Sélection Internationale 2013 Epreuve orale de philosophie

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Sélection Internationale 2013
Epreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de SARTRE, L’Etre et le néant, IIIe
partie, Le pour-autrui, 2
« Autrui n’est pas seulement celui que je vois, mais celui qui me voit. Je vise
autrui en tant qu’il est un système lié d’expériences hors d’atteinte dans lequel
je figure comme un objet parmi les autres. Mais dans la mesure où je m’efforce
de déterminer la nature concrète de ce système de représentations (…) je
transcende radicalement le champ de mon expérience. (….) Dans la mesure où
autrui est une absence il échappe à la nature. On ne saurait donc qualifier
autrui de concept régulateur. Et certes des Idées comme le Monde, par
exemple, échappent aussi par principe à mon expérience ; mais au moins s’y
rapportent-elles et n’ont-elles de sens que par elle. Autrui, au contraire, se
présente, en un certain sens, comme la négation radicale de mon expérience,
puisqu’il est celui pour qui je suis non sujet mais objet ».
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, I, 1.
« Peut-être faut-il renoncer à toute une tradition qui laisse imaginer qu’il ne peut y avoir de savoir
que là où sont suspendues les relations de pouvoir et que le savoir ne peut se développer que hors
de ses injonctions, de ses exigences et de ses intérêts. (…) Il faut plutôt admettre que le pouvoir
produit du savoir, (…) qu’il n’y a pas de relation de pouvoir sans constitution corrélative d’un champ
de savoir, ni de savoir qui ne suppose et ne constitue en même temps des relations de pouvoir. Ces
rapports de ‘pouvoir-savoir’ ne sont donc pas à analyser à partir d’un sujet de connaissance qui serait
libre ou non par rapport au système du pouvoir ; mais il faut considérer au contraire que le sujet qui
connaît, les objets à connaître et les modalités de connaissance sont autant d’effets de ces
implications du pouvoir-savoir et de leurs transformations historiques ».
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de SARTRE, L’Etre et le néant, IIIe
partie, Le pour-autrui, 2
« Autrui n’est pas seulement celui que je vois, mais celui qui me voit. Je vise
autrui en tant qu’il est un système lié d’expériences hors d’atteinte dans lequel
je figure comme un objet parmi les autres. Mais dans la mesure où je m’efforce
de déterminer la nature concrète de ce système de représentations (…) je
transcende radicalement le champ de mon expérience. (….) Dans la mesure où
autrui est une absence il échappe à la nature. On ne saurait donc qualifier
autrui de concept régulateur. Et certes des Idées comme le Monde, par
exemple, échappent aussi par principe à mon expérience ; mais au moins s’y
rapportent-elles et n’ont-elles de sens que par elle. Autrui, au contraire, se
présente, en un certain sens, comme la négation radicale de mon expérience,
puisqu’il est celui pour qui je suis non sujet mais objet ».
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Platon, Cratyle.
« Socrate : N’avons-nous pas dit à plusieurs reprises que les noms, lorsqu’ils sont bien institués,
ressemblent aux choses dont ils sont les noms, qu’ils sont les images des choses ?
Cratyle : Si.
Socrate : Si donc on peut s’instruire au mieux des choses au moyen des noms, et si on le peut aussi
au moyen des choses elles-mêmes, de ces deux façons de s’instruire, laquelle est la meilleure et la
plus claire ? Est-ce de l’image qu’il faut partir pour apprendre d’elle si elle est une bonne image et du
même coup s’instruire de la vérité de ce dont elle est l’image ? Ou faut-il partir de la vérité pour
l’apprendre elle-même et du même coup pour savoir si l’image en a été convenablement
reproduite ?
Cratyle : Je pense qu’il faut partir de la vérité.
Socrate : (…) tenons-nous satisfaits d’être convenus que ce n’est pas des noms qu’il faut partir, mais
que pour s’instruire et s’enquérir de ce qui est, il vaut mieux partir de ce qui est que de partir des
noms. »
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Descartes, Méditations métaphysiques, Troisième
méditation.
« Maintenant je considérerai plus exactement si peut-être il ne se retrouve point en moi d’autres
connaissances que je n’aie pas encore aperçues. Je suis certain que je suis une chose qui pense ; mais
ne sais-je donc pas aussi ce qui est requis1 pour me rendre certain de quelque chose ? Dans cette
première connaissance, il ne se rencontre rien qu’une claire et distincte perception de ce que je
connais ; laquelle de vrai2 ne serait pas suffisante pour m’assurer qu’elle est vraie, s’il pouvait jamais
arriver qu’une chose que je concevrais ainsi clairement et distinctement se trouvât fausse. Et
partant3 il me semble que je peux déjà établir pour règle générale, que toutes les choses que nous
concevons très clairement et très distinctement, sont toutes vraies. »
Sélection Internationale 2013
« Ce qui est requis » : ce qui est nécessaire, ce qui est exigé
« de vrai » : sans doute, certainement
3 « Et partant » : Et donc, et ainsi
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Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Pascal, Pensées, 103-298
« Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit
suivi.
La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.
La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la
justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui
est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Aussi on n’a
pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et
a dit que c’était elle qui était juste.
Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Merleau-Ponty, Le Visible et l’Invisible
« Nous voyons les choses mêmes, le monde est cela4 que nous voyons : des formules de ce genre
expriment une foi qui est commune à l’homme naturel et au philosophe dès qu’il ouvre les yeux,
elles renvoient à une assise5 profonde d’ « opinions » muettes impliquées dans notre vie. Mais cette
foi a ceci d’étrange que, si l’on cherche à l’articuler en thèse ou énoncé, si l’on se demande ce que
c’est que nous, ce que c’est que voir et ce que c’est que chose ou monde, on entre dans un labyrinthe
de difficultés et de contradictions. (…)
C’est ainsi et personne n’y peut rien. Il est vrai à la fois que le monde est ce que nous voyons et que
pourtant il nous faut apprendre à le voir. »
4
5
« Cela » : ce
« assise » : soubassement, base
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de Max WEBER, Economie et société, I, Les catégories
fondamentales de la sociologie, 3, Les types de domination (Herrschaft).
Dans la vie quotidienne, la coutume et, avec elle, l’intérêt matériel, rationnel en finalité
(zweckrational) (…) l’emportent sur les autres relations. Mais coutume ou intérêt ne peuvent, pas
plus que des motifs de lien strictement affectifs ou strictement rationnels en valeur (wertrational),
constituer les fondements sûrs d’une domination. Un facteur décisif, plus large, s’y ajoute
normalement : la croyance en la légitimité.
L’expérience montre qu’aucune domination ne se contente de fonder sa pérennité sur des motifs ou
strictement matériels, ou strictement affectifs, ou strictement rationnels-en-valeur. Au contraire,
toutes les dominations cherchent à éveiller et à entretenir la croyance en leur « légitimité ».
Sélection Internationale 2013
Épreuve orale de philosophie
Expliquez et commentez librement cet extrait de PLATON, Le Sophiste.
L’ETRANGER :
…Nous voilà engagés dans une recherche tout à fait épineuse, car paraître et sembler, sans être, et
parler, sans rien dire de vrai, tout cela a toujours été plein de difficultés, autrefois comme
aujourd’hui. Car soutenir qu’il est réellement possible de dire ou de penser faux, et, quand on a
affirmé cela, qu’on n’est pas enchevêtré dans la contradiction, c’est véritablement difficile à
concevoir, Théétète.
THEETETE :
Pourquoi donc ?
L’ETRANGER :
C’est que cette assertion implique l’audacieuse supposition que le non-être existe, car, autrement, le
faux ne pourrait pas être. Or, mon enfant, le grand Parménide, au temps où nous étions enfants
nous-mêmes, a toujours (…) protesté contre cette supposition et il a toujours répété, en vers et en
prose :
Non, jamais on ne prouvera que le non-être existe.
Ecarte plutôt ta pensée de cette route de recherche.
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