ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES AGRICOLES AU BENIN

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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI
(BENIN)
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME
CYCLE INTERUNIVERSITAIRE (NPTCI)
*******
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG)
********
DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES
********
ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES
AGRICOLES AU BENIN: APPLICATION DU
«MODELE 123»
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA)
Spécialité : Macroéconomie Appliquée
Option : Economie Internationale
Réalisé et soutenu par :
OLOUKOI Laurent
Maître de mémoire :
Prof.
© Mars 2009
0
CERTIFICATION
Je certifie que le présent travail a été réalisé par l’étudiant OLOUKOI Laurent sous
ma direction à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) dans la spécialité
Macroéconomie Appliquée et dans l’option Economie Internationale.
Le maître de mémoire
Professeur
i
La faculté n’entend donner aucune approbation ni improbation à ce
mémoire. Les opinions qui y sont émises sont de la responsabilité du seul
auteur.
ii
DEDICACES
A mes parents et
à toi Caroline.
iii
REMERCIEMENTS
Le présent travail est rendu possible grâce aux concours de plusieurs personnes. Nos
remerciements vont particulièrement au
- Professeur Fulbert AMOUSSOUGA GERO, pour ses multiples enseignements, tant
scientifiques que moraux et éthiques et pour nous avoir mis dans de meilleures conditions au
cours de notre formation.
- Professeur agrégé Magloire LANHA, pour la formation qu’il nous a donnée, pour avoir
accepté de lire et corriger notre projet de recherche et pour m’avoir donné l’opportunité
d’appliquer le modèle 123 dans ce travail.
- Docteur Charlemagne YGUE, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de
recherche.
- Docteur Yves SOGLO, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de recherche.
- Docteur Dénis ACCLASSATO, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de
recherche.
- Docteur Augustin F. CHABOSSOU, pour avoir accepté de lire et de corriger notre projet de
recherche.
- Tous les enseignants du NPTCI et de la FASEG qui ont contribué à notre formation dont
nous présentons l’un des fruits.
- Monsieur Patrice Y. ADEGBOLA (MSc), pour m’avoir donné le goût à la recherche.
- A tous mes frères et sœurs, pour leurs multiples soutiens.
iv
RESUME
Le présent travail utilise un modèle simple d’équilibre général calculable appelé
Modèle 123 pour quantifier d’une part, les effets de différents chocs économiques récents
(crise alimentaires, baisse cours du coton), et d’autre part, l’impact de différentes politiques
agricoles adoptées comme réponses sur le bien-être des producteurs agricoles, des
consommateurs et de l’Etat au Bénin. Les données utilisées sont issues des comptes nationaux
de 2007. Il ressort des résultats que :
-
Premièrement, trois séries de chocs ont frappé l’agriculture béninoise : les chocs
internationaux qui regroupent la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des
produits primaires notamment les céréales ; la hausse des cours du pétrole et de
l’énergie ; la baisse des cours du coton ; le phénomène de la grippe aviaire ; et
l’appréciation du FCFA par rapport au dollar ; les chocs régionaux qui sont
principalement les mesures protectionnistes des pays voisins notamment le Nigeria et
la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins ; et les
chocs nationaux notamment le nombre élevé d’intermédiaires dans les marchés, la
faible disponibilité des intrants agricoles (engrais spécifiques, semences, etc.), la
hausse du coût de transport, la faiblesse de l’investissement (irrigation, mécanisation,
etc.), la faiblesse des précipitations et leur mauvaise répartition spatio-temporelle.
-
Deuxièmement, la crise alimentaire ayant entraîné la hausse du prix du riz de 20% a,
entre autres effets, entraîné la hausse des prix aux consommateurs, la baisse de la
consommation privée des biens domestiques et importés, composés essentiellement de
céréales, la perte du revenu réel des ménages, la baisse des épargnes publique et
agrégée et l’accroissement de l’offre de bien composite à moyen terme. Les mesures
protectionnistes du Nigeria ont eu comme effets l’accroissement de l’offre du bien
domestique, la baisse des prix aux consommateurs, la baisse des recettes fiscales et la
chute de l’épargne publique. La baisse des cours internationaux du coton a comme
conséquences
la
baisse
du
revenu
des
producteurs,
l’accroissement
des
investissements, l’accroissement des offres des biens domestiques et composites, la
chute des recettes fiscales.
-
Troisièmement, les politiques mises en œuvre comme réponses à ces chocs regroupent
les politiques de prix, les politiques de production et les accords internationaux
v
notamment les accords de partenariat économique APE1. Les politiques de prix
regroupent la politique de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse
des taxes à l’importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de
stock tampon et des boutiques témoins par l’ONASA. Les politiques de production
sont celles préconisées dans le cadre du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité
Alimentaire (PUASA) et du Programme de Diversification Agricole par la
Valorisation des Vallées (PDAVV). Les APE sont des accords de libre échange que le
Bénin envisage de signer en compagnie des autres pays des ACP avec l’Union
Européenne.
-
Quatrièmement, les taxes sur les importations contribuent à la hausse des importations,
à la baisse de l’offre du bien composite, à la chute des investissements agricoles et à
l’amenuisement des recettes fiscales. La subvention au coton a pour conséquences la
baisse de l’offre de bien composite notamment des céréales, la chute des recettes de
l’Etat et la hausse de l’épargne agrégée. La subvention du riz fait baisser les
importations, augmente l’offre de bien composite et faire chuter les revenus de l’Etat.
Les APE, en améliorant la situation des consommateurs, ne favorisent pas les
producteurs et l’Etat.
-
Cinquièmement, l’analyse de l’efficacité des différentes politiques doit tenir compte
des objectifs de départ visés par l’Etat. Si par exemple, lors de la mise en œuvre de la
subvention du coton, l’objectif visé était d’augmenter les recettes de l’Etat et
d’améliorer les revenus des producteurs du coton et de les encourager à continuer
l’activité de production du coton, l’on retiendra que cette politique est efficace, du
moins à cout terme. En effet, la mise en œuvre de la politique au coton améliorerait les
recettes de l’Etat et augmenterait l’offre des exportations du coton. Cependant, si cette
politique visait les consommateurs de céréales, elle ne serait pas efficace. En effet, elle
entraînerait un délaissement des productions locales par les producteurs (baisse de
l’offre de biens domestiques). La même analyse est valable pour l’analyse de la
politique de subvention du riz.
Mots clés : modèle 123, politiques agricoles, chocs économiques, biens domestiques, bien composite
1
Les accords de partenariat économique ne sont pas encore signés par le Bénin. Les négociations en vue de la
signature continuent
vi
ABSTRACT
The present work uses a simple model of balance general calculable called « 123
Model » to quantify on the one hand, the effects of recent economic shocks (food crisis,
decrease course of cotton), and on the other hand, the impact of agricultural policies adopted
as answers on the surplus of the agricultural producers, the consumers and the government in
Benin. The data used come of the national accounts of 2007. The results show that:
-
First, three types of shocks hit the Beninese agriculture: the international shocks that
regroup the food crisis having led the increase in prices of the primary products
notably the cereals; the rise of the courses of oil and the energy; the decrease of the
cotton courses; and the appreciation of the FCFA in relation to the dollar; the regional
shocks that are mainly the protectionist measures of the neighboring countries notably
Nigeria and the rise of the exports of products vivriers in direction of the neighboring
countries; and the national shocks notably the number raised of mediators in the
markets, the weak availability of the agricultural inputs (specific manures, seeds, etc.),
the rise of the transportation cost, the weakness of the investment (irrigation,
mechanization, etc.), the weakness of the precipitations and their bad spatio-temporal
distribution.
-
Second, the food crisis having entailed the rise of the price of the rice of 20% has,
among others effects, driven the increase in prices to the consumers, the decrease of
the consumption deprived of the domestic goods and imported, composed essentially
of cereals, the loss of the real income of the households, the decrease of the saving
public and aggregated and the growth of the offer of very composite medium-term.
The protectionist measures of Nigeria had like effects the growth of the offer of the
very domestic, the decrease of the prices to the consumers, the decrease of the fiscal
returns and the fall of the public saving. The decrease of the international courses of
cotton has like consequences the decrease of the income of the producers, the growth
of the investments, the growth of the offers of the domestic and composite goods, the
fall of the fiscal returns.
-
Third, the policies put in work like answers to these shocks regroup the policies of
price, the policies of production and the international agreements notably the
agreements of partnership economic APE. The policies of price regroup the politics of
vii
subsidy to the producers of cotton; the politics of decrease of the taxes to the import;
the politics of subsidy of the rice break; the constitution of stock tampon and
boutiques witnesses by the ONASA. The policies of production are those
recommended in the setting of the Program of support emergency to the Food Security
(PUASA) and of the Agricultural Diversification Program by the Valorization of the
Valleys (PDAVV). The APE are agreements of free exchange that Benin considers
signing in company of the other countries of the ACP with the union European.
-
Fourth, the taxes on the imports contribute to the rise of the imports, to the decrease of
the offer of the very composite, to the fall of the agricultural investments and to the
amenuisement of the fiscal returns. The subsidy to cotton has notably for
consequences the decrease of the offer of very composite of the cereals, the fall of the
returns of the state and the rise of the saving aggregated. The subsidy of rice has the
imports lowered, increase the offer of very composite and make fall the incomes of the
state. The APE, while improving the situation of the consumers, don't encourage the
producers and the state.
-
Fifth, the analysis of the efficiency of the different policies must take account of the
departure objectives aimed by the state. So for example, at the time of the setting in
work of the cotton subsidy, the aimed objective was to increase the returns of the state
and to improve the incomes of the cotton producers and to encourage them to continue
the activity of cotton production, one will keep that this politics is efficient, of the less
to cost term. Indeed, the setting in work of the politics to cotton would improve the
returns of the state and would increase the offer of the cotton exports. However, if this
politics aimed the consumers of cereals, it would not be efficient. Indeed, she/it would
drag a desertion of the local productions by the producers (decrease of the offer of
domestic goods). The same analysis is valid for the analysis of the politics of rice
subsidy.
Key words: 123 model, agricultural policies, economic shocks, domestic goods, composite good.
viii
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP : Afrique Caraïbes Pacifique
APE : Accords de Partenariat Economique
CARDER : Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
DPDR : Déclaration de Politique de Développement Rural
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation
LDPDR : Lettre de Politique de Développement Rural
MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche
OCAD : Office de Commercialisation Agricole du Dahomey
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONASA : Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire
ONC : Office Nationale des Céréales
OPA : Organisation de Producteurs Agricoles
OSD : Orientations Stratégiques de Développement
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PDAVV : Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées
PRSA : Projet de Restructuration des Services Agricoles
PSO : Plan Stratégique Opérationnel
PUASA : Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire
PVD : Pays en Voie de Développement
SADEVO : Société d’Aménagement de la Vallée de l’Ouémé
SCRP : Stratégie de Croissance et de la Réduction de la Pauvreté
SDDR : Schéma Directeur du Développement Rural
SOCAD : Société de Commercialisation et de crédit Agricole du Dahomey
SONAPRA : Société Nationale pour la Promotion des Produits Agricoles
TEC : Tarif Extérieur Commun
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
ix
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1: CHOC DU PRIX DU RIZ (HAUSSE) .................................................................................................................... 26
TABLEAU 2: CHOC DE MESURES PROTECTIONNISTES D’UN PAYS VOISIN DU BENIN (LE NIGERIA) EN 2004 .................................... 27
TABLEAU 3 : CHOC DU COURS DU COTON (BAISSE) ........................................................................................................... 28
TABLEAU 4: IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE BAISSE DES TAXES SUR LES IMPORTATIONS .......................................................... 32
TABLEAU 5 : IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU PRIX DU COTON ..................................................................... 33
TABLEAU 6 : IMPACT (%) DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU RIZ ...................................................................................... 33
TABLEAU 7 : IMPACT (%) DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE .............................................................................. 34
TABLEAU 8 : EFFICACITE DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU RIZ ........................................................................................ 36
TABLEAU 9 : EFFICACITE DE LA POLITIQUE DE SUBVENTION DU PRIX DU COTON ....................................................................... 37
LISTE DES FIGURES
FIGURE 1 : COURBES D’EVOLUTION DES CROISSANCES SECTORIELLES DE 2006-2009 .............................................................. 17
x
TABLE DES MATIERES
CERTIFICATION ........................................................................................................................................... I
DEDICACES ................................................................................................................................................. III
REMERCIEMENTS ..................................................................................................................................... IV
RESUME ........................................................................................................................................................ V
ABSTRACT .................................................................................................................................................. VII
SIGLES ET ABREVIATIONS ...................................................................................................................... IX
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................................... X
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................................... X
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................. XI
CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................... 1
1.1. CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE ........................................................................................... 1
1.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE ................................................................................................................................. 5
1.3. HYPOTHESES DE RECHERCHE ........................................................................................................................ 5
CHAPITRE 2 : CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................. 6
2.1. POLITIQUE AGRICOLE ................................................................................................................................... 6
2.2. CHOCS ECONOMIQUES .................................................................................................................................. 7
2.3. BIENS ECHANGEABLES, BIENS NON ECHANGEABLES, BIEN COMPOSITE ......................................................... 8
2.4. REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE SUR LE MODELE 123 ................................................................................ 9
CHAPITRE 3: METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE ............................................................. 12
3.1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU MODELE ........................................................................................................ 12
3.2. DESCRIPTION DU MODELE ........................................................................................................................... 12
3.3. DONNEES NECESSAIRES .............................................................................................................................. 14
3.4. RESOLUTION DU MODELE ........................................................................................................................... 15
CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSIONS ....................................................................................... 16
4.1. APERÇU SUR L’AGRICULTURE BENINOISE ................................................................................................... 16
4-1-1- La place de l’agriculture dans l’économie béninoise.......................................................................... 16
4-1-1-1- Contribution à la croissance économique .................................................................................................... 16
4-1-1-2- Contribution à la balance commerciale ....................................................................................................... 17
4-1-1-2- Les filières agricoles ..................................................................................................................................... 18
4-1-2- Etat des lieux sur la politique agricole au Bénin ................................................................................ 19
4-1-2-1- La politique agricole des indépendances ..................................................................................................... 19
4-1-2-2- La politique agricole de la période révolutionnaire ..................................................................................... 20
4-1-2-3- La politique agricole des années 1990 ......................................................................................................... 20
4-1-3- les contraintes au développement de l’agriculture au Bénin ............................................................. 21
4-1-3-1- Les contraintes organisationnelles et institutionnelles ................................................................................ 21
4-1-3-2- Les contraintes techniques .......................................................................................................................... 22
4-1-3-3- Les contraintes de marché ........................................................................................................................... 22
xi
4.2. ANALYSE DE L’IMPACT DES DIFFERENTS CHOCS (INTERNATIONAUX, REGIONAUX ET NATIONAUX) SUR
L’AGRICULTURE DU BENIN ................................................................................................................................ 22
4-2-1- Inventaire des chocs .......................................................................................................................... 23
4-2-1-1- Les chocs internationaux .............................................................................................................................. 23
4-2-1-2- Les chocs régionaux ..................................................................................................................................... 24
4-2-1-3- Les chocs nationaux ..................................................................................................................................... 25
4-2-2- Impact des chocs ............................................................................................................................... 25
4-2-2-1- Impact de la hausse du prix du riz ................................................................................................................ 26
4-2-2-2- Impact des mesures protectionnistes du Nigeria ......................................................................................... 27
4-2-2-3- Impact de la baisse du cours du coton.......................................................................................................... 28
4- 3- ANALYSE DES REPONSES DE POLITIQUES AGRICOLES ................................................................................ 29
4-3-1- Les instruments de politiques agricoles............................................................................................. 29
4-3-1-1- Les politiques de prix ................................................................................................................................... 30
4-3-1-2- Les politiques de production ........................................................................................................................ 30
4-3-1-3- Les Accords de Partenariat Economique APE ............................................................................................. 31
4-3-2- Analyse de l’impact de quelques politiques agricoles ....................................................................... 31
4-3-2-1- Baisse des taxes sur les importations ........................................................................................................... 31
4-3-2-2- Subvention du prix du coton ........................................................................................................................ 32
4-3-2-3- Subvention du riz ......................................................................................................................................... 33
4-3-2-4- Les Accords de Partenariat Economique (APE) .......................................................................................... 34
4-4- EFFICACITE DES MESURES DE POLITIQUES AGRICOLES ............................................................................... 36
4-4-1- Efficacité de la subvention du riz ....................................................................................................... 36
4-4-2- Efficacité de la subvention du prix du coton ...................................................................................... 37
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES ................................................................................... 38
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................ 42
ANNEXE ....................................................................................................................................................... 46
xii
CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE
1.1. Contexte, justification et problématique
La République du Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest. Sur le plan démographique,
c’est un pays qui compte environ 7,6 millions d’habitants (dont environ 59% en milieu rural)
en 2006 (SCRP, 2007). Sur le plan de l’économie, le Bénin est un pays dont l’économie
repose essentiellement sur l’agriculture. En effet, selon MAEP (2006)2, «elle emploie environ
70% de la population active, participe pour près de 39% à la constitution du Produit Intérieur
Brute (PIB), procure 80% des recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15%
aux recettes de l’Etat et par conséquent, contribue à la lutte pour la réduction de la pauvreté.».
Environ 550000 exploitations agricoles sont mises en valeur et regroupent de petites
exploitations agricoles (polyculture) (DPP/MAEP, 2002).
Ces performances de l’agriculture béninoise peuvent être attribuées à diverses actions.
Dès le début du XXème siècle et même à l’indépendance, des sociétés de développement, des
organisations coopératives ont été créées en vue de la promotion des filières d’exportations.
Au cours de la période révolutionnaire (1972-1990), l’on a assisté à une rupture
(collectivisation des moyens de production, lutte des classes, modernisation technique) où
l’accent est mis cette fois ci sur le développement des cultures vivrières. Selon Adégbidi et al
(2003), les objectifs visés durant cette période sont : assurer l’approvisionnement des villes en
produits vivriers bon marché; soutenir et encourager la production agricole. Les instruments
de politique pour atteindre ces deux objectifs sont l’intervention directe de contrôle des prix
sur les marchés au moment où les prix sont élevés et l’intervention indirecte par le biais de la
stabilisation des prix découlant des importations de produits vivriers. Aussi, l’Etat s’est
attaché à fixer les prix des principaux produits vivriers sur les marchés domestiques. Mais,
avec les difficultés économiques de la fin des années 1980, l’on observe une réorientation
depuis 1989, des politiques avec une série de Programmes d’Ajustement Structurel (PAS).
Ces PAS intègrent un certain nombre de mesures de stabilisation macroéconomique dont la
libéralisation des marchés de produits vivriers.
2
MAEP, 2006. Plan Stratégique de Relance du secteur Agricole (PSRSA).
1
Ainsi, dès 1991, de grandes orientations ont été faites à travers la Lettre de Politique de
Développement Rural (LDPDR) signée en 1991 et qui définissait les grandes orientations de
la politique agricole du Bénin. La LDPDR s’est accompagnée de la mise en œuvre du Projet
de Restructuration des Services Agricoles (PRSA) et de la Table Ronde du Secteur Rural en
septembre 1995 suite à la nouvelle politique agricole et aux Programmes d’Ajustement
Structurels qui ont consacré le désengagement de l'État d'un certain nombre de fonctions qu’il
occupait jusqu’alors. Aussi, l’Etat avait pris différentes options politiques visant l’ouverture
internationale, l’intégration aux dynamiques économiques régionales et la libéralisation
interne de l’économie. En 1999/2000, le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la
Pêche réaffirmait les choix stratégiques retenus (Déclaration de Politique de Développement
Rural de juin 2000), précisait les problématiques sectorielles et transversales (Schéma
Directeur du Développement Rural approuvé en avril 2000) et définissait la mise en œuvre de
la politique nationale de développement rural (Plan Stratégique Opérationnel approuvé en
août 2000). En effet, en 2001, les objectifs assignés au secteur rural sont de manière générale:
-
le renforcement de la participation du secteur au développement socio-économique du
pays en contribuant au rétablissement des équilibres macroéconomiques, à la création
d’emplois et à la valorisation des potentialités agro-écologiques,
-
la contribution à l’amélioration du niveau de vie des populations, par l’augmentation
du pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité
et l’innocuité des aliments,
-
le maintien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de forte
croissance démographique,
-
la diversification agricole et l’augmentation de la productivité, et
-
l’amélioration des rapports hommes/femmes dans les communautés rurales.
Avec la dévaluation du FCFA en 1994 et la signature de différents accords (OMC, TECUEMOA, ACP-UE), plusieurs filières agricoles sont libéralisées. Selon Hermelin (2006),
cette libéralisation a pris la forme de l’abaissement des droits de douane, de la réduction voire
la suppression des mesures de contrôle des importations (comme les prix minimaux, les
monopoles d’importation, les quotas d’importation).
2
En effet, OMC3 (2004) écrit: «L'introduction du TEC a haussé la protection tarifaire aux
produits agricoles plus fortement qu'aux produits non agricoles, résultant à un réarmement
tarifaire (taux NPF effectivement appliqué) de l'ordre de 34 pour cent. Les taux de droits de
douane pour les produits animaux (bovins, ovins, volailles, porcs, lait et œufs), des fruits
(mangue, ananas), du café, du manioc, et du niébé ont augmenté tandis qu'un droit de douane
de 5 pour cent a été instauré pour le riz, produit exempt de droit de douane lors du premier
examen. L'État dispose d'un stock de sécurité de produits vivriers et reçoit des dons de riz
effectués par le Japon sous son programme d'aide alimentaire. Actuellement les prix indicatifs
pour l'anacarde sont fixés par les acteurs de cette filière avec l'arbitrage des autorités; les prix
du coton, de la noix de palme et d'intrants font l'objet d'une concertation au sein de
l'interprofession avant d'être homologués par l'État.».
Néanmoins, en dépit de toutes ces politiques, un certain nombre de questions se posent
quant à leur efficacité. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de toutes ces actions,
l’agriculture béninoise reste très peu diversifiée et peu compétitive (faiblesse du niveau de
production, faiblesse des prix aux producteurs, faiblesse des revenus, hausses des prix aux
consommateurs, etc.)? L’échec de ces instruments de politiques n’explique-t-il pas la mise en
œuvre de nouvelles politiques notamment le plan stratégique de relance de l’agriculture et les
Orientations Stratégiques de Développement (OSD) adoptées par le gouvernement pour la
période 2006-2011 et la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté pour la
période 2007-2009, mettant un accent particulier sur la nécessité de «promouvoir le
renouveau économique par la mise en place d’un environnement économique et
institutionnel de norme internationale et la diversification de la production, en particulier
dans le domaine du monde rural.»? Pourquoi l’économie du Bénin en général et son secteur
agricole en particulier reste vulnérable aux chocs négatifs extérieurs notamment les récentes
crises alimentaires, la baisse des cours internationaux du coton? Ces chocs négatifs, ne vontils pas compromettre la vision du gouvernement, celle de faire du Bénin une puissance
agricole dynamique à l’horizon 2015? Quel est l’impact des chocs économiques (extérieurs,
régionaux, intérieurs) sur la compétitivité de l’agriculture béninoise et quels sont les effets des
différentes politiques mises en œuvre par le gouvernement sur les revenus des producteurs
agricoles, le bien être des consommateurs et les recettes de l’Etat? Quels sont les effets des
différentes mesures de politiques prises par l’Etat en vue d’atténuer l’effet des chocs ?
3
Organisation Mondiale du Commerce
3
Plusieurs raisons sont souvent évoquées dans la littérature économique pour expliquer
l’échec des politiques économiques dans les PVD4. Par exemple, l’une des raisons avancées
par Ellis (1992) est la réduction des prix aux consommateurs, entraînant des prix bas au
niveau des producteurs ou parfois l’accroissement de déficits budgétaires.
Le présent travail vise d’abord à analyser l’effet des changements ou chocs
économiques intervenus dans l’environnement international, régional et national sur les
performances du secteur agricole (revenus des producteurs, bien être des consommateurs et
revenus de l’Etat) au Bénin et ensuite, à évaluer l’effet des politiques agricoles adoptées par le
gouvernement comme réponses à ces changements.
4
Pays en Voie de Développement
4
1.2. Objectifs de l’étude
L’objectif global de ce travail est d’évaluer d’une part, l’impact des changements
économiques intervenus dans l'environnement international, régional et national sur les
revenus des producteurs agricoles, le pouvoir d’achat des consommateurs, les recettes de
l’Etat et d’analyser d’autre part, l’effet des réponses de politiques économiques agricoles.
De façon spécifique, il s’agira de:
-
O1 : Faire l’inventaire des chocs économiques (internationaux, régionaux et
nationaux) que subit l’agriculture du Bénin et analyser leur impact sur les catégories
d’acteurs su-cités;
-
O2 : Analyser l’effet des instruments de politiques agricoles proposés par le Bénin
comme réponses pour atténuer les effets de ces chocs.
-
O3 : Evaluer l’efficacité (effets nets) de quelques politiques.
1.3. Hypothèses de recherche
Trois hypothèses peuvent être formulées:
-
H1 : Plusieurs chocs économiques frappent l’agriculture béninoise ;
-
H2 : Les chocs économiques négatifs, tant internationaux, régionaux que nationaux,
que subissent l’économie du Bénin et son agriculture font baisser les revenus des
producteurs agricoles, le pouvoir d’achat des consommateurs, les recettes de l’Etat ;
-
H3 : Les instruments de politique agricole mis en œuvre par le gouvernement
n’atténuent pas l’effet de ces chocs sur l’agriculture du Bénin
5
CHAPITRE 2 : CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE
Ce chapitre présente d’une part, la définition de quelques concepts utilisés dans ce
travail et d’autre part, la revue de littérature tant théorique qu’empirique.
2.1. Politique Agricole
Une politique peut être définie comme un ensemble d’actions, de décisions, de
stratégies, d’options, etc., pris par un gouvernement en vue de donner une réponse à un
problème donné.
Selon De Frahan (2005), la politique agricole, qui est une politique économique, est
une ligne d’actions publiques prises par des gouvernements, dirigées principalement mais pas
exclusivement vers les problèmes agricoles, vers les problèmes des communautés rurales, vers
les problèmes de consommation alimentaire et vers les problèmes de l’agro-industrie.
Une politique agricole vise à favoriser la croissance économique; répartir de manière
équitable les revenus entre les différents acteurs d’une filière; contribuer à l’amélioration de la
sécurité alimentaire à travers la stabilité des prix, l’approvisionnement des marchés, le niveau
adéquat de nutrition; œuvrer pour la conservation de l’environnement et des ressources
naturelles.
Selon Colman et Young (1989), on peut classer les instruments de politique agricole
selon leurs définitions et niveaux d’intervention: au niveau de l’exploitation, au niveau du
marché domestique, au niveau de la frontière. Pour le même auteur, on peut aussi classer les
instruments de politique agricole selon le point d’impact : le marché des produits agricoles, le
marché des intrants agricoles. Ritson (1977), quant à lui, classe les instruments de politique
agricole selon les intérêts des agriculteurs: sur l’augmentation des revenus, sur la réduction
des coûts des intrants.
Pour Josling et McCalla (1985), les instruments de politique agricole peuvent être
classés selon le niveau d’intervention (à la frontière, à la consommation finale, à la
distribution, sur le marché du produit, sur le marché des intrants variables, sur le marché des
facteurs fixes)
6
Dans le présent travail, les instruments de politique agricole privilégiés sont les
politiques de prix de revenus, et de production. Ces politiques regroupent les droits de
douanes, les quotas ou contingentements à l’importation ou à l’exportation, les stocks
régulateurs, les prix minimum, les subventions sur les intrants agricoles, le taux de change
réel, le taux d’intérêt, la diversification agricole, l’irrigation, le crédit, semences améliorées,
engrais spécifiques.
2.2. Chocs économiques
Selon Mankiw (2001) un choc économique est une modification exogène d’une
relation économique. Cette relation économique peut être par exemple la courbe de demande
agrégée ou la courbe d’offre agrégée. En effet, une courbe de demande agrégée se définissant
comme une relation décroissante entre le niveau des prix et la production agrégée, toute
modification de cette relation signifie avant tout une modification du prix ou de la production.
Ainsi dire, l’on retient qu’un choc économique est une modification exogène d’une variable
économique. Cette variable peut être le prix, la production, etc.
L’on distingue des chocs positifs et des chocs négatifs. Les chocs positifs sont des
changements exogènes poussant les variables économiques dans le sens jugé optimal
(maximisation du bien être du producteur, du consommateur ou de l’Etat). Les chocs négatifs,
qui sont d’ailleurs l’objet du présent travail, sont par contre des changements exogènes ayant
pour vocation d’engendrer la perte du bien être d’une couche que l’Etat considère comme
importante dans le tissu économique d’un pays.
Dans le présent travail, sont considérés comme chocs négatifs exogènes, la flambée
des prix des productions agricoles, des coûts des facteurs de production, les mesures
protectionnistes prises par l’extérieur, la diminution du volume des investissements agricoles
en matière d’irrigation, de mécanisation, de crédits, la fluctuation non souhaitée du taux de
change, la baisse des cours de certains produits d’exportation, les catastrophes climatiques,
etc.
7
2.3. Biens échangeables, biens non échangeables, bien composite
Selon Martens (2006), « les produits échangeables (abréviation BE) sont ceux
susceptibles de faire l’objet du commerce international soit comme exportations (les
exportables), soit comme importations (les importables). On y trouve la plupart des produits
agricoles, les biens manufacturés et certains services, comme le transport maritime ou aérien
ainsi que les services financiers et d’assurance. Les produits non échangeables (abréviation
BN), encore appelés biens domestiques, sont ceux qui ne sont pas susceptibles de faire l’objet
d’échanges internationaux de par leur nature même ou étant donné le coût prohibitif de leur
acheminement d’un pays à l’autre. ».
Djoufelkit (2006) écrit : « La notion d’« échangeabilité » est un concept théorique.
Certains auteurs assimilent les biens échangeables à toutes les marchandises sauf celles
relatives au secteur de la construction, les services étant classifiés comme non échangeables.
D’autres prennent en compte la part de la production exportée et fixent un seuil
d’échangeabilité (10 % en général) ; cette approche consiste en fait à assimiler les biens
échangeables aux biens échangés, la définition du seuil étant arbitraire. Dans le cadre
théorique de l’économie dépendante, dans lequel nous nous trouvons, un bien échangeable à
la marge est, stricto sensu, un bien dont le prix est fixé par le marché international, si minime
que soit la quantité échangée. En revanche, le prix d’un bien non échangeable à la marge est
déterminé par l’offre et la demande sur le marché national.
La littérature discute abondamment du choix des indices de prix qui reflètent le mieux
les prix des biens échangeables et ceux des biens non échangeables (voir notamment Edwards
et Ahamed, 1986 ; Edwards, 1989; Hinkle et Montiel, 1999). Le prix des biens non
échangeables est généralement mesuré par l’indice des prix à la consommation. Les débats
sont plus denses en ce qui concerne le prix des biens échangeables. Quatre indices sont
proposés dans la littérature : le coût salarial unitaire dans le secteur manufacturier, l’indice des
prix de gros, le déflateur de la valeur ajoutée manufacturière et la valeur unitaire d’exportation
du secteur manufacturier. Ces indices sont rarement disponibles dans les pays en
développement. Harberger (1986) préconise alors d’utiliser l’indice des prix de gros des pays
étrangers, car ils ont l’avantage de ne porter que sur des biens internationaux, agricoles et
industriels. Cependant, comme le souligne Guillaumont Jeanneney (1993) cité par Djoufelkit
(2006), la composition de cet indice, qui correspond à la structure de production des pays
8
considérés, diffère sensiblement d’un pays à l’autre, surtout lorsque l’on compare des pays de
niveau de développement différents. C’est finalement l’utilisation de l’indice des prix à la
consommation des pays étrangers qui apparaît comme le moins mauvais compromis. ».
Pour FAO (2006), l’on peut dire schématiquement que les biens échangeables
correspondent à toutes les consommations intermédiaires qu’il est possible de valoriser aux
prix internationaux (directement ou par décomposition en «remontée de chaîne»). Les facteurs
domestiques recouvrent, eux, les facteurs créateurs de valeur ajoutée (qui se partagent la
valeur ajoutée: capital, salaires,…) ainsi que les éventuelles consommations intermédiaires
qu’il est impossible de valoriser aux prix de parité.
Selon Catão (2007), les biens faisant communément l’objet d’échanges, sont appelés
biens échangeables.
Méjean (2006) écrit : « Pour déterminer quels types de biens sont exposés à la
concurrence internationale et quels types peuvent être considérés comme non échangeables,
un critère qui consiste à évaluer la part des biens importés dans la consommation nationale et
la part des exportations dans la valeur ajoutée est utilisé. Si ces deux parts sont inférieures à
10%, le bien est considéré comme non échangeable. Gregorio et al (1994) avaient déjà utilisé
le même critère pour faire la différence entre biens échangeables et biens non échangeables.
Cependant, ces auteurs ont considéré seulement la part de la valeur ajoutée qui est exportée.
Ils n’ont pas tenu compte de la part des importations dans la consommation nationale.
Selon Varian (2000), un bien composite est un bien qui représente l’ensemble des
biens qu’un individu désire consommer et dont le prix est égal à l’unité. Dans ce travail le
bien composite regroupe les biens domestiques et les importables.
2.4. Revue théorique et empirique sur le modèle 123
Pendant longtemps, l’analyse des chocs extérieurs sur les performances d’une
économie est basée sur le modèle standard néoclassique du commerce. Dans ce modèle, tous
les biens sont échangeables et tous les biens échangeables sont des substituts parfaits des
biens intérieurs. Cependant, le modèle standard fournit des résultats très improbables lors des
applications empiriques. Empiriquement, ce modèle se base sur "la loi du prix unique" qui
9
stipule que les prix relatifs des biens échangeables sont déterminés par les prix mondiaux. De
tels modèles tendent à fournir une extrême spécialisation de la production et des variations
irréalistes des prix relatifs intérieurs en réponse aux changements de la politique commerciale
ou aux variations des prix internationaux. Les études empiriques indiquent que les variations
des prix des importations et des exportations ne sont transmises que partiellement dans les
prix des biens domestiques.
Salter (1959) et Swan (1960), en identifiant ces problèmes, ont spécifié un modèle à
deux secteurs qui distingue les biens échangeables (à la fois les importations et les
exportations) et les biens non-échangeables. Leur approche représente une avancée et leurs
contributions ont été le point de départ d'une abondante littérature théorique.
Cependant, le modèle basé sur l’approche de Salter et Swan n’a eu qu’un impact très
limité sur le plan empirique pour deux raisons : premièrement, la part des biens non
échangeables est très faible dans le PIB5 ; deuxièmement, le lien entre prix intérieurs et prix
internationaux dans le modèle Salter-Swan ne dépend pas de la part du commerce
international, mais seulement du fait que le secteur soit ou non un secteur de biens
échangeables. Ainsi, dans ce modèle, si un bien est échangeable, quelle que soit sa faible part
dans le commerce international, le prix intérieur sera déterminé par le prix mondial.
Le modèle 123 étend et généralise le modèle Salter-Swan, en le rendant
empiriquement utile. Ainsi, dans le modèle 123, tous les biens produits dans le pays qui ne
sont pas exportés sont effectivement traités comme des biens non-échangeables (ou mieux,
comme des biens semi-échangeables). La part des biens non-échangeables dans le PIB est
désormais égale à 1 moins la part des exportations, qui est un nombre très grand, et tous les
secteurs sont traités symétriquement. Contrairement au modèle néoclassique standard, le
modèle 123 fait l’hypothèse d’une substituabilité et d’une transformabilité imparfaites entre
les biens échangeables.
De Melo et Robinson (1985) ont montré, dans un cadre d'équilibre partiel, que le lien
entre prix intérieurs et prix internationaux, en faisant l'hypothèse d'une substituabilité
imparfaite au niveau sectoriel, dépend de façon cruciale des parts dans le commerce
5
Produit Intérieur Brute
10
international, à la fois pour les exportations et les importations, ainsi que de la valeur des
élasticités.
De Melo et Robinson (1989) analysent en détail les propriétés du modèle 123 et
affirment que c'est une bonne stylisation de la plupart des modèles récents d'équilibre général
calculable à un pays, fondé sur le commerce extérieur.
11
CHAPITRE 3: METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE
Dans ce chapitre, il est exposé successivement la justification du choix du modèle, la
description du modèle, les données nécessaires et la résolution du modèle.
3.1. Justification du choix du modèle
Selon Devarajan et al (1993), la relation entre les chocs extérieurs et les réponses de
politique économique est complexe. Ceci nécessite en effet, un modèle d’analyse adéquat.
Pour ces auteurs, les modèles à deux secteurs fournissent un bon point de départ en raison de
la nature des chocs extérieurs auxquels doivent faire face ces pays et les réponses de politique
qu'ils nécessitent. Ces modèles incluent les principaux mécanismes par lesquels les chocs
extérieurs et les politiques économiques se propagent dans l'économie.
Ainsi, le modèle 123 est un modèle simple qui est bien indiqué pour ce cadre
d’analyse. En effet, c’est un modèle qui capte, d'une manière stylisée, les traits
caractéristiques des PVD parmi lesquels le Bénin, il fournit aussi des résultats de politique
économique qui tranchent avec la sagesse populaire. En conséquence, il n'est pas nécessaire
d'apprendre un nouveau et difficile langage de programmation avant de commencer les
exercices de modélisation. C’est un modèle qui peut être tourné facilement avec les tableurs
notamment EXCEL.
3.2. Description du modèle
Les hypothèses de base du modèle
-
Soit un pays produisant trois type de biens : un bien d'exportation, E qui est vendu à
l'étranger et n'est pas demandé à l’intérieur du pays ; un bien de production
domestique, D, qui n'est vendu qu'à l'intérieur du pays ; et un bien d'importation, M,
qui n'est pas produit dans le pays.
12
-
Un seul consommateur reçoit tout le revenu.
-
Le pays est de petite dimension sur le marché mondial et fait face à des prix
internationaux d'exportation et d'importation fixés (il est "preneur de prix").
-
Le marché des facteurs est ignoré.
-
Le modèle a trois acteurs : un producteur, un ménage et le reste du monde.
Les équations du modèle
Les flux
(1)
X = G (E, Ds; Ω)
(2)
Qs = F (M, DD, σ)
(3)
QD =Y/Pq
(4)
E/Ds = g2 (Pe, Pd)
(5)
M/DD = f2 (Pm, Pd)
(6)
Y = Px*X+R*B
Les prix
(7)
Pm = R*pwm
(8)
Pe = R*pwe
(9)
Px = g1 (Pe, Pd)
(10)
Pq = f1 (Pm, Pd)
(11)
R≡1
Conditions d’équilibre
(12)
DD - DS = 0
(13)
QD - QS = 0
(14)
pwm*M – pwe*E = B
Identités
(15)
Px*X≡Pe*E+Pd*Ds
(16)
Pq*Qs≡Pm*M + Pd*DD
(17)
Y≡ Pq*QD
13
Variables Endogènes
E : bien d'exportation ; Y : Revenu total ; M : bien d'importation ; Pe : prix domestique du
bien d'exportation ; Ds : offre du bien domestique ; Pm : prix domestique du bien
d'importation ;
DD : demande du bien domestique ; Pd : prix domestique du bien domestique ; Qs : offre du
bien composite ; Px : prix domestique de la production ; agrégée ; QD : demande du bien
composite ; Pq : prix du bien composite ; R : Taux de change
Variables Exogènes
Pwe = prix international du bien d'exportation
Pwm = prix international du bien d'importation
B = balance commerciale
σ = élasticité de substitution aux importations
Ω= élasticité de transformation des exportations
3.3. Données nécessaires
Les données utilisées proviennent essentiellement des comptes nationaux du Bénin, de
la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) du Bénin et des bases de données de la FAO, du
CESRIC, du Port Autonome Cotonou (PAC).
Les équations du Modèle 123 font appel à de nombreux paramètres qu'il est nécessaire
de connaître afin de pouvoir résoudre le système qu'elles constituent. La mise en œuvre d'un
Modèle 123 passe d’abord par une phase de calibrage qui permet de déterminer ces différents
paramètres à partir des statistiques d'une année de référence en équilibre. Cette phase consiste
à résoudre le modèle de façon inverse afin de déterminer le système de paramètres qui permet
de reproduire l'équilibre de référence.
14
3.4. Résolution du modèle
Le modèle 123 peut être résolu de trois façons. Algébriquement, graphiquement et
numériquement. La résolution numérique est privilégiée dans ce travail.
Devarajan et al (opt. cit.) écrivent: «Le solveur d'Excel est capable de résoudre un
système d'équations non-linéaires. La première étape consiste à décrire les parties de la feuille
d'Excel qui forment le modèle et à spécifier le problème à résoudre au solveur d'Excel. Ceci
s'effectue en sélectionnant la commande "Solver" dans le menu "Tools" d'Excel. Une boîte de
dialogue "Solver Parameters" apparaîtra sur l'écran dans Excel. Comme dans le Système de
Modélisation Algébrique Général (General Algebraic Modeling System, GAMS), un autre
logiciel de modélisation algébrique, Excel résoud le modèle comme un problème
d'optimisation ou de programmation. Le nom de la variable qui va être maximisée (option
maximisation) ou minimisée (option minimisation) dans la fonction objectif doit être entrée
dans l'espace "Set Target Cell", au sommet de la boîte de dialogue».
Dans le présent travail, le modèle est tourné dans la version Microsoft office EXCEL
2007.
15
CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSIONS
Ce chapitre comprend quatre (04) sections. Une première section qui présente
l’agriculture au Bénin. Il s’agit de montrer d’abord la place de l’agriculture dans l’économie
nationale, ensuite de faire un état des lieux des différentes politiques agricoles mises en œuvre
depuis les indépendances jusqu’à l’année 2000, puis de présenter quelques contraintes qui
entravent le développement de l’agriculture au Bénin. S’agissant de la deuxième section, elle
fait le point des chocs économiques qu’a subi l’économie béninoise au cours des années 2000
et de leur impact sur l’agriculture. Les réponses de politiques adoptées par l’Etat sont
analysées dans la troisième section où toutes ces politiques sont répertoriées et leur impact
mesuré. En ce qui concerne la quatrième et dernière section, elle fait une analyse de
l’efficacité de deux types de politiques (la subvention du riz et la subvention du coton) mises
en œuvre par l’Etat comme réponses aux chocs.
4.1. Aperçu sur l’agriculture béninoise
La présente section répond aux questions suivantes : (1) Quelle est la place de
l’agriculture dans l’économie du Bénin ? Comment a évolué la politique agricole du Bénin
des indépendances à l’année 2000 ? Quelles sont les contraintes au développement de
l’agriculture béninoise ?
4-1-1- La place de l’agriculture dans l’économie béninoise
4-1-1-1- Contribution à la croissance économique
Du point de vue de la croissance économique, selon OMC (2004), la croissance
économique dépend surtout de l’évolution de l’activité dans le secteur primaire, qui reste très
différenciée en raison de la variabilité du climat. L’agriculture béninoise participe pour près
de 39% à la constitution du PIB et utilise près de 70% de la population active (MAEP, 2006).
L’examen de la figure 1 ci-dessous montre que la croissance du produit Intérieur Brute (PIB)
est fortement corrélée à celle du secteur primaire. Par exemple, au cours de l’année 2005 où la
16
croissance est très faible, l’on remarque que cela est en même temps associé à une chute du
taux de croissance du PIB.
Figure 1 : Courbes d’évolution des croissances sectorielles de 2006-2009
Source: Données du MDEF (2006)
Historiquement la croissance du PIB, de l’ordre de 4 % en moyenne annuelle sur la
période 1990-94, s’est légèrement accélérée dans la deuxième moitié des années 90 pour
atteindre 5 % en moyenne. La croissance du PIB agricole a été en moyenne légèrement
supérieur à celle de l’ensemble de l’économie, bien que soumise à de fortes variations
annuelles. De ce fait, la contribution du secteur agricole au PIB a légèrement progressé dans
les années 90, pour passer de 36,1 % en 1990 à 38,4 % en 1999.
4-1-1-2- Contribution à la balance commerciale
Du point de vue de la balance commerciale, l’agriculture au Bénin procure 80% des
recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l’Etat (MAEP,
2006). Selon MAEP (2001), «les produits agricoles représentent une part de plus en plus
importante dans le total des exportations, du fait notamment de la baisse des exportations
pétrolières. Cette part est maintenant de l’ordre de 95 %. Le coton joue un rôle fondamental
dans les exportations: il représente encore plus de 80 % des exportations agricoles. On
constate néanmoins une légère tendance à la diversification des exportations agricoles,
puisque les produits autres que le coton sont passés progressivement de 11 % en 1996 à 18 %
17
en 1999. Cela provient notamment des exportations de graines oléagineuses, en forte
augmentation en 1998 mais revenues à des niveaux plus modestes en 1999, et des
exportations de fruits qui ont très nettement augmenté en 1999». Selon SCRP (2007), Le
coton représente actuellement environ 40% des recettes d’exportations (y compris la
réexportation).
4-1-1-2- Les filières agricoles
Selon MAEP (2006), La principale culture de rente est le coton qui a atteint une
production record de 427.000 tonnes durant la campagne 2004/2005, avant de retomber à
191.000 tonnes en 2005-2006. Les autres cultures de rente qui ont commencé par émerger
dans le cadre du Plan Stratégique de Relance de l’Agriculture (PSRA) sont l’anacarde, le
Karité, l’ananas, etc.
Les principales productions vivrières (maïs, manioc, sorgho/mil, igname, niébé et
arachide) permettent de couvrir globalement les besoins alimentaires, mais restent encore
largement en deçà des potentialités offertes par les conditions écologiques du pays. Le riz fait
l’objet d’une demande en augmentation croissante et sa production au niveau national qui
bien qu’ayant passé de 16.545 T en 1995 à 73.000 T en 2005, laisse place à des importations
massives
(378.000 T en 2005) destinées à la consommation interne (60.000 T) et aux
réexportations. Le maïs vient au premier rang des cultures vivrières et connaît une évolution
croissante : de 523.000 tonnes en 1995 à 841.000 tonnes en 2005. Son utilisation multiple
pour la fabrication des farines infantiles et des provendes nécessite d’en garantir un solde
vivrier acceptable.
Quant aux tubercules et racines, notamment l’igname et le manioc, leur production a
renoué avec une croissance régulière au cours de cette décennie, grâce à l’effet conjoint d’une
amélioration du rendement et l’élargissement des surfaces cultivées. Le niveau de la qualité
des produits dérivés reste encore à améliorer sensiblement pour leur accès plus facile aux
marchés.
Le sous-secteur de l’élevage est marqué par les pratiques traditionnelles d'élevage des
espèces bovines, ovines, caprines, porcines et des volailles, malgré les résultats assez
concluants des projets d'élevage moderne au cours de la dernière décennie. L’effectif des
18
animaux d’élevage estimé en 2005 à 1.764 000 bovins, 2.110.000 petits ruminants, 302 000
porcins et 13. 600.000 volailles, ne garantit pas une couverture complète des besoins en
protéines animales, notamment la viande, le lait et les œufs. Le niveau actuel d’importation
des viandes de volaille congelées (8.800 tonnes en 2005), traduit la forte dépendance du
Bénin en produits carnés. La persistance de certaines épizooties et les risques d’émergence de
nouvelles, nécessitent une surveillance épidémiologique permanente. Les élevages d’espèces
non conventionnelles (escargot, aulacode, etc.) se développent de plus en plus, mais à un
rythme qui ne compense pas encore les déficits. Par ailleurs, les élevages modernes qui se
sont développés en zone périurbaine pour la production d’œufs et de poulet de chair, subissent
de plein fouet la concurrence des importations de volaille congelée et d’œufs vendus à vil prix
sur le marché local.
Le sous-secteur de la pêche occupe directement 50.000 pêcheurs et 20.000 mareyeurs
(en majorité des femmes) et procure des emplois à environ 300.000 personnes. Au cours de la
période 1998-2005, la production a stagné autour de 40.000 tonnes par an et les importations
de poissons congelés sont passées de l’ordre de 20.000 tonnes en 2001 à 45000 Tonnes en
2005. Par ailleurs, l’exportation des crevettes jadis porteuse d’espoir a baissé, passant de plus
de 1000 tonnes à moins de 700 tonnes durant la même période. Les plans d’eau ne sont pas
exploités à bon escient, tandis que l’aquaculture et la valorisation de la production halieutique
sont encore très peu développées.
4-1-2- Etat des lieux sur la politique agricole au Bénin
Cette sous-section s’inspire des travaux de Adégbidi et al (2003) sur la libéralisation
du marché de maïs au Bénin.
4-1-2-1- La politique agricole des indépendances
A l’indépendance, la politique agricole était axée essentiellement sur le développement
des filières industrielles. Mais, l’intervention de l’Etat béninois dans la gestion des marchés de
produits vivriers remonte à 1967 après l'indépendance avec la création de l’Office de
Commercialisation Agricole du Dahomey (OCAD), devenu par la suite Société de
Commercialisation et de crédit Agricole du Dahomey (SOCAD).
19
4-1-2-2- La politique agricole de la période révolutionnaire
Au cours de cette période, la politique agricole va connaître une rupture notamment
avec l’accent sur le développement des cultures vivrières. Ainsi, à partir de 1975 le contrôle
effectif sur le marché va commencer par se manifester avec la création de plusieurs sociétés
dont les missions étaient d’intervenir rigoureusement dans la commercialisation des denrées
alimentaires afin de lutter contre la spéculation. Cette politique a visé essentiellement les deux
objectifs suivants:
- assurer l’approvisionnement des villes en produits vivriers bon marché ;
- soutenir et encourager la production agricole.
Les instruments de politiques utilisés à cet effet sont le contrôle des prix, la création de
plusieurs structures notamment les Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural
(CARDER) créés en 1975 pour assurer l’encadrement des producteurs et la commercialisation
des produits agricoles ; les Régies d’Approvisionnement et de Commercialisation (RAC)
créées en 1976 ; les Sociétés Provinciales de Commercialisation des produits Agricoles
(SOPROCA) qui ont remplacé les régies ; la Société d’Alimentation Générale du Bénin
(AGB) qui a pris la relève en 1976 d'une coopérative suisse et de la Société Nationale
d'Importation du Bénin (SONIB) ; la Commission Nationale des Céréales (CNC) créée en
1982 pour assurer la coordination des aides alimentaires et l’Office National des Céréales
(ONC) créé en 1983 en lieu et place de la CNC et ayant pour mission de réguler le marché
national des céréales.
Toutes ces structures avaient pour rôle d’assurer le contrôle et la direction de
l’économie au niveau provincial, d’assurer la stabilité des prix, de promouvoir les structures
coopératives, etc.
4-1-2-3- La politique agricole des années 1990
A partir des années 1990, la politique agricole du Bénin va changer d’orientation pour
mettre l’accent sur la diversification agricole. Tout ceci a été favorisé par les différentes crises
d’ajustement qu’a connu le Béni.
20
La Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural (LPDR) signée en 1991
puis révisée en 1999, et le Schéma Directeur du Secteur de Développement Agricole et Rural
(SDDR) élaboré en avril 2000, ont axé les idées force sur la réduction de la pauvreté, la prise
en compte des femmes rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire, la création
d'emplois, la contribution au rétablissement des équilibres macro-économiques et la
conversation du patrimoine écologique. Ces idées force sont reprises sous une forme
opérationnelle dans le Plan Stratégique Opérationnel (PSO) approuvé en août 2000. Le PSO
se décline en 14 plans d’action sous-sectoriels et transversaux, actuellement regroupés en cinq
grands programmes à savoir : (i) l’amélioration de la productivité agricole, (ii) les
infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources naturelles, (iv) l’appui au
développement des marchés agricoles et (v) l’administration et la gestion des services. Ils ont
servi de socle pour l’élaboration et la mise en œuvre des cadres de dépenses à moyen terme
(CDMT) et des Budgets-programmes au cours des cinq dernières années. L’avènement des
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et de la Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (SCRP), quand bien même il vient conforter les idées forces du
cadre stratégique existant, n’a pas été traduit de façon opérationnelle dans les documents en ce
qui concerne le secteur agricole, ce qui s’est soldé par une très faible lisibilité dudit secteur
dans ces documents fondamentaux durant la période 2000-2006. Ceci conduit aujourd’hui à la
mise en œuvre d’un Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRA).
4-1-3- les contraintes au développement de l’agriculture au Bénin
4-1-3-1- Les contraintes organisationnelles et institutionnelles
L’une des contraintes majeures dans l’agriculture béninoise aujourd’hui est la
contrainte organisationnelle et institutionnelle. L'on remarque aujourd'hui que les
Organisations de Producteurs fonctionnent mal. Les Organisations Paysannes identifiées sont
peu fonctionnelles. Les raisons qui expliquent cette situation sont surtout le manque de
confiance pour les dirigeants. Dans certains villages par exemple, les producteurs accusent les
dirigeants de détournement de fonds du groupement. Dans d’autres, il s’agit du manque
d’information ou de la mauvaise circulation de l’information, de la méconnaissance de
21
l’importance d’une association, de la négligence des producteurs ou encore de l’incapacité des
associations à organiser la commercialisation.
Les différentes structures et organisation Non Gouvernementales intervenant
aujourd’hui dans le monde agricole sont multiples et leurs actions manquent de synergie.
4-1-3-2- Les contraintes techniques
Les contraintes techniques sont celles liées au processus de production. Selon SCRP
(2007), l’agriculture béninoise est essentiellement pluviale avec pour corollaires les
incertitudes liées à la production, à la faible productivité, à une sécurité alimentaire précaire,
etc. Avec en moyenne 58,5% de terre arable, le Bénin est propice au développement de
l’agriculture. Mais une contrainte à la forte expansion de l’agriculture est l’accès difficile à la
propriété foncière. Le difficile accès des producteurs aux intrants et aux crédits adaptés est
une contrainte importante. A tout ceci, s’ajoutent l’absence quasi totale de mécanisation,
l’importance des coûts de transaction et les problèmes de durabilité des systèmes de
production (agriculture minière, pas de restitution de la fertilité).
4-1-3-3- Les contraintes de marché
Ce sont des contraintes liées à l’accès au marché, tant national qu’international. Les
prix au producteur, souvent très bas n’encouragent pas les producteurs à continuer leurs
activités. Pour les cultures de rente par exemple, le mauvais fonctionnement du commerce
international en est une contrainte. Aussi l’absence d’un éclaireur pour les producteurs,
capable de suivre les conditions du marché international et d’apporter l’information nécessaire
aux producteurs est un frein au développement du secteur agricole.
4.2. Analyse de l’impact des différents chocs (internationaux, régionaux et nationaux) sur
l’agriculture du Bénin
Cette section fait d’une part, le point des différents chocs qu’a subit l’économie
béninoise et analyse d’autre part, leur impact sur les productions agricoles, les revenus des
producteurs agricoles, sur les prix, sur les recettes de l’Etat, etc.
22
4-2-1- Inventaire des chocs
Trois catégories de chocs ont touché l’économie béninoise durant ces dernières
années. Il s’agit des chocs internationaux, des chocs régionaux et des chocs nationaux. Si les
deux premiers chocs à savoir les chocs internationaux et les chocs régionaux sont extérieurs
(exogènes) à l’économie béninoise, les chocs nationaux, quant à eux lui sont endogènes.
4-2-1-1- Les chocs internationaux
Il s’agit essentiellement de la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des
produits primaires notamment les céréales ; de la hausse des cours du pétrole et de l’énergie ;
de la baisse du cours du coton ; du phénomène de la grippe aviaire ; et l’appréciation du
FCFA par rapport au dollar.
S’agissant de la crise alimentaire, les prix des aliments de base ont augmenté
rapidement au cours de ces trois dernières années sur le marché mondial. En effet, l’index des
prix alimentaire de la FAO a augmenté de 9% en 2006, de 23% en 2007 et de 54% de 2007 à
avril 2008. Le prix des céréales a plus que doublé depuis janvier 2006, et plus de 60 % de
cette augmentation est intervenue à partir de janvier 2008. Au Bénin, et précisément sur le
marché de Dantokpa, selon un Rapport d’évaluation du PAM6 (2008), «le prix du maïs, le
principale aliment de base produite et consommée dans le pays, a enregistré une flambée de
220% de 300 US$ à 950 US$ la tonne au cours des douze dernières mois (+197% en termes
réels) ». Or, la production annuelle de maïs dans le pays correspond à 80% de la production
totale céréalière et sa consommation représente 70% du panier alimentaire de base pour les
céréales. Puisque, selon ce même rapport, les marchés du Bénin sont intégrés (la durée de
l’intégration n’étend pas étudiée), l’on peut soupçonnes la même tendance des autres marchés
du Bénin même si le processus d’intégration est long (Adégbidi et al, 2003). Dans les zones
où la production de maïs est déficitaire et où l’accès au marché par les ménages les plus
vulnérables est difficile, souvent la population locale consomme du mil, du riz, du niébé ou du
sorgho en substitution du maïs dans le panier alimentaire. Ceci a comme conséquence la
hausse du prix de ces produits (hausse de 20% pour le riz, 55% pour le niébé, 82% pour le
sorgho).
6
Programme Alimentaire Mondial
23
Selon Banque Mondiale (2009), la hausse des prix de l’énergie, associée à la flambée
et la volatilité des prix alimentaires à l’échelle planétaire, contribuent à entretenir un taux
d’inflation alimentaire élevé dans nombre de pays. En conséquence, jusqu’à 105 millions de
personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté, compromettant de fait la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) d’ici à 2015. Au
Bénin, les prix des produits pétroliers quant à eux ont augmenté de 50%, le litre de gasoil
passant de 415 à 620 FCFA au cours de la période considérée.
En ce qui concerne le cours du coton et le taux de change FCFA/Dollar, ils ont connu
respectivement une baisse de 35 et 16% entre Juillet 2007 et Juillet 2008. Les crises
successives du marché mondial, depuis maintenant une quinzaine d’années, ont, certes,
contribué fortement au déficit financier élevé de la filière coton. Cependant, dans le cas du
Bénin, plusieurs autres facteurs plus structurels existent et expliquent la crise du coton. L’on
peut citer notamment le mode d’organisation et de fonctionnement de la filière, la crise de
confiance entre les producteurs et les sociétés cotonnières en liaison avec des erreurs de
gestion ou des détournements de leurs fonctions de réserves accumulées. Cette situation de
crise a conduit depuis la seconde moitié des années 1980 à un processus de restructuration des
filières pour rétablir les équilibres financiers, avec comme corollaire le désengagement de
l’Etat et la promotion des organismes professionnels.
4-2-1-2- Les chocs régionaux
En Afrique de l'Ouest, l'intégration des marchés est très forte. Ceci a souvent pour
conséquence la répercussion dans les pays voisins des fluctuations de prix dues aux chocs de
l'offre et de la demande dans un pays donné. Ainsi, toute réduction de la production céréalière
du Nigéria, dont l'économie et le secteur agricole sont de loin les plus importants de la région,
entraîne en général une envolée des cours céréaliers régionaux, ce qui a des incidences
néfastes sur la sécurité alimentaire des pays voisins.
Les chocs régionaux sont liés aux mesures protectionnistes des pays voisins
notamment le Nigeria et à la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays
voisins.
24
S’agissant des mesures protectionnistes prises par le Nigeria, selon BAD/OCDE
(2006), l’année 2004 a été caractérisée par un environnement régional et international
difficile. Elle fut notamment marquée par le maintien des restrictions commerciales imposées
par le Nigeria sur les réexportations en provenance du Bénin.
Quant à la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays
voisins, FAO (2008) écrit: « Les marchés alimentaires sont fortement intégrés en Afrique
de l'Ouest, les prix pratiqués dans plusieurs pays étant déterminés dans une grande
mesure par l'évolution de certains marchés régionaux clés. Dans la partie orientale de la
sous-région, il existe un fort degré d'intégration entre le Niger, le Bénin et le Nigéria. Les
années normales, le Nigéria et le Bénin exportent des céréales à destination des zones
déficitaires du Niger voisin. Les années où la production est insuffisante, toutefois, le
Bénin et le Nigéria utilisent une part plus importante de leur production intérieure et
importent quelquefois des céréales du Niger, ce qui accentue le déficit de ce pays. La
parité des prix des produits importés à partir des marchés régionaux est donc un facteur
déterminant pour les approvisionnements vivriers de tous les pays. ». Cette situation
montre bien qu’il existe un commerce transfrontalier très développé entre le Bénin et ses
voisins.
4-2-1-3- Les chocs nationaux
Les chocs que subisse localement l’agriculture béninoise peuvent aller du nombre
élevé d’intermédiaires dans les marchés jusqu’à la faible disponibilité des intrants agricoles
(engrais spécifiques, semences, etc.), en passant par la hausse du coût de transport, la faiblesse
de l’investissement (irrigation, mécanisation, etc.), la faiblesse des précipitations et leur
mauvaise répartition spatio-temporelle.
4-2-2- Impact des chocs
Dans ce paragraphe, est examiné l’impact de trois séries de chocs économiques qui ont
touché l’agriculture béninoise: le choc du prix du riz (tableau 1), le choc de mesures
protectionnistes prises par le Nigeria (tableau 2) et le choc du cours du coton (tableau 3).
25
4-2-2-1- Impact de la hausse du prix du riz
Le tableau 1 présente l’impact de la hausse du prix du riz due à la récente crise
alimentaire de 2007-2008 sur quelques agrégats économiques.
Tableau 1: Choc du prix du riz (hausse)
Nom des variables
Impact de la hausse de
20% du prix du riz (en %)
Offre du bien composite (Qs)
1,0016
Revenu Total (Y)
-0,0450
Epargne Agrégée (S)
-0,6770
Consommation (Cn)
-0,1000
Prix de ventes (Pt)
0,1002
Epargne Publique (Sg)
-0,8114
Taux d'épargne (sy)
-0,0390
Source: Résultats des analyses (2009)
L’accroissement de 20% du prix du riz entraîne une hausse du prix au consommateur
de seulement 0,1%. En effet, la hausse du prix des produits alimentaires importés notamment
le riz a amené les consommateurs locaux à délaisser ces produits au profit des céréales
produites localement. Cette hausse brutale de la demande des céréales a poussé à la hausse
leurs prix. C’est ainsi que le prix du maïs est passé de 125 FCFA à 400 FCFA pour la seule
période d’Octobre 2007 à juillet 2008 sur le marché de Dantokpa, soit une augmentation de
plus de 200%. Le prix du kg de riz est passé de 345 FCFA en juillet 2007 à 445 FCFA en
juillet 2008 soit une augmentation en termes réels de 20%. Celui du niébé est passé de 300
FCFA en juillet 2007 à 500 FCFA en juillet 2008 soit une augmentation en termes réels de
55% en un an. Cette inflation alimentaire a pour conséquence, comme le montre le tableau 1
une baisse de 0,1% de la consommation privée des biens domestiques et importés, composés
essentiellement de céréales. Cette baisse du niveau de la consommation se trouve être aussi
renforcée par la perte du revenu réel des ménages de 0,045% comme le stipule le tableau 1.
Cette situation a comme corollaires la baisse des épargnes publique et agrégée respectivement
de 0,81 et 0,67% entraînant du coup la chute du taux d’épargne de près de 0,04%.
26
Cependant, l’on note un accroissement de l’offre de bien composite (bien composé des
produits locaux et des produits importés) d’environ 1%. Ceci pourrait s’expliquer par la prise
de conscience, tant de l’Etat que des autres acteurs (producteurs, ONGs, etc.) de dynamiser
les productions agricoles locales pour ne pas dépendre des importations. Cette volonté des
acteurs s’observent par la mise en place de deux programmes: le Programme d’Urgence
d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et le Programme de Diversification Agricole par
la Valorisation des Vallées (PDAVV). En effet, l’un des principaux objectifs du PUASA
(Programme déjà mis en œuvre) est d’assurer la croissance des volumes de production
vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules. Cet objectif sera atteint
par la distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs
agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de
10 ha pour les groupements.
4-2-2-2- Impact des mesures protectionnistes du Nigeria
Le Bénin, au cours de la période 2003-2005, a été affecté par un choc économique
externe majeur: la fermeture de la frontière nigériane au commerce de transit qui a eu des
conséquences importantes sur la croissance économique (SCRP, 2007). Cette mesure vise
essentiellement les produits non produits par le Bénin et qui sont réexportés vers le Nigeria.
Le tableau 2 ci-dessous fait le point de l’impact des mesures protectionnistes prises par
le Nigeria sur quelques variables économiques au Bénin. Ces mesures consistent en la
réduction des réexportations de quelques produits agricoles en direction du Nigeria.
Tableau 2: Choc de mesures protectionnistes d’un pays voisin du Bénin (le Nigeria) en 2004
Nom des variables
Impact (%) d’une réduction de 10% des
réexportations vers le Nigeria
Bien d'exportation (E)
-0,0639
Offre du bien domestique (Ds)
0,0120
Offre du bien composite (Qs)
0,0106
Recettes fiscales (Tax)
-0,0206
Prix de ventes (Pt)
-0,0003
Investissement (Z)
0,0003
Epargne Publique (Sg)
-0,0098
Source: Résultats des analyses (2009)
27
L’examen du tableau 2 révèle que les mesures prises par le Nigeria sont globalement
positives pour le Bénin contrairement à la pensée populaire qui les considère comme néfastes
pour l’économie du Bénin. En effet, suite à cette mesure, l’on note un accroissement de l’offre
du bien domestique (0,01%), un accroissement de l’offre du bien composite (0,01%), une
volonté d’accroître les investissements dans le secteur agricole pour booster l’offre locale
même si ce niveau d’investissement reste faible (0,000330342%), et une tendance à la baisse
des prix aux consommateurs. Tout ceci pourrait s’expliquer par la volonté des acteurs de
mettre sur le marché nigérian les produits agricoles béninois. Le Nigeria, en effet, refuse
simplement les produits en transit par le Bénin, mais est cependant prêt à accepter les produits
agricoles produits par le Bénin.
Cependant, l’on remarque sur le tableau que cette mesure du Nigeria n’arrange pas
l’Etat Béninois. En effet, les recettes fiscales sont en baisse d’environ 0,02% en traînant du
coup la baisse de l’épargne publique. Ceci s’expliquerait par la baisse des réexportations en
direction vers le Nigeria comme le montre le tableau 2. Ces réexportations généreraient-elles
des taxes pour l’Etat Béninois?
4-2-2-3- Impact de la baisse du cours du coton
Ce sous paragraphe analyse l’impact de la baisse des cours du coton sur le marché
international, baisse amorcée depuis 1998.
Tableau 3 : Choc du cours du coton (Baisse)
Nom des variables
Impact (%) de la baisse du
cours du coton de 35%
Bien d'exportation (E)
-31,6175
Offre du bien domestique (Ds)
5,9401
Offre du bien composite (Qs)
5,2553
Recettes fiscales (Tax)
-10,0384
Revenu Total (Y)
-0,2600
Epargne Agrégée (S)
-4,0083
Investissement (Z)
0,1554
Source: Résultats des analyses (2009)
28
Selon les résultats du tableau 3, une baisse de 35% du cours international du coton
aurait pour effet à moyen terme la baisse du revenu des producteurs (près de 0,26%)
accompagnée d’une chute d’environ 32% des exportations de ce produit de rente. En effet, le
souci de se préserver désormais des risques de la monoculture amène les producteurs à
abandonner le coton pour se tourner vers d’autres cultures non échangeables. Cette volonté
des producteurs, ajoutée à la politique de diversification de l’Etat, pourrait expliquer en partie
l’accroissement des investissements (+0,15%) dans d’autres cultures. Ceci justifierait
l’accroissement des offres des biens domestiques et composites respectivement d’environ 6 et
5%.
Cependant, les recettes fiscales chutent de près de 10%. Tout ceci montre le poids de
la filière coton dans l’économie nationale. Effet, OMC (2004) écrit successivement: «…le
secteur primaire assure plus de 33 pour cent du PIB et plus de 95 pour cent des recettes
d'exportation, performance principalement due au coton ». « Le déficit chronique de la
balance de biens et services s'est détérioré, principalement en raison de la baisse des cours
mondiaux du coton, la détérioration des termes d'échanges et l'augmentation des valeurs des
importations (produits pétroliers, biens intermédiaires, biens d'équipement, services).». « La
filière coton demeure l'activité dominante, représentant à elle seule 13% du PIB, 35% des
rentrées fiscales et 77% des exportations totales.». L’importance de la filière coton dans
l’économie du Bénin fait que, en dépit des avantages de diversification qu’offre ce choc,
l’effet global reste négatif (l’épargne agrégée baisse de 4%).
4- 3- Analyse des réponses de politiques agricoles
Cette section présente les mesures de politiques agricoles mises en place par le Bénin
pour atténuer l’effet des chocs économiques.
4-3-1- Les instruments de politiques agricoles
Parmi la multitude de mesures politiques possibles, l’on a retenu les suivantes : (1) les
politiques de prix, (2) les politiques de production et (3) les Accords de Partenariat
Economiques qui sont en voie d’être signées avec l’Union Européennes.
29
4-3-1-1- Les politiques de prix
Les politiques de prix regroupent la politiques de subvention aux producteurs du
coton ; la politique de baisse des taxes à l’importation; la politique de subvention du riz
brisure ; la constitution de stock tampon et des boutiques témoins par l’ONASA.
Dans le cadre de la politique de baisse des taxes à l’importation, certains produits ont
été ciblés pour bénéficier de cette politique pour trois mois. Ces produits sont le riz blanchi
ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes alimentaires, et les produits pétroliers.
En Mai 2008, la politique de subventionner à hauteur de 25% du riz brisure est mise en
œuvre. La constitution du stock tampon et des boutiques témoins par le gouvernement a
consistent pour l’ONASA à stocker à travers l’achat local de maïs après le déclenchement de
la flambée des prix.
4-3-1-2- Les politiques de production
L’on peut citer les politiques mises en œuvre dans le cadre du PUASA et du PDAVV.
S’agissant du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA), il vise les
objectifs suivants :
-
La croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les
principales racines et tubercules
-
L’amélioration des techniques de conservation et de transformation
-
La constitution d’un stock de sécurité pour 12 mois de 80000 tonnes de riz blanchi et
150000 tonnes de maïs.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs activités doivent être mises en œuvre dont notamment :
-
Distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs
agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et
plus de 10 ha pour les groupements
-
- Système des crédits avec caution solidaire
-
- Mise en place des motopompes
Quant au Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées
(PDAVV), il devrait permettre d’apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les
30
vallées du Niger et de l’Ouémé à travers deux différentes composantes : l’aménagement
hydroagricole des vallées et l’apport des mesures d’accompagnement.
4-3-1-3- Les Accords de Partenariat Economique APE
Les APE sont des accords de libéralisation du commerce entre l’Union Européenne et
les pays ACP. Conformément aux articles 36 et 37 de l’accord de Cotonou, l’objectif
principal des APE est de mettre en place des zones de libre-échange et d’éliminer
progressivement les entraves tarifaires et non tarifaires pour la quasi-totalité des échanges
entre les parties. Outre la place importante accordée à ce volet commercial, les APE
encouragent le renforcement de la coopération dans tous les domaines en rapport avec le
commerce, ainsi que les initiatives en matière d’intégration régionale, et ce conformément aux
dispositions et règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). L’une des
caractéristiques de ces accords est la réciprocité. Désormais, Les produits européens pourront
accéder librement (en franchise de droits de douane) au marché des ACP.
Le Bénin, en effet, envisage de signer ces accords même si une décision dans ce sens
n’est pas encore prise.
4-3-2- Analyse de l’impact de quelques politiques agricoles
Certaines politiques ont été mises en œuvre par l’Etat en vue de juguler les effets
négatifs de ces chocs économiques. D’autres sont en voie de l’être. Ce paragraphe présente
l’impact de quelques politiques de prix. Il s’agit respectivement de la politique de baisse de
10% des taxes sur les importations ; de la politique de subvention du prix du coton ; de la
politique de subvention à hauteur de 25% du riz ; et des Accords de Partenariat Economiques.
4-3-2-1- Baisse des taxes sur les importations
Les résultats des effets de la baisse de 10% des taxes sur les importations sont
consignés dans le tableau 4 ci-dessous. Comme signalé plus haut, il s’agit des produits comme
31
le riz blanchi ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes alimentaires, et les produits
pétroliers.
Tableau 4: Impact (%) de la politique de baisse des taxes sur les importations
Nom des variables
Baisse de 10% des taxes
à l’importation
Bien d'importation (M)
0,3949
Offre du bien composite (Qs)
-0,0455
Recettes fiscales (Tax)
-0,2749
Epargne Agrégée (S)
-0,0034
Investissement (Z)
-0,0014
Epargne Publique (Sg)
-0,0020
Source: Résultats des analyses (2009)
L’examen du tableau 4 suggère qu’une telle mesure entraînerait une hausse des
importations de près de 0,39%, une baisse de l’offre du bien composite consécutive à une
tendance à la chute des investissements agricoles. Par ailleurs les recettes fiscales baissent de
0,27%. Seul le consommateur local y trouve son compte parce que ayant en face un grand
nombre de produits variés et moins chers.
Même si cette baisse de la taxation profite aux consommateurs, il se pose un certain
nombre de questions fondamentales : la politique de libéralisation est-elle avantageuse pour
les pays en voie de développement comme le Bénin? Quel est l’effet net d’une telle mesure
sur le bien être de la communauté? La théorie en effet, énonce qu’en termes d’économie du
bien être, le gain que tirent les consommateurs est supérieur à la somme des pertes que
subissent les producteurs et l’Etat. Des essais de réponses sont donnés à toutes ces questions
dans le sous paragraphe 4-3-2-4 sur l’impact des Accords de Partenariat Economique.
4-3-2-2- Subvention du prix du coton
Cette partie traite de l’impact d’une mesure de politique : la subvention de 43
FCFA/Kg du prix du coton.
32
Tableau 5 : Impact (%) de la politique de subvention du prix du coton
Nom des variables
Subventions prix du coton
de 43 FCFA/Kg
Céréales
-19,4148
Recettes fiscales (Tax)
-5,1382
Epargne Agrégée (S)
0,0011
Epargne Publique (Sg)
-0,0389
Source: Résultats des analyses (2009)
L’on s’aperçoit sur le tableau 5 que l’offre de bien composite notamment les céréales
baisse de 19%, les recettes de l’Etat chutent de 5%. Même si l’épargne publique s’amenuise,
l’on note une tendance à la hausse de l’épargne agrégée. La baisse de l’offre des céréales
soulève une fois de plus le problème de compétition entre filières agricoles. En effet, puisque
les facteurs de production sont limités, le producteur est obligé de consacrer toutes ses
ressources (main d’œuvre, terre, etc.) à la production du coton dont les prix sont
subventionnés. Ce faisant, les autres cultures agricoles sont délaissées.
4-3-2-3- Subvention du riz
Depuis Mai 2008, le riz brisure est subventionné à hauteur de 25%. C’est une décision
qui s’applique à tous le pays et dont les effets sont présentés dans le tableau 6 ci-après.
Tableau 6 : Impact (%) de la politique de subvention du riz
Nom des variables
Subvention du riz 25%
brisure
Importations Riz
-2,2727
Offre du bien composite (Qs)
0,1138
Recettes fiscales (Tax)
-0,6916
Epargne Agrégée (S)
0,0087
Consommation (Cn)
0,0035
Prix de ventes (Pt)
-0,0035
Investissement (Z)
0,0035
Impôts indirects (ts)
-0,1136
Source: Résultats des analyses (2009)
33
A l’analyse de ce tableau 6, l’on remarque qu’à la suite de cette politique, les
importations ont amorcé une tendance à la baisse (2%) au moment où l’offre de bien
composite augmente (+0,11%). Tout ceci va à l’avantage des consommateurs qui peuvent
augmenter leur demande de riz du fait de l’accroissement de l’offre et de la baisse des prix de
vente. Cependant, les revenus de l’Etat baissent.
4-3-2-4- Les Accords de Partenariat Economique (APE)
Les APE ne sont pas encore signés par le Bénin. Les négociations devraient se faire
dans un cadre concerté avec les pays de la sous région. C’est ainsi que, selon un rapport du
Ministère des Finances (2004), la région Afrique de l’Ouest comprenant les pays membres de
la CEDEAO ont lancé depuis le 6 Octobre 2003 les négociations régionales en vue de la
signature de cet accord. Le tableau 7 présente les effets de ces accords sur quelques agrégats
économiques au Bénin.
Tableau 7 : Impact (%) des Accords de Partenariat Economique
Nom des variables
Impact des APE
Bien d'importation (M)
6,9812
Offre du bien composite (Qs)
-0,8048
Recettes fiscales (Tax)
-31,0009
Epargne Agrégée (S)
-0,0559
Consommation (Cn)
0,0252
Prix de ventes (Pt)
-0,0252
Investissement (Z)
-0,0252
Epargne Publique (Sg)
-0,2349
taxes sur les importations (tm)
-63,8223
Droits d'exportation (te)
-99,3605
Impôts indirects (ts)
Epargne Extérieure (B)
0,8113
-100,0000
Source: Résultats des analyses (2009)
A l’examen de ce tableau 7, l’on analysera l’impact des Accords de Partenariat
Economique sur trois catégories d’acteurs : les producteurs, les consommateurs et l’Etat.
34
Au niveau des producteurs
La mise en œuvre des APE contribuerait à accroître les importations en provenance de
l’Union Européenne (hausse d’environ 7%). La conséquence est que d’une part, l’offre locale
de biens composite chute de près de 1% et d’autre part, les prix de vente et donc les prix au
consommateur baissent de 0,025%. Au regard de ces effets sur le producteur béninois, l’on
pourra dire que les APE, en favorisant la hausse des importations et la concurrence des
produits locaux par les produits européens, ne favorisent pas le développement des
productions agricoles au Bénin. En effet, les producteurs au Bénin ne sont pas encore outillés
pour se livrer à une telle concurrence puisque les facteurs de production sont rudimentaires, la
condition de respect des normes et de la qualité est loin d’être satisfaite, etc.
Au niveau des consommateurs
Deux indicateurs sont à prendre en compte : la consommation et les prix au
consommateur. De l’analyse du tableau 7, il ressort que la consommation s’accroître de près
de 0,025%. Tout ceci s’explique par la hausse des offres de produits et la baisse des prix de
vente au consommateur (0,025%). La conclusion est que le consommateur s’en tirerait mieux
des APE.
Au niveau de l’Etat
Les revenus de l’Etat proviennent essentiellement des recettes fiscales. Le constat qui
se dégage du tableau est que les recettes baissent de 31%. Cette situation est due à la baisse
des taxes sur les importations et des taxes d’exportations respectivement de 64 et 99% même
si les impôts indirects augmentent sensiblement.
Au niveau de l’économie béninoise
L’épargne agrégée baisserait de 0,06% et l’épargne extérieur de 100%. Le résultat en
est la chute des investissements comme le montre bien le tableau.
35
4-4- Efficacité des mesures de politiques agricoles
Les résultats des tableaux 4 à 7 aident déjà à juger de l’effet net des politiques mises
en œuvre par l’Etat. Néanmoins, cette section fait le point quant à l’efficacité de deux mesures
de politiques agricoles au lendemain des différents chocs économiques qu’a subi l’agriculture
béninoise. Il s’agit des subventions du riz (tableau 8) et du coton (tableau 9).
4-4-1- Efficacité de la subvention du riz
L’efficacité de la politique de subvention du riz est présentée dans la dernière colonne
du tableau 8 par la mesure de l’effet net de cette politique. Ceci consiste à faire la différence
entre les effets du choc (choc hausse des prix du riz) et ceux de la mesure de politiques
(subvention du riz).
Tableau 8 : Efficacité de la politique de subvention du riz
Nom des
variables
1,0015
Subvention du riz
25% brisure
0,1138
Effet net (colonne
3-colonne 2)
-0,8877
-0,6770
0,0087
0,6857
-0,1000
0,0035
0,1036
0,1002
-0,0035
-0,1037
Impact de la hausse de 20% du
prix du riz (en %)
Offre du bien
composite (Qs)
Epargne Agrégée
(S)
Consommation
(Cn)
Prix de ventes
(Pt)
Source: Résultats des analyses (2009)
Les résultats montrent que le seul acteur qui bénéficierait réellement de cette mesure
est le consommateur. En effet, sa consommation aurait augmenté de 0,10% et les prix de
vente diminueraient de 0,10%. Cependant, les producteurs ont vu l’offre de leur produit baissé
de 0,89%.
L’on conclut donc pour dire que cette mesure est efficace si les objectifs de départ
étaient d’améliorer les conditions de vie des consommateurs. Mais si la mesure visait les
producteurs, l’objectifs n’est pas atteint, au contraire. Donc, l’on pourra dire, du point de vue
du consommateur, que la politique de subvention du riz a atténué l’effet du choc sur le
36
consommateur. Puisque cette mesure est juste prise pour six (6) mois, l’on se demande ce que
deviendraient les consommateurs si la crise (le choc) perdurait.
4-4-2- Efficacité de la subvention du prix du coton
En ce qui concerne la subvention du prix du coton, son efficacité nette est examinée
dans le tableau 9 ci-après. La méthode de calcul est la même que précédemment.
Tableau 9 : Efficacité de la politique de subvention du prix du coton
Nom des
variables
Bien
d'exportation (E)
Offre du bien
domestique (Ds)
Recettes fiscales
(Tax)
Revenu Total (Y)
Epargne Agrégée
(S)
Investissement
(Z)
Impact (%) de la baisse du
cours du coton de 35%
-31,6175
Subventions prix du
coton de 43 FCFA/Kg
-
Effet net (colonne
3-colonne 2)
-
5,2553
-19,4148
-24,6701
-10,0384
-5,1382
4,9002
-0,2600
-4,0082
0,0011
4,0093
0,1554
-
-
Source: Résultats des analyses (2009)
La mise en œuvre de la politique au coton améliorerait les recettes de l’Etat d’environ
5%. Ce résultat serait du à l’amélioration de l’offre des exportations du coton qui lui-même
serait la conséquence d’un délaissement des productions locales par les producteurs. En effet,
l’offre de biens domestiques est en baisse de près de 25%.
L’on pourra retenir que la subvention du prix du coton profite au producteur de ce bien
et à l’Etat. Cependant, les consommateurs pourraient arriver à manquer les produits locaux
(céréales notamment) du fait de la baisse de leur offre sur le marché. Il en résulterait la hausse
des prix de ces denrées puisque la demande étant inférieure à l’offre. Donc, du point de vue
du producteur et de l’Etat, la subvention du coton est efficace. Cependant, elle ne l’est pas
lorsque l’on considère le consommateur. En définitive, l’efficacité de cette politique dépend
des objectifs fixés au départ.
37
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Eléments de conclusion
Dans le présent travail, sont exposés successivement l’analyse des chocs économiques
qui ont touché l’économie béninoise en général et le secteur agricole en particulier dans la
deuxième moitié des années 2000 et les différentes politiques élaborées par l’Etat comme
réponses à ces chocs.
S’agissant des chocs économiques, ils sont catégorisés en trois (03): les chocs
internationaux, les chocs régionaux et les chocs nationaux ou locaux. Les chocs économiques
internationaux sont des modifications ou changements intervenus dans l’environnement
mondial et qui ont un impact sur l’économie nationale. Au nombre de ceux-ci, l’on a distingué
la crise alimentaire ayant induit la hausse des prix des produits primaires notamment les
céréales ; de la hausse des cours du pétrole et de l’énergie ; de la baisse du cours du coton ; du
phénomène de la grippe aviaire ; et de l’appréciation du FCFA par rapport au dollar. Les
chocs régionaux sont principalement les mesures protectionnistes des pays voisins notamment
le Nigeria et la hausse des exportations de produits vivriers en direction des pays voisins. Les
chocs nationaux vont du nombre élevé d’intermédiaires dans les marchés à la faible
disponibilité des intrants agricoles (engrais spécifiques, semences, etc.), en passant par la
hausse du coût de transport, la faiblesse de l’investissement (irrigation, mécanisation, etc.), la
faiblesse des précipitations et leur mauvaise répartition spatio-temporelle.
L’analyse de quelques uns de ces chocs a permis de comprendre leurs effets sur
certaines variables économiques. Par exemple, la crise alimentaire ayant entraîné la hausse du
prix du riz de 20% a, entre autres effets, la hausse des prix aux consommateurs, la baisse de la
consommation privée des biens domestiques et importés, composés essentiellement de
céréales, la perte du revenu réel des ménages, la baisse des épargnes publique et agrégée et
l’accroissement de l’offre de bien composite à moyen terme. Aussi, les mesures
protectionnistes du Nigeria ont eu comme effets l’accroissement de l’offre du bien
domestique, la baisse des prix aux consommateurs, la baisse des recettes fiscales et la chute de
l’épargne publique. Par ailleurs, la baisse des cours internationaux du coton a comme
conséquences la baisse du revenu des producteurs, l’accroissement des investissements,
l’accroissement des offres des biens domestiques et composites, la chute des recettes fiscales.
38
Quant aux politiques mises en œuvre comme réponses ou en voie de l’être, elles
regroupent les politiques de prix, les politiques de production et les accords internationaux
notamment les accords de partenariat économique APE. Les politiques de prix regroupent la
politiques de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à
l’importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de stock tampon et des
boutiques témoins par l’ONASA. Les politiques de production sont celles préconisées dans le
cadre du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et du
Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV). Les APE
sont des accords de libre échange que le Bénin envisage de signer en compagnie des autres
pays des ACP avec l’Union Européenne.
L’impact des quelques unes de ces mesures de politiques est présentée. Il s’agit de
l’impact de la baisse des taxes sur les importations, de l’impact des subventions au coton, de
l’impact des subventions du riz, et l’impact des APE. En effet, les taxes sur les importations
contribuent à la hausse des importations, à la baisse de l’offre du bien composite, à la chute
des investissements agricoles et à l’amenuisement des recettes fiscales. La subvention au
coton a pour conséquences la baisse de l’offre de bien composite notamment des céréales, la
chute des recettes de l’Etat et la hausse de l’épargne agrégée. La subvention du riz fait baisser
les importations, augmente l’offre de bien composite et faire chuter les revenus de l’Etat. Les
APE, en améliorant la situation des consommateurs, ne favorisent pas les producteurs et
l’Etat.
L’analyse de l’efficacité des différentes politiques doit tenir compte des objectifs de
départ visés par l’Etat. Si par exemple, lors de la mise en œuvre de la subvention du coton,
l’objectif visé était d’augmenter les recettes de l’Etat et d’améliorer les revenus des
producteurs du coton et de les encourager à continuer l’activité de production du coton, l’on
retiendra que cette politique est efficace, du moins à cout terme. En effet, la mise en œuvre de
la politique au coton améliorerait les recettes de l’Etat et augmenterait l’offre des exportations
du coton. Cependant, si cette politique visait les consommateurs de céréales, elle ne serait pas
efficace. En effet, elle entraînerait un délaissement des productions locales par les producteurs
(baisse de l’offre de biens domestiques). La même analyse est valable pour l’analyse de la
politique de subvention du riz.
39
Perspectives
Plusieurs ambitions sont nourries pour le secteur agricole en vue de lui permettre de
s’intégrer dans l’économie nationale et d’être réellement un moteur de croissance. Dans le
SCRP (2007), des options de modernisation de l’agriculture et de sa diversification sont
annoncées.
Dans le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole, les défis majeurs pour
l’agriculture béninoise à l’horizon 2015 sont de trois ordres:
-
Nourrir la population béninoise : le secteur agricole doit assurer la couverture des
besoins alimentaires et nutritionnels sans cesse croissants des populations (13
millions d’habitants d’ici 10 ans);
-
Assurer l’accroissement des revenus des producteurs agricoles : pour la satisfaction
des besoins non alimentaires (soins de santé, éducation et autres), et l’amélioration
des conditions d’emploi et d’existence en milieu rural;
-
Jouer le rôle de vecteur de croissance économique pour atteindre un niveau
satisfaisant en matière de contribution du secteur agricole à l’économie nationale.
En vue de réaliser ces défis, des orientations stratégiques sont mises en œuvre. La
vision étant de faire du Bénin, une puissance agricole dynamique à l’horizon 2015,
compétitive, respectueuse de l’environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de
développement économique et social de la population. L’objectif global est d’améliorer les
performances de l’agriculture béninoise pour la rendre capable d’assurer de façon durable la
souveraineté alimentaire de la population et de contribuer au développement économique et
social du Bénin, à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et à la
réduction de la pauvreté.
La relance du secteur agricole, dont la vision et les objectifs sont formulés plus haut
encouragera :
40
-
le développement des filières porteuses dans les domaines des productions végétales
(ananas, anacarde, coton, maïs, manioc, cultures maraîchères, riz, palmier à huile),
animale (volaille, aulacode, lait, œuf) et halieutique (crevette, poisson) ;
-
le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à travers un accroissement
de la compétitivité des produits vivriers de grande consommation, pour conserver un
niveau de prix des produits alimentaires convenable pour les consommateurs, tout en
réduisant la facture alimentaire ;
-
la conquête des marchés, la transparence des transactions et le respect des normes et
de la traçabilité des produits, sur la base d’informations commerciales bien partagées.
En s’inspirant de toutes ces ambitions, le présent travail simule deux types d’objectifs
à savoir : réduire de moitié les importations en augmentant l’offre du bien domestique et
doubler les exportations. Les résultats de ces simulations sont présentés dans les annexes B et
C. Ces simulations permettent de répondre à la question : De combien de pourcentage doivent
augmenter certaines variables en vue de réduire les importations et de doubler l’offre
d’exportations agricoles au Bénin ?
L’analyse des résultats de ces simulations montre que pour atteindre ces deux objectifs
su-cités, il faut un grand effort, tant de l’Etat que des producteurs et des autres acteurs des
filières agricoles au Bénin.
41
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45
ANNEXE
Annexe A: Evolution des croissances sectorielles de 2006-2009
2002-2004 2005 2006 2007 2008 2009
Secteur Primaire
3,7 -0,8
7,1
7,4
7,4
7,8
Secteur secondaire
3,2
5,4 -1,3
6,6
7,4
7,4
Secteur Tertiaire
3,6
6
1,5
4,6
6,3
7,6
Services non Marchands
4,2
4
4,1
5
6
6
PIB
3,8
2,9
3,6
6
6,8
7,5
Source: Données du MDEF (2006)
Annexe B: Politiques pour réduire les importations de moitié
Nom des variables
Réduire de moitié les
importations
Revenu Total (Y)
0,5290
Epargne Agrégée (S)
8,4219
Consommation (Cn)
1,4806
Prix de ventes (Pt)
-1,4590
Investissement (Z)
1,4806
Epargne Publique (Sg)
9,5773
Impôts indirects (ts)
-46,9416
Impôts directs (ty)
-0,5262
Consommation Publique (G)
1,4806
Production (X)
0,5290
Source: Résultats des simulations (2009)
46
Annexe C: Politiques (%) en vue de doubler les exportations
Nom des variables
Doubler les exportations
agricoles
Coton
23,1070
Anacarde
235,0176
Graines de Karité
885,0713
Crevettes congelées
5076,5533
Huile de Palme (toutes catégories)
2463,1751
Ananas
21099,3840
Autres Exportations
5,7110
Offre du bien domestique (Ds)
-18,7874
Offre du bien composite (Qs)
-15,9631
Recettes fiscales (Tax)
36,7945
Revenu Total (Y)
0,7902
Epargne Agrégée (S)
5,9181
Consommation (Cn)
4,8703
Prix de ventes (Pt)
0,8016
Investissement (Z)
4,8703
Epargne Publique (Sg)
7,9864
Droits d'exportation (te)
11,6025
Impôts indirects (ts)
25,7913
Impôts directs (ty)
4,8822
Taux d'épargne (sy)
-4,2264
Consommation Publique (G)
4,8703
Transferts Publics (tr)
-100,0000
Dons extérieurs (ft)
5,7110
Transferts nets privés (re)
72,1514
Epargne Extérieure (B)
Production (X)
-100,0000
0,7902
Source: Résultats des simulations (2009)
47
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