
de la reconnaître en tant que soin à part entière tellement elle se confond avec la vie et
l'ordinaire du quotidien. Les infirmières l'ont appelée : "le rôle propre".
La dimension curative et réparatrice du soin est la dimension du «traiter-guérir», celle qui
devient nécessaire lorsque survient la maladie ou l'accident et que l'on a besoin de recourir à
des techniques et à des interventions particulières non habituelles. Cette dimension s'est
considérablement développée depuis la fin du siècle dernier grâce à l'essor de la médecine
scientifique.
Cette dimension s'additionne à la dimension coutumière, sans cependant se substituer à elle,
sans pouvoir rendre celle-ci secondaire ou annexe. Il faut souligner que de nombreuses
personnes avancent très tard dans leur vie sans avoir recours aux soins curatifs-réparateurs.
Mais personne ne saurait se passer longtemps des soins coutumiers.
« La pratique infirmière auprès des personnes malades … se distingue de la
pratique médicale en ceci qu'elle a la particularité d'articuler intimement ces
deux dimensions indissociables. C'est pourquoi on parle volontiers de
pratique soignante pour désigner la pratique infirmière, soulignant ainsi
l'approche à vocation unifiante et multidimensionnelle du soin et de la
personne qui caractérise cette pratique. » (3)
En partant de l’analyse de situations concrètes de travail, un groupe d’infirmière de maisons
médicales a défini une dizaine de fonctions différentes faisant partie du rôle de
l’infirmière :
1 La fonction de soins : préventifs, curatifs, de bien-être (confort), palliatifs, de
participation au diagnostic (ex : prise de sang, tension, ECG,...)
2 La fonction d’éducation
3 La fonction d’information
4 La fonction de soutien, d’accompagnement
5 La fonction de prévention : - individuelle - collective
6 La fonction de coordination, lien, collaboration
7 La fonction d'observation de la personne dans et avec son environnement
8 La fonction de surveillance
9 La fonction de gestion du matériel
10 La fonction "politique" (interpellation, actions collectives, ouverture, défense
professionnelle, réflexion sur l'évolution de la profession).
La confiance ressort comme l’autre élément fondamental qui permet l’instauration de la
collaboration interdisciplinaire.
La culture médicale repose encore trop souvent sur une hiérarchie interprofessionnelle,
véhiculée dans le cadre d’un modèle organisationnel hospitalier au sein duquel le médecin
conserve sa position d’autorité
Pour que la collaboration, et plus encore l’intégration, puissent réussir pleinement, il doit
exister un lien de confiance entre les partenaires, un partage de pouvoir de responsabilités
vécu dans le respect mutuel et une relation d’égalité. (4)
Le climat de confiance est possible si les rôles sont explicites et définis en commun et si les
compétences de chacun sont reconnues.
Selon les infirmières, l’importance d’être reconnue et de prendre sa place compte parmi les
composantes majeures qui les soutiennent dans leur pratique autonome.
La communication et les relations non hiérarchiques, établies dans un climat de respect et
d’ouverture aux autres, facilitent cette collaboration.
Cette collaboration prend du temps pour s’instaurer. Chacun est amené à faire un effort hors
de son domaine propre et de son propre langage technique pour s’aventurer dans un domaine
dont il n’est pas le propriétaire exclusif. L’interdisciplinarité repose sur un objectif
clairement défini dès le départ entre partenaires de soins.
3 Moreau Danielle, Ethique clinique et pratique infirmière, in Soins n° 618, septembre 1997, p44
4 Roy Danielle et Sylvain Hélène, La pratique infirmière en GMF et son contexte d’interdisciplinarité in
Perspective infirmière, septembre/octobre 2004, pp 16-25
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