- Je me suis beaucoup servi pour préparer ce cours d’un gros ouvrage d’un auteur
américain (3 volumes, le 4ème à paraître) John P. Meier, il consacre plusieurs pages au
début du premier volume à expliquer la difficulté du travail qu’il a entrepris, parce
qu’il dit qu’essayer de parler de Jésus de Nazareth sans parler du Christ, c’est très
difficile, surtout pour un catholique (comme il l’est lui-même) Son ouvrage a un titre
intéressant : « Un certain juif, Jésus, les données de l’Histoire » (c’est la tendance
actuelle que de redécouvrir les racines juives du Christianisme). C’est un ouvrage qui
a été traduit dans les années 2004 – 2005.
- Dans les explications qu’il donne des difficultés de son travail, il dit que le but
poursuivi c’est d’être purement objectif, mais c’est un but « asymptotique » c’est-à-
dire on tend toujours vers lui, mais on n’arrive jamais à l’atteindre. Il dit qu’il est
impossible de reconstituer qui a été vraiment Jésus . C’est extrêmement difficile,
même pour des personnages que l’on connaît très bien et qui nous sont
contemporains (par exemple, le De Gaulle réel ou le DSK réel, qui sont-ils ? Peut-être
qu’eux même l’ignorent), Ce qui est impossible pour des personnages
contemporains, l’est encore plus pour le Jésus historique, c’est-à-dire, ce que l’on
peut retrouver de lui en utilisant les méthodes de la recherche historique. Meier a
une comparaison amusante, il dit : «Je rêve de mettre ensemble dans un
amphithéâtre à l’université d’Harvard, des gens de toutes conditions, de toutes
origines, de religions différentes, même des athées et de leur faire discuter de ce que
l’on sait de Jésus et de ne garder que ce qui est acceptable par les participants »…
Evidemment, c’est un rêve…
De quelles sources dispose-t-on ?
- On n’a aucune œuvre de Jésus lui-même. Certains se posent la question : Jésus,
savait-il écrire ? Effectivement, les Evangiles ne le représentent jamais en train
d’écrire, sauf, une fois, sur le sable, et encore, il n’est pas sûr qu’il écrive, certains
traduisent, il traçait des traits sur le sable. Le sable n’a pas conservé la trace de ce
geste. De plus, cet épisode de la femme adultère, au chapitre 8 de Jean, est
probablement un récit qui est intervenu plus tard et qui a été interpolé dans le texte.
Qu’est-ce que les autres ont dit de lui ? Si on fait l’inventaire, en dehors des
évangiles, qui sont les documents essentiels, de quoi dispose-t-on ? Il y a des
historiens anciens dans lesquels on peut « pêcher » quelques renseignements très
minces sur Jésus mais c’est très décevant comme recherche, d’autant plus que pour
les historiens romains Jésus de Nazareth , cette espèce de prophète juif dans une
province très éloignée, n’avait pas beaucoup d’intérêt. Ils s’intéressent plutôt aux
chrétiens, surtout à partir du moment où leur présence commence à poser
problème, et à provoquer des troubles. C’est à propos de troubles provoqués par les
chrétiens que les historiens romains nous donnent quelques renseignements.