Chapitre 8 Parallélogramme
1) Définition et propriétés
a) Définition
Rappel : Nous allons nous intéresser ici à une catégorie de polygones souvent rencontrés en géométrie : les
quadrilatères, qui sont les polygones à 4 côtés. Parmi ces quadrilatères nous ne retiendrons que ceux qui
répondent à la définition suivante :
Un parallélogramme est un quadrilatère dont les côtés opposés sont parallèles.
Observation : Lorsque deux séries de 2 droites parallèles se
croisent, elles déterminent un parallélogramme. Dans
l'illustration ci-contre, les droites (AB) et (CD) sont parallèles
et forment une bande colorée en bleu. Les droites (AC) et (BD)
sont aussi parallèles et forment une bande colorée en rose.
L'intersection des deux bandes est un polygone (figure fermée
formée de segments mis bout-à-bout) à 4 côtés dont les côtés
opposés sont des segments parallèles, c'est un
parallélogramme.
Remarque importante : dans cette définition, nous
ne disons rien des longueurs ou des angles du
quadrilatère. Ceux-ci peuvent être quelconques
ou particuliers. Par conséquent, il est possible que les angles soient droits. Les rectangles sont
donc des parallélogrammes particuliers. Il est possible que les côtés aient même longueurs. Les
losanges sont donc aussi des parallélogrammes particuliers. Et le carré est un parallélogramme
très particulier puisqu'il est losange et rectangle! Sur l'illustration ci-dessous, les 4 quadrilatères
sont des parallélogrammes.
Construction du parallélogramme ABCD connaissant les points A, B et C :
Tracer la parallèle à la droite (AB) passant par C.
Tracer la parallèle à la droite (BC) passant par A.
Nommer D le point d'intersection de ces droites.
Rappel : pour cette construction, nous devons tracer la parallèle à
une droite passant par un point. La méthode appropriée pour
réaliser ceci sur une feuille est d'utiliser une équerre et une règle.
La règle se colle sur un côté de l'angle droit tandis qu'on ajuste
l'autre sur la droite. Puis,on fait glisser l'équerre sur la règle, et on
trace sur ce côté de l'équerre la parallèle cherchée.
b) Propriétés
Nous avions indiqué sur la figure aux 4 parallélogrammes de dessus les côtés de même longueur. C'était facile à
voir en utilisant le quadrillage. On observe que les côtés opposés de ces 4 types de parallélogrammes sont
égaux. C'est la première propriété que vérifient tous les parallélogrammes :
Propriété 1 : Les côtés opposés d'un parallélogramme sont égaux, deux à deux.
Démonstration : pour prouver que cette propriété est vraie pour tout parallélogramme nous allons utiliser une
autre construction du parallélogramme ABCD connaissant les points A, B et C.
Placer le milieu O du segment [AC].
Construire le symétrique D du point B par rapport à O.
Pourquoi le quadrilatère ABCD est un parallélogramme?
Parce que la symétrie possède cette propriété : le symétrique
d'un segment par rapport à un point est un segment parallèle.
D'après cette propriété, [BC] et [AD] étant symétriques par
rapport à O sont parallèles. De même pour les segments [AB]
et [CD]. Le quadrilatère ABCD a donc ses côtés opposés
parallèles deux à deux, c'est un parallélogramme.
Une autre propriété de la symétrie centrale nous
permet de comprendre pourquoi les côtés opposés
sont égaux : le symétrique d'un segment par rapport à un
point est un segment de même longueur. D'après cette
propriété, [BC] et [AD] étant symétrique par rapport à
O sont égaux : BC = AD. De même pour les segments
[AB] et [CD] : AB = CD. Le quadrilatère ABCD a donc
ses côtés opposés égaux.
A partir de cette construction nous pouvons également comprendre les autres propriétés, vérifiée par tous les
parallélogrammes :
Propriété 2 : Les diagonales d'un parallélogramme ont le même milieu.
Propriété 3 : Un parallélogramme a un centre de symétrie.
Remarque : Le centre de symétrie est bien évidemment le milieu des diagonales.
Propriété 4 : Les angles opposés d'un parallélogramme ont même mesure et deux angles
consécutifs d'un parallélogramme sont supplémentaires (leur somme fait 180°).
Pour cette dernière propriété concernant les angles, on peut le comprendre à l'aide de la symétrie car le
symétrique d'un angle est un angle de même mesure. Les angles
ABD
et
ACD
étant symétriques sont égaux. De
même pour
BAC
et
BDC
. On peut alors utiliser le fait que dans un quadrilatère, la somme des angles est égale
à 360° pour prouver la deuxième partie de la propriété.
ABD
+
ACD
+
BAC
+
BDC
=360° or
ABD
=
ACD
et
BAC
=
BDC
et donc 2×
ABD
+2×
BAC
=360°. En divisant par 2 cette égalité
ABD
+
BAC
=180°.
La figure ci-contre permet une autre approche.
Nous savons que deux droites parallèles coupées
par une sécante déterminent des angles alternes-
internes égaux et des angles correspondants
égaux. Nous savons aussi que les angles opposés
par le sommet sont égaux. Nous savons enfin que
deux angles adjacents qui forment un angle plat
sont supplémentaires. Nous en déduisons donc
les égalités d'angles de la propriété comme
l'indiquent le coloriage : en bleu tous les angles
d'une certaine mesure
ABD
, et en rouge tous les
angles d'une mesure supplémentaire
BDC
.
Propriété 5 : les bissectrices d'un parallélogrammes sont perpendiculaires.
Preuve : Cette propriété découle de la précédente
Sur notre figure
BAE
= ½
BAD
et
ABE
= ½
ABC
(propriété des bissectrices), or
BAD
=180°−
ABC
(propriété précédente), donc
BAE
= ½(180−
ABC
)=90−
ABE
.
BAE
et
ABE
sont donc
complémentaires et par conséquent
AEB
est
droit.
c) Reconnaissance d'un parallélogramme
Pour reconnaître un parallélogramme dans une figure, il faut déjà que cette figure soit un quadrilatère (cela n'est
pas trop difficile à démontrer). Il faut ensuite que ce quadrilatère vérifie une propriété caractéristique des
parallélogramme, c'est-à-dire, qui caractérise à coup sûr un parallélogramme ou, qui permette à elle-seule de
prouver que le quadrilatère est un parallélogramme. Ces propriétés sont les suivantes :
1. Si un quadrilatère a ses côtés opposés parallèles deux-à-deux alors c'est un
parallélogramme.
2. Si un quadrilatère a ses diagonales qui ont le même milieu alors c'est un parallélogramme.
3. Si un quadrilatère non croisé a ses côtés opposés de même longueur alors c'est un
parallélogramme.
4. Si un quadrilatère non croisé a un centre de symétrie alors c'est un parallélogramme.
5. Si un quadrilatère non croisé a deux côtés opposés parallèles et de même longueur alors
c'est un parallélogramme.
Remarques sur ces propriétés caractéristiques :
La propriété 1 vient de la définition.
La propriété 2 et la propriété 4 disent à -peu-près la même
chose : pour que 4 points soient les sommets d'un
parallélogramme, il faut qu'ils forment deux paires de points
symétriques par rapport à un même centre. Mais alors (voir
figure) il peut se trouver que le quadrilatère ne soit pas un
parallélogramme. S'il est croisé (figure du bas) ce sont deux
côtés qui se croisent en leur milieu et non les diagonales.
C'est la raison de cette précision supplémentaire nécessaire
pour la plupart de ces propriétés caractéristiques et mise en
gras : le quadrilatère doit être non-croisé.
La propriété 3 implique que deux côtés opposés soient de
même longueur, mais ce n'est pas suffisant, la condition de
non-croisement doit aussi être respectée. Lorsque les côtés
opposés sont de même longueur nous nous trouvons dans la
configuration de la figure ci-contre. Si on cherche à placer un
point D tel que AB=CD et BC=AD, il y a deux points qui sont à
la distance AB du point C et à la distance BC du point A. Les
cercles de centres A et C et de rayon AB et BC se coupent en
deux points différents, notés D1 et D2. Le point D1 conduit à un
quadrilatère ABCD1 croisé tandis que le point D2 conduit au
parallélogramme.
La propriété 5 ne parle que de une paire de côtés opposés. Si
la double condition est respectée (parallélisme et même
longueur), il faut encore respecter la condition de non
croisement comme le montrent les deux figures ci-contre. Sur
celle de gauche, ABCD est un parallélogramme car les côtés
opposés [AB] et [CD] sont parallèles et égaux et que les diagonales [AC] et [BD] se croisent. Sur
celle de droite, ABCD n'est pas un parallélogramme malgré le fait que les côtés opposés [AB] et
[CD] soient parallèles et égaux car les diagonales[AC] et [BD] ne se croisent pas, ce sont les autres
côtés opposés qui se croisent.
Exemple d'utilisation de ces propriétés caractéristiques
pour prouver qu'un quadrilatère est un parallélogramme:
Considérons un triangle ABC et A', B' et C' les milieux de ses
côtés comme sur la figure suivante.
Prouvons que le quadrilatère AB'A'C' est un parallélogramme.
Pour cela nous allons construire le symétrique de B' par rapport
à A', appelons D ce point.
D'après notre construction, BDCB' est un parallélogramme car
c'est un quadrilatère qui a ses diagonales se coupant en leur
milieu [propriété n°2]. En effet, A' est le milieu de [BC] par
définition et de même, A' est le milieu de [B'D].
Comme BDCB' est un parallélogramme, nous déduisons que
[B'C] et [BD], deux de ses côtés opposés, sont parallèles et de
même longueur. Par ailleurs, B' étant le milieu de [AC], les
segments [AB'] et [B'C] sont parallèles et de même longueur
aussi. Le quadrilatère AB'DB' a donc deux côtés opposés
parallèles et de même longueur : les côtés [AB'] et [BD]. De
plus, ce quadrilatère est non-croisé car par construction, D est
situé à l'intérieur de l'angle
BAC
et donc le segment [B'D]
aussi. Ce segment rejoint un point d'un côté avec un point
intérieur, il ne peut donc pas couper l'autre côté [AB) de l'angle.
Le quadrilatère AB'DB' est donc un parallélogramme [propriété
n°5].
Comme AB'DB' est un parallélogramme, nous déduisons que
[B'D] et [AB], deux de ses côtés opposés, sont parallèles et de
même longueur. Notre quadrilatère AB'A'C' a ses côtés [B'A'] et
[AC'] construits sur ceux de AB'DB' ils sont donc parallèles.
Comme AC' est la moitié de AB et que B'A' est la moitié de B'D,
ces côtés ont même longueur. Le quadrilatère AB'A'C' a deux
côtés opposés parallèles et de même longueur, et il n'est
évidemment* pas croisé, c'est donc un parallélogramme
[propriété n°5].
*Le terme évidemment évacue le problème de la démonstration
qui n'est pas toujours facile (on l'a vu plus haut pour le
quadrilatère AB'DB') du non-croisement des côtés d'un
quadrilatère. Mais ici il s'agit d'un argument de convexité : le
triangle ABC est convexe et donc, le segment [A'B'] ne peut pas
couper un des côtés du triangle, ici le côté [AB] et donc [A'B'] ne
peut pas couper [AC'].
2) Parallélogrammes particuliers
a) Rectangles
Nous allons nous intéresser ici à une catégorie de parallélogrammes bien connus : les rectangles qui répondent à
la définition suivante :
Un rectangle est un quadrilatère qui a 4 angles droits.
Du fait de ces angles droits, les côtés opposés du rectangle sont parallèles*. Le rectangle est donc
un parallélogramme particulier.
*En effet, lorsque 2 droites sont perpendiculaires à une même 3ème droite, elles sont parallèles entre elles.
Sur notre illustration figurent 4 rectangles. Les 2 derniers sont d'un type particulier : ce sont des carrés...
Remarque : disons-le une fois pour
toutes, les carrés sont des rectangles
particuliers. Autrement dit, tous les
carrés sont des rectangles. Le
contraire, évidemment, n'est pas vrai
(tous les rectangles ne sont pas des
carrés!)
Propriété caractéristique : le rectangle a deux axes de symétrie perpendiculaires qui sont les médiatrices de
ces tés (ils passent par les milieux des côtés et sont perpendiculaires aux côtés) et des diagonales de
longueurs égales.
Les axes de symétrie passent par le
centre de symétrie (l'intersection des
diagonales). Ce centre est à égale
distance des 4 sommets du rectangle.
Il est donc le centre d'un cercle
circonscrit au rectangles. Autrement
dit, les rectangles sont inscriptibles
dans un cercle.
Sur notre illustration, nous avons
tracés les cercles circonscrits aux
rectangles ABCD et EFGH en
pointillés, les axes de symétrie sont
en tiretets.
b) Losanges
Une catégorie de parallélogrammes particuliers moins habituels, les losanges, répondent à la définition suivante :
Un losange est un quadrilatère qui a 4 côtés égaux.
Du fait de ces côtés égaux, les diagonales du losange vont jouer un rôle particulier : elles sont des
axes de symétrie du losange. En effet, pour un losange ABCD, la définition implique que
AB=BC=CD=EF et donc, deux sommets opposés -par exemple A et C- sont sur la médiatrice de la
diagonale qui les oppose (A est sur la médiatrice de [BD] car AB=AD, de même pour C), disposés
de façon symétrique cause des égalités de longueur). Il y a donc deux axes de symétrie
perpendiculaires et donc un centre de symétrie*. Le losange est donc un parallélogramme
particulier.
*Nous n'avons pas vu encore cette propriété qui est pourtant importante : si une figure admet deux axes de
symétrie perpendiculaires alors elle a un centre de symétrie.
Sur notre illustration figurent 4 losanges. Les 2 derniers sont d'un type particulier : ce sont des carrés...
Remarque : disons-le une fois pour
toutes, les carrés sont des losanges
particuliers. Autrement dit, tous les
carrés sont des losanges. Le contraire,
évidemment, n'est pas vrai (tous les
losanges ne sont pas des carrés!)
Propriété caractéristique : le losange a deux axes de symétrie perpendiculaires qui sont ses diagonales.
Les axes de symétrie passent par le centre
de symétrie (l'intersection des diagonales).
Sur notre illustration, nous avons tracés les
axes de symétrie du losange EFGH en
tiretets. Nous avons tracé ce losange en
utilisant des cercles pour reporter les
longueurs FG=FE à partir de G et de E afin
de construire le point H.
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