UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI (BENIN) NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE (NPTCI) ******* FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG) ******** DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES ******** ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES AGRICOLES AU BENIN: APPLICATION DU «MODELE 123» Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) Spécialité : Macroéconomie Appliquée Option : Economie Internationale Réalisé et soutenu par : OLOUKOI Laurent Maître de mémoire : Prof. © Mars 2009 0 CERTIFICATION Je certifie que le présent travail a été réalisé par l’étudiant OLOUKOI Laurent sous ma direction à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) dans la spécialité Macroéconomie Appliquée et dans l’option Economie Internationale. Le maître de mémoire Professeur i La faculté n’entend donner aucune approbation ni improbation à ce mémoire. Les opinions qui y sont émises sont de la responsabilité du seul auteur. ii DEDICACES A mes parents et à toi Caroline. iii REMERCIEMENTS Le présent travail est rendu possible grâce aux concours de plusieurs personnes. Nos remerciements vont particulièrement au - Professeur Fulbert AMOUSSOUGA GERO, pour ses multiples enseignements, tant scientifiques que moraux et éthiques et pour nous avoir mis dans de meilleures conditions au cours de notre formation. - Professeur agrégé Magloire LANHA, pour la formation qu’il nous a donnée, pour avoir accepté de lire et corriger notre projet de recherche et pour m’avoir donné l’opportunité d’appliquer le modèle 123 dans ce travail. - Docteur Charlemagne YGUE, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de recherche. - Docteur Yves SOGLO, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de recherche. - Docteur Dénis ACCLASSATO, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de recherche. - Docteur Augustin F. CHABOSSOU, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de recherche. - Tous les enseignants du NPTCI et de la FASEG qui ont contribué à notre formation dont nous présentons l’un des fruits. - Monsieur Patrice Y. ADEGBOLA (MSc), pour m’avoir donné le goût à la recherche. - A tous mes frères et sœurs, pour leurs multiples soutiens. iv RESUME Le présent travail utilise un modèle simple d’équilibre général calculable appelé Modèle 123 pour quantifier d’une part, les effets de différents chocs économiques récents (crise alimentaires, baisse cours du coton), et d’autre part, l’impact de différentes politiques agricoles adoptées comme réponses sur le bien-être des producteurs agricoles, des consommateurs et de l’Etat au Bénin. Les données utilisées sont issues des comptes nationaux de 2007. Il ressort des résultats que : - Premièrement, trois séries de chocs ont frappé l’agriculture béninoise : les chocs internationaux qui regroupent la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des produits primaires notamment les céréales ; la hausse des cours du pétrole et de l’énergie ; la baisse des cours du coton ; le phénomène de la grippe aviaire ; et l’appréciation du FCFA par rapport au dollar ; les chocs régionaux qui sont principalement les mesures protectionnistes des pays voisins notamment le Nigeria et la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins ; et les chocs nationaux notamment le nombre élevé d’intermédiaires dans les marchés, la faible disponibilité des intrants agricoles (engrais spécifiques, semences, etc.), la hausse du coût de transport, la faiblesse de l’investissement (irrigation, mécanisation, etc.), la faiblesse des précipitations et leur mauvaise répartition spatio-temporelle. - Deuxièmement, la crise alimentaire ayant entraîné la hausse du prix du riz de 20% a, entre autres effets, entraîné la hausse des prix aux consommateurs, la baisse de la consommation privée des biens domestiques et importés, composés essentiellement de céréales, la perte du revenu réel des ménages, la baisse des épargnes publique et agrégée et l’accroissement de l’offre de bien composite à moyen terme. Les mesures protectionnistes du Nigeria ont eu comme effets l’accroissement de l’offre du bien domestique, la baisse des prix aux consommateurs, la baisse des recettes fiscales et la chute de l’épargne publique. La baisse des cours internationaux du coton a comme conséquences la baisse du revenu des producteurs, l’accroissement des investissements, l’accroissement des offres des biens domestiques et composites, la chute des recettes fiscales. - Troisièmement, les politiques mises en œuvre comme réponses à ces chocs regroupent les politiques de prix, les politiques de production et les accords internationaux v notamment les accords de partenariat économique APE1. Les politiques de prix regroupent la politique de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à l’importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de stock tampon et des boutiques témoins par l’ONASA. Les politiques de production sont celles préconisées dans le cadre du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et du Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV). Les APE sont des accords de libre échange que le Bénin envisage de signer en compagnie des autres pays des ACP avec l’Union Européenne. - Quatrièmement, les taxes sur les importations contribuent à la hausse des importations, à la baisse de l’offre du bien composite, à la chute des investissements agricoles et à l’amenuisement des recettes fiscales. La subvention au coton a pour conséquences la baisse de l’offre de bien composite notamment des céréales, la chute des recettes de l’Etat et la hausse de l’épargne agrégée. La subvention du riz fait baisser les importations, augmente l’offre de bien composite et faire chuter les revenus de l’Etat. Les APE, en améliorant la situation des consommateurs, ne favorisent pas les producteurs et l’Etat. - Cinquièmement, l’analyse de l’efficacité des différentes politiques doit tenir compte des objectifs de départ visés par l’Etat. Si par exemple, lors de la mise en œuvre de la subvention du coton, l’objectif visé était d’augmenter les recettes de l’Etat et d’améliorer les revenus des producteurs du coton et de les encourager à continuer l’activité de production du coton, l’on retiendra que cette politique est efficace, du moins à cout terme. En effet, la mise en œuvre de la politique au coton améliorerait les recettes de l’Etat et augmenterait l’offre des exportations du coton. Cependant, si cette politique visait les consommateurs de céréales, elle ne serait pas efficace. En effet, elle entraînerait un délaissement des productions locales par les producteurs (baisse de l’offre de biens domestiques). La même analyse est valable pour l’analyse de la politique de subvention du riz. Mots clés : modèle 123, politiques agricoles, chocs économiques, biens domestiques, bien composite 1 Les accords de partenariat économique ne sont pas encore signés par le Bénin. Les négociations en vue de la signature continuent vi ABSTRACT The present work uses a simple model of balance general calculable called « 123 Model » to quantify on the one hand, the effects of recent economic shocks (food crisis, decrease course of cotton), and on the other hand, the impact of agricultural policies adopted as answers on the surplus of the agricultural producers, the consumers and the government in Benin. The data used come of the national accounts of 2007. The results show that: - First, three types of shocks hit the Beninese agriculture: the international shocks that regroup the food crisis having led the increase in prices of the primary products notably the cereals; the rise of the courses of oil and the energy; the decrease of the cotton courses; and the appreciation of the FCFA in relation to the dollar; the regional shocks that are mainly the protectionist measures of the neighboring countries notably Nigeria and the rise of the exports of products vivriers in direction of the neighboring countries; and the national shocks notably the number raised of mediators in the markets, the weak availability of the agricultural inputs (specific manures, seeds, etc.), the rise of the transportation cost, the weakness of the investment (irrigation, mechanization, etc.), the weakness of the precipitations and their bad spatio-temporal distribution. - Second, the food crisis having entailed the rise of the price of the rice of 20% has, among others effects, driven the increase in prices to the consumers, the decrease of the consumption deprived of the domestic goods and imported, composed essentially of cereals, the loss of the real income of the households, the decrease of the saving public and aggregated and the growth of the offer of very composite medium-term. The protectionist measures of Nigeria had like effects the growth of the offer of the very domestic, the decrease of the prices to the consumers, the decrease of the fiscal returns and the fall of the public saving. The decrease of the international courses of cotton has like consequences the decrease of the income of the producers, the growth of the investments, the growth of the offers of the domestic and composite goods, the fall of the fiscal returns. - Third, the policies put in work like answers to these shocks regroup the policies of price, the policies of production and the international agreements notably the agreements of partnership economic APE. The policies of price regroup the politics of vii subsidy to the producers of cotton; the politics of decrease of the taxes to the import; the politics of subsidy of the rice break; the constitution of stock tampon and boutiques witnesses by the ONASA. The policies of production are those recommended in the setting of the Program of support emergency to the Food Security (PUASA) and of the Agricultural Diversification Program by the Valorization of the Valleys (PDAVV). The APE are agreements of free exchange that Benin considers signing in company of the other countries of the ACP with the union European. - Fourth, the taxes on the imports contribute to the rise of the imports, to the decrease of the offer of the very composite, to the fall of the agricultural investments and to the amenuisement of the fiscal returns. The subsidy to cotton has notably for consequences the decrease of the offer of very composite of the cereals, the fall of the returns of the state and the rise of the saving aggregated. The subsidy of rice has the imports lowered, increase the offer of very composite and make fall the incomes of the state. The APE, while improving the situation of the consumers, don't encourage the producers and the state. - Fifth, the analysis of the efficiency of the different policies must take account of the departure objectives aimed by the state. So for example, at the time of the setting in work of the cotton subsidy, the aimed objective was to increase the returns of the state and to improve the incomes of the cotton producers and to encourage them to continue the activity of cotton production, one will keep that this politics is efficient, of the less to cost term. Indeed, the setting in work of the politics to cotton would improve the returns of the state and would increase the offer of the cotton exports. However, if this politics aimed the consumers of cereals, it would not be efficient. Indeed, she/it would drag a desertion of the local productions by the producers (decrease of the offer of domestic goods). The same analysis is valid for the analysis of the politics of rice subsidy. Key words: 123 model, agricultural policies, economic shocks, domestic goods, composite good. viii SIGLES ET ABREVIATIONS ACP : Afrique Caraïbes Pacifique APE : Accords de Partenariat Economique CARDER : Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest DPDR : Déclaration de Politique de Développement Rural FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation LDPDR : Lettre de Politique de Développement Rural MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche OCAD : Office de Commercialisation Agricole du Dahomey OMC : Organisation Mondiale du Commerce ONASA : Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire ONC : Office Nationale des Céréales OPA : Organisation de Producteurs Agricoles OSD : Orientations Stratégiques de Développement PAS : Programme d’Ajustement Structurel PDAVV : Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées PRSA : Projet de Restructuration des Services Agricoles PSO : Plan Stratégique Opérationnel PUASA : Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire PVD : Pays en Voie de Développement SADEVO : Société d’Aménagement de la Vallée de l’Ouémé SCRP : Stratégie de Croissance et de la Réduction de la Pauvreté SDDR : Schéma Directeur du Développement Rural SOCAD : Société de Commercialisation et de crédit Agricole du Dahomey SONAPRA : Société Nationale pour la Promotion des Produits Agricoles TEC : Tarif Extérieur Commun UE : Union Européenne UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ix LISTE DES TABLEAUX TABLEAU 1: CHOC DU PRIX DU RIZ (HAUSSE) .................................................................................................................... 26 TABLEAU 2: CHOC DE MESURES PROTECTIONNISTES D’UN PAYS VOISIN DU BENIN (LE NIGERIA) EN 2004 .................................... 27 TABLEAU 3 : CHOC DU COURS DU COTON (BAISSE) ........................................................................................................... 28 TABLEAU 4: IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE BAISSE DES TAXES SUR LES IMPORTATIONS .......................................................... 32 TABLEAU 5 : IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU PRIX DU COTON ..................................................................... 33 TABLEAU 6 : IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU RIZ ...................................................................................... 33 TABLEAU 7 : IMPACT (%) DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE .............................................................................. 34 TABLEAU 8 : EFFICACITE DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU RIZ ........................................................................................ 36 TABLEAU 9 : EFFICACITE DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU PRIX DU COTON ....................................................................... 37 LISTE DES FIGURES FIGURE 1 : COURBES D’EVOLUTION DES CROISSANCES SECTORIELLES DE 2006-2009 .............................................................. 17 x TABLE DES MATIERES CERTIFICATION ........................................................................................................................................... I DEDICACES ................................................................................................................................................. III REMERCIEMENTS ..................................................................................................................................... IV RESUME ........................................................................................................................................................ V ABSTRACT .................................................................................................................................................. VII SIGLES ET ABREVIATIONS ...................................................................................................................... IX LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................................... X LISTE DES FIGURES ................................................................................................................................... X TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................. XI CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................... 1 1.1. CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE ........................................................................................... 1 1.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE ................................................................................................................................. 5 1.3. HYPOTHESES DE RECHERCHE ........................................................................................................................ 5 CHAPITRE 2 : CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................. 6 2.1. POLITIQUE AGRICOLE ................................................................................................................................... 6 2.2. CHOCS ECONOMIQUES .................................................................................................................................. 7 2.3. BIENS ECHANGEABLES, BIENS NON ECHANGEABLES, BIEN COMPOSITE ......................................................... 8 2.4. REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE SUR LE MODELE 123 ................................................................................ 9 CHAPITRE 3: METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE ............................................................. 12 3.1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU MODELE ........................................................................................................ 12 3.2. DESCRIPTION DU MODELE ........................................................................................................................... 12 3.3. DONNEES NECESSAIRES .............................................................................................................................. 14 3.4. RESOLUTION DU MODELE ........................................................................................................................... 15 CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSIONS ....................................................................................... 16 4.1. APERÇU SUR L’AGRICULTURE BENINOISE ................................................................................................... 16 4-1-1- La place de l’agriculture dans l’économie béninoise.......................................................................... 16 4-1-1-1- Contribution à la croissance économique .................................................................................................... 16 4-1-1-2- Contribution à la balance commerciale ....................................................................................................... 17 4-1-1-2- Les filières agricoles ..................................................................................................................................... 18 4-1-2- Etat des lieux sur la politique agricole au Bénin ................................................................................ 19 4-1-2-1- La politique agricole des indépendances ..................................................................................................... 19 4-1-2-2- La politique agricole de la période révolutionnaire ..................................................................................... 20 4-1-2-3- La politique agricole des années 1990 ......................................................................................................... 20 4-1-3- les contraintes au développement de l’agriculture au Bénin ............................................................. 21 4-1-3-1- Les contraintes organisationnelles et institutionnelles ................................................................................ 21 4-1-3-2- Les contraintes techniques .......................................................................................................................... 22 4-1-3-3- Les contraintes de marché ........................................................................................................................... 22 xi 4.2. ANALYSE DE L’IMPACT DES DIFFERENTS CHOCS (INTERNATIONAUX, REGIONAUX ET NATIONAUX) SUR L’AGRICULTURE DU BENIN ................................................................................................................................ 22 4-2-1- Inventaire des chocs .......................................................................................................................... 23 4-2-1-1- Les chocs internationaux .............................................................................................................................. 23 4-2-1-2- Les chocs régionaux ..................................................................................................................................... 24 4-2-1-3- Les chocs nationaux ..................................................................................................................................... 25 4-2-2- Impact des chocs ............................................................................................................................... 25 4-2-2-1- Impact de la hausse du prix du riz ................................................................................................................ 26 4-2-2-2- Impact des mesures protectionnistes du Nigeria ......................................................................................... 27 4-2-2-3- Impact de la baisse du cours du coton.......................................................................................................... 28 4- 3- ANALYSE DES REPONSES DE POLITIQUES AGRICOLES ................................................................................ 29 4-3-1- Les instruments de politiques agricoles............................................................................................. 29 4-3-1-1- Les politiques de prix ................................................................................................................................... 30 4-3-1-2- Les politiques de production ........................................................................................................................ 30 4-3-1-3- Les Accords de Partenariat Economique APE ............................................................................................. 31 4-3-2- Analyse de l’impact de quelques politiques agricoles ....................................................................... 31 4-3-2-1- Baisse des taxes sur les importations ........................................................................................................... 31 4-3-2-2- Subvention du prix du coton ........................................................................................................................ 32 4-3-2-3- Subvention du riz ......................................................................................................................................... 33 4-3-2-4- Les Accords de Partenariat Economique (APE) .......................................................................................... 34 4-4- EFFICACITE DES MESURES DE POLITIQUES AGRICOLES ............................................................................... 36 4-4-1- Efficacité de la subvention du riz ....................................................................................................... 36 4-4-2- Efficacité de la subvention du prix du coton ...................................................................................... 37 CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES ................................................................................... 38 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................ 42 ANNEXE ....................................................................................................................................................... 46 xii CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE 1.1. Contexte, justification et problématique La République du Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest. Sur le plan démographique, c’est un pays qui compte environ 7,6 millions d’habitants (dont environ 59% en milieu rural) en 2006 (SCRP, 2007). Sur le plan de l’économie, le Bénin est un pays dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture. En effet, selon MAEP (2006)2, «elle emploie environ 70% de la population active, participe pour près de 39% à la constitution du Produit Intérieur Brute (PIB), procure 80% des recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l’Etat et par conséquent, contribue à la lutte pour la réduction de la pauvreté.». Environ 550000 exploitations agricoles sont mises en valeur et regroupent de petites exploitations agricoles (polyculture) (DPP/MAEP, 2002). Ces performances de l’agriculture béninoise peuvent être attribuées à diverses actions. Dès le début du XXème siècle et même à l’indépendance, des sociétés de développement, des organisations coopératives ont été créées en vue de la promotion des filières d’exportations. Au cours de la période révolutionnaire (1972-1990), l’on a assisté à une rupture (collectivisation des moyens de production, lutte des classes, modernisation technique) où l’accent est mis cette fois ci sur le développement des cultures vivrières. Selon Adégbidi et al (2003), les objectifs visés durant cette période sont : assurer l’approvisionnement des villes en produits vivriers bon marché; soutenir et encourager la production agricole. Les instruments de politique pour atteindre ces deux objectifs sont l’intervention directe de contrôle des prix sur les marchés au moment où les prix sont élevés et l’intervention indirecte par le biais de la stabilisation des prix découlant des importations de produits vivriers. Aussi, l’Etat s’est attaché à fixer les prix des principaux produits vivriers sur les marchés domestiques. Mais, avec les difficultés économiques de la fin des années 1980, l’on observe une réorientation depuis 1989, des politiques avec une série de Programmes d’Ajustement Structurel (PAS). Ces PAS intègrent un certain nombre de mesures de stabilisation macroéconomique dont la libéralisation des marchés de produits vivriers. 2 MAEP, 2006. Plan Stratégique de Relance du secteur Agricole (PSRSA). 1 Ainsi, dès 1991, de grandes orientations ont été faites à travers la Lettre de Politique de Développement Rural (LDPDR) signée en 1991 et qui définissait les grandes orientations de la politique agricole du Bénin. La LDPDR s’est accompagnée de la mise en œuvre du Projet de Restructuration des Services Agricoles (PRSA) et de la Table Ronde du Secteur Rural en septembre 1995 suite à la nouvelle politique agricole et aux Programmes d’Ajustement Structurels qui ont consacré le désengagement de l'État d'un certain nombre de fonctions qu’il occupait jusqu’alors. Aussi, l’Etat avait pris différentes options politiques visant l’ouverture internationale, l’intégration aux dynamiques économiques régionales et la libéralisation interne de l’économie. En 1999/2000, le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche réaffirmait les choix stratégiques retenus (Déclaration de Politique de Développement Rural de juin 2000), précisait les problématiques sectorielles et transversales (Schéma Directeur du Développement Rural approuvé en avril 2000) et définissait la mise en œuvre de la politique nationale de développement rural (Plan Stratégique Opérationnel approuvé en août 2000). En effet, en 2001, les objectifs assignés au secteur rural sont de manière générale: - le renforcement de la participation du secteur au développement socio-économique du pays en contribuant au rétablissement des équilibres macroéconomiques, à la création d’emplois et à la valorisation des potentialités agro-écologiques, - la contribution à l’amélioration du niveau de vie des populations, par l’augmentation du pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité et l’innocuité des aliments, - le maintien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de forte croissance démographique, - la diversification agricole et l’augmentation de la productivité, et - l’amélioration des rapports hommes/femmes dans les communautés rurales. Avec la dévaluation du FCFA en 1994 et la signature de différents accords (OMC, TECUEMOA, ACP-UE), plusieurs filières agricoles sont libéralisées. Selon Hermelin (2006), cette libéralisation a pris la forme de l’abaissement des droits de douane, de la réduction voire la suppression des mesures de contrôle des importations (comme les prix minimaux, les monopoles d’importation, les quotas d’importation). 2 En effet, OMC3 (2004) écrit: «L'introduction du TEC a haussé la protection tarifaire aux produits agricoles plus fortement qu'aux produits non agricoles, résultant à un réarmement tarifaire (taux NPF effectivement appliqué) de l'ordre de 34 pour cent. Les taux de droits de douane pour les produits animaux (bovins, ovins, volailles, porcs, lait et œufs), des fruits (mangue, ananas), du café, du manioc, et du niébé ont augmenté tandis qu'un droit de douane de 5 pour cent a été instauré pour le riz, produit exempt de droit de douane lors du premier examen. L'État dispose d'un stock de sécurité de produits vivriers et reçoit des dons de riz effectués par le Japon sous son programme d'aide alimentaire. Actuellement les prix indicatifs pour l'anacarde sont fixés par les acteurs de cette filière avec l'arbitrage des autorités; les prix du coton, de la noix de palme et d'intrants font l'objet d'une concertation au sein de l'interprofession avant d'être homologués par l'État.». Néanmoins, en dépit de toutes ces politiques, un certain nombre de questions se posent quant à leur efficacité. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de toutes ces actions, l’agriculture béninoise reste très peu diversifiée et peu compétitive (faiblesse du niveau de production, faiblesse des prix aux producteurs, faiblesse des revenus, hausses des prix aux consommateurs, etc.)? L’échec de ces instruments de politiques n’explique-t-il pas la mise en œuvre de nouvelles politiques notamment le plan stratégique de relance de l’agriculture et les Orientations Stratégiques de Développement (OSD) adoptées par le gouvernement pour la période 2006-2011 et la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté pour la période 2007-2009, mettant un accent particulier sur la nécessité de «promouvoir le renouveau économique par la mise en place d’un environnement économique et institutionnel de norme internationale et la diversification de la production, en particulier dans le domaine du monde rural.»? Pourquoi l’économie du Bénin en général et son secteur agricole en particulier reste vulnérable aux chocs négatifs extérieurs notamment les récentes crises alimentaires, la baisse des cours internationaux du coton? Ces chocs négatifs, ne vontils pas compromettre la vision du gouvernement, celle de faire du Bénin une puissance agricole dynamique à l’horizon 2015? Quel est l’impact des chocs économiques (extérieurs, régionaux, intérieurs) sur la compétitivité de l’agriculture béninoise et quels sont les effets des différentes politiques mises en œuvre par le gouvernement sur les revenus des producteurs agricoles, le bien être des consommateurs et les recettes de l’Etat? Quels sont les effets des différentes mesures de politiques prises par l’Etat en vue d’atténuer l’effet des chocs ? 3 Organisation Mondiale du Commerce 3 Plusieurs raisons sont souvent évoquées dans la littérature économique pour expliquer l’échec des politiques économiques dans les PVD4. Par exemple, l’une des raisons avancées par Ellis (1992) est la réduction des prix aux consommateurs, entraînant des prix bas au niveau des producteurs ou parfois l’accroissement de déficits budgétaires. Le présent travail vise d’abord à analyser l’effet des changements ou chocs économiques intervenus dans l’environnement international, régional et national sur les performances du secteur agricole (revenus des producteurs, bien être des consommateurs et revenus de l’Etat) au Bénin et ensuite, à évaluer l’effet des politiques agricoles adoptées par le gouvernement comme réponses à ces changements. 4 Pays en Voie de Développement 4 1.2. Objectifs de l’étude L’objectif global de ce travail est d’évaluer d’une part, l’impact des changements économiques intervenus dans l'environnement international, régional et national sur les revenus des producteurs agricoles, le pouvoir d’achat des consommateurs, les recettes de l’Etat et d’analyser d’autre part, l’effet des réponses de politiques économiques agricoles. De façon spécifique, il s’agira de: - O1 : Faire l’inventaire des chocs économiques (internationaux, régionaux et nationaux) que subit l’agriculture du Bénin et analyser leur impact sur les catégories d’acteurs su-cités; - O2 : Analyser l’effet des instruments de politiques agricoles proposés par le Bénin comme réponses pour atténuer les effets de ces chocs. - O3 : Evaluer l’efficacité (effets nets) de quelques politiques. 1.3. Hypothèses de recherche Trois hypothèses peuvent être formulées: - H1 : Plusieurs chocs économiques frappent l’agriculture béninoise ; - H2 : Les chocs économiques négatifs, tant internationaux, régionaux que nationaux, que subissent l’économie du Bénin et son agriculture font baisser les revenus des producteurs agricoles, le pouvoir d’achat des consommateurs, les recettes de l’Etat ; - H3 : Les instruments de politique agricole mis en œuvre par le gouvernement n’atténuent pas l’effet de ces chocs sur l’agriculture du Bénin 5 CHAPITRE 2 : CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE Ce chapitre présente d’une part, la définition de quelques concepts utilisés dans ce travail et d’autre part, la revue de littérature tant théorique qu’empirique. 2.1. Politique Agricole Une politique peut être définie comme un ensemble d’actions, de décisions, de stratégies, d’options, etc., pris par un gouvernement en vue de donner une réponse à un problème donné. Selon De Frahan (2005), la politique agricole, qui est une politique économique, est une ligne d’actions publiques prises par des gouvernements, dirigées principalement mais pas exclusivement vers les problèmes agricoles, vers les problèmes des communautés rurales, vers les problèmes de consommation alimentaire et vers les problèmes de l’agro-industrie. Une politique agricole vise à favoriser la croissance économique; répartir de manière équitable les revenus entre les différents acteurs d’une filière; contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire à travers la stabilité des prix, l’approvisionnement des marchés, le niveau adéquat de nutrition; œuvrer pour la conservation de l’environnement et des ressources naturelles. Selon Colman et Young (1989), on peut classer les instruments de politique agricole selon leurs définitions et niveaux d’intervention: au niveau de l’exploitation, au niveau du marché domestique, au niveau de la frontière. Pour le même auteur, on peut aussi classer les instruments de politique agricole selon le point d’impact : le marché des produits agricoles, le marché des intrants agricoles. Ritson (1977), quant à lui, classe les instruments de politique agricole selon les intérêts des agriculteurs: sur l’augmentation des revenus, sur la réduction des coûts des intrants. Pour Josling et McCalla (1985), les instruments de politique agricole peuvent être classés selon le niveau d’intervention (à la frontière, à la consommation finale, à la distribution, sur le marché du produit, sur le marché des intrants variables, sur le marché des facteurs fixes) 6 Dans le présent travail, les instruments de politique agricole privilégiés sont les politiques de prix de revenus, et de production. Ces politiques regroupent les droits de douanes, les quotas ou contingentements à l’importation ou à l’exportation, les stocks régulateurs, les prix minimum, les subventions sur les intrants agricoles, le taux de change réel, le taux d’intérêt, la diversification agricole, l’irrigation, le crédit, semences améliorées, engrais spécifiques. 2.2. Chocs économiques Selon Mankiw (2001) un choc économique est une modification exogène d’une relation économique. Cette relation économique peut être par exemple la courbe de demande agrégée ou la courbe d’offre agrégée. En effet, une courbe de demande agrégée se définissant comme une relation décroissante entre le niveau des prix et la production agrégée, toute modification de cette relation signifie avant tout une modification du prix ou de la production. Ainsi dire, l’on retient qu’un choc économique est une modification exogène d’une variable économique. Cette variable peut être le prix, la production, etc. L’on distingue des chocs positifs et des chocs négatifs. Les chocs positifs sont des changements exogènes poussant les variables économiques dans le sens jugé optimal (maximisation du bien être du producteur, du consommateur ou de l’Etat). Les chocs négatifs, qui sont d’ailleurs l’objet du présent travail, sont par contre des changements exogènes ayant pour vocation d’engendrer la perte du bien être d’une couche que l’Etat considère comme importante dans le tissu économique d’un pays. Dans le présent travail, sont considérés comme chocs négatifs exogènes, la flambée des prix des productions agricoles, des coûts des facteurs de production, les mesures protectionnistes prises par l’extérieur, la diminution du volume des investissements agricoles en matière d’irrigation, de mécanisation, de crédits, la fluctuation non souhaitée du taux de change, la baisse des cours de certains produits d’exportation, les catastrophes climatiques, etc. 7 2.3. Biens échangeables, biens non échangeables, bien composite Selon Martens (2006), « les produits échangeables (abréviation BE) sont ceux susceptibles de faire l’objet du commerce international soit comme exportations (les exportables), soit comme importations (les importables). On y trouve la plupart des produits agricoles, les biens manufacturés et certains services, comme le transport maritime ou aérien ainsi que les services financiers et d’assurance. Les produits non échangeables (abréviation BN), encore appelés biens domestiques, sont ceux qui ne sont pas susceptibles de faire l’objet d’échanges internationaux de par leur nature même ou étant donné le coût prohibitif de leur acheminement d’un pays à l’autre. ». Djoufelkit (2006) écrit : « La notion d’« échangeabilité » est un concept théorique. Certains auteurs assimilent les biens échangeables à toutes les marchandises sauf celles relatives au secteur de la construction, les services étant classifiés comme non échangeables. D’autres prennent en compte la part de la production exportée et fixent un seuil d’échangeabilité (10 % en général) ; cette approche consiste en fait à assimiler les biens échangeables aux biens échangés, la définition du seuil étant arbitraire. Dans le cadre théorique de l’économie dépendante, dans lequel nous nous trouvons, un bien échangeable à la marge est, stricto sensu, un bien dont le prix est fixé par le marché international, si minime que soit la quantité échangée. En revanche, le prix d’un bien non échangeable à la marge est déterminé par l’offre et la demande sur le marché national. La littérature discute abondamment du choix des indices de prix qui reflètent le mieux les prix des biens échangeables et ceux des biens non échangeables (voir notamment Edwards et Ahamed, 1986 ; Edwards, 1989; Hinkle et Montiel, 1999). Le prix des biens non échangeables est généralement mesuré par l’indice des prix à la consommation. Les débats sont plus denses en ce qui concerne le prix des biens échangeables. Quatre indices sont proposés dans la littérature : le coût salarial unitaire dans le secteur manufacturier, l’indice des prix de gros, le déflateur de la valeur ajoutée manufacturière et la valeur unitaire d’exportation du secteur manufacturier. Ces indices sont rarement disponibles dans les pays en développement. Harberger (1986) préconise alors d’utiliser l’indice des prix de gros des pays étrangers, car ils ont l’avantage de ne porter que sur des biens internationaux, agricoles et industriels. Cependant, comme le souligne Guillaumont Jeanneney (1993) cité par Djoufelkit (2006), la composition de cet indice, qui correspond à la structure de production des pays 8 considérés, diffère sensiblement d’un pays à l’autre, surtout lorsque l’on compare des pays de niveau de développement différents. C’est finalement l’utilisation de l’indice des prix à la consommation des pays étrangers qui apparaît comme le moins mauvais compromis. ». Pour FAO (2006), l’on peut dire schématiquement que les biens échangeables correspondent à toutes les consommations intermédiaires qu’il est possible de valoriser aux prix internationaux (directement ou par décomposition en «remontée de chaîne»). Les facteurs domestiques recouvrent, eux, les facteurs créateurs de valeur ajoutée (qui se partagent la valeur ajoutée: capital, salaires,…) ainsi que les éventuelles consommations intermédiaires qu’il est impossible de valoriser aux prix de parité. Selon Catão (2007), les biens faisant communément l’objet d’échanges, sont appelés biens échangeables. Méjean (2006) écrit : « Pour déterminer quels types de biens sont exposés à la concurrence internationale et quels types peuvent être considérés comme non échangeables, un critère qui consiste à évaluer la part des biens importés dans la consommation nationale et la part des exportations dans la valeur ajoutée est utilisé. Si ces deux parts sont inférieures à 10%, le bien est considéré comme non échangeable. Gregorio et al (1994) avaient déjà utilisé le même critère pour faire la différence entre biens échangeables et biens non échangeables. Cependant, ces auteurs ont considéré seulement la part de la valeur ajoutée qui est exportée. Ils n’ont pas tenu compte de la part des importations dans la consommation nationale. Selon Varian (2000), un bien composite est un bien qui représente l’ensemble des biens qu’un individu désire consommer et dont le prix est égal à l’unité. Dans ce travail le bien composite regroupe les biens domestiques et les importables. 2.4. Revue théorique et empirique sur le modèle 123 Pendant longtemps, l’analyse des chocs extérieurs sur les performances d’une économie est basée sur le modèle standard néoclassique du commerce. Dans ce modèle, tous les biens sont échangeables et tous les biens échangeables sont des substituts parfaits des biens intérieurs. Cependant, le modèle standard fournit des résultats très improbables lors des applications empiriques. Empiriquement, ce modèle se base sur "la loi du prix unique" qui 9 stipule que les prix relatifs des biens échangeables sont déterminés par les prix mondiaux. De tels modèles tendent à fournir une extrême spécialisation de la production et des variations irréalistes des prix relatifs intérieurs en réponse aux changements de la politique commerciale ou aux variations des prix internationaux. Les études empiriques indiquent que les variations des prix des importations et des exportations ne sont transmises que partiellement dans les prix des biens domestiques. Salter (1959) et Swan (1960), en identifiant ces problèmes, ont spécifié un modèle à deux secteurs qui distingue les biens échangeables (à la fois les importations et les exportations) et les biens non-échangeables. Leur approche représente une avancée et leurs contributions ont été le point de départ d'une abondante littérature théorique. Cependant, le modèle basé sur l’approche de Salter et Swan n’a eu qu’un impact très limité sur le plan empirique pour deux raisons : premièrement, la part des biens non échangeables est très faible dans le PIB5 ; deuxièmement, le lien entre prix intérieurs et prix internationaux dans le modèle Salter-Swan ne dépend pas de la part du commerce international, mais seulement du fait que le secteur soit ou non un secteur de biens échangeables. Ainsi, dans ce modèle, si un bien est échangeable, quelle que soit sa faible part dans le commerce international, le prix intérieur sera déterminé par le prix mondial. Le modèle 123 étend et généralise le modèle Salter-Swan, en le rendant empiriquement utile. Ainsi, dans le modèle 123, tous les biens produits dans le pays qui ne sont pas exportés sont effectivement traités comme des biens non-échangeables (ou mieux, comme des biens semi-échangeables). La part des biens non-échangeables dans le PIB est désormais égale à 1 moins la part des exportations, qui est un nombre très grand, et tous les secteurs sont traités symétriquement. Contrairement au modèle néoclassique standard, le modèle 123 fait l’hypothèse d’une substituabilité et d’une transformabilité imparfaites entre les biens échangeables. De Melo et Robinson (1985) ont montré, dans un cadre d'équilibre partiel, que le lien entre prix intérieurs et prix internationaux, en faisant l'hypothèse d'une substituabilité imparfaite au niveau sectoriel, dépend de façon cruciale des parts dans le commerce 5 Produit Intérieur Brute 10 international, à la fois pour les exportations et les importations, ainsi que de la valeur des élasticités. De Melo et Robinson (1989) analysent en détail les propriétés du modèle 123 et affirment que c'est une bonne stylisation de la plupart des modèles récents d'équilibre général calculable à un pays, fondé sur le commerce extérieur. 11 CHAPITRE 3: METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE Dans ce chapitre, il est exposé successivement la justification du choix du modèle, la description du modèle, les données nécessaires et la résolution du modèle. 3.1. Justification du choix du modèle Selon Devarajan et al (1993), la relation entre les chocs extérieurs et les réponses de politique économique est complexe. Ceci nécessite en effet, un modèle d’analyse adéquat. Pour ces auteurs, les modèles à deux secteurs fournissent un bon point de départ en raison de la nature des chocs extérieurs auxquels doivent faire face ces pays et les réponses de politique qu'ils nécessitent. Ces modèles incluent les principaux mécanismes par lesquels les chocs extérieurs et les politiques économiques se propagent dans l'économie. Ainsi, le modèle 123 est un modèle simple qui est bien indiqué pour ce cadre d’analyse. En effet, c’est un modèle qui capte, d'une manière stylisée, les traits caractéristiques des PVD parmi lesquels le Bénin, il fournit aussi des résultats de politique économique qui tranchent avec la sagesse populaire. En conséquence, il n'est pas nécessaire d'apprendre un nouveau et difficile langage de programmation avant de commencer les exercices de modélisation. C’est un modèle qui peut être tourné facilement avec les tableurs notamment EXCEL. 3.2. Description du modèle Les hypothèses de base du modèle - Soit un pays produisant trois type de biens : un bien d'exportation, E qui est vendu à l'étranger et n'est pas demandé à l’intérieur du pays ; un bien de production domestique, D, qui n'est vendu qu'à l'intérieur du pays ; et un bien d'importation, M, qui n'est pas produit dans le pays. 12 - Un seul consommateur reçoit tout le revenu. - Le pays est de petite dimension sur le marché mondial et fait face à des prix internationaux d'exportation et d'importation fixés (il est "preneur de prix"). - Le marché des facteurs est ignoré. - Le modèle a trois acteurs : un producteur, un ménage et le reste du monde. Les équations du modèle Les flux (1) X = G (E, Ds; Ω) (2) Qs = F (M, DD, σ) (3) QD =Y/Pq (4) E/Ds = g2 (Pe, Pd) (5) M/DD = f2 (Pm, Pd) (6) Y = Px*X+R*B Les prix (7) Pm = R*pwm (8) Pe = R*pwe (9) Px = g1 (Pe, Pd) (10) Pq = f1 (Pm, Pd) (11) R≡1 Conditions d’équilibre (12) DD - DS = 0 (13) QD - QS = 0 (14) pwm*M – pwe*E = B Identités (15) Px*X≡Pe*E+Pd*Ds (16) Pq*Qs≡Pm*M + Pd*DD (17) Y≡ Pq*QD 13 Variables Endogènes E : bien d'exportation ; Y : Revenu total ; M : bien d'importation ; Pe : prix domestique du bien d'exportation ; Ds : offre du bien domestique ; Pm : prix domestique du bien d'importation ; DD : demande du bien domestique ; Pd : prix domestique du bien domestique ; Qs : offre du bien composite ; Px : prix domestique de la production ; agrégée ; QD : demande du bien composite ; Pq : prix du bien composite ; R : Taux de change Variables Exogènes Pwe = prix international du bien d'exportation Pwm = prix international du bien d'importation B = balance commerciale σ = élasticité de substitution aux importations Ω= élasticité de transformation des exportations 3.3. Données nécessaires Les données utilisées proviennent essentiellement des comptes nationaux du Bénin, de la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) du Bénin et des bases de données de la FAO, du CESRIC, du Port Autonome Cotonou (PAC). Les équations du Modèle 123 font appel à de nombreux paramètres qu'il est nécessaire de connaître afin de pouvoir résoudre le système qu'elles constituent. La mise en œuvre d'un Modèle 123 passe d’abord par une phase de calibrage qui permet de déterminer ces différents paramètres à partir des statistiques d'une année de référence en équilibre. Cette phase consiste à résoudre le modèle de façon inverse afin de déterminer le système de paramètres qui permet de reproduire l'équilibre de référence. 14 3.4. Résolution du modèle Le modèle 123 peut être résolu de trois façons. Algébriquement, graphiquement et numériquement. La résolution numérique est privilégiée dans ce travail. Devarajan et al (opt. cit.) écrivent: «Le solveur d'Excel est capable de résoudre un système d'équations non-linéaires. La première étape consiste à décrire les parties de la feuille d'Excel qui forment le modèle et à spécifier le problème à résoudre au solveur d'Excel. Ceci s'effectue en sélectionnant la commande "Solver" dans le menu "Tools" d'Excel. Une boîte de dialogue "Solver Parameters" apparaîtra sur l'écran dans Excel. Comme dans le Système de Modélisation Algébrique Général (General Algebraic Modeling System, GAMS), un autre logiciel de modélisation algébrique, Excel résoud le modèle comme un problème d'optimisation ou de programmation. Le nom de la variable qui va être maximisée (option maximisation) ou minimisée (option minimisation) dans la fonction objectif doit être entrée dans l'espace "Set Target Cell", au sommet de la boîte de dialogue». Dans le présent travail, le modèle est tourné dans la version Microsoft office EXCEL 2007. 15 CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSIONS Ce chapitre comprend quatre (04) sections. Une première section qui présente l’agriculture au Bénin. Il s’agit de montrer d’abord la place de l’agriculture dans l’économie nationale, ensuite de faire un état des lieux des différentes politiques agricoles mises en œuvre depuis les indépendances jusqu’à l’année 2000, puis de présenter quelques contraintes qui entravent le développement de l’agriculture au Bénin. S’agissant de la deuxième section, elle fait le point des chocs économiques qu’a subi l’économie béninoise au cours des années 2000 et de leur impact sur l’agriculture. Les réponses de politiques adoptées par l’Etat sont analysées dans la troisième section où toutes ces politiques sont répertoriées et leur impact mesuré. En ce qui concerne la quatrième et dernière section, elle fait une analyse de l’efficacité de deux types de politiques (la subvention du riz et la subvention du coton) mises en œuvre par l’Etat comme réponses aux chocs. 4.1. Aperçu sur l’agriculture béninoise La présente section répond aux questions suivantes : (1) Quelle est la place de l’agriculture dans l’économie du Bénin ? Comment a évolué la politique agricole du Bénin des indépendances à l’année 2000 ? Quelles sont les contraintes au développement de l’agriculture béninoise ? 4-1-1- La place de l’agriculture dans l’économie béninoise 4-1-1-1- Contribution à la croissance économique Du point de vue de la croissance économique, selon OMC (2004), la croissance économique dépend surtout de l’évolution de l’activité dans le secteur primaire, qui reste très différenciée en raison de la variabilité du climat. L’agriculture béninoise participe pour près de 39% à la constitution du PIB et utilise près de 70% de la population active (MAEP, 2006). L’examen de la figure 1 ci-dessous montre que la croissance du produit Intérieur Brute (PIB) est fortement corrélée à celle du secteur primaire. Par exemple, au cours de l’année 2005 où la 16 croissance est très faible, l’on remarque que cela est en même temps associé à une chute du taux de croissance du PIB. Figure 1 : Courbes d’évolution des croissances sectorielles de 2006-2009 Source: Données du MDEF (2006) Historiquement la croissance du PIB, de l’ordre de 4 % en moyenne annuelle sur la période 1990-94, s’est légèrement accélérée dans la deuxième moitié des années 90 pour atteindre 5 % en moyenne. La croissance du PIB agricole a été en moyenne légèrement supérieur à celle de l’ensemble de l’économie, bien que soumise à de fortes variations annuelles. De ce fait, la contribution du secteur agricole au PIB a légèrement progressé dans les années 90, pour passer de 36,1 % en 1990 à 38,4 % en 1999. 4-1-1-2- Contribution à la balance commerciale Du point de vue de la balance commerciale, l’agriculture au Bénin procure 80% des recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l’Etat (MAEP, 2006). Selon MAEP (2001), «les produits agricoles représentent une part de plus en plus importante dans le total des exportations, du fait notamment de la baisse des exportations pétrolières. Cette part est maintenant de l’ordre de 95 %. Le coton joue un rôle fondamental dans les exportations: il représente encore plus de 80 % des exportations agricoles. On constate néanmoins une légère tendance à la diversification des exportations agricoles, puisque les produits autres que le coton sont passés progressivement de 11 % en 1996 à 18 % 17 en 1999. Cela provient notamment des exportations de graines oléagineuses, en forte augmentation en 1998 mais revenues à des niveaux plus modestes en 1999, et des exportations de fruits qui ont très nettement augmenté en 1999». Selon SCRP (2007), Le coton représente actuellement environ 40% des recettes d’exportations (y compris la réexportation). 4-1-1-2- Les filières agricoles Selon MAEP (2006), La principale culture de rente est le coton qui a atteint une production record de 427.000 tonnes durant la campagne 2004/2005, avant de retomber à 191.000 tonnes en 2005-2006. Les autres cultures de rente qui ont commencé par émerger dans le cadre du Plan Stratégique de Relance de l’Agriculture (PSRA) sont l’anacarde, le Karité, l’ananas, etc. Les principales productions vivrières (maïs, manioc, sorgho/mil, igname, niébé et arachide) permettent de couvrir globalement les besoins alimentaires, mais restent encore largement en deçà des potentialités offertes par les conditions écologiques du pays. Le riz fait l’objet d’une demande en augmentation croissante et sa production au niveau national qui bien qu’ayant passé de 16.545 T en 1995 à 73.000 T en 2005, laisse place à des importations massives (378.000 T en 2005) destinées à la consommation interne (60.000 T) et aux réexportations. Le maïs vient au premier rang des cultures vivrières et connaît une évolution croissante : de 523.000 tonnes en 1995 à 841.000 tonnes en 2005. Son utilisation multiple pour la fabrication des farines infantiles et des provendes nécessite d’en garantir un solde vivrier acceptable. Quant aux tubercules et racines, notamment l’igname et le manioc, leur production a renoué avec une croissance régulière au cours de cette décennie, grâce à l’effet conjoint d’une amélioration du rendement et l’élargissement des surfaces cultivées. Le niveau de la qualité des produits dérivés reste encore à améliorer sensiblement pour leur accès plus facile aux marchés. Le sous-secteur de l’élevage est marqué par les pratiques traditionnelles d'élevage des espèces bovines, ovines, caprines, porcines et des volailles, malgré les résultats assez concluants des projets d'élevage moderne au cours de la dernière décennie. L’effectif des 18 animaux d’élevage estimé en 2005 à 1.764 000 bovins, 2.110.000 petits ruminants, 302 000 porcins et 13. 600.000 volailles, ne garantit pas une couverture complète des besoins en protéines animales, notamment la viande, le lait et les œufs. Le niveau actuel d’importation des viandes de volaille congelées (8.800 tonnes en 2005), traduit la forte dépendance du Bénin en produits carnés. La persistance de certaines épizooties et les risques d’émergence de nouvelles, nécessitent une surveillance épidémiologique permanente. Les élevages d’espèces non conventionnelles (escargot, aulacode, etc.) se développent de plus en plus, mais à un rythme qui ne compense pas encore les déficits. Par ailleurs, les élevages modernes qui se sont développés en zone périurbaine pour la production d’œufs et de poulet de chair, subissent de plein fouet la concurrence des importations de volaille congelée et d’œufs vendus à vil prix sur le marché local. Le sous-secteur de la pêche occupe directement 50.000 pêcheurs et 20.000 mareyeurs (en majorité des femmes) et procure des emplois à environ 300.000 personnes. Au cours de la période 1998-2005, la production a stagné autour de 40.000 tonnes par an et les importations de poissons congelés sont passées de l’ordre de 20.000 tonnes en 2001 à 45000 Tonnes en 2005. Par ailleurs, l’exportation des crevettes jadis porteuse d’espoir a baissé, passant de plus de 1000 tonnes à moins de 700 tonnes durant la même période. Les plans d’eau ne sont pas exploités à bon escient, tandis que l’aquaculture et la valorisation de la production halieutique sont encore très peu développées. 4-1-2- Etat des lieux sur la politique agricole au Bénin Cette sous-section s’inspire des travaux de Adégbidi et al (2003) sur la libéralisation du marché de maïs au Bénin. 4-1-2-1- La politique agricole des indépendances A l’indépendance, la politique agricole était axée essentiellement sur le développement des filières industrielles. Mais, l’intervention de l’Etat béninois dans la gestion des marchés de produits vivriers remonte à 1967 après l'indépendance avec la création de l’Office de Commercialisation Agricole du Dahomey (OCAD), devenu par la suite Société de Commercialisation et de crédit Agricole du Dahomey (SOCAD). 19 4-1-2-2- La politique agricole de la période révolutionnaire Au cours de cette période, la politique agricole va connaître une rupture notamment avec l’accent sur le développement des cultures vivrières. Ainsi, à partir de 1975 le contrôle effectif sur le marché va commencer par se manifester avec la création de plusieurs sociétés dont les missions étaient d’intervenir rigoureusement dans la commercialisation des denrées alimentaires afin de lutter contre la spéculation. Cette politique a visé essentiellement les deux objectifs suivants: - assurer l’approvisionnement des villes en produits vivriers bon marché ; - soutenir et encourager la production agricole. Les instruments de politiques utilisés à cet effet sont le contrôle des prix, la création de plusieurs structures notamment les Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER) créés en 1975 pour assurer l’encadrement des producteurs et la commercialisation des produits agricoles ; les Régies d’Approvisionnement et de Commercialisation (RAC) créées en 1976 ; les Sociétés Provinciales de Commercialisation des produits Agricoles (SOPROCA) qui ont remplacé les régies ; la Société d’Alimentation Générale du Bénin (AGB) qui a pris la relève en 1976 d'une coopérative suisse et de la Société Nationale d'Importation du Bénin (SONIB) ; la Commission Nationale des Céréales (CNC) créée en 1982 pour assurer la coordination des aides alimentaires et l’Office National des Céréales (ONC) créé en 1983 en lieu et place de la CNC et ayant pour mission de réguler le marché national des céréales. Toutes ces structures avaient pour rôle d’assurer le contrôle et la direction de l’économie au niveau provincial, d’assurer la stabilité des prix, de promouvoir les structures coopératives, etc. 4-1-2-3- La politique agricole des années 1990 A partir des années 1990, la politique agricole du Bénin va changer d’orientation pour mettre l’accent sur la diversification agricole. Tout ceci a été favorisé par les différentes crises d’ajustement qu’a connu le Béni. 20 La Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural (LPDR) signée en 1991 puis révisée en 1999, et le Schéma Directeur du Secteur de Développement Agricole et Rural (SDDR) élaboré en avril 2000, ont axé les idées force sur la réduction de la pauvreté, la prise en compte des femmes rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire, la création d'emplois, la contribution au rétablissement des équilibres macro-économiques et la conversation du patrimoine écologique. Ces idées force sont reprises sous une forme opérationnelle dans le Plan Stratégique Opérationnel (PSO) approuvé en août 2000. Le PSO se décline en 14 plans d’action sous-sectoriels et transversaux, actuellement regroupés en cinq grands programmes à savoir : (i) l’amélioration de la productivité agricole, (ii) les infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources naturelles, (iv) l’appui au développement des marchés agricoles et (v) l’administration et la gestion des services. Ils ont servi de socle pour l’élaboration et la mise en œuvre des cadres de dépenses à moyen terme (CDMT) et des Budgets-programmes au cours des cinq dernières années. L’avènement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP), quand bien même il vient conforter les idées forces du cadre stratégique existant, n’a pas été traduit de façon opérationnelle dans les documents en ce qui concerne le secteur agricole, ce qui s’est soldé par une très faible lisibilité dudit secteur dans ces documents fondamentaux durant la période 2000-2006. Ceci conduit aujourd’hui à la mise en œuvre d’un Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRA). 4-1-3- les contraintes au développement de l’agriculture au Bénin 4-1-3-1- Les contraintes organisationnelles et institutionnelles L’une des contraintes majeures dans l’agriculture béninoise aujourd’hui est la contrainte organisationnelle et institutionnelle. L'on remarque aujourd'hui que les Organisations de Producteurs fonctionnent mal. Les Organisations Paysannes identifiées sont peu fonctionnelles. Les raisons qui expliquent cette situation sont surtout le manque de confiance pour les dirigeants. Dans certains villages par exemple, les producteurs accusent les dirigeants de détournement de fonds du groupement. Dans d’autres, il s’agit du manque d’information ou de la mauvaise circulation de l’information, de la méconnaissance de 21 l’importance d’une association, de la négligence des producteurs ou encore de l’incapacité des associations à organiser la commercialisation. Les différentes structures et organisation Non Gouvernementales intervenant aujourd’hui dans le monde agricole sont multiples et leurs actions manquent de synergie. 4-1-3-2- Les contraintes techniques Les contraintes techniques sont celles liées au processus de production. Selon SCRP (2007), l’agriculture béninoise est essentiellement pluviale avec pour corollaires les incertitudes liées à la production, à la faible productivité, à une sécurité alimentaire précaire, etc. Avec en moyenne 58,5% de terre arable, le Bénin est propice au développement de l’agriculture. Mais une contrainte à la forte expansion de l’agriculture est l’accès difficile à la propriété foncière. Le difficile accès des producteurs aux intrants et aux crédits adaptés est une contrainte importante. A tout ceci, s’ajoutent l’absence quasi totale de mécanisation, l’importance des coûts de transaction et les problèmes de durabilité des systèmes de production (agriculture minière, pas de restitution de la fertilité). 4-1-3-3- Les contraintes de marché Ce sont des contraintes liées à l’accès au marché, tant national qu’international. Les prix au producteur, souvent très bas n’encouragent pas les producteurs à continuer leurs activités. Pour les cultures de rente par exemple, le mauvais fonctionnement du commerce international en est une contrainte. Aussi l’absence d’un éclaireur pour les producteurs, capable de suivre les conditions du marché international et d’apporter l’information nécessaire aux producteurs est un frein au développement du secteur agricole. 4.2. Analyse de l’impact des différents chocs (internationaux, régionaux et nationaux) sur l’agriculture du Bénin Cette section fait d’une part, le point des différents chocs qu’a subit l’économie béninoise et analyse d’autre part, leur impact sur les productions agricoles, les revenus des producteurs agricoles, sur les prix, sur les recettes de l’Etat, etc. 22 4-2-1- Inventaire des chocs Trois catégories de chocs ont touché l’économie béninoise durant ces dernières années. Il s’agit des chocs internationaux, des chocs régionaux et des chocs nationaux. Si les deux premiers chocs à savoir les chocs internationaux et les chocs régionaux sont extérieurs (exogènes) à l’économie béninoise, les chocs nationaux, quant à eux lui sont endogènes. 4-2-1-1- Les chocs internationaux Il s’agit essentiellement de la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des produits primaires notamment les céréales ; de la hausse des cours du pétrole et de l’énergie ; de la baisse du cours du coton ; du phénomène de la grippe aviaire ; et l’appréciation du FCFA par rapport au dollar. S’agissant de la crise alimentaire, les prix des aliments de base ont augmenté rapidement au cours de ces trois dernières années sur le marché mondial. En effet, l’index des prix alimentaire de la FAO a augmenté de 9% en 2006, de 23% en 2007 et de 54% de 2007 à avril 2008. Le prix des céréales a plus que doublé depuis janvier 2006, et plus de 60 % de cette augmentation est intervenue à partir de janvier 2008. Au Bénin, et précisément sur le marché de Dantokpa, selon un Rapport d’évaluation du PAM6 (2008), «le prix du maïs, le principale aliment de base produite et consommée dans le pays, a enregistré une flambée de 220% de 300 US$ à 950 US$ la tonne au cours des douze dernières mois (+197% en termes réels) ». Or, la production annuelle de maïs dans le pays correspond à 80% de la production totale céréalière et sa consommation représente 70% du panier alimentaire de base pour les céréales. Puisque, selon ce même rapport, les marchés du Bénin sont intégrés (la durée de l’intégration n’étend pas étudiée), l’on peut soupçonnes la même tendance des autres marchés du Bénin même si le processus d’intégration est long (Adégbidi et al, 2003). Dans les zones où la production de maïs est déficitaire et où l’accès au marché par les ménages les plus vulnérables est difficile, souvent la population locale consomme du mil, du riz, du niébé ou du sorgho en substitution du maïs dans le panier alimentaire. Ceci a comme conséquence la hausse du prix de ces produits (hausse de 20% pour le riz, 55% pour le niébé, 82% pour le sorgho). 6 Programme Alimentaire Mondial 23 Selon Banque Mondiale (2009), la hausse des prix de l’énergie, associée à la flambée et la volatilité des prix alimentaires à l’échelle planétaire, contribuent à entretenir un taux d’inflation alimentaire élevé dans nombre de pays. En conséquence, jusqu’à 105 millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté, compromettant de fait la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) d’ici à 2015. Au Bénin, les prix des produits pétroliers quant à eux ont augmenté de 50%, le litre de gasoil passant de 415 à 620 FCFA au cours de la période considérée. En ce qui concerne le cours du coton et le taux de change FCFA/Dollar, ils ont connu respectivement une baisse de 35 et 16% entre Juillet 2007 et Juillet 2008. Les crises successives du marché mondial, depuis maintenant une quinzaine d’années, ont, certes, contribué fortement au déficit financier élevé de la filière coton. Cependant, dans le cas du Bénin, plusieurs autres facteurs plus structurels existent et expliquent la crise du coton. L’on peut citer notamment le mode d’organisation et de fonctionnement de la filière, la crise de confiance entre les producteurs et les sociétés cotonnières en liaison avec des erreurs de gestion ou des détournements de leurs fonctions de réserves accumulées. Cette situation de crise a conduit depuis la seconde moitié des années 1980 à un processus de restructuration des filières pour rétablir les équilibres financiers, avec comme corollaire le désengagement de l’Etat et la promotion des organismes professionnels. 4-2-1-2- Les chocs régionaux En Afrique de l'Ouest, l'intégration des marchés est très forte. Ceci a souvent pour conséquence la répercussion dans les pays voisins des fluctuations de prix dues aux chocs de l'offre et de la demande dans un pays donné. Ainsi, toute réduction de la production céréalière du Nigéria, dont l'économie et le secteur agricole sont de loin les plus importants de la région, entraîne en général une envolée des cours céréaliers régionaux, ce qui a des incidences néfastes sur la sécurité alimentaire des pays voisins. Les chocs régionaux sont liés aux mesures protectionnistes des pays voisins notamment le Nigeria et à la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins. 24 S’agissant des mesures protectionnistes prises par le Nigeria, selon BAD/OCDE (2006), l’année 2004 a été caractérisée par un environnement régional et international difficile. Elle fut notamment marquée par le maintien des restrictions commerciales imposées par le Nigeria sur les réexportations en provenance du Bénin. Quant à la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins, FAO (2008) écrit: « Les marchés alimentaires sont fortement intégrés en Afrique de l'Ouest, les prix pratiqués dans plusieurs pays étant déterminés dans une grande mesure par l'évolution de certains marchés régionaux clés. Dans la partie orientale de la sous-région, il existe un fort degré d'intégration entre le Niger, le Bénin et le Nigéria. Les années normales, le Nigéria et le Bénin exportent des céréales à destination des zones déficitaires du Niger voisin. Les années où la production est insuffisante, toutefois, le Bénin et le Nigéria utilisent une part plus importante de leur production intérieure et importent quelquefois des céréales du Niger, ce qui accentue le déficit de ce pays. La parité des prix des produits importés à partir des marchés régionaux est donc un facteur déterminant pour les approvisionnements vivriers de tous les pays. ». Cette situation montre bien qu’il existe un commerce transfrontalier très développé entre le Bénin et ses voisins. 4-2-1-3- Les chocs nationaux Les chocs que subisse localement l’agriculture béninoise peuvent aller du nombre élevé d’intermédiaires dans les marchés jusqu’à la faible disponibilité des intrants agricoles (engrais spécifiques, semences, etc.), en passant par la hausse du coût de transport, la faiblesse de l’investissement (irrigation, mécanisation, etc.), la faiblesse des précipitations et leur mauvaise répartition spatio-temporelle. 4-2-2- Impact des chocs Dans ce paragraphe, est examiné l’impact de trois séries de chocs économiques qui ont touché l’agriculture béninoise: le choc du prix du riz (tableau 1), le choc de mesures protectionnistes prises par le Nigeria (tableau 2) et le choc du cours du coton (tableau 3). 25 4-2-2-1- Impact de la hausse du prix du riz Le tableau 1 présente l’impact de la hausse du prix du riz due à la récente crise alimentaire de 2007-2008 sur quelques agrégats économiques. Tableau 1: Choc du prix du riz (hausse) Nom des variables Impact de la hausse de 20% du prix du riz (en %) Offre du bien composite (Qs) 1,0016 Revenu Total (Y) -0,0450 Epargne Agrégée (S) -0,6770 Consommation (Cn) -0,1000 Prix de ventes (Pt) 0,1002 Epargne Publique (Sg) -0,8114 Taux d'épargne (sy) -0,0390 Source: Résultats des analyses (2009) L’accroissement de 20% du prix du riz entraîne une hausse du prix au consommateur de seulement 0,1%. En effet, la hausse du prix des produits alimentaires importés notamment le riz a amené les consommateurs locaux à délaisser ces produits au profit des céréales produites localement. Cette hausse brutale de la demande des céréales a poussé à la hausse leurs prix. C’est ainsi que le prix du maïs est passé de 125 FCFA à 400 FCFA pour la seule période d’Octobre 2007 à juillet 2008 sur le marché de Dantokpa, soit une augmentation de plus de 200%. Le prix du kg de riz est passé de 345 FCFA en juillet 2007 à 445 FCFA en juillet 2008 soit une augmentation en termes réels de 20%. Celui du niébé est passé de 300 FCFA en juillet 2007 à 500 FCFA en juillet 2008 soit une augmentation en termes réels de 55% en un an. Cette inflation alimentaire a pour conséquence, comme le montre le tableau 1 une baisse de 0,1% de la consommation privée des biens domestiques et importés, composés essentiellement de céréales. Cette baisse du niveau de la consommation se trouve être aussi renforcée par la perte du revenu réel des ménages de 0,045% comme le stipule le tableau 1. Cette situation a comme corollaires la baisse des épargnes publique et agrégée respectivement de 0,81 et 0,67% entraînant du coup la chute du taux d’épargne de près de 0,04%. 26 Cependant, l’on note un accroissement de l’offre de bien composite (bien composé des produits locaux et des produits importés) d’environ 1%. Ceci pourrait s’expliquer par la prise de conscience, tant de l’Etat que des autres acteurs (producteurs, ONGs, etc.) de dynamiser les productions agricoles locales pour ne pas dépendre des importations. Cette volonté des acteurs s’observent par la mise en place de deux programmes: le Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et le Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV). En effet, l’un des principaux objectifs du PUASA (Programme déjà mis en œuvre) est d’assurer la croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules. Cet objectif sera atteint par la distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour les groupements. 4-2-2-2- Impact des mesures protectionnistes du Nigeria Le Bénin, au cours de la période 2003-2005, a été affecté par un choc économique externe majeur: la fermeture de la frontière nigériane au commerce de transit qui a eu des conséquences importantes sur la croissance économique (SCRP, 2007). Cette mesure vise essentiellement les produits non produits par le Bénin et qui sont réexportés vers le Nigeria. Le tableau 2 ci-dessous fait le point de l’impact des mesures protectionnistes prises par le Nigeria sur quelques variables économiques au Bénin. Ces mesures consistent en la réduction des réexportations de quelques produits agricoles en direction du Nigeria. Tableau 2: Choc de mesures protectionnistes d’un pays voisin du Bénin (le Nigeria) en 2004 Nom des variables Impact (%) d’une réduction de 10% des réexportations vers le Nigeria Bien d'exportation (E) -0,0639 Offre du bien domestique (Ds) 0,0120 Offre du bien composite (Qs) 0,0106 Recettes fiscales (Tax) -0,0206 Prix de ventes (Pt) -0,0003 Investissement (Z) 0,0003 Epargne Publique (Sg) -0,0098 Source: Résultats des analyses (2009) 27 L’examen du tableau 2 révèle que les mesures prises par le Nigeria sont globalement positives pour le Bénin contrairement à la pensée populaire qui les considère comme néfastes pour l’économie du Bénin. En effet, suite à cette mesure, l’on note un accroissement de l’offre du bien domestique (0,01%), un accroissement de l’offre du bien composite (0,01%), une volonté d’accroître les investissements dans le secteur agricole pour booster l’offre locale même si ce niveau d’investissement reste faible (0,000330342%), et une tendance à la baisse des prix aux consommateurs. Tout ceci pourrait s’expliquer par la volonté des acteurs de mettre sur le marché nigérian les produits agricoles béninois. Le Nigeria, en effet, refuse simplement les produits en transit par le Bénin, mais est cependant prêt à accepter les produits agricoles produits par le Bénin. Cependant, l’on remarque sur le tableau que cette mesure du Nigeria n’arrange pas l’Etat Béninois. En effet, les recettes fiscales sont en baisse d’environ 0,02% en traînant du coup la baisse de l’épargne publique. Ceci s’expliquerait par la baisse des réexportations en direction vers le Nigeria comme le montre le tableau 2. Ces réexportations généreraient-elles des taxes pour l’Etat Béninois? 4-2-2-3- Impact de la baisse du cours du coton Ce sous paragraphe analyse l’impact de la baisse des cours du coton sur le marché international, baisse amorcée depuis 1998. Tableau 3 : Choc du cours du coton (Baisse) Nom des variables Impact (%) de la baisse du cours du coton de 35% Bien d'exportation (E) -31,6175 Offre du bien domestique (Ds) 5,9401 Offre du bien composite (Qs) 5,2553 Recettes fiscales (Tax) -10,0384 Revenu Total (Y) -0,2600 Epargne Agrégée (S) -4,0083 Investissement (Z) 0,1554 Source: Résultats des analyses (2009) 28 Selon les résultats du tableau 3, une baisse de 35% du cours international du coton aurait pour effet à moyen terme la baisse du revenu des producteurs (près de 0,26%) accompagnée d’une chute d’environ 32% des exportations de ce produit de rente. En effet, le souci de se préserver désormais des risques de la monoculture amène les producteurs à abandonner le coton pour se tourner vers d’autres cultures non échangeables. Cette volonté des producteurs, ajoutée à la politique de diversification de l’Etat, pourrait expliquer en partie l’accroissement des investissements (+0,15%) dans d’autres cultures. Ceci justifierait l’accroissement des offres des biens domestiques et composites respectivement d’environ 6 et 5%. Cependant, les recettes fiscales chutent de près de 10%. Tout ceci montre le poids de la filière coton dans l’économie nationale. Effet, OMC (2004) écrit successivement: «…le secteur primaire assure plus de 33 pour cent du PIB et plus de 95 pour cent des recettes d'exportation, performance principalement due au coton ». « Le déficit chronique de la balance de biens et services s'est détérioré, principalement en raison de la baisse des cours mondiaux du coton, la détérioration des termes d'échanges et l'augmentation des valeurs des importations (produits pétroliers, biens intermédiaires, biens d'équipement, services).». « La filière coton demeure l'activité dominante, représentant à elle seule 13% du PIB, 35% des rentrées fiscales et 77% des exportations totales.». L’importance de la filière coton dans l’économie du Bénin fait que, en dépit des avantages de diversification qu’offre ce choc, l’effet global reste négatif (l’épargne agrégée baisse de 4%). 4- 3- Analyse des réponses de politiques agricoles Cette section présente les mesures de politiques agricoles mises en place par le Bénin pour atténuer l’effet des chocs économiques. 4-3-1- Les instruments de politiques agricoles Parmi la multitude de mesures politiques possibles, l’on a retenu les suivantes : (1) les politiques de prix, (2) les politiques de production et (3) les Accords de Partenariat Economiques qui sont en voie d’être signées avec l’Union Européennes. 29 4-3-1-1- Les politiques de prix Les politiques de prix regroupent la politiques de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à l’importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de stock tampon et des boutiques témoins par l’ONASA. Dans le cadre de la politique de baisse des taxes à l’importation, certains produits ont été ciblés pour bénéficier de cette politique pour trois mois. Ces produits sont le riz blanchi ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes alimentaires, et les produits pétroliers. En Mai 2008, la politique de subventionner à hauteur de 25% du riz brisure est mise en œuvre. La constitution du stock tampon et des boutiques témoins par le gouvernement a consistent pour l’ONASA à stocker à travers l’achat local de maïs après le déclenchement de la flambée des prix. 4-3-1-2- Les politiques de production L’on peut citer les politiques mises en œuvre dans le cadre du PUASA et du PDAVV. S’agissant du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA), il vise les objectifs suivants : - La croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules - L’amélioration des techniques de conservation et de transformation - La constitution d’un stock de sécurité pour 12 mois de 80000 tonnes de riz blanchi et 150000 tonnes de maïs. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs activités doivent être mises en œuvre dont notamment : - Distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour les groupements - - Système des crédits avec caution solidaire - - Mise en place des motopompes Quant au Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV), il devrait permettre d’apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les 30 vallées du Niger et de l’Ouémé à travers deux différentes composantes : l’aménagement hydroagricole des vallées et l’apport des mesures d’accompagnement. 4-3-1-3- Les Accords de Partenariat Economique APE Les APE sont des accords de libéralisation du commerce entre l’Union Européenne et les pays ACP. Conformément aux articles 36 et 37 de l’accord de Cotonou, l’objectif principal des APE est de mettre en place des zones de libre-échange et d’éliminer progressivement les entraves tarifaires et non tarifaires pour la quasi-totalité des échanges entre les parties. Outre la place importante accordée à ce volet commercial, les APE encouragent le renforcement de la coopération dans tous les domaines en rapport avec le commerce, ainsi que les initiatives en matière d’intégration régionale, et ce conformément aux dispositions et règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). L’une des caractéristiques de ces accords est la réciprocité. Désormais, Les produits européens pourront accéder librement (en franchise de droits de douane) au marché des ACP. Le Bénin, en effet, envisage de signer ces accords même si une décision dans ce sens n’est pas encore prise. 4-3-2- Analyse de l’impact de quelques politiques agricoles Certaines politiques ont été mises en œuvre par l’Etat en vue de juguler les effets négatifs de ces chocs économiques. D’autres sont en voie de l’être. Ce paragraphe présente l’impact de quelques politiques de prix. Il s’agit respectivement de la politique de baisse de 10% des taxes sur les importations ; de la politique de subvention du prix du coton ; de la politique de subvention à hauteur de 25% du riz ; et des Accords de Partenariat Economiques. 4-3-2-1- Baisse des taxes sur les importations Les résultats des effets de la baisse de 10% des taxes sur les importations sont consignés dans le tableau 4 ci-dessous. Comme signalé plus haut, il s’agit des produits comme 31 le riz blanchi ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes alimentaires, et les produits pétroliers. Tableau 4: Impact (%) de la politique de baisse des taxes sur les importations Nom des variables Baisse de 10% des taxes à l’importation Bien d'importation (M) 0,3949 Offre du bien composite (Qs) -0,0455 Recettes fiscales (Tax) -0,2749 Epargne Agrégée (S) -0,0034 Investissement (Z) -0,0014 Epargne Publique (Sg) -0,0020 Source: Résultats des analyses (2009) L’examen du tableau 4 suggère qu’une telle mesure entraînerait une hausse des importations de près de 0,39%, une baisse de l’offre du bien composite consécutive à une tendance à la chute des investissements agricoles. Par ailleurs les recettes fiscales baissent de 0,27%. Seul le consommateur local y trouve son compte parce que ayant en face un grand nombre de produits variés et moins chers. Même si cette baisse de la taxation profite aux consommateurs, il se pose un certain nombre de questions fondamentales : la politique de libéralisation est-elle avantageuse pour les pays en voie de développement comme le Bénin? Quel est l’effet net d’une telle mesure sur le bien être de la communauté? La théorie en effet, énonce qu’en termes d’économie du bien être, le gain que tirent les consommateurs est supérieur à la somme des pertes que subissent les producteurs et l’Etat. Des essais de réponses sont donnés à toutes ces questions dans le sous paragraphe 4-3-2-4 sur l’impact des Accords de Partenariat Economique. 4-3-2-2- Subvention du prix du coton Cette partie traite de l’impact d’une mesure de politique : la subvention de 43 FCFA/Kg du prix du coton. 32 Tableau 5 : Impact (%) de la politique de subvention du prix du coton Nom des variables Subventions prix du coton de 43 FCFA/Kg Céréales -19,4148 Recettes fiscales (Tax) -5,1382 Epargne Agrégée (S) 0,0011 Epargne Publique (Sg) -0,0389 Source: Résultats des analyses (2009) L’on s’aperçoit sur le tableau 5 que l’offre de bien composite notamment les céréales baisse de 19%, les recettes de l’Etat chutent de 5%. Même si l’épargne publique s’amenuise, l’on note une tendance à la hausse de l’épargne agrégée. La baisse de l’offre des céréales soulève une fois de plus le problème de compétition entre filières agricoles. En effet, puisque les facteurs de production sont limités, le producteur est obligé de consacrer toutes ses ressources (main d’œuvre, terre, etc.) à la production du coton dont les prix sont subventionnés. Ce faisant, les autres cultures agricoles sont délaissées. 4-3-2-3- Subvention du riz Depuis Mai 2008, le riz brisure est subventionné à hauteur de 25%. C’est une décision qui s’applique à tous le pays et dont les effets sont présentés dans le tableau 6 ci-après. Tableau 6 : Impact (%) de la politique de subvention du riz Nom des variables Subvention du riz 25% brisure Importations Riz -2,2727 Offre du bien composite (Qs) 0,1138 Recettes fiscales (Tax) -0,6916 Epargne Agrégée (S) 0,0087 Consommation (Cn) 0,0035 Prix de ventes (Pt) -0,0035 Investissement (Z) 0,0035 Impôts indirects (ts) -0,1136 Source: Résultats des analyses (2009) 33 A l’analyse de ce tableau 6, l’on remarque qu’à la suite de cette politique, les importations ont amorcé une tendance à la baisse (2%) au moment où l’offre de bien composite augmente (+0,11%). Tout ceci va à l’avantage des consommateurs qui peuvent augmenter leur demande de riz du fait de l’accroissement de l’offre et de la baisse des prix de vente. Cependant, les revenus de l’Etat baissent. 4-3-2-4- Les Accords de Partenariat Economique (APE) Les APE ne sont pas encore signés par le Bénin. Les négociations devraient se faire dans un cadre concerté avec les pays de la sous région. C’est ainsi que, selon un rapport du Ministère des Finances (2004), la région Afrique de l’Ouest comprenant les pays membres de la CEDEAO ont lancé depuis le 6 Octobre 2003 les négociations régionales en vue de la signature de cet accord. Le tableau 7 présente les effets de ces accords sur quelques agrégats économiques au Bénin. Tableau 7 : Impact (%) des Accords de Partenariat Economique Nom des variables Impact des APE Bien d'importation (M) 6,9812 Offre du bien composite (Qs) -0,8048 Recettes fiscales (Tax) -31,0009 Epargne Agrégée (S) -0,0559 Consommation (Cn) 0,0252 Prix de ventes (Pt) -0,0252 Investissement (Z) -0,0252 Epargne Publique (Sg) -0,2349 taxes sur les importations (tm) -63,8223 Droits d'exportation (te) -99,3605 Impôts indirects (ts) Epargne Extérieure (B) 0,8113 -100,0000 Source: Résultats des analyses (2009) A l’examen de ce tableau 7, l’on analysera l’impact des Accords de Partenariat Economique sur trois catégories d’acteurs : les producteurs, les consommateurs et l’Etat. 34 Au niveau des producteurs La mise en œuvre des APE contribuerait à accroître les importations en provenance de l’Union Européenne (hausse d’environ 7%). La conséquence est que d’une part, l’offre locale de biens composite chute de près de 1% et d’autre part, les prix de vente et donc les prix au consommateur baissent de 0,025%. Au regard de ces effets sur le producteur béninois, l’on pourra dire que les APE, en favorisant la hausse des importations et la concurrence des produits locaux par les produits européens, ne favorisent pas le développement des productions agricoles au Bénin. En effet, les producteurs au Bénin ne sont pas encore outillés pour se livrer à une telle concurrence puisque les facteurs de production sont rudimentaires, la condition de respect des normes et de la qualité est loin d’être satisfaite, etc. Au niveau des consommateurs Deux indicateurs sont à prendre en compte : la consommation et les prix au consommateur. De l’analyse du tableau 7, il ressort que la consommation s’accroître de près de 0,025%. Tout ceci s’explique par la hausse des offres de produits et la baisse des prix de vente au consommateur (0,025%). La conclusion est que le consommateur s’en tirerait mieux des APE. Au niveau de l’Etat Les revenus de l’Etat proviennent essentiellement des recettes fiscales. Le constat qui se dégage du tableau est que les recettes baissent de 31%. Cette situation est due à la baisse des taxes sur les importations et des taxes d’exportations respectivement de 64 et 99% même si les impôts indirects augmentent sensiblement. Au niveau de l’économie béninoise L’épargne agrégée baisserait de 0,06% et l’épargne extérieur de 100%. Le résultat en est la chute des investissements comme le montre bien le tableau. 35 4-4- Efficacité des mesures de politiques agricoles Les résultats des tableaux 4 à 7 aident déjà à juger de l’effet net des politiques mises en œuvre par l’Etat. Néanmoins, cette section fait le point quant à l’efficacité de deux mesures de politiques agricoles au lendemain des différents chocs économiques qu’a subi l’agriculture béninoise. Il s’agit des subventions du riz (tableau 8) et du coton (tableau 9). 4-4-1- Efficacité de la subvention du riz L’efficacité de la politique de subvention du riz est présentée dans la dernière colonne du tableau 8 par la mesure de l’effet net de cette politique. Ceci consiste à faire la différence entre les effets du choc (choc hausse des prix du riz) et ceux de la mesure de politiques (subvention du riz). Tableau 8 : Efficacité de la politique de subvention du riz Nom des variables 1,0015 Subvention du riz 25% brisure 0,1138 Effet net (colonne 3-colonne 2) -0,8877 -0,6770 0,0087 0,6857 -0,1000 0,0035 0,1036 0,1002 -0,0035 -0,1037 Impact de la hausse de 20% du prix du riz (en %) Offre du bien composite (Qs) Epargne Agrégée (S) Consommation (Cn) Prix de ventes (Pt) Source: Résultats des analyses (2009) Les résultats montrent que le seul acteur qui bénéficierait réellement de cette mesure est le consommateur. En effet, sa consommation aurait augmenté de 0,10% et les prix de vente diminueraient de 0,10%. Cependant, les producteurs ont vu l’offre de leur produit baissé de 0,89%. L’on conclut donc pour dire que cette mesure est efficace si les objectifs de départ étaient d’améliorer les conditions de vie des consommateurs. Mais si la mesure visait les producteurs, l’objectifs n’est pas atteint, au contraire. Donc, l’on pourra dire, du point de vue du consommateur, que la politique de subvention du riz a atténué l’effet du choc sur le 36 consommateur. Puisque cette mesure est juste prise pour six (6) mois, l’on se demande ce que deviendraient les consommateurs si la crise (le choc) perdurait. 4-4-2- Efficacité de la subvention du prix du coton En ce qui concerne la subvention du prix du coton, son efficacité nette est examinée dans le tableau 9 ci-après. La méthode de calcul est la même que précédemment. Tableau 9 : Efficacité de la politique de subvention du prix du coton Nom des variables Bien d'exportation (E) Offre du bien domestique (Ds) Recettes fiscales (Tax) Revenu Total (Y) Epargne Agrégée (S) Investissement (Z) Impact (%) de la baisse du cours du coton de 35% -31,6175 Subventions prix du coton de 43 FCFA/Kg - Effet net (colonne 3-colonne 2) - 5,2553 -19,4148 -24,6701 -10,0384 -5,1382 4,9002 -0,2600 -4,0082 0,0011 4,0093 0,1554 - - Source: Résultats des analyses (2009) La mise en œuvre de la politique au coton améliorerait les recettes de l’Etat d’environ 5%. Ce résultat serait du à l’amélioration de l’offre des exportations du coton qui lui-même serait la conséquence d’un délaissement des productions locales par les producteurs. En effet, l’offre de biens domestiques est en baisse de près de 25%. L’on pourra retenir que la subvention du prix du coton profite au producteur de ce bien et à l’Etat. Cependant, les consommateurs pourraient arriver à manquer les produits locaux (céréales notamment) du fait de la baisse de leur offre sur le marché. Il en résulterait la hausse des prix de ces denrées puisque la demande étant inférieure à l’offre. Donc, du point de vue du producteur et de l’Etat, la subvention du coton est efficace. Cependant, elle ne l’est pas lorsque l’on considère le consommateur. En définitive, l’efficacité de cette politique dépend des objectifs fixés au départ. 37 CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES Eléments de conclusion Dans le présent travail, sont exposés successivement l’analyse des chocs économiques qui ont touché l’économie béninoise en général et le secteur agricole en particulier dans la deuxième moitié des années 2000 et les différentes politiques élaborées par l’Etat comme réponses à ces chocs. S’agissant des chocs économiques, ils sont catégorisés en trois (03): les chocs internationaux, les chocs régionaux et les chocs nationaux ou locaux. Les chocs économiques internationaux sont des modifications ou changements intervenus dans l’environnement mondial et qui ont un impact sur l’économie nationale. Au nombre de ceux-ci, l’on a distingué la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des produits primaires notamment les céréales ; de la hausse des cours du pétrole et de l’énergie ; de la baisse du cours du coton ; du phénomène de la grippe aviaire ; et de l’appréciation du FCFA par rapport au dollar. Les chocs régionaux sont principalement les mesures protectionnistes des pays voisins notamment le Nigeria et la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins. Les chocs nationaux vont du nombre élevé d’intermédiaires dans les marchés à la faible disponibilité des intrants agricoles (engrais spécifiques, semences, etc.), en passant par la hausse du coût de transport, la faiblesse de l’investissement (irrigation, mécanisation, etc.), la faiblesse des précipitations et leur mauvaise répartition spatio-temporelle. L’analyse de quelques uns de ces chocs a permis de comprendre leurs effets sur certaines variables économiques. Par exemple, la crise alimentaire ayant entraîné la hausse du prix du riz de 20% a, entre autres effets, la hausse des prix aux consommateurs, la baisse de la consommation privée des biens domestiques et importés, composés essentiellement de céréales, la perte du revenu réel des ménages, la baisse des épargnes publique et agrégée et l’accroissement de l’offre de bien composite à moyen terme. Aussi, les mesures protectionnistes du Nigeria ont eu comme effets l’accroissement de l’offre du bien domestique, la baisse des prix aux consommateurs, la baisse des recettes fiscales et la chute de l’épargne publique. Par ailleurs, la baisse des cours internationaux du coton a comme conséquences la baisse du revenu des producteurs, l’accroissement des investissements, l’accroissement des offres des biens domestiques et composites, la chute des recettes fiscales. 38 Quant aux politiques mises en œuvre comme réponses ou en voie de l’être, elles regroupent les politiques de prix, les politiques de production et les accords internationaux notamment les accords de partenariat économique APE. Les politiques de prix regroupent la politiques de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à l’importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de stock tampon et des boutiques témoins par l’ONASA. Les politiques de production sont celles préconisées dans le cadre du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et du Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV). Les APE sont des accords de libre échange que le Bénin envisage de signer en compagnie des autres pays des ACP avec l’Union Européenne. L’impact des quelques unes de ces mesures de politiques est présentée. Il s’agit de l’impact de la baisse des taxes sur les importations, de l’impact des subventions au coton, de l’impact des subventions du riz, et l’impact des APE. En effet, les taxes sur les importations contribuent à la hausse des importations, à la baisse de l’offre du bien composite, à la chute des investissements agricoles et à l’amenuisement des recettes fiscales. La subvention au coton a pour conséquences la baisse de l’offre de bien composite notamment des céréales, la chute des recettes de l’Etat et la hausse de l’épargne agrégée. La subvention du riz fait baisser les importations, augmente l’offre de bien composite et faire chuter les revenus de l’Etat. Les APE, en améliorant la situation des consommateurs, ne favorisent pas les producteurs et l’Etat. L’analyse de l’efficacité des différentes politiques doit tenir compte des objectifs de départ visés par l’Etat. Si par exemple, lors de la mise en œuvre de la subvention du coton, l’objectif visé était d’augmenter les recettes de l’Etat et d’améliorer les revenus des producteurs du coton et de les encourager à continuer l’activité de production du coton, l’on retiendra que cette politique est efficace, du moins à cout terme. En effet, la mise en œuvre de la politique au coton améliorerait les recettes de l’Etat et augmenterait l’offre des exportations du coton. Cependant, si cette politique visait les consommateurs de céréales, elle ne serait pas efficace. En effet, elle entraînerait un délaissement des productions locales par les producteurs (baisse de l’offre de biens domestiques). La même analyse est valable pour l’analyse de la politique de subvention du riz. 39 Perspectives Plusieurs ambitions sont nourries pour le secteur agricole en vue de lui permettre de s’intégrer dans l’économie nationale et d’être réellement un moteur de croissance. Dans le SCRP (2007), des options de modernisation de l’agriculture et de sa diversification sont annoncées. Dans le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole, les défis majeurs pour l’agriculture béninoise à l’horizon 2015 sont de trois ordres: - Nourrir la population béninoise : le secteur agricole doit assurer la couverture des besoins alimentaires et nutritionnels sans cesse croissants des populations (13 millions d’habitants d’ici 10 ans); - Assurer l’accroissement des revenus des producteurs agricoles : pour la satisfaction des besoins non alimentaires (soins de santé, éducation et autres), et l’amélioration des conditions d’emploi et d’existence en milieu rural; - Jouer le rôle de vecteur de croissance économique pour atteindre un niveau satisfaisant en matière de contribution du secteur agricole à l’économie nationale. En vue de réaliser ces défis, des orientations stratégiques sont mises en œuvre. La vision étant de faire du Bénin, une puissance agricole dynamique à l’horizon 2015, compétitive, respectueuse de l’environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de développement économique et social de la population. L’objectif global est d’améliorer les performances de l’agriculture béninoise pour la rendre capable d’assurer de façon durable la souveraineté alimentaire de la population et de contribuer au développement économique et social du Bénin, à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et à la réduction de la pauvreté. La relance du secteur agricole, dont la vision et les objectifs sont formulés plus haut encouragera : 40 - le développement des filières porteuses dans les domaines des productions végétales (ananas, anacarde, coton, maïs, manioc, cultures maraîchères, riz, palmier à huile), animale (volaille, aulacode, lait, œuf) et halieutique (crevette, poisson) ; - le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à travers un accroissement de la compétitivité des produits vivriers de grande consommation, pour conserver un niveau de prix des produits alimentaires convenable pour les consommateurs, tout en réduisant la facture alimentaire ; - la conquête des marchés, la transparence des transactions et le respect des normes et de la traçabilité des produits, sur la base d’informations commerciales bien partagées. En s’inspirant de toutes ces ambitions, le présent travail simule deux types d’objectifs à savoir : réduire de moitié les importations en augmentant l’offre du bien domestique et doubler les exportations. Les résultats de ces simulations sont présentés dans les annexes B et C. Ces simulations permettent de répondre à la question : De combien de pourcentage doivent augmenter certaines variables en vue de réduire les importations et de doubler l’offre d’exportations agricoles au Bénin ? L’analyse des résultats de ces simulations montre que pour atteindre ces deux objectifs su-cités, il faut un grand effort, tant de l’Etat que des producteurs et des autres acteurs des filières agricoles au Bénin. 41 BIBLIOGRAPHIE Adégbidi, A.; Dedehouanou, H.; Kpenavoun, S.; Lutz, C. (2003). Dix ans de libéralisation du marché de mais au Bénin. December 2003 cds research report no. 20 issn 1385-9218. Alston, J.M. and R. 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De Boeck Université. 45 ANNEXE Annexe A: Evolution des croissances sectorielles de 2006-2009 2002-2004 2005 2006 2007 2008 2009 Secteur Primaire 3,7 -0,8 7,1 7,4 7,4 7,8 Secteur secondaire 3,2 5,4 -1,3 6,6 7,4 7,4 Secteur Tertiaire 3,6 6 1,5 4,6 6,3 7,6 Services non Marchands 4,2 4 4,1 5 6 6 PIB 3,8 2,9 3,6 6 6,8 7,5 Source: Données du MDEF (2006) Annexe B: Politiques pour réduire les importations de moitié Nom des variables Réduire de moitié les importations Revenu Total (Y) 0,5290 Epargne Agrégée (S) 8,4219 Consommation (Cn) 1,4806 Prix de ventes (Pt) -1,4590 Investissement (Z) 1,4806 Epargne Publique (Sg) 9,5773 Impôts indirects (ts) -46,9416 Impôts directs (ty) -0,5262 Consommation Publique (G) 1,4806 Production (X) 0,5290 Source: Résultats des simulations (2009) 46 Annexe C: Politiques (%) en vue de doubler les exportations Nom des variables Doubler les exportations agricoles Coton 23,1070 Anacarde 235,0176 Graines de Karité 885,0713 Crevettes congelées 5076,5533 Huile de Palme (toutes catégories) 2463,1751 Ananas 21099,3840 Autres Exportations 5,7110 Offre du bien domestique (Ds) -18,7874 Offre du bien composite (Qs) -15,9631 Recettes fiscales (Tax) 36,7945 Revenu Total (Y) 0,7902 Epargne Agrégée (S) 5,9181 Consommation (Cn) 4,8703 Prix de ventes (Pt) 0,8016 Investissement (Z) 4,8703 Epargne Publique (Sg) 7,9864 Droits d'exportation (te) 11,6025 Impôts indirects (ts) 25,7913 Impôts directs (ty) 4,8822 Taux d'épargne (sy) -4,2264 Consommation Publique (G) 4,8703 Transferts Publics (tr) -100,0000 Dons extérieurs (ft) 5,7110 Transferts nets privés (re) 72,1514 Epargne Extérieure (B) Production (X) -100,0000 0,7902 Source: Résultats des simulations (2009) 47