecture sont à leur poste. Décidant de se
rendre compte par lui-même de l’avancée des allemands dans le département, il part le long de
la Seine jusqu’à Bolbec et au Havre. De retour dans l’agglomération rouennaise au bout de 4
jours, il est bloqué par les Allemands sur la rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray et n’est
autorisé à traverser la Seine que le 22 juin.
Dans ce laps de temps, une nouvelle municipalité s’est installée à Rouen. Le maire, Georges
Métayer, étant absent, le premier commandant allemand entré dans l’hôtel de ville désigne
Maurice Poissant, adjoint, pour occuper ce poste. Il devient le maire de l’agglomération de
Rouen, car les villes « liées économiquement et géographiquement avec Rouen sont rattachées
I
NTRODUCTION
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à cette ville »
1
. Sont également « nommés » par les Allemands Jacques Tillet à Dieppe et
l’abbé Becquet à Elbeuf.
L’ensemble du département, et plus particulièrement le littoral, subit des combats très
violents. Il suffit seulement d’évoquer la bataille de Saint-Valéry-en-Caux les 11 et 12 juin.
Plusieurs compagnies françaises et la 51
e
Highland division écossaise se retrouvent acculées
dans le port de pêche. Devant les assauts répétés et les bombardements des Allemands, les
Alliés ne tiennent que deux jours et capitulent le 12 juin. 40 000 hommes, dont 6 000
écossais, sont fait prisonniers. Seuls 3 300 militaires alliés ont pu embarquer pour
l’Angleterre. 300 soldats écossais ont péri devant Saint-Valéry-en-Caux et Veules-les-Roses.
Les Allemands sont maîtres du département à la mi-juin. La Feldkommandantur 517 est
installée à l’hôtel de ville de Rouen et des Kreiskommandanturen à Dieppe, Forges-les-Eaux,
Le Havre et Rouen.
Pendant l’été 1940, la vie administrative reprend ; la cour d’appel recommence à siéger à
partir du 24 juillet. Le Gouvernement de Vichy, en place depuis le 10 juillet avec la remise
des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, nomme peu à peu de nouveaux représentants dans les
départements.
Le 21 septembre 1940, le préfet Verlomme est limogé et remplacé par René Bouffet, préfet de
la Manche et ancien sous-préfet du Havre. Très vite, il fait disparaître sur ses courriers les
entêtes République française et réaliser un cachet officiel associant la francisque et les armes
de la Normandie. Il est le premier préfet à mettre en place en Seine-Inférieure les dispositions
prévues par les lois raciales : recensement des Juifs, restriction de l’accès aux postes
administratifs, premières arrestations dès 1940. De septembre 1940 à juin 1941, il reçoit, de la
part des agents de toutes les administrations présentes en Seine-Inférieure, les déclarations de
« non-appartenance à la race juive » et « non-appartenance aux sociétés secrètes » (51 W 367-
388). A l’image de la suppression de la Chambre des députés et du Sénat, les assemblées
locales n’existent plus. La session du Conseil général de septembre 1940 n’a pas lieu. Le 28
février 1941, le préfet Bouffet préside la réunion de la commission administrative, créée par le
Gouvernement de Vichy pour remplacer les conseils généraux et composée de membres
nommés.
Par la loi du 19 avril 1941, le Gouvernement de Vichy institue des préfectures de région
chargées plus particulièrement de missions de police et de répartition du ravitaillement. En
juin, René Bouffet devient le premier préfet de la région de Rouen, avec autorité sur les cinq
départements normands : Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Inférieure. Les locaux de la
préfecture, rue de Crosne à Rouen, sont restructurés pour accueillir cette nouvelle entité
administrative. Des agents de la préfecture départementale intègrent le cabinet et les deux
services de la préfecture de région : l’intendance de police et l’intendance de ravitaillement.
Joseph Bourgeois succède à René Bouffet en tant que préfet-délégué dans la Seine-Inférieure
le 21 décembre 1941. Il est placé sous l’autorité du préfet de région. Il se déplace à Vichy le
19 février 1942 pour prêter serment au Maréchal Pétain en compagnie du préfet régional
1 Arrêté du nouveau maire du 15 juin reprenant les termes du Major, commandant de la ville.
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