Floriane Provenchère
Célia Capdeville
Louise Gentillet
Rire et Démocratie
Lycée Théophile Gautier – Tarbes
Avril 2014
SOMMAIRE
Introduction............................................................................................ 3
I. Le rire dans les démocraties antiques : Athènes et Rome.................... 4
I.1 L'humour durant l'Antiquité...................................................................... 4
I.2 Le théâtre antique..................................................................................... 5
II. Rire & démocratie en France des années 60 à nos jours..........................8
II.1 Rire du début de la Vème République à la fin du XXème siècle........8
II.2 Le rire dans la démocratie actuelle............................................11
Conclusion................................................................................................13
Introduction
«On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.» affirmait Desproges dans son
réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen ( Les tribunal des flagrants délires - France Inter) ou « Le rire
est le propre de l'Homme» sont deux expression connues de tous qualifiant le rire, dont nous ne
mesurons pas toujours la portée.
Le rire est un comportement réflexe exprimant généralement la gaieté, la joie, un
soulagement qui se manifeste par un enchaînement de petites expirations saccadées accompagné
d'une vocalisation inarticulée plus ou moins bruyante, soient «hihihihi ! Hahahahaha !
Hohohohoho . Le rire est causé par le comique et l'humour en général, dans un spectacle, un
sketch, une situation vécue, fictive ou racontée. Le rire est dit communicatif et inclus une
dimension de partage : une personne qui rit amène le rire à son entourage, le rire se partage en
groupe, en société (un homme rit douze fois moins seul qu'un groupe, ce qui souligne son rôle
social). En France, le rire est associé à la moquerie, ce qui explique la culture de la caricature et de
la moquerie qui consistent à pousser un trait de caractère tellement loin qu'il devient irréaliste, et
donc faux. Il s'agit de renverser une menace, le pouvoir, l'ordre établit, en retournant la situation à
son avantage, libérant la pression. En effet, le rôle du rire serait pour le cerveau de relâcher des
hormones destinées à contrer les effets du stress. Le rire a donc une vertu démystificatrice. Il ouvre
à la lucidité et permet aux uns et aux autres de prendre conscience de l'ordre et des désordres du
monde et d'en recréer un moins menaçant. Il est aussi une forme de refus et de résistance à une
pensée dominante, à des croyances, à des angoisses, il permet la transgression, de porter un
regard fantastique sur le monde l'ordre, la morale et d'envisager toutes sortes de possibles.
Le rire représente l’expression d’une joie partagée, mais surtout un champ de liberté de
pensée. Dans un système démocratique, il joue aussi son rôle. La démocratie est l'exercice direct
ou indirect du pouvoir par le peuple tous possèdent les mêmes droits, les citoyens peuvent
exercer un vivacité intellectuelle et morale. Dans la démocratie, la voix du peuple est sacrée, pour
reprendre la maxime romaine vox populi, vox dei - voix du peuple, voix des dieux. La voix du peuple
est la seule source de pouvoir légitime. Dès lors, remettre en cause cette sacralité par le rire est le
propre de l'homme. L'Homme ne peut s'empêcher malgré tout de moquer la démocratie la
moquerie et l'humour visent à signifier qu'une personne veut se donner de grands airs sans en
avoir l'envergure et garantir l'égalité de tous.
Malgré tout, peut on rire de tout dans une démocratie ?
Nous verrons comment la démocratie a pour corollaire le rire dans les démocraties antiques dans
un premier temps, puis comment il devient un contre-pouvoir dans la Vème République en France
des années 60 à nos jours.
I. Le rire dans les démocraties antiques : Athènes et Rome
I.1 L'humour durant l'Antiquité
Dans la mythologie grecque, Momos était le Dieu de la moquerie, du sarcasme et du
ridicule. Ces plaisanteries et mauvais tours auprès des autres Dieux le fit détester des hommes et
des dieux et lui coûtèrent l'exclusion par Zeus de l'Olympe. Une des premières personnes de
l'histoire à s'être intéressée au rire est Hippocrate, un grec, le «père de la médecine». On raconte
qu'il aurait été appelé dans un village pour consulter un homme que les habitants croyaient fou
parce qu'il passait son temps à rire. Après avoir fait son diagnostic, il en a déduit que « rire est
sain » et que tout le monde devrait en faire autant. La traduction du fou rire en grec est
équivalente de la secousse tant il était spontané et expressif.
Les Grecs et les Romains étaient donc de grands joueurs et l'un des trésors que nous avons
conservé de cette époque est le le Philogelos ("l'ami du rire", en grec ancien, rédigé en grec mais
datant de la république romaine), recueil sont compilées 265 blagues. Si vous imaginez que les
blagues antiques sont d'un autre temps, vous serez étonnés de savoir que la certaines ont gardé un
caractère très actuel :
Deux hommes se rencontrent dans la rue. Le premier dit : "Tiens, on m'avait annoncé que
vous étiez mort." L'autre, piqué, rétorque : "Bin, vous voyez que je ne le suis pas : je suis bel
et bien vivant." Mais le premier n'en démord pas : "Oui, mais l'homme qui me l'a annoncé
est drôlement plus fiable que vous."
Comme aujourd'hui, il y a des personnages types comme les intellectuels sont les cibles
principales et sont toujours les autres personnages ne manquent pas : les professeurs, les
médecins, les philosophes, les avares, les barbiers, les Thraces de la cité d'Abdera, de Kyme ou de
Sidon (Pourquoi les habitants de ces villes sont-ils l'objet de moqueries ? Mystère... Mais ils sont
l'équivalent de nos Belges) : tous font les frais de ces plaisanteries, dont l'humour réside dans les
stéréotypes, le décalage, l'absurde... Mais d'anciennes blagues ont tendances à ne plus nous
paraître drôles car nous sommes détachés du contexte historique comme par exemple les potins
des consuls ou sur les événements d'ont nous n'avons plus connaissance, d'autres ne sont (et n'ont
jamais été !) drôles, qu'elles contiennent des jeux de mots intraduisibles, les équivalents des
«blagues de Toto» d'aujourd'hui, ou le sens a changé comme par exemple :
L'ami d'un professeur lui demande de ramener deux esclaves de 15 ans, de son prochain
voyage. Le professeur est d'accord, mais répond : "Si je n'en trouve pas deux jeunes de 15
ans, je t'en ramènerai un de 30 ans."
Aujourd'hui, on la rapproche immédiatement de la bonne vieille blague sexiste, de
l'homme qui cherche à échanger sa femme de 50 ans contre deux jeunettes de 25... Selon Mary
Beard, helléniste à l'Université de Cambridge, ce n'est pas ainsi que les Romains l'entendaient : il
s'agirait plutôt d'une plaisanterie sur la réalité des nombres et leur nature, et la problématique de
l'abstraction du système numéraire.
Aristote au IVème siècle, oppose le rire «bouffon» à l'ironie plus subtile dont il fait l'éloge
dans sa Rhétorique : « Nous avons dit [...], combien il y a d’espèces de plaisanteries, dont une
partie s’accorde avec le caractère de l’homme libre, l’autre non: vous devez donc veiller à n’en
prendre que ce qui est en harmonie avec votre personne. L’ironie est plus digne de l’homme libre
que la bouffonnerie; par le rire, l’ironiste cherche son propre plaisir, le bouffon celui d’autrui.»
A Rome, on rit surtou des despotes. Des défilés sont organisés, durant lesquels on ne se
retient pas de faire des satires politiques.
Pour ne prendre qu'un exemple, retenons ce bon mot de Cicéron : la scène se déroule lors
du procès de Milon, accusé d'avoir assassiné le tristement célèbre Clodius. Cicéron, avocat de
Milon, est lui-même interrogé par l'accusation. Question : quand Clodius est-il mort ? Et Cicéron de
répondre : "Sero." Ce qui signifie en Latin "tard", mais aussi "trop tard". Le sel de cette réponse
tenant au fait que Clodius est décédé en fin de journée, mais aussi que, de l'avis de Cicéron, on
aurait être débarrassé de cet énergumène depuis longtemps ! Il passait pour être l'homme le
plus drôle et le plus spirituel de l'Histoire de Rome : après sa mort, ses esclaves avaient même
réuni ses meilleures réparties, dans un ouvrage en trois tomes ! Une autre anecdote, rapportée par
Mary Beard dans le Times illustre bien le propos : elle concerne l'Empereur Auguste, dont la
tolérance face aux railleries de toutes sortes était encore célébrée quatre siècles après sa mort. Le
couple qu'il formait avec Livie était l'objet des quolibets : il l'avait épousée alors qu'elle était
enceinte de son premier mari. Elle accoucha donc 3 mois après leur union - ce qui faisait dire aux
Romains que "les gens heureux ont des enfants après 3 mois de mariage"... (Suétone, "Vie de
Claude", I)
I.2 Le théâtre antique
LE THÉÂTRE GREC
Le théâtre grec est un service public de
divertissement et d'enseignement civique et
religieux pour un public illettré dans sa
majorité. Tous les rôles sont tenus par les
hommes, il n'y avait pas de comédiens
professionnels car il n'y avait que 10 jours de
théâtre. Les représentations se faisaient tout
au long de la journée en plein air. Il n'y avait
pas de séparation entre le public et les acteurs
qui étaient sur le même plan, et toutes les
classes de la société assistaient au même
spectacle.
Le theatron est un espace de
représentation artistique en forme d'arc de
cercle le public siègeait. Le Proskénion était
la place du cœur et la skéné celle des
comédiens.
L'ancienne comédie grecque est née lors de la te dionysiaque des «presssoir afin
d'organiser et réguler les orgies auxquelles les participants s'adonnaient, les saynètes étaient
improvisées et l'humour très gras. Elle s'institutionna au début du Vème siècle avant J-C et le
premier concours eut lieu en -486.
Les acteurs n'étaient pas très nombreux, portaient des costumes matelassés au niveau de
leur ventre et de leur derrière, portaient des «talons hauts», étaient habillés de blouse blanche
courtes de laquelle dépassaient d'énormes sexes en cuir pour les personnages masculins (quand
on disait humour très gras !). Ils portaient des masques avec une bouche démesurée, un nez soit
proéminent soit applatit, ce qui leur donnaient des allures d'animaux (chiens, fouines, hiboux
crapaud principalement, en accord avec le carractère du personnage) ou, en cas de satires, des
personnalités bien réelles que les masques carricaturent. Il y a également vingt-quatre choristes et
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