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Aujourd’hui, ce risque dans la gestion du portefeuille de dette publique, n’est pas écarté avec
notamment l’essor des emprunts sur les marchés financiers (eurobonds) vers lesquels tendent
les pays en développement qui parviennent à améliorer la qualité de leur signature. Ces titres
ont la particularité de se négocier à des taux d’intérêts initiaux relativement élevés pouvant
subitement augmenter d’une période à une autre. Cela concoure de même que la fluctuation des
taux de change à menacer la soutenabilité des finances publiques, et à rendre davantage
incertain le remboursement de la dette. De telles conditions sont favorables à la survenue de
crises d’endettement, compte tenu de l’interconnexion des Etats, par l’intermédiaire des
marchés financiers et des échanges commerciaux sources de contagion.
La charge importante de la dette et de son remboursement, dans les pays en développement
compromettant sérieusement leurs performances économiques, ont conduit les institutions
internationales ainsi que les créanciers bilatéraux à lancer l’initiative en faveur des Pays
Pauvres Très Endettés en 1996 complétée en 2005 par l’Allègement de la Dette Multilatérale
(IADM). Ces actions ont certes permis d’atténuer le poids de la dette, mais les besoins de
financement liés aux déficits importants notamment en infrastructures entraînent une
reconstitution progressive du stock de la dette dans de nombreux pays.
Par ailleurs, selon le mode de financement choisi par le gouvernement, des implications
différentes sont à prévoir sur l’économie et dont la compréhension devrait permettre
d’améliorer la gestion de la dette publique. En effet, lorsque l’Etat privilégie l’endettement
intérieur, il peut créer un effet d’éviction vis-à-vis du secteur privé, du fait de la concurrence
exercée pour l’accès aux fonds rares. Dans le cas de l’endettement extérieur, le degré de
concessionnalité, la durée et les fluctuations des taux de change sont des facteurs susceptibles
d’influencer les variables macroéconomiques. En outre, le recours au financement sur les
marchés régionaux de capitaux aura tendance à exercer une pression sur la liquidité disponible
du fait de la concurrence entre les pays.
Au Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays en développement, la dette publique a repris une
trajectoire ascendante au lendemain des initiatives PPTE et IADM. En 2013, le ratio du
montant total de la dette publique par rapport au PIB a atteint 45,7%, contre 23,9% en 2008.
L'encours de la dette extérieure et celle garantie par l'Etat s'établissaient à 32% du PIB à fin
2013, contre 20% en 2008. En outre, le pays s’oriente de plus en plus vers le marché
international des capitaux avec un emprunt obligataire de 200 millions de dollars en 2009 qui
a été racheté en 2011 par un autre de 500 millions de dollars au taux de 8,5%. En 2014, le
gouvernement a de nouveau émis un emprunt obligataire de 500 millions de dollars à un taux
plus faible de 6,5%. En effet, les besoins d’investissement du pays ont augmenté avec le