Master Science de la matière École Normale Supérieure de Lyon Université Claude Bernard Lyon I Stage 2013 Bastien Gaël M2 Physique Étude de la surface de Fermi des supraconducteurs ferromagnétiques UCoGe et UGe2 par eet Shubnikov-de Haas Résumé UGe2 et UCoGe sont deux composés dans lesquels la supraconductivité peut coexister avec : le ferromagnétisme. On a étudié la surface de Fermi de ces deux cristaux par l'eet Shubnikov-de Haas. Cette méthode consiste en une mesure d'oscillations quantiques de la résistivité à très basse température et sous champ magnétique intense. La surface de Fermi d'UGe2 a été mesurée dans la phase ferromagnétique 2, à pression ambiante dans chacune des trois directions du cristal. Les résultats qui avaient été obtenus avec d'autres méthodes ont bien été retrouvés et on a apporté quelques précisions. On a étudié la surface de Fermi d'UCoGe avec un champ magnétique selon l'axe c du cristal dans la phase où coexistent la supraconductivité et le ferromagnétisme à pression ambiante et sous la pression 0,54 GPa. Une légère évolution de la surface de Fermi d'UCoGe avec le champ magnétique a été observée. mots clés : fermions lourds, magnétisme, supraconductivité, surface de Fermi, oscillations quantiques Stage eectué sous la direction de : Georg Knebel [email protected] SPSMS, UMR-E CEA/UJF-Grenoble 1, INAC 17 avenue des martyrs 38000 Grenoble www.inac-cea.fr 31 juillet 2013 Table des matières 1 Contexte 1.1 1.2 Présentation des composés UGe2 et UCoGe Oscillations quantiques . . . . . . . . . . . . 1.2.1 Origine des oscillations quantiques . 1.2.2 Eet de la température . . . . . . . 1.2.3 Eet des impuretés . . . . . . . . . . 2 Techniques expérimentales 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 Croissance cristalline et caractérisation Haute pression . . . . . . . . . . . . . Rotateur . . . . . . . . . . . . . . . . . Réfrigérateur à Dilution . . . . . . . . Champ magnétique intense . . . . . . Mesure de résistivité . . . . . . . . . . Traitement des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des cristaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Résultat sur UGe2 3.1 3.2 Magnétorésistance transverse et eet Shubnikov-de Haas dans l'orientation B//a . Magnétorésistance transverse et eet Shubnikov-de Haas avec le champ magnétique dans le plan bc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Résultat sur UCoGe 4.1 4.2 4.3 Résistivité et magnétorésistance transverse d'UCoGe dans la conguration B//c à pression ambiante et à la pression 0,54GPa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dépendance angulaire de la magnétorésistance d'UCoGe à pression ambiante . . . Eet Shubnikov-de Haas dans la conguration B//c à pression ambiante et sous pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 4 4 6 6 6 6 7 8 8 8 9 9 10 10 12 14 14 15 17 5 Conclusion 18 6 Remerciements 19 1 1 Contexte 1.1 Présentation des composés UGe2 et UCoGe Ces deux composés appartiennent à une catégorie de composés appelés les fermions lourds. Ce sont des composés intermétalliques avec une couche f partiellement remplie. Dans notre cas c'est la couche 5f de l'atome d'uranium. Ce sont des systèmes d'électrons fortement corrélés. Les excitations de ces composés sont donc des quasiparticules au-dessus du niveau de Fermi et non des électrons au-dessus du niveau de Fermi. Le niveau d'énergie des électrons f dans ce composé est assez proche du niveau de Fermi, ce qui permet une forte hybridation des électrons f avec les électrons de conduction. La masse eective des quasiparticules est élevée, d'où l'appellation fermion lourd. Les électrons f portent un moment magnétique, qui est partiellement écranté par l'eet Kondo et ils peuvent adopter à basse température l'ordre ferromagnétique ou l'ordre antiferromagnétique. Il existe également des fermions lourds à base de cérium, d'ytterbium ou de plutonium. Parmi les fermions lourds trois composés présentent une coexistence entre supraconductivité et ferromagnétisme : UGe2 , URhGe et UCoGe. Cette propriété est exceptionnelle car dans la théorie BCS, les impuretés magnétiques détruisent l'état supraconducteur. Les mailles de ces trois cristaux sont présentées sur la gure 1. elles sont orthorhombiques, les dimensions des mailles respectives d'UGe2 et UCoGe sont a=4.0089, b=15.0889 et c=4.0950 et a=6.845, b=4.206 etc=7,222. Ces trois composés sont des ferromagnets, dont les moments sont portés par les atomes d'uranium. Les températures de Curie respectives d'UGe2 URhGe et UCoGe sont 52K, 9,5K et 2,7K[1]. Leurs spins sont des spins d'Ising, cela signie qu'ils s'orientent préférentiellement selon l'une des directions du cristal : l'axe a pour UGe2 , l'axe c pour UCoGe et URhGe. Cette direction est appelée axe facile d'aimantation, le plan orthogonal est appelé plan dicile d'aimantation. Figure 1 Schéma des mailles d'UGe2 , URhGe et UCoGe. Les moments magnétiques sont portés par les atomes d'uranium, ils s'orientent selon l'axe a d'UGe2 et selon l'axe c pour URhGe et UCoGe. Le diagramme de phase pression-température d'UGe2 est représenté sur la gure 2. La température de Curie décroît avec la pression. La transition ferromagnétique-paramagnétique est du second d'ordre à basse pression, puis du premier ordre au-dessus d'un point tricritique (TCP). UGe2 admet deux phases ferromagnétiques FM1 et FM2. La ligne de transition de phase entre les deux phases ferromagnétiques s'arrête à un point critique vers 10K. A basse température l'aimantation des phases FM1 et FM2 vaut environ 1,0 µB et 1,5 µB par atome d'uranium. Entre les pressions 1GPa et 1.5 GPa et en dessous de 150mK, la supraconductivité coexiste avec le ferromagnétisme. Le diagramme de phase pression-température d'UCoGe est représenté sur la gure 3. UCoGe n'admet qu'une phase ferromagnétique. UCoGe est un "`weak ferromagnet"', son aimantation à champ extérieur nul est très faible : 0,05 µB par atome d'Uranium. Contrairement à UGe2 , UCoGe est 2 supraconducteur à pression ambiante et est aussi supraconducteur sous haute pression dans la phase paramagnétique. La température de la transition supraconductrice d'UCoGe à la pression atmosphérique est 0,6K. Figure Figure 2 Diagramme de phase pressiontempérature d'UGe2 [1]. PM, FM1 et FM2 désignent respectivement la phase paramagnétique, la phase ferromagnétique avec de petits moments magnétiques et la phase ferromagnétique avec de grands moments magnétiques. La température de transition supraconductrice a été multipliée par 5, pour que la phase supraconductrice soit visible sur le diagramme. 3 Diagramme de phase pressiontempérature d'UCoGe [1]. PM, FM et FM+SC et SC désignent respectivement la phase paramagnétique, la phase ferromagnétique, la phase où la supraconductivité coexiste avec l'ordre ferromagnétique et la phase supraconductrice. Dans les phases supraconductrices d'UGe2 , URhGe et d'UCoGe les électrons forment des paires de Cooper d'électrons de même spin [2]. Ces paires sont donc dans l'état triplet de spin. Le paramètre d'ordre de la supraconductivité est de symétrie p. Ce sont les même électrons, les électrons f qui sont responsables du ferromagnétisme et de la supraconductivité. Le champ critique Bc2 est le champ magnétique qu'il faut appliquer sur un supraconducteur pour en détruire la supraconductivité. Le champ critique Bc2 d'UCoGe à pression ambiante présente une très forte anisotropie. Il vaut 0,5T quand le champ est appliqué selon l'axe facile d'aimantation c du cristal et est supérieur à 15T, quand le champ est appliqué selon l'axe b ou l'axe a. On souhaite imager la surface de Fermi dans les diérentes phases de ces composés. On veut savoir si les transitions de phase ferromagnétique induisent d'importants changements de la surface de Fermi de ces deux composés et quels sont ces changements. La supraconductivité n'a pas été observée dans la phase paramagnétique d'UGe2 , mais l'est dans celle d'UCoGe. URhGe et UCoGe présentent une particularité : la réentrance de la supraconductivité sous champ magnétique. Les diagrammes de phase champ magnétique température de ces deux composés pour un champ magnétique selon l'axe b du cristal sont représentés sur la gure 4. Il existe un champ magnétique supérieur à Bc2 tel que si on applique ce champ magnétique le composé redevient supraconducteur. C'est la réentrance de la supraconductivité. Il existe alors un second champ critique Bc2 pour lequel la supraconductivité disparaît dénitivement. Le phénomène est plus impressionnant sur URhGe car il est visible jusqu'à température nulle, alors que sur UCoGe, il n'est visible que pour une température très proche de Tc . La réentrance de la supraconductivité a lieu à des valeurs de champ proche du champ transverse pour lequel la transition ferromagnétique disparaît. La cause de la réentrance est peut être un réarrangement de la surface de Fermi à la transition ferromagnétique. L'étude de la surface de Fermi dans les deux phases peut donc surement permettre de comprendre la coexistence du ferromagnétisme et de la supraconductivité et le phénomène de réentrance. Une 3 évolution de la surface de Fermi a été observée dans URhGe au champ de la réentrance par Yelland et al [3]. La surface de Fermi d'UGe2 dans les deux phases ferromagnétiques a été étudiée par la méthode de Haas-van Alphen [7] [8] [10] [11]. Les surfaces de Fermi des deux phases ferromagnétiques semblent être très diérentes. On souhaite étudier ces surfaces de Fermi avec une autre méthode la méthode Shubnikov-de Haas, pour apporter une précision supplémentaire sur cette évolution. Ces deux méthodes reposent sur l'étude des oscillations quantiques et seront présentées en détail dans le prochain paragraphe. Je présente dans ce rapport des résultats sur la surface de Fermi d'UGe2 à pression ambiante, donc dans la phase FM2. Il est beaucoup plus dicile d'obtenir des monocristaux de bonne qualité d'UCoGe que d'UGe2 , la surface de Fermi d'UCoGe est donc beaucoup moins bien connu que celle d'UGe2 . Une seule poche de cette surface de Fermi n'avait été observée à pression ambiante [13]. Je présente dans ce rapport des résultats sur la surface de Fermi d'UCoGe dans la phase ferromagnétique à pression ambiante et à la pression 0,54 GPa. Figure 4 Diagramme de phase champ magnétique température d'URhGe et d'UCoGe [2]. Le champ est selon l'axe b du cristal. SC et RSC désignent respectivement la phase supraconductrice et la phase de supraconductivité réentrante. 1.2 Oscillations quantiques 1.2.1 Origine des oscillations quantiques On applique un champ magnétique homogène à un cristal. Les niveaux d'énergie des électrons quasi libres deviennent des tubes d'axe parallèle au champ appelés tubes de Landau. Les niveaux d'énergies associés à ces tubes sont appelés les niveaux de Landau. Ils sont équidistants et l'écart entre deux niveaux est ~ωc où ωc est la fréquence du mouvement cyclotron des électrons induit par le champ : eB (1) m∗ m∗ est la masse eective associée à l'orbite cyclotron de l'électron. A température nulle, les électrons occupent les parties des tubes de Landau qui sont à l'intérieur de la surface de Fermi. Lorsqu'on augmente le champ magnétique, les tubes se dilatent, les états électroniques se rapprochent du niveau de Fermi et la densité d'état au niveau de Fermi augmente. Quand un tube dépasse la surface de Fermi, un réarrangement électronique a lieu. Les électrons qui étaient dans des états localisés sur ce tube quittent leur état pour des tubes d'énergies plus basses. La densité d'état sur la surface de Fermi diminue. Ainsi lorsqu'on balaie le champ magnétique appliqué, les tubes de Landau franchissent successivement la surface de Fermi et la densité d'états au niveau de Fermi est une fonction périodique de l'inverse du champ 1/B . La fréquence de ces oscillations est : ωc = 4 ~Sext (2) 2πe Sext désigne la section extrémale de la surface de Fermi dans un plan perpendiculaire à l'axe du champ. Si la surface de Fermi admet plusieurs sections extrémales perpendiculaires à l'axe du champ, l'évolution de la densité d'état au niveau de Fermi en fonction de 1/B est la somme des oscillations résultant de chaque section extrémale. Un exemple est traité sur la gure 5. Ces sections extrémales de la surface de Fermi sont aussi appelées orbites extrémales. Ces oscillations de la densité d'états au niveau de Fermi entraînent des oscillations des propriétés du matériau : aimantation, résistivité, eet thermoélectrique Seebeck...L'eet Seebeck est la tension résultant d'un gradient thermique dans un échantillon parallèle à ce gradient thermique. Les oscillations d'aimantation constituent l'eet de Haas-van Alphen abrégé dHvA. Ce sont les oscillations quantiques les plus utilisées pour l'étude de surface de Fermi. Les oscillations de résistivité constituent l'effet Shubnikov-de Haas abrégé SdH. C'est cet eet que l'on a utilisé pour étudier les surfaces de Fermi d'UGe2 et d'UCoGe. L'expérience SdH s'adapte beaucoup plus facilement aux mesures sous pression que l'expérience de dHvA. F = Figure 5 a Schéma d'une surface de Fermi. On applique un champ magnétique vertical. La surface de Fermi admet trois sections extrémales perpendiculaires au champ S1, S2 et S3. b Résistivité du composé ayant cette surface de Fermi en fonction de l'inverse du champ. Les oscillations observées constituent l'eet Shubnikov-de Haas. c Spectre de Fourrier de ces oscillations. Trois pics sont observés, ils correspondent aux trois sections extrémales de la surface de Fermi. Les oscillations quantiques sont décrites par la formule de Lifshitz Kosevitch [4] : M= XX A 2pπFi sin( + φip ) 3/2 B p p i A=B (3) 2 −1/2 Si RT RD RS ∂k 2 1/2 ∂ RT = αpm∗i T /B sh(αpm∗i T /B) RD = exp(−αpm∗i TD /B) RS = cos(πgi pm∗i /2m0 ) α = 2π 2 kB /e~ La somme sur i est la somme sur les diérentes sections extrémales de la surface de Fermi. La somme sur p est la somme sur les diérentes harmoniques correspondant à une même section 2 extrémale. ∂∂kS2 est la courbure de la surface de Fermi au niveau de la section extrémale considérée. Les facteurs RT , RD et RS traduisent respectivement l'eet de la température, l'eet des impuretés et l'eet du spin des électrons. 5 1.2.2 Eet de la température L'augmentation de la température entraîne une diminution de l'amplitude des oscillations. En eet quand la température est non nulle, les états situés juste au-dessus de la surface de Fermi sont partiellement occupés et ceux situés juste en dessous partiellement inoccupés. La dépendance en température de l'amplitude d'une oscillation quantique permet de calculer la masse eective du mouvement cyclotron sur la section extrémale associée. On mesure l'amplitude moyenne des oscillations à diérentes températures sur un intervalle de champ de Bmin à Bmax. On suppose le champ constant de valeur Bef f sur cet intervalle, ce qui nécessite ce dernier ne soit pas trop grand. 1 1 1 1 − ) = ( Bef f 2 Bmax Bmin (4) En prenant le logarithme de la formule de Lifshitz Kosevitch (3), on obtient : ln( A(T ) αpm∗ (1 − exp(−2αpm∗ T /Bef f ))) = − T + cste T Bef f (5) On utilise une procédure itérative pour calculer la masse eective. On prend une valeur de masse eective, on calcule le membre de gauche de l'équation (5) pour chaque température, on modélise le résultat par une fonction ane de la température et on en déduit la masse eective. On réitère la procédure jusqu'à ce que la valeur de masse eective converge. 1.2.3 Eet des impuretés La présence d'impuretés dans le composé réduit le libre parcours moyen des électrons. La température de Dingle TD introduite dans la formule de Lifschitz Kosevitch (3) est une mesure de la qualité de l'échantillon, elle est reliée au libre parcours moyen l par la formule : l= ~2 kF 2πkB m∗ TD (6) Plus le champ magnétique appliqué est faible, plus l'inuence des impuretés est importante. La température de Dingle peut être estimée à partir de la dépendance en champ magnétique de l'amplitude des oscillations. Cette dépendance est estimée en calculant l'amplitude moyenne des oscillations sur diérents intervalles de champ. La formule de Lifshitz Kosevitch peut être réécrite : 1/2 ln(ABef f sh(αpm∗ T /Bef f )) = −αm∗ TD /Bef f + cste 1 Bef f (7) 1 1 1 = ( − ) 2 Bmax Bmin En traçant le membre de gauche en fonction de 1/Bef f et en modélisant ce graphe par une droite, on obtient la valeur de la température de Dingle. On peut alors estimer le libre parcours moyen avec la formule (6). 2 Techniques expérimentales 2.1 Croissance cristalline et caractérisation des cristaux Les cristaux d'UGe2 et UCoGe ont été réalisés par la méthode de Czochralski par Valentin Taufour et Dai Aoki au CEA Grenoble. Un mélange en proportions stoechiométriques des diérents éléments du cristal est chaué par quatre arcs plasma au-dessus de sa température de fusion. Une pointe de tungstène est plongée dans le mélange puis retirée à une vitesse de quelques mm à l'heure. De gros monocristaux se forment sur la pointe. Les cristaux sont ensuite caractérisés et orientés à l'aide d'un diractomètre de Laue puis découpés par électroérosion. Deux échantillons d'UGe2 diérents ont été utilisés, ils seront désignés par UGe2 1 et UGe2 2. Les contacts électriques sur l'échantillon ont été disposés de telle sorte que le courant est selon l'axe b pour l'échantillon UGe2 1 6 et selon l'axe a pour UGe2 2. Les contacts utilisés pour mesurer la tension sont séparés de 2320 µm pour le premier et 1930 µm pour le second. Les côtes de UGe2 1 selon les directions a et c du cristal sont respectivement 240µm et 1350µm. Celles de UGe2 2 selon les directions b et c sont 60µm et 410µm. Un seul échantillon d'UCoGe a été utilisé. Un second échantillon a été testé, mais il ne présentait aucune oscillation quantique. Le courant est selon l'axe a, les contacts entre lesquels la tension est mesurée sont séparés de 320µm. Ses dimensions selon les axes b et c du cristal sont respectivement 370µm et 245µm. La qualité des échantillons est évaluée à l'aide du RRR : residual resistivity ratio. Le RRR est le quotient de la résistivité de l'échantillon à 300K par sa résistivité extrapolée à 0K. Pour UCoGe, qui devient supraconducteur à 0,6K, on calcule le RRR à partir de la résistivité de la phase normale extrapolée à 0K. Les RRR des échantillons UGe2 1, UGe2 2 et UCoGe sont respectivement 150, 303 et 30. Leurs résistivités extrapolées à 0 Kelvin en µΩ · cm sont respectivement 2,0 ; 0,57 et 10,0. 2.2 Haute pression Les mesures d'UCoGe sous pression ont été réalisées avec une cellule de pression piston-cylindre, dont le schéma est présenté sur la gure 6. Le corps de la cellule est en cuivre béryllium. L'échantillon est placé dans une capsule de téon de 4mm de diamètre. Cette capsule est remplie d'un uide incompressible : l'huile Daphné 7393. En dessous de la capsule l'obturateur est percé d'un trou, qui laisse passer les ls de mesure. Ce trou est bouché avec un joint en Stykast noire. La capsule est comprimée par un cylindre en carbure de tungstène situé au-dessus, le piston. La pression est faite à l'aide d'une presse hydraulique, qui enfonce le piston. Une vis en cuivre béryllium au-dessus du piston permet de maintenir la pression dans la cellule. La pression est mesurée à température ambiante, grace à un l de manganin placé dans la cellule, dont la résistivité croît avec la pression. Cette mesure permet de contrôler la mise sous pression de la cellule. Cependant la pression dans la cellule dépend de la température donc elle doit être mesurée à basse température. On utilise pour cela un morceau de plomb. La valeur de la transition supraconductrice du plomb décroît avec la pression. Le morceau de plomb est entouré par deux bobines de cuivre d'environ cinquante spires chacune. L'une d'elle induit un champ magnétique dans le plomb, la seconde mesure l'aimantation du plomb. Cette mesure est eectuée avec un cryostat commercial, le PPMS, pouvant descendre jusqu'à 2K. Figure 6 a Schéma de la cellule de pression piston-cylindre. La pression est mise en enfonçant le piston, puis maintenue en serrant la vis supérieure. b Support de l'échantillon dans la cellule de pression. c Seconde face du support de l'échantillon 7 2.3 Rotateur Pour les mesures à pression ambiante on place l'échantillon sur un rotateur, qui permet de le tourner par rapport au champ magnétique dans le réfrigérateur. Ce rotateur est actionné par un l de kevlar qui remonte au sommet du cryostat où il est enroulé manuellement sur un axe. Un autre l relie le rotateur à un ressort, il permet le retour en arrière du rotateur lorsqu'on déroule la l. Ce rotateur a été amélioré pour les mesures d'eet Shubnikov-de Haas dans UGe2 . L'angle entre l'échantillon et le champ magnétique est mesuré à l'aide d'une sonde de Hall collée sur le rotateur, à côté de l'échantillon. La sonde de Hall est un semi-conducteur dans lequel on fait passer un courant dans une direction et on mesure la tension dans une direction transverse. La tension mesurée est proportionnelle au sinus de l'angle entre le plan de la sonde et le champ magnétique. 2.4 Réfrigérateur à Dilution Pour descendre à très basse température, on utilise un réfrigérateur à dilution dont un schéma est donné sur la gure 7. La chambre de mélange contient le mélange d'hélium 3 et 4 à l'état liquide. An de minimiser son énergie libre, ce mélange se sépare en deux phases : une phase riche en He3 et une phase pauvre en He3. La phase pauvre en He3 est plus lourde que la phase riche et occupe donc le fond de la chambre de mélange. On pompe sur la phase pauvre en He3. l'He3 est le plus volatile des deux isotopes, le gaz pompé est donc riche en He3. Le pompage baisse ainsi la concentration en He3 de la phase pauvre, ce qui diminue l'entropie du mélange. Un ux d'He3 de la phase riche en He3 vers la phase pauvre est favorable pour la maximisation de l'entropie du mélange, mais défavorable pour la minimisation de son énergie. Le terme d'entropie l'emporte sur celui d'énergie interne et le mélange prend donc de l'énergie dans l'environnement pour permettre ce transfert et diminuer ainsi son énergie libre. Le mélange refroidit donc la boîte de mélange pour dissoudre de l'hélium 3 dans l'hélium 4. La boîte de mélange refroidit l'échantillon par conduction thermique. Figure 7 Réfrigérateur à dilution He3-He4 [5] Le mélange pompé passe à l'état gazeux, traverse la pompe qui est à température ambiante, puis retourne dans le cryostat. Il est refroidît dans la boîte à 1K avant d'être réinjecté dans la boîte de mélange. Cette boîte est maintenue à la température d'un Kelvin par un système de pompage d'He4 liquide. La température est mesurée en diérents points du cryostat à l'aide de résistance en germanium et en oxyde de ruthénium. Des résistances chauantes permettent de réguler la température du cryostat. On peut faire des mesures avec ce cryostat à des températures de 30mK à 800mK en fonctionnement normal et jusqu'à 5K en diminuant le volume du mélange. 2.5 Champ magnétique intense Le champ magnétique est créé par une bobine supraconductrice. L'intérieur de la bobine est en niobium étain et l'extérieur en niobium titane. Elle peut créer des champs jusqu'à 13,4T. Elle est plongée dans le réservoir d'hélium liquide. Le champ à l'intérieur de l'échantillon est donné par la formule : 8 Bint = Bext + µ0 (1 − D)M (8) Bext est le champ crée par la bobine, M est l'aimantation de l'échantillon et D est son facteur de désaimantation [6]. Ce facteur ne dépend que de la géométrie de l'échantillon. L'aimantation d'UGe2 vaut 1.40µB par atome d'uranium à champ nul et 1.43µB par uranium à 13T. Or les deux échantillons d'UGe2 utilisés sont beaucoup plus étendus dans une direction transverse au champ que dans la direction du champ, ce qui conduit à un facteur de désaimantation proche de 1 : (1 − D) < 0, 1. L'écart entre les champs extérieur et intérieur est alors réduit à quelques centièmes de Tesla. L'aimantation d'UCoGe est bien plus faible : 0,03µB par uranium à champ nul et 0,4µB par uranium à 13T. L'écart entre le champ extérieur et le champ intérieur est également réduit à quelques centièmes de Tesla. Ces écarts seront négligés par la suite. 2.6 Mesure de résistivité Les contacts électriques sur l'échantillon pour les mesures de résistivité sont faits avec des ls d'or soudés par la méthode spot welding : le l d'or est fondu à l'endroit du contact par un courant électrique. Les mesures de résistivité sont eectuées en courant alternatif pour s'aranchir d'éventuels bruits et des eets thermoélectriques. Le dispositif expérimental permet de mesurer simultanément deux échantillons. La résistivité de l'échantillon est mesurée avec quatre ls, deux sont utilisés pour envoyer un courant dans l'échantillon, les deux autres pour mesurer la tension entre deux points de l'échantillon. Ce câblage permet de s'aranchir de la résistance des ls. Le schéma électrique du montage est représenté sur la gure 8. Le Lock in produit une tension sinusoïdale et mesure la composante de même fréquence du signal qu'il reçoit. Le circuit est conçu de tel sorte que le déphasage entre les signaux produits et reçus soit nul. Le courant usuel est 50µA. Un transformateur maintenu à 4.2K par le bain d'hélium permet de séparer la masse du circuit par lequel on envoie le courant de celle du circuit de mesure de la tension et d'amplier le signal. Figure 8 Schéma électrique du dispositif de mesure de résistivité. Le Lock in est un générateur et analyseur de signaux sinusoïdaux. 2.7 Traitement des données Le signal obtenu est la magnétorésistance de l'échantillon en fonction du champ. Ce signal contient les oscillations quantiques et une tendance qui varie plus lentement. Le signal est modélisé par un polynôme, qui représente la tendance. Ce polynôme est soustrait au signal brut, pour obtenir les oscillations. On applique un algorithme de FFT aux oscillations en les considérant comme une fonction de 1/B . Notre signal n'est déni que sur un intervalle restreint. Il peut être considéré comme le produit d'un signal inni et d'une fonction identité valant 1 sur l'intervalle de mesure et nulle en dehors. La spectre de Fourrier du signal est donc le produit de convolution du spectre des oscillations quantiques et du spectre de Fourrier de la fonction identité. Cette convolution élargit les pics et génère du bruit sur le spectre. On peut limiter ce bruit en multipliant le signal par une fonction appelée fenêtre. La plus utilisée est la fenêtre de Hanning : 9 (9) H(k) = 1 − cos(2πk/N ) k est l'indice du point de mesure, N est le nombre de points du signal. Cependant l'utilisation de fenêtre augmente la largeur des pics. Il faut donc choisir entre un rapport entre l'amplitude des pics et le signal de fond élevé et des pics étroits. Le plus souvent, on n'utilise pas de fenêtre pour avoir plus de précision sur les valeurs des fréquences d'oscillations quantiques. 3 Résultat sur UGe2 3.1 Magnétorésistance transverse et eet Shubnikov-de Haas dans l'orientation B//a Pour cette mesure on a utilisé l'échantillon UGe2 1. On mesure à pression ambiante donc on est dans la phase FM2. Le champ est selon l'axe facile d'aimantation du cristal UGe2 , l'axe a. La magnétorésistance de l'échantillon en fonction du champ est représentée sur la gure 9. Cette mesure a été eectuée à la température de 50mK, en balayant le champ de 0 à 13,4T. La résistivité croît avec le champ, on peut la modéliser par une parabole. Les oscillations quantiques sont visibles à fort champ dans ce signal brut. 0.3 0.2 60 40 ρ(µΩ⋅cm) UGe2 B//a, j//b T=50mK 50 ρ(µΩ⋅cm) UGe2 B//a, j//b 30 0.1 0.0 -0.1 20 -0.2 10 -0.3 0.080 0 0 2 4 6 8 10 12 0.090 0.100 -1 14 60mK 100mK 150mK 200mK 300mK 500mK 0.110 0.120 -1 B (T ) B(T) Figure 9 Résistivité d'UGe2 en fonction du champ magnétique. Le champ est appliqué selon l'axe a du cristal et le courant est selon l'axe b. Cette mesure a été eectuée à la température de 50mK. Figure 10 Eet Shubnikov-de Haas dans UGe2 dans la conguration B//a, j//b. Les oscillations quantiques de résistivité sont représentées en fonction de l'inverse du champ magnétique dans le cristal pour des températures de 60mK à 500mK. Ces oscillations ont été extraites de la magnétorésistance par soustraction d'une modélisation de la tendance. Les oscillations quantiques ont été extraites de la magnétorésistance. Elles sont représentées sur la gure 10 en fonction de l'inverse du champ appliqué pour des températures de 60mK à 500mK. L'amplitude des oscillations croît avec le champ et diminue avec la température. Le spectre de Fourrier de ces oscillations est représenté sur la gure 11 pour diérentes températures. L'intervalle de champ utilisé est 8T-13,4T. Les fréquences d'oscillations quantiques observées sont recensées dans le tableau 1. Elles y sont comparées aux fréquences qui avaient été identiées lors d'expérience de Haas-van Alphen [7][8] et aux fréquences d'oscillations quantiques d'eet thermoélectrique Seebeck, obtenues avec le même échantillon (publiées prochainement par A. Palacio Morales et al). On retrouve bien les fréquences qui avaient été obtenues en dHvA à l'exception de la fréquence 980T. L'eet thermoélectrique permet l'identication de plus de fréquences que les deux autres. Les valeurs de fréquence obtenues avec les expériences de SdH et d'eet Seebeck sont cependant légèrement supérieures à celles obtenues en dHvA. Comme ces deux mesures ont été eectuées sur le même 10 -6 Amplitude (unités arbitraires) 7x10 60mK 100mK 150mK 200mK 300mK 500mK UGe2 B//a, j//b 6 5 4 3 2 1 0 0 200 400 600 800 1000 1200 F(T) Figure 11 Spectre de Fourrier des oscillations quantiques dans UGe2 , dans la conguration B//a, j//b pour diérentes températures de 60mK à 500mK. L'algorithme de FFT a été appliqué sur l'intervalle de champ de 8T à 13,4T. fréquence(T) dHvA Seebeck 97 89 120 169 169 235 257 260 287 362 454 434 455 573 674 661 710 855 852 866 922 919 980 1137 1246 SdH 100 masse eective (m0 ) SdH dHvA Seebeck 1,8 0,8 3,5 2,3 3,6 4,2 3,8 3,9 3,9 4 5,4 3,9 4,6 5,3 4 4,8 5,3 5,7 5,4 4,3 2,6 Table 1 Fréquences d'oscillations quantiques et masses eectives associées d'UGe2 dans la con- guration B//a. La première colonne contient les valeurs obtenues avec l'expérience Shubnikov-de Haas. Les deux autres contiennent les valeurs qui avaient été obtenues précédemment par l'eet de Haas-van Alphen [7] et les oscillations quantiques de l'eet Seebeck (publiées prochainement par A. Palacio Morales et al) échantillon, il s'agit peut être d'une particularité de l'échantillon. On observe avec l'expérience SdH deux fréquences d'oscillations distinctes 235T et 287T, là où une seule fréquence 257T n'était détectée lors des deux autres mesures. On détecte des pics à 573T, 922T et 1129T, qui n'ont pas été observés en dHvA. Le pic à 573T est surement la deuxième harmonique du pic à 287T, il ne représenterait donc pas de nouvelle orbite. La dépendance en température de l'amplitude du pic à 855T est représentée sur la gure 12. 11 On applique la procédure itérative présentée en partie théorique pour calculer la masse eective associée à cette orbite. La procédure converge et donne une masse eective de 5,3m0 pour l'orbite associée à la fréquence 855T, le résultat de la modélisation a été ajouté sur la gure12. La masse eective a été calculée pour chaque pic, les résultats sont présentés dans le tableau 1. Les valeurs de masse eective obtenues sont semblables à celles des expériences de dHvA et d'eet Seebeck. La dépendance en 1/B de l'amplitude de l'oscillation de fréquence 855T à 50mK est représentée sur la gure 13. Pour chaque valeur de 1/B , l'amplitude de l'oscillation a été estimée à partir du spectre obtenu en appliquant l'algorithme de FFT sur un intervalle large de 0,04 T−1 centré autour de 1/B . La température de Dingle est calculée grace à l'équation (7). On obtient TD =0,68K. Le libre parcours moyen des électrons associé à cette orbite est estimé à l=62nm en utilisant l'équation (6). La température de Dingle et le libre parcours moyen des électrons associés à la fréquence 455T ont été calculés de la même façon. Les résultats sont TD =0,48K et l=86nm. Ces deux valeurs de libre parcours moyen garantissent que l'échantillon est de bonne qualité, elles sont du même ordre de grandeur que celles obtenues en dHvA [7]. Tous les résultats obtenus avec l'expérience de SdH sur UGe2 dans la conguration B//a sont semblables à ceux qui avaient été obtenus précédemment lors d'expérience de dHvA et on observe quelques fréquences supplémentaires. Amplitude (unités arbitraires) 10x10 Amplitude (unités arbitraires) 12 UGe 2 B//a, j//b F=855T 10 8 6 4 2 0 0.0 -6 UGe 2 B//a, j//b T=0,05K F=855T 8 6 4 2 0 0.10 0.1 0.2 0.3 0.4 0.12 -1 0.14 0.16 -1 B (T ) 0.5 T(K) Figure 13 Amplitude de l'oscillation quan- Figure 12 Amplitude de l'oscillation quan- tique de fréquence 855T d'UGe2 dans la conguration B//a, j//b et à 50mK en fonction de l'inverse du champ magnétique appliqué 1/B . La courbe correspond au résultat de la modélisation, on obtient TD =0,68K soit un libre parcours moyen dans l'échantillon de 62nm. tique de fréquence 855T d'UGe2 dans la conguration B//a, j//b en fonction de la température. La ligne correspond au résultat de la modélisation. On obtient m∗ = 5, 3m0 3.2 Magnétorésistance transverse et eet Shubnikov-de Haas avec le champ magnétique dans le plan bc. On utilise l'échantillon UGe2 2. La direction du courant est l'axe a, on utilise le rotateur, pour faire tourner la direction du champ de l'axe c vers l'axe b. La magnétorésistance en fonction du champ pour diérents angles à 40mK est représentée sur la gure 14. La magnétorésistance transverse pour un champ dans le plan bc est un ordre de grandeur plus faible que celle pour un champ selon l'axe facile d'aimantation a. La magnétorésistance croît avec le champ. La dépendance en angle de la magnétorésistance à 13T est représentée sur la gure 15. La résistivité est maximale quand le champ est appliqué à 45◦ par rapport aux axes b et c et minimale quand le champ est appliqué selon l'un de ces deux axes. Un plateau est observé à 25◦ de l'axe c. Une oscillation quantique de basse fréquence est clairement visible lorsque le champ est proche de l'axe b. Ōnuki et al [9] ont mesuré la magnétorésistance à 7.5T et 15T pour diérentes directions de champ. Ils ont aussi observé un maximum à 45◦ et un plateau vers 25◦ . Le spectre des oscillations quantiques pour un champ magnétique dirigé selon l'axe b est re12 2.0 0° 10° 18° 26° 38° 51° 60° 69° 79° 90° ρ(µΩ⋅cm) 1.5 UGe2 j//a,B⊥a T=40mK 1.0 0.5 1.5 ρ(µΩ⋅cm) 2.0 1.0 0.5 0.0 UGe2 j//a, B ⊥ a B=13T, T=40mK 0.0 0 2 4 6 8 10 12 0 c 14 B(T) 20 40 60 Angle(°) 80 b Figure Figure 15 Dépendance angulaire de la magnétorésistance d'UGe2 à 13T. Le courant est selon l'axe a, le champ est tourné de l'axe c vers l'axe b. La température était régulée à 40mK 14 Magnétorésistance transverse d'UGe2 , pour un champ situé dans le plan dicile d'aimantation bc et un courant selon l'axe a du cristal. Les mesures ont été eectuées à 40mK. Les angles sont calculés par rapport à l'axe c. présenté sur la gure 16. La fenêtre de champ considérée pour l'analyse s'étend de 5T à 13,4T. Les fréquences observées sont faibles, c'est pourquoi on doit utiliser une fenêtre aussi large pour les distinguer. La fréquence 150T domine largement toutes les autres. La température de Dingle associée à cette fréquence est 0,40K, ce qui conduit à un libre parcours moyen des électrons de 80nm. Cette valeur est en accord avec celles obtenues pour les orbites orthogonales à l'axe a. Les fréquences observées correspondent à des orbites de faible diamètre. Ces fréquences sont en accord avec celles mesurées en dHvA [9], cependant on ne parvient pas à détecter les orbites larges qui ont été observées. Trois fréquences entre 500T et 1000T [10] et trois autres entre 6000T et 10000T [11] ont été détectées en dHvA. Les masses eectives associées à ces orbites sont comprises entre 10 m0 et 25m0 , ce qui rend leur observation dicile. -3 UGe2 j//a, B//b T=40mK 3.5 3.0 UGe2 j//a, B⊥a T=40mK 600 150 F (T) Amplitude (unités arbitraires) 4.0x10 2.5 400 200 2.0 1.5 0 1.0 49 0.5 0 c 66 109 50 100 40 60 Angle(°) 80 b 261 0.0 0 20 150 200 F(T) 250 300 350 Figure 16 Spectre de Fourrier des oscillations quantiques dans UGe2 , dans la conguration j//a, B//b. L'analyse est eectuée pour des champs allant de 5T à 13,4T. La température était xée à 40mK. 13 Figure 17 Dépendance angulaire des fréquences d'oscillations quantiques pour un champ magnétique dans le plan orthogonal à l'axe a. Le courant est selon l'axe a. Les angles sont calculés par rapport à l'axe c. L'analyse est eectuée pour des champs allant de 5T à 13,4T. La température était xée à 40mK. La dépendance angulaire des fréquences d'oscillations quantiques observées est représentée sur la gure 17. Quand on tourne l'axe du champ vers c, on perd rapidement les petits pics. La fréquence principale augmente, et devient de moins en moins visible, on la perçoit jusqu'à 25◦ de l'axe c. Les oscillations sont plus diciles à observer selon l'axe c. Il y a peut-être une fréquence d'oscillation quantique à 597T. On ne parvient pas à en calculer la masse eective. Dans un futur proche, on mesurera l'eet Shubnikov-de Haas dans UGe2 sous pression, pour étudier l'évolution de la surface de Fermi aux transitions entre les phases FM2, FM1 et PM. 4 Résultat sur UCoGe 4.1 Résistivité et magnétorésistance transverse d'UCoGe dans la conguration B//c à pression ambiante et à la pression 0,54GPa La résistivité à champ nul d'UCoGe à pression ambiante et à la pression 0,54GPa est représentée en fonction de la température sur la gure 18. La température de la transition supraconductrice est 0,78K sous pression contre 0,58K à pression ambiante. La transition est plus étroite pour la mesure sous pression. Au-dessus de la transition la résistivité sous pression croît avec la température et admet une anomalie à 1,10K. Cette anomalie doit correspondre à la transition ferromagnétique. La température de Curie de notre échantillon décroît plus vite avec la pression que celle de l'échantillon qui a servi à tracer le diagramme de phase de la gure 3. 20 P=0 GPa P=0,54GPa ρ(µΩ⋅cm) 15 TCurie ↓ UCoGe j//a B=0T 10 5 Figure 18 Résistivité d'UCoGe à champ nul en fonction de la température à pression ambiante et à la pression 0,54GPa. Le courant est selon l'axe a du cristal. 0 0.6 0.8 1.0 T(K) 1.2 1.4 1.6 On a mesuré la magnétorésistance d'UCoGe à la pression de 0,54GPa pour des champs magnétiques de 0 à 13,4T et des températures de 0,03 K à 0,75 K. Le champ magnétique est orienté selon l'axe c et le courant selon l'axe a. Pour un liquide de Fermi, la dépendance en température de la résistivité suit la formule : ρ(T ) = ρ0 + AT 2 (10) La racine de du coecient A est proportionnelle au coecient de Sommerfeld γ et à la masse eective m∗ des électrons dans l'échantillon. Le coecient de Sommerfeld est déni par : C (11) T −→0 T C désigne la chaleur spécique. L'évolution de la résistivité d'UCoGe avec √ la température est en accord avec cette loi, pour des champs allant jusqu'à 10T. L'évolution de A avec le champ magnétique est représentée sur la gure 19. La masse eective décroît avec le champ, cette décroissance est plus rapide en dessous de 5T qu'au-dessus. Au-delà de 10T, le coecient A est plus dicile à extraire à cause des oscillations quantiques, dont l'amplitude dépend aussi de la température. Cette évolution de la masse eective est similaire à celle mesurée à pression ambiante par D.Aoki et al [2]. γ = lim 14 1.2 UCoGe B//c, j//a P=0,54GPa Figure 19 Dépendance en champ de √ 1/2 1/2 -1 A ((µΩ.cm) .K ) 1.0 0.8 A dans UCoGe à la pression 0,54 GPa dans la conguration j//a, B//c. Le coecient A a été calculé avec l'intervalle √ de température de 50mK à 750mK. A est proportionnelle à la masse eective des électrons. 0.6 0.4 0.2 0.0 0 2 4 6 8 10 B(T) La magnétorésistance en fonction du champ magnétique est représentée sur la gure 20. Le champ critique Bc2 vaut 0,5T et la transition est étroite. On mesure une magnétorésistance plus élevée sous pression qu'à pression ambiante. La magnétorésistance sous pression dans la phase normale est croissante, alors que la magnétorésistance dans la phase normale à pression ambiante est approximativement constante et admet une anomalie à 9,5T. Cette anomalie a déjà été mesurée en résistivité et aimantation [13]. Les oscillations quantiques sont plus visibles sous pression. 30 UCoGe j//a, B//c 25 P=0 GPa, T=20mK P=0.54GPa, T=32mK ρ(µΩ⋅cm) 20 15 ↓ 10 5 0 0 2 4 6 8 10 12 14 B(T) Figure 20 Magnétorésistance d'UCoGe en fonction du champ à pression ambiante et à la pression de 0,54Gpa. Le champ est selon l'axe c et le courant selon l'axe a. La température était régulée à 20mK pour la mesure à pression ambiante et 32mK pour la mesure sous pression. 4.2 Dépendance angulaire de la magnétorésistance d'UCoGe à pression ambiante Lors des mesures à pression ambiante l'échantillon d'UCoGe était placé sur le rotateur. La direction du champ magnétique a été tourné de l'axe c vers l'axe b. Le courant est selon l'axe a du cristal. La magnétorésistance en fonction du champ pour les diérents angles est représentée sur la gure 21. On retrouve bien la forte anisotropie du champ critique Bc2 . Ce dernier croît lentement avec l'angle jusqu'à 80◦ de l'axe c, puis augmente brutalement et dépasse 13,4T quand le champ est selon l'axe b. Un résultat similaire avait déjà été obtenu pour une rotation de l'axe c vers l'axe a [1]. L'anomalie observée se déplace vers des champs plus élevés lors de la rotation et devient de moins en moins nette. L'amplitude des oscillations diminue aussi avec l'angle. 15 14 UCoGe j//a, B//c 12 P=0 GPa T=25mK ρ(µΩ⋅cm) 10 0° 5° 21° 32° 37° 42° 53° 64° 74° 79° 90° B//c 8 6 4 2 B//b 0 0 2 4 6 8 10 12 14 B(T) Figure 21 Magnétorésistance d'UCoGe à pression ambiante et à 20mK. Le courant est orienté selon l'axe a et le champ est dans le plan bc. Les diérentes courbes correspondent à diérentes orientation du champ. Les angles sont calculés par rapport à l'axe c du cristal. 500 UCoGe B//c, j//a T=25mK 400 m*=11.3 m*=10.3 5T-9T 9.5T-13.4T m*=12 F (T) 300 m*=8,5 m*=8.9 200 m*=7.2 100 0 0 c 10 20 30 40 50 60 70 80 90 b Angle(°) Figure 22 Dépendance angulaire des fréquences d'oscillations quantiques d'UCoGe pour les deux intervalles de champ 5T-9T et 9,5T-13,4T. Le courant est selon l'axe a, le champ dans le plan bc. Les angles sont mesurés par rapport à l'axe c. La température était régulée à 25 mK. L'évolution des fréquences d'oscillations quantiques en fonction de l'angle est représentée sur la gure 22. Deux intervalles de champ distincts 5T-9T et 9T-13,4T ont été considérés. Les fréquences d'oscillations quantiques observées augmentent avec le champ. Les oscillations quantiques sont 16 visibles jusqu'à 37◦ de l'axe c pour l'intervalle 5T-9T jusqu'à 80◦ pour les hauts champs 9,5T13,4T. La masse eective a été estimée pour la fréquence d'oscillation principale de l'intervalle des hauts champ à 10,3m0 pour un champ à 42◦ de l'axe c, contre 8,5m0 pour un champ selon l'axe c. L'augmentation de la fréquence d'oscillations quantiques avec le champ peut laisser penser que la poche de la surface de Fermi que l'on observe est plus étendue dans la direction c que dans la direction b. D. Aoki et al ont mesuré avec l'eet Shubnikov-de Haas pour des champs magnétiques de 20T à 34T une fréquence d'oscillation quantique vers 1000T de masse eective 25m0 de l'axe b à 30◦ de l'axe c. On parvient pas à observer cette fréquence avec un champ magnétique inférieur à 13,4T. 4.3 Eet Shubnikov-de Haas dans la conguration B//c à pression ambiante et sous pression Contrairement aux oscillations quantiques d'UGe2 , les oscillations quantiques d'UCoGe dans la conguration B//c dépendent fortement du choix de l'intervalle de champ. Le spectre des oscillations quantiques à pression ambiante et à 20mK pour diérents intervalles de champ est représenté sur la gure 23. En dessous de 9T, on détecte deux fréquences 220T et 276T. Lorsqu'on augmente le champ d'étude pour atteindre 13,4T, le pic à 276T disparaît et d'autres pics apparaissent : 150T, 310T et 340T. La surface de Fermi évoluerait ainsi avec le champ. L'anomalie dans la tendance à 9,5T pourrait être le lieu de la transition. Des calculs de bandes prédisent l'existence de deux fréquences d'oscillations quantiques 270T et 3726T [12], la surface de Fermi résultant de ce calcul est montrée sur la gure 26. La première est en accord avec la mesure à bas champ, la seconde est un ordre de grandeur au-dessus des fréquences que l'on arrive à mesurer. -3 UCoGe j//a B//c P=0 GPa 15 T=20mK 100x10 5T-9T 6T-11T 7T-12T 9,5T-13,4T Amplitude (unités arbitraires) Amplitude (unités arbitraires) 20x10 10 5 0 -3 UCoGe j//a, B//c 80 P=0,54 GPa T=32mK 5T-9T 6T-11T 7T-12T 9,5T-13,4T 60 40 20 0 0 100 200 300 400 500 0 F(T) 100 200 300 400 500 F(T) Figure Figure 23 Spectres des oscillations quantiques d'UCoGe à pression ambiante calculés sur diérents intervalles de champ. La température est régulée à 20mK. Le courant et le champ magnétique sont respectivement orientés selon les axes a et c du cristal. 24 Spectres des oscillations quantiques d'UCoGe sous une pression de 0,54GPa calculés sur diérents intervalles de champ. La température est régulée à 32mK. Le courant et le champ magnétique sont respectivement orientés selon les axes a et c du cristal. Le spectre des oscillations quantiques à la pression de 0,54GPa et à 32mK pour diérents intervalles de champ est représenté sur la gure 24. On observe de nouveau une évolution du spectre avec le champ, qui se traduit en particulier par le décalage de la fréquence principale de 275T à 310T. Une fréquence vers 220T est observée sur toute la gamme de champ. Des pics apparaissent à haut champ à 106T, 151T, et 264T. Les formules théoriques (3) et (7) prédisent que plus une fréquence est élevée, plus la croissance de l'amplitude des oscillations à température nulle avec le champ magnétique est rapide. Or on observe la croissance rapide avec le champ d'oscillations de basse fréquence, comme la fréquence 106T. Cette croissance rapide peut s'expliquer par une évolution de la surface de Fermi. L'évolution des fréquences d'oscillations en fonction de l'inverse du champ 1/B à pression ambiante et sous pression est représentée sur la gure 25. Chaque point a été obtenue en étudiant les oscillations quantiques sur un intervalle de 0,03T−1 autour de ce point. 17 400 P=0 GPa P=0.54GPa m*=11,3 F(T) 300 200 m*=8,8 m*=10 m*=12 m*=10 m*=9,6 m*=8,5 m*=7,7 m*=8,9 m*=6,8 m*=7,1 m*=7,2 m*=7,1 100 m*=6,1 UCoGe j//a, B//c 0 0.08 0.09 0.10 0.11 0.12 -1 -1 B (T ) 0.13 0.14 0.15 Figure 25 Fréquences d'oscillations quantiques d'UCoGe en fonction de l'inverse du champ magnétique. Pour chaque valeur de l'inverse du champ 1/B , l'algorithme FFT a été appliqué sur un intervalle de 0,03T−1 de large autour de 1/B . Le courant et le champ magnétique sont respectivement orientés selon les axes a et c du cristal. Figure 26 Surface de Fermi d'UCoGe dans les phases ferromagnétiques et paramagnétiques calculées par la méthode de l'approximation de la densité locale [12]. La bande 252 permet de prédire les fréquences d'oscillations quantiques 270T et 3726T. Le résultat obtenu est donc la convolution de la dépendance en inverse du champ des fréquences d'oscillations et d'une fenêtre de 0,03T−1 de large. Il y a de fortes similitudes entre les résultats obtenus à pression ambiante et sous pression. Cependant la dépendance en champ des oscillations semblent plus importante sous pression. Les masses eectives associées à ces fréquences ont été calculées à partir de la dépendance en température de leur amplitude et ajoutées sur la gure. La dépendance en champ des masses eectives est de l'ordre de l'incertitude sur celles-ci. Ce résultat est en accord avec l'évolution de la masse eective totale, qui décroît peu entre 5T et 10T. Pour conclure, on observe un changement des orbites extrémales de la surface de Fermi avec le champ. Cette évolution entraînerait l'apparition, la disparition ou l'élargissement d'orbites extrémales, sans changement signicatif des masses eectives associées à ces orbites. 5 Conclusion On a mesuré la magnétorésistance d'UGe2 à pression ambiante en orientant le champ dans chacune des trois directions du cristal. On a conrmé que les oscillations quantiques à basse fréquence détectées avec la méthode de Haas-van Alphen peuvent également être observées avec la méthode Shubnikov-de Haas. On ne parvient cependant pas à mesurer les oscillations de hautes fréquences F >1000T, c'est à dire qu'on ne détecte pas les orbites larges. On a mesuré la magnétorésistance d'UCoGe pour un champ selon l'axe c à pression ambiante et à la pression 0,54GPa. On a observé une évolution de la surface de Fermi avec le champ. On souhaite étudier la surface de Fermi dans la phase FM1 d'UGe2 et dans les phases paramagnétiques d'UGe2 et d'UCoGe. Pour cela on devra mesurer UCoGe à des pressions plus élevées et installer un échantillon d'UGe2 dans une cellule de pression. ¨La méthode SdH s'adaptant mieux aux mesures sous pression, on espère pouvoir apporter des précisions supplémentaires sur la surface de Fermi de la phase FM1 d'UGe2 par rapport aux expériences de dHvA. Les mesures sur UCoGe à des pressions plus élevées seront eectuées dès septembre, on espère mesurer avec précision l'évolution de la surface de Fermi à la transition 18 ferromagnétique. Les mesures d'UGe2 sous pression seront faites ultérieurement. 6 Remerciements Je remercie mon maître de stage Georg Knebel pour m'avoir proposé ce sujet et m'avoir aidé tout au long du stage. Je remercie toute l'équipe IMAPEC pour l'accueil et les nombreux conseils qui m'ont été donnés. Je remercie les techniciens cryogénistes pour leur aide précieuse. Je reviendrai travailler dans l'équipe IMAPEC en septembre avec plaisir. Références [1] D. Aoki, J. Flouquet, Ferromagnetism and Superconductivity in Uranium Compounds of Physics Society of Japan, 81, 11003, (2012) Journal [2] D. Aoki, F. Hardy, A. Miyake, V. Taufour, T. Matsuda, J. Flouquet, Properties of ferromagnetic superconductors Comptes Rendus Physique, 12, 573-583, (2011) [3] E. A. Yelland, J. M. Barraclough, W. Wang, K. V. Kamenev, A. D. Huxley High-eld superconductivity at an electronic topological transition in URhGe Nature Physics, 2073, (2011) [4] D. Shoenberg Magnetic Oscillations in Metals (1984) [5] F. Pobell Matter and Methods at Low temperatures [6] R. Skomski, Simple Models of Magnetism (2008) , Cambridge University Press, United Kingdom , (1992) Springer, Berlin, Germany Oxford University Press, Oxford, United Kingdom [7] Y. Haga, M. Nakashima, R. Settai, S. Ikeda, T. Okubo, S. Araki, Kobayashi N.Tateiwa and Y. Ōnuki, A change of the Fermi surface across the metamagnetic transition under pressure in UGe2 J. Phys. : Condens. Matter, 14, L125, (2002) [8] T. 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