Un Peuple - Un But Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE DES FINANCES
ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET
DES POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Etude N°32
IMPACTS DE L’ENDETTEMENT PUBLIC
SUR L’ECONOMIE SENEGALAISE
DPEE/DEPE @ Octobre 2015
Résumé
Ce papier a pour objectif d’évaluer l’impact de l’endettement public sur les agrégats macroéconomiques à travers
un modèle à générations imbriquées. Le calibrage est fait à partir des données de l’économie négalaise. Les
simulations ont montré, qu’à moyen terme, l’utilisation de la dette publique surtout celle extérieure dans le
processus d’accumulation du capital (minimum 65%) aurait un impact positif sur la production, l’investissement
et la consommation des ménages mais aggraverait le déficit du compte courant. A l’inverse, la dette publique
contractée au marché national aurait un effet négatif sur les agrégats mais améliorerait le déficit du compte
courant. Aussi, la dette publique extérieure serait soutenable à long terme. Par ailleurs, la « règle d’or » de
l’économie d’une hausse de 10% de la dette publique se situe à un état la production augmenterait de 3,5% à
moyen terme.
Mots clés : endettement public, modèle à générations imbriquées, agrégats macroéconomiques, déficit,
soutenabilité.
Classification JEL : E2, E10, H62, H63, C69.
Abstract
The objective of this paper is to assess impact of public debt on macroeconomic aggregates through an
Overlapping generations model. Data of Senegalese economy are used. The results showed in medium-run that
public debt, if used in investment spending (minimum 65%), would impact positively production, investment
and household’s consumption. However, domestic public debt would crowd out private investment, while the
public external debt has a positive impact except on the current account balance. The public debt is sustainable in
the long-run. The golden rule of economics for 10% increase of the public debt is at a state where production
increases 3.5% in the medium-run.
Keywords: public debt, Overlapping generation model, macroeconomic aggregates, sustainable.
JEL Classification: E2, E10, H62, H63, C69
1 Economiste et Statisticien Economiste à la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques de la Direction Générale de la Planification
et des Politiques Economiques du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan de la République du Sénégal.
Contact : ainse85@hotmail.com, dthiam@minfinances.sn, baydameb@yahoo.fr.
IMPACTS DE L’ENDETTEMENT PUBLIC SUR L’ECONOMIE
SENEGALAISE
Par Issa FAYE et Dame THIAM1
Octobre 2015
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1. Introduction
Le recours à l’endettement public est envisagé pour équilibrer les finances publiques en cas de
déficit. La position d’un Etat vis-à-vis de ses créanciers permet, dans une certaine mesure,
d’apprécier sa santé financière. Elle rend également indirectement compte de l’efficacité de la
politique budgétaire, si bien que les investisseurs potentiels et partenaires au développement
sont particulièrement attentifs au niveau et à l’évolution de la dette publique.
L’endettement public peut exposer l’économie aux risques liés à l’équivalence ricardienne qui
se manifeste par un comportement attentiste des agents économiques qui auraient tendance à
épargner davantage dans l’anticipation d’une hausse future des impôts destinés à couvrir le
remboursement de l’emprunt public. Une telle situation se traduirait, à terme, par un
ralentissement voire un repli de l’activité économique sous l’effet de la contraction de la
demande globale.
La dette publique joue également un rôle déterminant dans l’appréciation livrée régulièrement
par les agences de notation de l’image d’un pays à l’échelle internationale. A cet égard,
l’amélioration ou la dégradation de la note d’un pays a des conséquences immédiates sur la
conjoncture économique intérieure et le comportement des agents économiques et peut
également affecter l’environnement international selon le poids du pays. Dès lors, une bonne
qualité de la gestion du portefeuille de la dette publique et/ou des finances publiques ainsi que
l’utilisation rationnelle et efficace des ressources deviennent cruciales pour dégager des marges
de manœuvre budgétaires afin de soutenir l’activité économique, que ce soit en période de
conjoncture favorable ou face aux vents contraires qui brident l’activité.
Cependant, les finances publiques dans les pays en développement ont été marquées par un
recours massif à l’endettement conjugué à des insuffisances en matière de gestion du
portefeuille des emprunts publics. En effet, depuis l’intervention des politiques d’ajustement
structurel, le niveau d’endettement a continué à progresser dans ces pays; une augmentation qui
est davantage causée par une autonomisation de la dette due au poids de la charge d’intérêt.
Ainsi, sur un stock de la dette qui a évolué de 580 à 2400 milliards de dollars entre 1980 et
2002, les pays en développement ont remboursé à leurs créanciers un peu plus de 4600
milliards de dollars (Banque mondiale, 2003). En effet, les crédits accordés, tout au long des
années 1980 et une grande partie des années 1990, étaient essentiellement destinés au
refinancement.
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Aujourd’hui, ce risque dans la gestion du portefeuille de dette publique, n’est pas écarté avec
notamment l’essor des emprunts sur les marchés financiers (eurobonds) vers lesquels tendent
les pays en développement qui parviennent à améliorer la qualité de leur signature. Ces titres
ont la particularité de se négocier à des taux d’intérêts initiaux relativement élevés pouvant
subitement augmenter d’une période à une autre. Cela concoure de même que la fluctuation des
taux de change à menacer la soutenabilité des finances publiques, et à rendre davantage
incertain le remboursement de la dette. De telles conditions sont favorables à la survenue de
crises d’endettement, compte tenu de l’interconnexion des Etats, par l’intermédiaire des
marchés financiers et des échanges commerciaux sources de contagion.
La charge importante de la dette et de son remboursement, dans les pays en développement
compromettant rieusement leurs performances économiques, ont conduit les institutions
internationales ainsi que les créanciers bilatéraux à lancer l’initiative en faveur des Pays
Pauvres Très Endettés en 1996 complétée en 2005 par l’Allègement de la Dette Multilatérale
(IADM). Ces actions ont certes permis d’atténuer le poids de la dette, mais les besoins de
financement liés aux déficits importants notamment en infrastructures entraînent une
reconstitution progressive du stock de la dette dans de nombreux pays.
Par ailleurs, selon le mode de financement choisi par le gouvernement, des implications
différentes sont à prévoir sur l’économie et dont la compréhension devrait permettre
d’améliorer la gestion de la dette publique. En effet, lorsque l’Etat privilégie l’endettement
intérieur, il peut créer un effet d’éviction vis-à-vis du secteur privé, du fait de la concurrence
exercée pour l’accès aux fonds rares. Dans le cas de l’endettement extérieur, le degré de
concessionnalité, la durée et les fluctuations des taux de change sont des facteurs susceptibles
d’influencer les variables macroéconomiques. En outre, le recours au financement sur les
marchés régionaux de capitaux aura tendance à exercer une pression sur la liquidité disponible
du fait de la concurrence entre les pays.
Au Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays en développement, la dette publique a repris une
trajectoire ascendante au lendemain des initiatives PPTE et IADM. En 2013, le ratio du
montant total de la dette publique par rapport au PIB a atteint 45,7%, contre 23,9% en 2008.
L'encours de la dette extérieure et celle garantie par l'Etat s'établissaient à 32% du PIB à fin
2013, contre 20% en 2008. En outre, le pays s’oriente de plus en plus vers le marché
international des capitaux avec un emprunt obligataire de 200 millions de dollars en 2009 qui
a été racheté en 2011 par un autre de 500 millions de dollars au taux de 8,5%. En 2014, le
gouvernement a de nouveau émis un emprunt obligataire de 500 millions de dollars à un taux
plus faible de 6,5%. En effet, les besoins d’investissement du pays ont augmenté avec le
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financement des grands travaux et projets inscrits dans le cadre du Plan Sénégal Emergent
(PSE) se traduisant par une hausse de l’endettement public quoique son niveau en pourcentage
du PIB se soit stabilisé. Pour autant, le risque de surendettement reste encore faible d’après le
cadre de viabilité de la dette. Toutefois, le rythme de progression de la dette publique sur la
période récente justifie une analyse de son incidence sur l’économie sénégalaise.
La présente étude s’inscrit dans cette logique en examinant les différents choix de
financements du déficit public et en anticipant leurs conséquences sur les agrégats
macroéconomiques du Sénégal.
Le reste du document est organisé comme suit : la prochaine section est consacrée à la revue de
la littérature, la section 3 aborde les faits stylisés, la méthodologie est présentée dans la section
4, les résultats sont exposés et interprétés dans la section 5 et, les principales conclusions et
recommandations sont formulées dans la dernière section.
2. Revue de la littérature
De nombreux auteurs se sont intéressés à la question de l’endettement public. Les approches
diffèrent selon les objectifs et les champs d'application. Si certains ont eu recours à une
approche descriptive et de Benchmarking pour analyser l’endettement de l’Etat et son impact
sur l'activité économique, d'autres, en revanche, ont utilisé des démarches macro
économétriques et macroéconomiques. Ces dernières portent sur des modèles de croissance,
des modèles de séries temporelles (VAR, SVAR, Panel,...), des modèles d'équilibre général
(MEGC), et des modèles à générations imbriquées (MGI). A l'issue de ces études, les résultats
ne permettent pas de livrer une réponse définitive quant au sens dans lequel l’endettement
public influence l’économie.
L’endettement public constitue la principale méthode de financement du déficit public en plus
du seigneuriage monétaire. Cependant, l’utilisation de cette méthode de financement du déficit
est controversée entre les grands courants néoclassiques, keynésiens et monétaristes. Pour les
classiques et néoclassiques, le déficit public est nocif à l'économie, et son financement par
emprunt conduit soit à un effet d'éviction ou au risque d'équivalence ricardienne. Ce dernier
aurait pour conséquence une anticipation de hausse des impôts futurs par les agents
économiques qui se traduirait à terme par un repli de la demande entraînant un ralentissement
de l’activité économique. Les monétaristes défendent l'idée selon laquelle le financement du
déficit par emprunt ne peut être efficace que si les agents économiques font des erreurs dans
leurs anticipations, en considérant que les taxes ne vont pas augmenter. Par contre, pour Lucas
et Sargent, dans la théorie des anticipations rationnelles, les agents utilisent toute l'information
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