Conjoncture
et risques économiques
Le Bulletin
Économique
N°1214
janvier 2015
www.eulerhermes.fr
Vue d’ensemble
2015
Ce n'est pas parce qu'on écrit
des contes de fées qu'on
croit aux loups-garous
Études économiques
*
* Notre savoir au service de votre réussite
CE DOCUMENT
est un extrait
de notre Bulletin économique
N° 1214 (janvier 2015).
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Le Bulletin Économique N°1214 | janvier2015 | Conjoncture et risques économiques Euler Hermes
2
Direction des Études Économiques
du Groupe Euler Hermes
Le Bulletin
Économique
N° 1214
Conjoncture
et risques économiques
Sommaire
Le Bulletin Économique du Groupe
Euler Hermes est publmensuellement
par la Direction des Études économiques
d’Euler Hermes Group. Il est destiné aux
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mention de la source. Se renseigner au-
près de la Direction des Études écono-
miques.
Directeur de la publication et Chef
Économiste: Ludovic Subran
Études macroéconomiques et risques
pays: David Semmens (Responsable),
Frédéric Andrès, Andrew Atkinson, Ana
Boata, Mahamoud Islam, Dan North, Da-
niela Ordóñez, Manfred Stamer (Écono-
mistes pays), Lukas Boeckelmann, Sarah
Bosse-Platière (Assistants de recherche)
Études sectorielles et défaillances
d’entreprises: Maxime Lemerle (Res-
ponsable), Farah Allouche, Yann Lacroix,
Marc Livinec, Didier Moizo (Conseillers
sectoriels), Sergey Zuev (Assistants de
recherche)
Édition: Martine Benhadj
Conception graphique : Claire Mabille
Crédit photo: Allianz
Support: Lætitia Giordanella (Assistante),
Arthur Stalla-Bourdillon (Assistant de re-
cherche)
Pour tous renseignements: Direction
des Études économiques 1, place des
Saisons 92048 Paris La Défense CEDEX
Tél. : +33 (0) 1 8411 5046 Courriel:
Hermes Group – Société anonyme à di-
rectoire et conseil de surveillance au ca-
pital de 14 509 497 , RCS Paris B
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Impression: Talesca 27500 Pont Aude-
mer – Dépôt légal janvier 2015; issn
1162 – 2881 Achevé de rédiger le
20 janvier 2015
3ÉDITORIAL
4VUE D’ENSEMBLE
8ÉVOLUTION DES RISQUES PAYS
10 CONTE n°1- La mort de la poule aux
œufs d’or ?
10  États-Unis: la Fed relèvera ses taux
11  Royaume-Uni: vers un resserrement
monétaire en douceur…
12 CONTE n° 2 - Le Garçon qui criait au
loup/à la croissance
12  Brésil: une croissance qui se fait attendre
13  Mexique: le loup serait-il en train de se
réveiller?
14 CONTE n° 3 - La Belle au bois
dormant et le Prince charmant
14  France: l’investissement peut-il réveiller
la Belle au bois dormant ?
15  Allemagne: un Prince à l’armure
incomplète?
16 CONTE n° 4 - Hansel et Gretel perdus
dans les bois
16  Espagne: première dans la recherche de
la croissance
17  Italie: en retard, mais dans la course
18 CONTE 5- Le Renard et le Chat
18  Russie: le renard a plus d’un tour dans
son sac
19  Pologne: le chat a fait ses griffes
20 CONTE 6-Le Lièvre et la Tortue
20  Éthiopie: la tortue se mue en lièvre mais
pour combien de temps?
21  Afrique du Sud: l’éternelle tortue
parviendra-t-elle un jour à franchir la ligne
d’arrivée?
22 CONTE 7-La Cigale et la Fourmi
22  Chine: réduire l’épargne
23  Inde: la stratégie « Modinomics » ou
comment restructurer l’économie pour
atteindre le potentiel
24 NOS PUBLICATIONS
26 IMPLANTATIONS
3
Euler Hermes Le Bulletin Économique N°1214 | janvier2015 | Conjoncture et risques économiques
ÉDITORIAL
Il était une fois…
LUDOVIC SUBRAN
Alors que l’hiver nous enveloppe de ses nuits toujours plus
noires – tout au moins dans l’hémisphère nord –, ceux d’entre
nous qui ont des enfants pourraient décider de passer le
temps à lire des fables et des histoires au coin du feu (ou de
toute autre source de chaleur). Les sept contes de fées rete-
nus par Euler Hermes pour ses perspectives économiques
de 2015 constituent le manuel d’initiation idéal pour les
« Mères Tigres » qui souhaiteraient développer (de manière
certes un peu précoce) les compétences économiques de
leur progéniture. Tous commencent ainsi : « Il était une fois,
dans le grand désordre économique mondial… » et finissent
par « et le Banquier Central vécut heureux jusqu’à la fin de
ses jours ».
Plus sérieusement, 2014 s’est terminée comme un film d’hor-
reur. La magie de l’assouplissement quantitatif de la Fed a
pris fin, les tensions se sont exacerbées dans différents en-
droits névralgiques et les cours du pétrole se sont effondrés
– tous ces événements ont changé la donne pour bon nom-
bre d’entreprises à travers la planète. Alors que nous venons
de tourner la page de 2014, souhaitons que 2015 connaisse
une fin moins sombre.
Au lycée, j’avais étudié Psychanalyse des contes de fées, de
Bruno Bettelheim – notre professeur était assez particulier à
l’époque, j’en conviens. L’ouvrage traite de l’impact des
contes de fées les plus noirs – comme ceux des Frères Grimm
– sur les enfants. Les ténèbres de l’abandon, de la mort, des
méchantes sorcières et autres épreuves sont censées aider
les petits à surmonter leurs angoisses et parvenir plus forts
à l’âge adulte. Espérons que nos contes de fées macroéco-
nomiques accompagneront les pays sur le chemin de la
croissance.
L’Histoire sans fin que nous allons vous raconter commence
aux États-Unis et au Royaume-Uni, la Poule aux œufs d’or
(la politique d’assouplissement monétaire massif) s’avère
bien difficile à tuer. Outre-Atlantique, le Brésil marche dans
les pas du Garçon qui criait au Loup: il convoque la croissance
depuis un certain temps mais elle ne montre toujours pas le
bout de son nez… À l’inverse du Mexique, qui prend le tau-
reau par les cornes. En Europe, l’Espagne et l’Italie jouent à
Hansel et Gretel, perdus dans la forêt, même si une lumière
luit au bout du tunnel: celle de l’assouplissement quantitatif
tant attendu. Dans l’atelier de création monétaire, c’est de
fait au tour de la BCE de faire tourner la planche à billets!
Une question reste toutefois en suspens: le Prince allemand
viendra-t-il réveiller la France au bois dormant? Plus à l’Est,
les nombreux tours de passe-passe de la Russie ne l’ont pas
mise à l’abri des chasseurs du marché, tandis que la Pologne
fait ses griffes. En Afrique, le lièvre sud-africain pourrait bien
ne jamais franchir la ligne d’arrivée tandis que certaines tor-
tues peu ordinaires (mais nombreuses) comme l’Éthiopie
font des merveilles. Notre premier volume de contes de fées
économiques s’achève sur l’Asie, la fable de la Cigale et
de la Fourmi oppose les vieilles habitudes de la Chine (in-
corrigible épargnante) aux « Modinomics », qui pourraient
faire le printemps de l’Inde.
En 2015 donc, les contes (et l’espoir) nous seront bien utiles,
la croissance semblant appelée à rester fragile sans l’aide
d’une Bonne Fée.
Le Bulletin Économique N°1214 | janvier2015 | Conjoncture et risques économiques Euler Hermes
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VUE
D’ENSEMBLE
En 2015, la croissance mondiale devrait connaître
une légère amélioration, +2,8 %, avant de
légèrement augmenter à +3,1 % en 2016.
Si 2014 avait commencé dans un climat de grand
optimisme, les déceptions et frustrations
économiques se sont finalement enchaînées
dans le monde entier.
Cette année, les mesures prises par la Banque centrale eu-
ropéenne (BCE) et la Banque du Japon (BoJ) devraient, selon
nous, soutenir la croissance, l’inflation et les anticipations
d’inflation, mais celles-ci font toutes partie d’un scénario de
reprise pluriannuelle. Un optimisme prudent reste à nos
yeux impératif dans la mesure où, en 2014, seuls l’Espagne,
le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Inde ont véritablement dépassé
nos attentes largement inférieures au consensus mo-
destement toutefois.
En 2015, les économies avancées devraient enregistrer une
croissance de +2,1 %, soit leur rythme le plus rapide depuis
2010. Les États-Unis (dont le PIB devrait augmenter de 3,1 %
cette année) devraient afficher une croissance plus de 2,5
fois supérieure à celle de la zone euro, laquelle devrait finale-
ment franchir le seuil des +1,0 % de croissance (+1,1 %, soit
le rythme le plus soutenu depuis quatre ans). Nous attendons
des mesures plus fortes et plus efficaces de la part de la BoJ
et du gouvernement japonais, qui devraient permettre au
PIB de passer d’une croissance anémique de +0,1 % en 2014
à +1,0 % en 2015. Les économies émergentes peineront à
dépasser leur performance inférieure à la normale de 2014
(+3,8 %) pour atteindre un rythme de +3,9 % cette année.
Elles subiront deux sortes de ralentissements, très différents
certes, mais tout à fait décisifs. En Chine d’une part, la décé-
lération (+7,3 % en 2015 après +7,4 % en 2014) est politi-
Vue d’ensemble 2015
Ce n’est pas parce qu’on écrit des contes de fée
qu’on croit aux loups-garous
DAVID SEMMENS
États-Unis
Royaume-Uni
Allemagne
Japon
Brésil
Chine
France
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
8%
9%
10%
0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7% 8%
Croissance moyenne de la consommation privée, 2009-2014
Croissance moyenne de la consommation privée, 2000-2007
Croissance de la consommation avant et après la crise
Sources: IHS, Euler Hermes
+0,2 %
Estimation
de croissance du PIB
en Russie en 2014
Euler Hermes Le Bulletin Économique N°1214 | janvier2015 | Conjoncture et risques économiques
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quement « organisée », bien accompagnée, et s’inscrit dans
le cadre d’une réorientation du modèle économique au profit
du marché intérieur l’investissement et les surcapacités de-
vant être relégués au second plan. En Russie en revanche, le
PIB a enregistré une maigre croissance de +0,2 % en 2014,
dans un contexte de sanctions économiques, de fuite des
capitaux et de baisse de près de moitié de la valeur du rouble
et du pétrole – environnement dont l’impact négatif devrait
être beaucoup plus prononcé encore en 2015 (avec une
contraction du PIB de -5,5 %) et en 2016 (-4,0 %).
Marchés développés: la demande s’améliorera
avec le temps
Elle s’est certes redressée depuis la récession, mais à ce point
du cycle, la demande des ménages reste globalement infé-
rieure à ce que son évolution historique laisserait attendre.
Lesnages américains, britanniques et allemands renouent
lentement avec leurs niveaux tendanciels de consommation
mais l’ampleur de la récession les a conduits à faire preuve
d’une prudence qui ne devrait pas les quitter à court terme.
Cette reprise de la consommation est particulièrement sen-
sible aux États-Unis, où la baisse des prix du pétrole a un im-
pact plus direct sur les dépenses et la confiance des ménages,
même si le sous-emploi reste élevé et l’augmentation des
salaires largement négligeable.
En Europe, l’atonie persistante de la reprise et l’absence d’im-
pulsions enferment les consommateurs dans une logique
de sage prudence quant à leurs intentions d’achats, d’autant
plus que l’inflation baisse et que les pressions à la hausse
sur les salaires sont inexistantes. Dans ce contexte, la de-
mande reste en berne, freinant la croissance de l’investisse-
ment. C’est précisément ce cercle vicieux que la BCE entend
rompre par son programme de rachats d’obligations souve-
raines supérieur à 1 milliard d’euros annoncé en janvier. Ce-
lui-ci sera peut-être complété par des rachats d’obligations
d’entreprises non financières plus tard dans l’année, afin
d’accroître les anticipations d’inflation et la liquidité du mar-
ché, de réduire l’écart entre les rendements périphériques,
de stimuler le crédit aux entreprises non-financières et d’en-
courager l’investissement. Ces mesures devraient par ailleurs
entraîner une nouvelle baisse de l’euro (prévu à 1,12 fin
2015) et soutenir les exportations de la zone euro grâce à
des gains de compétitivité.
Demande des marchés émergents: entre-
prises et ménages devront être davantage
encouragés à consommer
Commençons par la bonne nouvelle: 2015 devrait voir une
forte augmentation des dépenses des ménages chinois
+7,3%
En 2015, la croissance chinoise
devrait connaître son rythme
le plus lent en 25 ans
1 / 14 100%