A l’aide du texte de J. Robinson, rappeler comment, dans le modèle de concurrence parfaite, la
question des prix est articulée (ou pas) à celle de la répartition. Quelles autres caractéristiques
du monde décrit par le modèle de concurrence parfaite apparaissent-elles dans ce texte ?
Joan Robinson, 1972, Hérésies économiques, Calmann-Lévy, p. 28-30.
« Il y a un cas observé dans la vie réelle qui correspond assez bien à la conception
walrassienne de l’équilibre entre l’offre et la demande obtenu par ‘tâtonnement’ et fondée
sur les offres et les enchères des échangistes. C’est celui du camp de prisonniers de guerre.
Les hommes survivent plus ou moins grâce aux rations données par les autorités et
reçoivent des colis de la Croix-Rouge une fois par mois. Les contenus des colis ne sont pas
ajustés aux goûts des destinataires individuels, de sorte qu’il est possible pour chacun de
gagner en troquant ce qu’il désire le moins pour ce qu’il désire le plus. Un marché est formé
quand les colis sont ouverts (…). L’échange et le rééchange s’effectuent jusqu’à ce que la
demande soit égale à l’offre pour chaque marchandise (…) et que chaque échangiste, aux
prix courants, n’ait plus aucun désir de faire un nouvel échange. Chaque échangiste a une
dotation initiale (son colis) plus ou moins semblable pour chacun d’entre eux et obtient
finalement une valeur (…) égale de biens de consommation. Le problème de la dépendance
entre la répartition des biens de consommation et les prix n’est donc pas très important. »
« Les hommes survivent plus ou moins grâce aux rations données par les autorités et
reçoivent des colis de la Croix-Rouge une fois par mois » : le monde décrit par le modèle est
un monde dans lequel tout le monde peut survivre sans faire d’échange (sinon fonctions
d’offre et de demande discontinues et existence de l’équilibre non assurée.
Au-delà de cette hypothèse, rien n’est dit sur la répartition des ressources. Au début de
l’histoire que raconte le modèle, chacun a ses dotations initiales et la question de la
répartition n’est pas posée.
La question posée par le modèle n’est pas celle de la répartition des ressources, mais de leur
« allocation », i.e. des échanges que font les individus pour améliorer leur situation, ces
échanges ayant lieu si l’offre égale la demande de chaque bien et, en conséquence, si les
échangistes n’ont « plus aucun désir de faire un nouvel échange ».
[Extrait du partiel d’avril 2013] Commentez le passage ci-dessous en soulignant ses similitudes
et ses différences avec la coordination des agents du modèle de concurrence parfaite.
Milton et Rose Friedman, 1980, Free to choose,
« Les prix qui émergent des transaction volontaires entre acheteurs et vendeurs – en bref,
sur le marché libre – sont capables de coordonner l’activité de millions de personnes, dont
chacune ne connaît que son propre intérêt, de telle sorte que la situation de tous s’en trouve
améliorée (…). Le système des prix remplit cette tâche en l’absence de toute direction
centrale, et sans qu’il soit nécessaire que les gens se parlent ni qu’ils s’aiment. »
Principaux éléments de comparaison :
Points communs avec le modèle de concurrence parfaite : les agents ne
communiquent pas entre eux (jeu non-coopératif), transactions volontaires entre
acheteurs et vendeurs, agents rationnels (mus par leur intérêt propre ou par leur
propre satisfaction et, dans ce modèle, complètement indifférent au sort des