N° 158

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N° 158
13 juillet 2007
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L’obéissance de Mgr Lefebvre
Editorial
Alors que le Motu Proprio Summorum Pontificum vient de reconnaître que jamais le Missel de saint Pie V n’a été
abrogé, il est juste de se remémorer ce que disait Mgr Marcel Lefebvre dont la fidélité à la messe de toujours a été
qualifiée de désobéissance.
« Cette messe n’est pas interdite et elle ne peut pas l’être. (…) Si un prêtre était censuré, voire excommunié à ce
titre (c’est-à-dire parce qu’il dit la messe traditionnelle), la condamnation serait absolument invalide. (…) Nous pouvons la dire en toute tranquillité et les fidèles y assister sans la moindre arrière pensée, sachant au surplus qu’elle est
la meilleure manière d’entretenir leur foi ». (Lettre ouverte aux catholiques perplexes, p. 191-192)
« Nous avons à choisir entre, je dirais, une apparence d’obéissance – car le Saint-Père ne peut pas nous demander
d’abandonner notre foi, cela est absolument impossible – et la conservation de notre foi. Eh bien ! nous choisissons
de ne pas abandonner notre foi ». (Ibid. p. 178)
« Nous ne voulons pas nous séparer de l’Eglise ; au contraire, nous voulons que l’Eglise continue ! Une Eglise qui
rompt avec son passé, ce n’est plus l’Eglise catholique. (…) Nous sommes certains qu’un jour la vérité reviendra. Cela
ne peut pas être autrement, le Bon Dieu n’abandonne pas son Eglise ». (Homélie, Genève, 15 mai 1978)
Abbé Alain Lorans
Citations extraites de La Messe de toujours par Mgr Marcel Lefebvre, Clovis éd.
SOMMAIRE
DOSSIER SPECIAL MOTU PROPRIO
Réactions et commentaires des évêques à travers le monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Le Motu Proprio et les traditionalistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Informations déformations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Parmi les réactions hostiles à l’instauration du Motu Proprio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
DOCUMENTS
Motu Proprio Summorum Pontificum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Lettre de Benoît XVI aux évêques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Communiqué de presse du Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Lettre du Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X aux fidèles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
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13 juillet 2007
LE JOURNAL
dossier spécial motu proprio
R
éactions et commentaires des évêques à travers le monde
Au Vatican, selon une dépêche de l’AFP du 7 juillet, le Père
Federico Lombardi a déclaré :
« Benoît XVI n’entend accomplir
aucune révolution en ce qui concerne la liturgie d’aujourd’hui rénovée
par le concile Vatican II, qui continuera à être suivie par la grande majorité des fidèles ». « Il n’impose aucun
retour en arrière, il ne veut aucun affaiblissement de l’autorité du Concile
ni de l’autorité et de la responsabilité
des évêques », assure le porte-parole du Vatican. Il souligne cependant
que la décision du pape comporte
« un important message » pour ceux
qui se trouvent à l’aise avec la manière actuelle de célébrer la messe :
« la liturgie doit être célébrée avec
soin et respect parce qu’à travers elle
on communique avec le mystère de
Dieu ». En effet, Benoît XVI a déploré dans sa lettre d’accompagnement
du Motu Proprio « certaines déformations de la liturgie à la limite du
supportable » auxquelles a donné lieu
la liturgie moderne au détriment du
caractère « sacré » de la messe.
culier aux prêtres : ne vous inquiétez pas ! Rien n’est changé dans votre façon de célébrer. Le missel de
1970, né du Concile, reste la norme.
Simplement, acceptons que certains
puissent pratiquer aussi selon une
autre forme, qui a été en vigueur durant des siècles.
En France, dans un entretien
à La Croix du 7 juillet, le cardinal
Jean-Pierre Ricard se veut, lui
aussi, rassurant pour les prêtres et
les fidèles de la messe de Paul VI.
A Michel Kubler qui lui demande
s’il y a un risque de bi-ritualisme de
fait, il déclare : « Benoît XVI répond
que ces deux formes ne sont pas en
concurrence l’une de l’autre (même
si, idéologiquement, cela prend parfois des allures de manifeste). C’est
pour lui l’affaire d’une minorité, et
il ne voit pas que l’usage de l’ancien
missel puisse connaître une extension
très grande.
« Je le pense également. J’ai envie
de dire aux catholiques, et en parti-
En effet, Mgr André VingtTrois, dans une lettre du 6 juillet
aux prêtres de l’archidiocèse de Paris,
écarte la possibilité de paroisses personnelles, pourtant prévues par le
Motu Proprio, en résumant ainsi le
document romain : « - Il n’y a aucune mesure générale pour remettre
en cause la « forme ordinaire » de la
liturgie paroissiale. - Nous sommes
invités à améliorer encore la qualité
liturgique de nos célébrations y compris quand c’est pastoralement possible avec des parties latines de l’Ordinaire de la messe. - Les prêtres qui
adhèrent à l’usage ancien doivent reconnaître « la valeur et la sainteté »
de la messe selon le Missel de Paul
« Il pourrait cependant y avoir
danger si la demande de célébrer selon l’ancien missel s’accompagnait,
dans les paroisses qui en acceptent le
principe, de tout un mode particulier
de vie en Église, coupé de l’ensemble
de la communauté pour la catéchèse, l’animation des jeunes, la formation chrétienne, etc. Là, je craindrais
qu’on ne recrée des chapelles qui risquent de se refermer sur elles-mêmes ». – L’archevêque de Bordeaux indique là que l’autorisation de la messe
traditionnelle ne doit pas aller jusqu’à l’organisation d’une vie paroissiale avec ses catéchismes, ses mouvements de jeunes…, sous peine de
diviser les fidèles. L’archevêque de
Paris va dans le même sens.
VI pour être autorisés à célébrer selon le Missel de 1962. (…) Je n’ouvrirai
pas de paroisses personnelles dans le
diocèse de Paris car j’estime que des
fidèles qui demandent la célébration
selon le Missel de 1962 ne sont pas
des paroissiens ‘à part’ ».
Le cardinal Philippe Barbarin,
archevêque de Lyon, a déclaré au
quotidien Le Monde du 7 juillet que
« les risques de tensions entre fidèles étaient réels ». « S’il y a des difficultés, il est à craindre que des
prêtres quittent leurs fonctions », a
affirmé à l’agence œcuménique ENI
Mgr Jean-Louis Papin, évêque de
Metz.
En Autriche, Mgr Christoph
Schönborn, archevêque de Vienne
et président de la Conférence épiscopale, Mgr Alois Kothgasser, archevêque de Salzbourg, ainsi que l’évêque de Graz, Mgr Egon Kapellari,
indiquent - dans une déclaration à
l’agence Kathpress, le 7 juillet - que le
Motu Proprio constitue « une contribution pour surmonter les clivages
dans l’Eglise et puiser plus profondément dans les sources du mystère du
Christ ». Ce document est également
une « invitation à une utilisation plus
large du latin en tant que langue maternelle de la liturgie romaine », ajoute la déclaration.
Au Canada, dans Le Droit du
8 juillet, l’Archevêque d’Ottawa,
Mgr Terrence Prendergast, a fait
bon accueil à la lettre du pape Benoît
XVI : « Le geste du pape confirme à
la fois les enseignements du concile Vatican II sur la liturgie, mais en
même temps il cherche à favoriser
le retour à la vie active dans l’Église
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des personnes attirées par la messe
telle qu’elle était célébrée avant 1970,
soit en latin. Parmi ces personnes, on
L
trouve tant des catholiques plus âgés,
qui se sont sentis aliénés de l’Église
depuis les changements dans la façon
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de célébrer la messe, que de jeunes
catholiques, qui recherchent un culte
témoignant de la transcendance ».
e Motu Proprio et les traditionalistes
Dans un article paru le dimanche
8 juillet, le journaliste du Corriere
della Sera, Vittorio Messori, présente la réaction de Mgr Bernard
Fellay au Motu Proprio publié
la veille, reprenant les propos du
Supérieur général de la Fraternité
Saint-Pie X : « « C’est un jour vraiment historique. Nous exprimons à
Benoît XVI notre profonde gratitude. Son document est un don de la
grâce. Ce n’est pas un pas, c’est un
saut dans la bonne direction ». Pour
le Supérieur lefebvriste, la « normalisation » de la messe « non de saint
Pie V », précise-t-il, « mais plutôt de
l’Eglise de toujours », est « un acte de
justice, est une aide surnaturelle extraordinaire en un moment de grave
crise ecclésiale ». (…)
Et l’auteur d’Entretien sur la foi
avec le cardinal Ratzinger de commenter : « Pour arriver à ce résultat,
la résistance de Mgr Lefebvre et des
siens a été décisive, déjà le cardinal
Joseph Ratzinger pensait avoir une
dette envers ces frères qui exprimaient un malaise partagé, au moins
en partie. Mgr Fellay admet certes
le rôle de la Fraternité, mais regarde
au-delà : « Oui, la Providence nous a
permis d’être des instruments pour
aiguillonner l’Eglise de Rome et arriver jusqu’à ce jour. Mais nous sommes aussi conscients de n’être que
le thermomètre indiquant une fièvre qui exige des remèdes adéquats.
Ce document est une étape fondamentale dans un parcours qui pourra
maintenant s’accélérer, nous l’espérons avec des perspectives réconfortantes, également sur la question de
l’excommunication ».
« Donc, aucune désillusion ? », demande Vittorio Messori. « Je dirais non, même si certains passages
de la lettre d’introduction nous sem-
blent moins satisfaisants, où l’on voit
bien les exigences de la politique ecclésiastique ». En tous cas le fait est
objectif et Mgr Fellay et les siens en
sont pleinement conscients : les quarante années d’opposition, malgré des
aspects quelquefois durs et critiquables, n’ont pas été inutiles. (…)
« Les protestations de certains
évêques ? », s’interroge le journaliste ita lien avant de répondre :
« Certains font remarquer par d’inquiétantes projections dans l’avenir,
que d’ici moins de vingt ans un tiers
des diocèses de l’Occident – y compris la France, qui est celle qui désapprouve le plus l’initiative du pape
- devra être supprimé faute de clercs.
Difficile, donc, pour des évêques réduits à n’avoir plus qu’un souffle de
vie, de faire la grosse voix contre
ces ‘lefebvristes’ qui, au contraire
jouissent d’un flux ininterrompu de
vocations ». (…)
Dans un entretien accordé à Il
Giornale du 8 juillet, le cardinal
Castrillón Hoyos déclare : « Avec
ce Motu Proprio, on ouvre la porte
pour un retour à la pleine communion de la Fraternité Saint-Pie X. Si
après cet acte, ce retour n’a pas lieu,
je ne saurai pas comprendre. Le cardinal colombien précise toutefois
que le document pontifical n’a « pas
été fait pour les lefebvristes », mais
« parce que le pape est convaincu de
la nécessité de souligner qu’il y a une
continuité dans la tradition et, que
dans l’Eglise, on ne procède pas par
fractures ».
Dans le mensuel 30 Giorni de
juillet, le président de la Commission
Ecclesia Dei ajoute que le pape a réaffirmé que « le mode habituel de célébration de la messe est celle du Novus
Ordo (Nouveau Missel) ». Ainsi les
partisans de Mgr Lefebvre « ne peuvent nier ni la valeur ni la validité du
Novus Ordo », déclare-t-il. « Cela
doit être clair », ajoute le cardinal
Castrillón pour qui le décret n’est
« nullement un retour au passé ».
Il révèle par ailleurs que des
« milliers de lettres étaient arrivées
à Rome pour demander la liberté de
pouvoir assister à la messe tridentine et » que « Jean-Paul II déjà voulait
préparer un Motu Proprio semblable
à celui qui est publié aujourd’hui ».
Le cardinal Jean-Pierre Ricard,
dans un entretien accordé à La Croix
du 7 juillet, répond à la question de
savoir si les revendications des traditionalistes sont satisfaites : « C’est
vrai que la porte est largement ouverte… Mais le Motu Proprio fixe aussi
des conditions à cette libéralisation.
Les prêtres voulant célébrer selon le
missel de 1962 devront reconnaître
les richesses de la réforme liturgique
conciliaire. Ils ne pourront pas exclure délibérément de célébrer eux-mêmes selon le missel dit de Paul VI –
et l’on peut se demander alors ce que
devient l’usage ‘exclusif’ de l’ancienne
forme du rite, concédé par exemple à
certains instituts ».
A la question : « La liturgie est-elle
le bon moyen pour refaire l’unité avec la
mouvance lefebvriste ? », le président de
la Conférence épiscopale de France
affirme : « Le pape a voulu répondre
d’abord à une demande touchant à
la liturgie : il a souhaité permettre
largement une célébration selon l’ancien missel à des personnes qui ne
rejettent pas pour autant le concile Vatican II. Mais il sait aussi que
beaucoup d’autres questions font problème aux membres de la Fraternité
Saint-Pie X, qui ne sont pas réglées
par ce Motu Proprio : l’engagement
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catholique dans le mouvement œcuménique et le dialogue interreligieux, la liberté religieuse, etc. Ce
document est donc un pas, mais nous
ne sommes pas au bout de la route.
Benoît XVI sait qu’il faudra reprendre la discussion sur tous ces autres
points : il ne bradera rien du Concile,
et on le voit bien à l’importance qu’il
ne cesse d’attacher à ces domaines. Il
ne lâchera rien là-dessus ».
Dans un entretien du 7 juillet, réalisé par l’agence I.Media et l’hebdomadaire français Famille chrétienne, repris par l’Apic, le cardinal
Ricard apporte les précisions suivantes : « D’une part, le Saint-Père
s’adresse à ceux qui ont apprécié l’enrichissement apporté par la réforme
liturgique. Il leur demande d’accepter
que le trésor de l’Eglise soit beaucoup
plus large que ce qu’ils pensent percevoir, et qu’on puisse aujourd’hui être
nourri par la messe tridentine, qui a
soutenu la vie chrétienne des fidèles
pendant des siècles. Deuxièmement,
le pape vient dire aux autres, attachés
au missel de 1962, qu’ils doivent reconnaître les bienfaits de la réforme
conciliaire. Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre des formes
du missel romain. Le Saint-Père comprend le Concile comme une continuité, un enrichissement et non pas
comme une rupture. Il leur rappelle
qu’on ne peut pas nier la légitimité
du missel de 1970 au nom de l’attachement au missel de 1962 : « pour
vivre la pleine communion, écrit-il
aux évêques, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien
ne peuvent pas non plus, par principe,
exclure la célébration selon les nouveaux livres ». Cette disposition me
semble incompatible avec les statuts
de divers instituts dans lesquels figurait l’utilisation exclusive de la forme
tridentine. Je crois qu’on ne peut plus
dire les choses ainsi après le Motu
Proprio ». – Il semble ici que les prêtres
de la Fraternité Saint-Pie X (exclus des
dispositions du Motu Proprio dans son
article 5 § 4 : « Les prêtres utilisant le
Missel du bienheureux Jean XXIII
doivent être idoines et non empêchés
par le droit ») soient paradoxalement les
seuls à pouvoir se prévaloir de l’usage ex-
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Informations déformations
Les journalistes savent écrire, c’est certain. Mais savent-ils lire ? C’est ce qu’on peut parfois
se demander. Ainsi dans Le Figaro du 9 juillet, Sophie de Ravinel, sous le titre Certains
catholiques remercient le pape, d’autres Mgr Marcel Lefebvre… : « On
est moins nuancé chez les lefebvristes, séparés de Rome. Plutôt que de remercier
le Pape, on préfère – à la suite du responsable de la Fraternité Saint Pie X, Mgr Bernard
Fellay – ‘remercier aujourd’hui Mgr Marcel Lefebvre de nous avoir
maintenus dans cette fidélité à la messe de toujours au nom de la vraie obéissance contre tous
les abus de pouvoir’ ».
La journaliste du Figaro cite bien la lettre de Mgr Fellay aux fidèles, mais « oublie »
de relever dans cette lettre quelques lignes plus loin : « C’est bien pourquoi nous
continuerons de prier pour le pape afin qu’il demeure ferme après l’acte
courageux qu’il vient de poser ». Elle « oublie » surtout de citer le communiqué remis à la presse
qui disait : « Pour ce grand bienfait spirituel, la Fraternité Saint-Pie X exprime
au Souverain Pontife sa vive gratitude ».
Egalement Gérard Leclerc, dans La France catholique du 9 juillet, écrit : « On
peut même trouver du côté de la Fraternité Saint-Pie X des gages de bonne volonté, Mgr Fellay
allant jusqu’à se féliciter de la perspective où les deux rites ‘se
féconderaient mutuellement’. Sans doute de multiples obstacles s’opposent
encore à une pleine réconciliation avec l’aile traditionaliste la plus engagée dans la contestation
de Vatican II. Mais comment ne pas tenir pour très positive l’adhésion - au moins dans
l’ordre des vœux de réalisation - à l’herméneutique fermement définie
par le Pape pour la réception du concile. Vatican II ne saurait être vécu
comme une rupture, il s’inscrit dans la continuité organique de la Tradition depuis les origines
apostoliques ».
Où se trouvent ces félicitations et cette adhésion ? La citation de la lettre de Mgr Fellay
est incomplète, il faut aller jusqu’au bout du paragraphe : « On peut y voir aussi (dans la lettre
d’accompagnement du pape au Motu Proprio) une expression de la ‘réforme de la réforme’
souhaitée par le pape où, comme il le dit lui-même dans cette lettre la messe de saint Pie V
et celle de Paul VI se féconderaient mutuellement. En tout cas, il y a chez Benoît XVI le
désir certain de réaffirmer la continuité de Vatican II et de la
messe qui en est issue, avec la Tradition bimillénaire. Cette négation
d’une rupture causée par le dernier concile - déjà manifestée dans
le discours à la curie du 22 décembre 2005 - montre combien l’enjeu du
débat entre Rome et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
est essentiellement doctrinal. C’est pourquoi il faut que l’indéniable avancée
liturgique opérée par le Motu Proprio soit prolongée - après le retrait du décret d’excommunication
- par des discussions théologiques ».
Et pour finir, ces deux titres qui montrent que les journalistes ne voient pas la même chose.
La Croix du 9 juillet titre « Les traditionalistes évitent le triomphalisme », précisant : « Ceux
qui, depuis quarante ans contestaient frontalement Vatican II obtiennent satisfaction sur la
liturgie, leur première revendication, mais ils restent prudents ». Alors que Le Monde du
10 juillet, sous le titre « Les catholiques traditionalistes confortés par le décret papal », écrit :
« Après le Motu Proprio de Benoît XVI autorisant la messe en latin, les schismatiques affichent la
tranquille assurance de ceux qui ont eu raison avant l’heure ».
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clusif de la messe tridentine. Cette « exclusion » qu’ils contestent en droit leur garantit l’exclusivité en fait.
A la question : « En publiant ce document, le pape pense-t-il aussi aux fidèles de Mgr Lefebvre ? », l’archevêque
de Bordeaux répond : « Ce n’est dit
explicitement dans aucun des deux
textes. Mais d’une manière plus
large, Benoît XVI pense aussi à la
Fraternité Saint-Pie X. Il nous l’a dit
de vive voix (lors de la présentation
P
du Motu Proprio le 17 juin à quelques
cardinaux, N.D.L.R.). Mais, à mon
avis, ce Motu Proprio leur fera difficulté, en particulier pour tout ce
qui touche l’autorité de la réforme
liturgique que les prêtres et les fidèles de cette fraternité refusent de reconnaître ».
On comprend que Mgr Fellay,
dans sa lettre aux fidèles du 7 juillet,
ait tenu à souligner le « désir certain
(de Benoît XVI) de réaffirmer la
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continuité de Vatican II et de la messe qui en est issue avec la Tradition
bimillénaire ». Cette négation d’une
rupture causée par le dernier concile
- déjà manifestée dans le discours à
la curie du 22 décembre 2005 – a été
contestée par la Fraternité Saint-Pie
X, et c’est bien là que doit se situer
un débat doctrinal, après le retrait du
décret d’excommunication qui frappe
les évêques de la Fraternité.
armi les réactions hostiles à l’instauration du Motu Proprio
Da ns Le Monde du 7 juil let,
Henri Tincq se fait fort d’expliquer
l’attrait de la France pour la tradition
par une analyse de la situation plus
politique que religieuse, car « avec
les traditionalistes, le rite n’est jamais loin de la politique ». Face aux
« nostalgiques du rite à l’ancienne »
qui tiennent « ‘la Rome de tendance néoprotestante et néomoderniste’
et des papes comme Paul VI et Jean
Paul II pour des fossoyeurs de la tradition catholique », le journaliste du
Monde se pose en défenseur de ceux
« qui, depuis le XIXe, ont tenté de
mettre le catholicisme au diapason
de son temps ». - Il nous semblait que
l’Eglise devait être avant tout au diapason
de son fondateur, le Christ, le même hier,
aujourd’hui et pour les siècles ! Et que dire
d’une Eglise au diapason d’un monde moderne en crise ? Elle ne peut être elle-même
qu’en crise !
« C’est pourquoi, écrit Tincq,
l’Eglise de France, dont les prêtresouvriers et les théologiens d’avantgarde avaient été soumis au silence
par Pie XII, était prête à accueillir
le prodigieux renouvellement de
Vatican II. Et les mêmes qui avaient
été sanctionnés sont devenus les inspirateurs des réformes, ont changé
le regard des catholiques sur le monde moderne, permis un fonctionnement plus collégial de l’Eglise, admis
le droit de chaque homme à la liberté
de religion et de conscience, ouvert
une ère de dialogue avec les autres
confessions chrétiennes, avec les juifs
et les musulmans. »
Et de conclure : « Personne ne reprochera au pape Benoît XVI de vouloir tenter de réintégrer ses « brebis
perdues », mais comment ne pas
redouter qu’une fraction, même
minoritaire, de traditionalistes - la
« Résistance catholique » - ne tente
de reconquérir des positions de pouvoir à Rome, dans le clergé français
et d’infléchir le meilleur des options catholiques des quarante
dernières années ? »
Même son de cloche dans l’éditorial en ligne de Golias qui titrait le
7 juillet : Le retour de la messe en latin.
« L’empêcheur de croire en rond », tel
qu’il se définit lui-même, livre l’analyse critique de Christian Terras
et Romano Libero qui voient dans
le Motu Proprio la volonté affirmée
« d’un catholicisme pur et dur que
le Pape impose à tous » : « Le texte
se veut une condamnation d’une rare dureté des « excès » qui ont suivi
le Concile. Dans l’esprit de Joseph
Ratzinger, manifestement, le missel
de Paul VI dans son état actuel, s’il
n’est pas hérétique, n’est pourtant pas
satisfaisant. Le Pape n’a pas oublié en
route son vieux projet de réforme de
la réforme, dans un sens traditionnel. (…)
« Ce jour est, du point de vue de
l’histoire de l’Eglise du temps présent aussi significatif sinon plus que
celui de l’élection au trône de Pierre
de Joseph Ratzinger. Le catholicisme
entre décidément dans une nouvelle
période. L’autorité souveraine semble
définitivement rompre avec la politique de compromis qui fut celle de
Paul VI, puis en partie encore celle
de Jean-Paul II, alors même qu’une
visée restauratrice se dessinait de
plus en plus nettement. (…)
« Un point final est ainsi écrit à un
débat de l’après-Concile. Peut-être
aussi à l’utopie d’un œcuménisme
audacieux et novateur. Nous n’irons
pas jusqu’à parler d’une victoire posthume de Mgr Marcel Lefebvre.
Par contre, nous sommes à présent
convaincus que la porte à un certain esprit du Concile est définitivement fermée à Rome et qu’il
faudrait un véritable miracle pour
qu’elle s’ouvre à nouveau. »
Favorable lui aussi à la thèse du
complot traditionaliste, l’hebdomadaire Témoignage Chrétien a publié le 5 juillet son éditorial en latin
sous le titre « Ite, duae missae sunt ! ».
Avec dédain, amertume et ironie,
il s’emploie à démontrer la manœuvre du Vatican, et plus précisément
des traditionalistes, pour refermer
aujourd’hui la fenêtre ouverte sur le
monde par le concile.
« Soyons clairs : ce qui inquiète les
fidèles conciliaires, dont nous sommes, ce n’est ni le latin, ni les encensoirs, ni les clochettes, mais le regard
sur le monde extérieur de la plupart
des défenseurs du rite traditionnel.
Le rite de Pie V était celui d’une
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Eglise qui se pensait seule détentrice
de la Vérité. 40 ans après Vatican
II, cette posture est intenable.
Sauf à vouloir relativiser – quel paradoxe pour Benoît XVI ! – les apports
fondamentaux de ce même concile :
regard positif sur l’humanité, reconnaissance de la place des laïcs, ouverture aux autres religions. Quoiqu’on
en dise, quelles que soient les conditions de la mise en place de ce biritualisme de fait : les traditionalistes ont gagné. Ils sont dans la
place. Ils ont déjà l’oreille de Rome.
Demain, ils domineront l’épiscopat
français. Bonne chance à tous ceux,
qui comme Témoignage Chrétien, résisteront ! »
En Italie, Mgr Luca Brandolini,
évêque de Sora-Aquino-Pontecorso et
membre de la commission liturgique
de la conférence épiscopale italienne,
a répondu aux questions du quotidien
La Repubblica du 8 juillet : « C’est
un jour de deuil non seulement
pour moi mais pour les nombreuses personnes qui ont œuvré au concile Vatican II. Cette
réforme à laquelle beaucoup de gens
ont travaillé, en faisant de grands sacrifices, inspirés seulement par le désir de renouveler l’Eglise, est maintenant enterrée. (…) Je ne réussis pas à
retenir mes larmes. C’est le moment
le plus triste de ma vie, comme homme, comme prêtre et comme évêque.
(…) L’anneau épiscopal que je porte
est celui de l’archevêque Annibale
Bugnini, le père de la réforme liturgique conciliaire. J’étais, pendant le
concile, son disciple et son collaborateur. J’étais proche de lui quand
il travailla à cette réforme et je me
souviens avec quelle passion il œuvra pour le renouvellement liturgique. Maintenant son travail est rendu
vain. (…) J’obéirai, parce que j’aime
le Saint-Père. Je nourris envers lui le
même sentiment qu’un fils envers son
père. Et, comme évêque je suis tenu
à l’obéissance. »
Au Ca n ad a , Le Jour nal de
Montréal du 8 juillet, a publié un
article intitulé « Un retour en arrière ? ».
Son auteur, Vincent Larouche met
au défi les fidèles – à travers les propos de deux prêtres – de comprendre
le latin et donc les curés de remplir
leurs églises :
« Outré par la décision du pape de
réhabiliter la messe traditionnelle en
latin, hier, le député bloquiste et excuré Raymond Gravel met en garde
les catholiques québécois contre cette concession aux ‘intégristes et traditionalistes’ religieux. Benoît XVI
a publié hier un texte autorisant un
plus grand recours à la messe traditionnelle en latin, dont l’usage avait
été fortement restreint après le concile de Vatican II, en 1965. ‘Ce n’est pas
juste le retour du latin, c’est une messe
qui se dit face à un mur plutôt que

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face aux gens dans l’église… C’est la messe
comme quand j’étais enfant’, déplore le
député de Repentigny. (…)
« Selon lui, le nouveau document
du pape s’inscrit dans une vision passéiste de la messe. C’est une vision négative qui se concentre juste sur la mort et
le sacrifice de Jésus, dit-il, alors qu’on devrait plutôt parler de la résurrection et de
la célébration de cette résurrection.
M. Gravel, connu comme un rebelle et un contestataire au sein de
l’Église québécoise, ajoute que les
nouvelles mesures de Benoît XVI
n’aideront pas les prêtres à remplir
leurs églises.
Au lieu de mettre notre énergie à ça,
il vaudrait mieux améliorer nos célébrations, parce que des fois, c’est pauvre en
chien », s’exclame-t-il. (…)
« Selon Maurice Vanier, prêtre
et ex-curé de la paroisse de SaintMarcel à Pointe-aux-Trembles, les
nouvelles mesures annoncées par le
pape s’adressent surtout à la minorité de catholiques qui n’avaient jamais
accepté le passage aux langues populaires pour la messe.
‘Ça s’adresse à des gens qui avaient été
troublés par le changement de langue et
par le fait que le prêtre se mette à parler
au monde au lieu de parler au mur, dit-il.
Pour les nouveaux catholiques, ça ne veut
pas dire grand-chose, et c’est pour ça que ça
ne se propagera pas’, dit-il. »
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13 juillet 2007
DOCUMENTS
LETTRE APOSTOLIQUE
EN FORME DE MOTU PROPRIO
DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOÎT XVI
Sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970
Les Souverains Pontifes ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église du Christ offre à la divine Majesté
un culte digne, « à la louange et à la gloire de son nom » et « pour le bien de toute sa sainte Église ».
Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que « chaque Église
particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à
observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de
l’Église correspond à sa lex credendi ».
Parmi les Pontifes qui ont eu ce soin se distingue le nom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif
à transmettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foi catholique que les trésors du culte et de la culture accumulés par les Romains au cours des siècles précédents. Il ordonna de déterminer et de conserver la forme de la liturgie sacrée, aussi bien du Sacrifice de la Messe que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée à Rome. Il encouragea
vivement les moines et les moniales qui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partout resplendir par leur vie,
en même temps que l’annonce de l’Évangile, cette très salutaire manière de vivre de la Règle, « à ne rien mettre audessus de l’œuvre de Dieu » (chap. 43). Ainsi, la liturgie selon les coutumes de Rome féconda non seulement la foi
et la piété mais aussi la culture de nombreux peuples. C’est un fait en tout cas que la liturgie latine de l’Église sous
ses diverses formes, au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été un stimulant pour la vie spirituelle d’innombrables
saints et qu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion et fécondé leur piété.
Au cours des siècles, beaucoup d’autres Pontifes romains se sont particulièrement employés à ce que
la liturgie accomplisse plus efficacement cette tâche ; parmi eux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèle pastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, renouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres liturgiques
corrigés et « réformés selon la volonté des Pères », et les donna à l’Église latine pour son usage.
Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la première place revient évidemment au Missel romain,
qui se répandit dans la ville de Rome puis, les siècles suivants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudes avec
la forme en vigueur dans les générations récentes.
C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifes romains au cours des siècles suivants en assurant
la mise à jour des rites et des livres liturgiques ou en les précisant, et ensuite, depuis le début de ce siècle, en entreprenant une réforme plus générale . Ainsi firent mes prédécesseurs Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X , Benoît
XV et le bienheureux Jean XXIII.
Plus récemment, le Concile Vatican II exprima le désir que l’observance et le respect dus au culte
divin soient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités de notre temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur
le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Église
latine ; ceux-ci, traduits partout dans le monde en de nombreuses langues modernes, ont été accueillis avec plaisir
par les Évêques comme par les prêtres et les fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du Missel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que « cet édifice liturgique, pour ainsi dire, […] apparaisse de
Présentation générale du Missel romain, troisième édition, 2002, n. 397.
Jean-Paul II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus (4 décembre 1988), n. 3 : AAS 81 (1 989), p. 899 ; La Documentation catholique 86 (1 989),
pp. 518-519.
Ibidem.
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nouveau dans la splendeur de sa dignité et de son harmonie » .
Note explicative sur le Motu Proprio
Dans certaines régions, toutefois, de nombreux fidèles se sont attachés et continuent à être attachés
avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégné leur
culture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul
II, poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984, par un indult spécial Quattuor abhinc annos
de la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser
le Missel romain publié en 1962 par Jean XXIII ; puis de
nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ecclesia Dei en
forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à
utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur
de tous les fidèles qui en feraient la demande.
Le Bureau de presse du Saint-Siège a publié une « Note
explicative sur le Motu Proprio Summorum Pontificum »
qui n’a guère été reprise par les médias. On peut y lire que les
quatre livres liturgiques nécessaires
pour la forme extraordinaire de la liturgie
romaine devront être réimprimés pour
l’usage pratique, par des maisons d’édition spécialisées dans
de telles éditions, avec la ‘recognitio’ (reconnaissance) de la
Commission pontificale compétente.
Les prières instantes de ces fidèles ayant
déjà été longuement pesées par mon prédécesseur JeanPaul II, ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux au
consistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bien considéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide de Dieu,
par la présente Lettre apostolique je décide ce qui suit :
Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Église catholique
de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et
réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église
et être honoré en raison de son usage vénérable et antique.
Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont
en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain.
Ces livres, précise la Note, comprennent le Missale
Romanum (Missel romain), édition de 1962 dans laquelle
est inséré l’Ordo Hebdomadae Sanctae, renouvelé en
1955 par Pie XII. Jean XXIII y a reformulé la prière ‘Pro Judaeis’
(pour les Juifs), dans la liturgie du Vendredi saint. Pour cette raison,
l’usage de la liturgie de la Semaine Sainte antérieure à l’édition de
1962, qui qualifie les juifs de ‘perfides’, n’est pas autorisée mais
seulement la prière ‘pour la conversion des juifs’ présente dans le
Missel de 1962.
Les trois autres livres sont le Rituale Romanum
(Rituel romain) pour les sacrements du baptême, du mariage,
de la pénitence, de l’onction des malades, les bénédictions et
les autres prières, le Pontificale Romanum pour
l’évêque qui décide de conférer la confirmation avec l’ancien rite
à un groupe de fidèles qui le désirent, ainsi que le sacrement de
l’ordre selon l’ancien rite, et le Breviarum Romanum
(Bréviaire romain) pour les prêtres souhaitant réciter les offices en
accord avec le Missel de 1962.
Il est donc permis de célébrer le Sacrifice
de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en
(Sources : VIS/Zenit/Apic)
tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église.
Mais les conditions établies par les documents précédents
Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit :
Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut
utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970
par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou
l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.
Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou
de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou « communautaire », célébrer dans leurs oratoires
propres la Messe selon l’édition du Missel romain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et
statuts particuliers.
Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les
règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément.
Motu proprio Abhinc duos annos (23 octobre 1913) : AAS 5 (1913), pp. 449-450 ; cf. Jean-Paul II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus, n. 3 :
AAS 81 (1 989), p. 899 ; La Documentation 86 (1 989), p. 519.
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Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure,
le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse,
sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de
toute l’Église.
§ 2. La célébration selon le Missel du bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires ; mais les dimanches et les jours de fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.
§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui le demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.
§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le
droit.
§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce
qui est indiqué ci-dessus.
Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être
proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.
Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question à l’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas
pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei.
Art. 8. L’Évêque qui souhaite pourvoir à une telle demande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentes raisons, en
est empêché, peut en référer à la Commission pontificale Ecclesia Dei, qui lui fournira conseil et aide.
Art. 9, § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des
âmes le réclame.
§ 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical
romain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.
§ 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux
Pape Jean XXIII en 1962.
Art. 10. S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon
518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain,
en observant les règles du droit.
Art. 11. La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le Pape Jean-Paul II en 1988 , continue à exercer sa
mission.
Cette commission aura la forme, la charge et les normes que le Pontife romain lui-même voudra lui attribuer.
Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions.
Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j’ordonne que cela ait une valeur
pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année, nonobstant toutes choses contraires.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet de l’an du Seigneur 2007, en la troisième année de mon pontificat.
BENEDICTUS Pp. XVI
Cf. Jean-Paul II, Motu proprio Ecclesia Dei adflicta (2 juillet 1988), n. 6 : AAS 80 (1988), p. 1498 : La Documentation catholique 85 (1988),
pp. 788-789.
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ettre de Benoît XVI aux évêques
Chers frères dans l’Episcopat,
C’est avec beaucoup de confiance et d’espérance que je remets entre
vos mains de Pasteurs le texte d’une
nouvelle Lettre Apostolique « Motu
Proprio data », sur l’usage de la liturgie
romaine antérieure à la réforme de
1970. Ce document est le fruit de longues réflexions, de multiples consultations, et de la prière.
Des nouvelles et des jugements
formulés sans information suffisante
ont suscité beaucoup de confusion.
On trouve des réactions très diverses les unes des autres, qui vont de
l’acceptation joyeuse à une dure opposition, à propos d’un projet dont
le contenu n’était, en réalité, pas
connu.
Deux craintes s’opposaient plus
directement à ce document, et je voudrais les examiner d’un peu plus près
dans cette lettre.
En premier lieu il y a la crainte d’amenuiser ainsi l’Autorité du
Concile Vatican II, et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles – la réforme liturgique.
Cette crainte n’est pas fondée. A
ce propos, il faut dire avant tout que
le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par JeanPaul II, est et demeure évidemment
la Forme normale – la Forma ordinaria
– de la liturgie Eucharistique. La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été publiée
sous l’autorité du Pape Jean XXIII
en 1962 et qui a été utilisée durant
le Concile, pourra en revanche être
utilisée comme Forma extraordinaria
de la Célébration liturgique. Il n’est
pas convenable de parler de ces deux
versions du Missel Romain comme
s’il s’agissait de « deux Rites ». Il s’agit
plutôt d’un double usage de l’unique
et même Rite.
Quant à l’usage du Missel de
1962, comme Forma extraordinaria de
la Liturgie de la Messe, je voudrais
attirer l’attention sur le fait que ce
Missel n’a jamais été juridiquement
abrogé, et que par conséquent, en
principe, il est toujours resté autorisé. Lors de l’introduction du nouveau Missel, il n’a pas semblé nécessaire de publier des normes propres
concernant la possibilité d’utiliser le
Missel antérieur. On a probablement
supposé que cela ne concernerait que
quelques cas particuliers, que l’on résoudrait localement, au cas par cas.
Mais, par la suite, il s’est vite avéré
que beaucoup de personnes restaient
fortement attachées à cet usage du
Rite romain, qui leur était devenu
familier depuis l’enfance. Ceci s’est
produit avant tout dans les pays où
le mouvement liturgique avait donné
à de nombreuses de personnes une
remarquable formation liturgique,
ainsi qu’une familiarité profonde et
intime avec la Forme antérieure de la
Célébration liturgique. Nous savons
tous qu’au sein du mouvement conduit
par l’Archevêque Mgr Lefebvre, la fidélité au Missel ancien est devenue
un signe distinctif extérieur ; mais
les raisons de la fracture qui naissait sur ce point étaient à rechercher
plus en profondeur. Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le
caractère contraignant du Concile
Vatican II, et qui étaient fidèles au
Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était
chère ; cela s’est produit avant tout
parce qu’en de nombreux endroits on
ne célébrait pas fidèlement selon les
prescriptions du nouveau Missel ; au
contraire, celui-ci finissait par être
interprété comme une autorisation,
voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté
à des déformations de la Liturgie à la
limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi
cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté
combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément
blessé des personnes qui étaient to-
talement enracinées dans la foi de
l’Eglise.
C’est pour ce motif que le Pape
Jean-Paul II s’est vu dans l’obligation de donner, avec le Motu Proprio
« Ecclesia Dei » du 2 juillet 1988, un cadre normatif pour l’usage du Missel
de 1962 ; ce cadre ne contenait cependant pas de prescriptions détaillées,
mais faisait appel de manière plus générale à la générosité des Evêques envers les « justes aspirations » des fidèles qui réclamaient cet usage du Rite
romain. A cette époque, le Pape voulait ainsi aider surtout la Fraternité
Saint-Pie X à retrouver la pleine unité
avec le successeur de Pierre, en cherchant à guérir une blessure perçue
de façon toujours plus douloureuse.
Cette réconciliation n’a malheureusement pas encore réussi ; cependant,
une série de communautés a profité
avec gratitude des possibilités offertes par ce Motu Proprio. Par contre,
en dehors de ces groupes, pour lesquels manquaient des normes juridiques précises, la question de l’usage
du Missel de 1962 est restée difficile,
avant tout parce que les Evêques craignaient, dans ces situations, que l’on
mette en doute l’autorité du Concile.
Aussitôt après le Concile Vatican II,
on pouvait supposer que la demande
de l’usage du Missel de 1962 aurait
été limitée à la génération plus âgée,
celle qui avait grandi avec lui, mais
entre temps il est apparu clairement
que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle
et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte
Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le
besoin d’un règlement juridique plus
clair, que l’on ne pouvait pas prévoir
à l’époque du Motu Proprio de 1988 ;
ces Normes entendent également délivrer les Evêques de la nécessité de
réévaluer sans cesse la façon de répondre aux diverses situations.
En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu,
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a été exprimée la crainte qu’une plus
large possibilité d’utiliser le Missel
de 1962 puisse porter à des désordres,
voire à des fractures dans les communautés paroissiales. Cette crainte
ne me paraît pas non plus réellement
fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation
liturgique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement
fréquents. De ces éléments préalables
concrets découle clairement le fait
que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite
Romain, non seulement en raison des
normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de
fidèles.
Il est vrai que les exagérations ne
manquent pas, ni parfois des aspects
sociaux indûment liés à l’attitude de
certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine. Votre charité et votre prudence pastorales serviront de stimulant et de guide pour
perfectionner les choses. D’ailleurs,
les deux Formes d’usage du Rite
Romain peuvent s’enrichir réciproquement : dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les
nouveaux saints, et quelques-unes des
nouvelles préfaces. La Commission
« Ecclesia Dei », en lien avec les diverses entités dédiées à l’usus antiquior,
étudiera quelles sont les possibilités
pratiques. Dans la célébration de la
Messe selon le Missel de Paul VI,
pourra être manifestée de façon plus
forte que cela ne l’a été souvent fait
jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers
le rite ancien. La meilleure garantie
pour que le Missel de Paul VI puisse
unir les communautés paroissiales
et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et
en conformité avec les prescriptions ;
c’est ce qui rend visible la richesse
spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.
J’en arrive ainsi à la raison positive
qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988.
Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En
regardant le passé, les divisions qui
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ont lacéré le corps du Christ au cours
des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques
où la division commençait à naître,
les responsables de l’Eglise n’ont pas
fait suffisamment pour conserver ou
conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part
de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider.
Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire
tous les efforts afin que tous ceux qui
désirent réellement l’unité aient la
possibilité de rester dans cette unité
ou de la retrouver à nouveau. Il me
vient à l’esprit une phrase de la seconde épître aux Corinthiens, où saint
Paul écrit : « Nous vous avons parlé
en toute liberté, Corinthiens ; notre
cœur s’est grand ouvert. Vous n’êtes
pas à l’étroit chez nous ; c’est dans vos
cœurs que vous êtes à l’étroit. Payeznous donc de retour ; … ouvrez tout
grand votre cœur, vous aussi ! » (2Co
6,11-13). Paul le dit évidemment dans
un autre contexte, mais son invitation peut et doit aussi nous toucher,
précisément sur ce thème. Ouvrons
généreusement notre cœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi ellemême fait place.
Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale
Romanum. L’histoire de la liturgie
est faite de croissance et de progrès,
jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous,
et ne peut à l’improviste se retrouver
totalement interdit, voire considéré
comme néfaste. Il est bon pour nous
tous, de conserver les richesses qui
ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur
juste place. Evidemment, pour vivre
la pleine communion, les prêtres des
communautés qui adhèrent à l’usage
ancien ne peuvent pas non plus, par
principe, exclure la célébration selon
les nouveaux livres. L’exclusion totale
du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur
et de sa sainteté.
Pour conclure, chers Confrères, il
me tient à cœur de souligner que ces
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nouvelles normes ne diminuent aucunement votre autorité et votre responsabilité, ni sur la liturgie, ni sur la pastorale de vos fidèles. Chaque Evêque
est en effet le « modérateur » de la liturgie dans son propre diocèse (cf.
Sacrosanctum Concilium, n. 22 : « Sacrae
liturgiae moderatio ab Ecclesiae auctoritate unice pendet : quae quidem
est apud Apostolicam Sedem et, ad
normam iuris, apud Episcopum »).
Rien n’est donc retiré à l’autorité
de l’Evêque dont le rôle demeurera de
toute façon celui de veiller à ce que
tout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelque problème devait surgir
et que le curé ne puisse pas le résoudre, l’Ordinaire local pourra toujours
intervenir, en pleine harmonie cependant avec ce qu’établissent les nouvelles normes du Motu Proprio.
Je vous invite en outre, chers
Confrères, à bien vouloir écrire au
Saint-Siège un compte-rendu de vos
expériences, trois ans après l’entrée
en vigueur de ce Motu Proprio. Si de
sérieuses difficultés étaient vraiment
apparues, on pourrait alors chercher
des voies pour y porter remède.
Chers Frères, c’est en esprit de reconnaissance et de confiance que je
confie à votre cœur de Pasteurs ces
pages et les normes du Motu Proprio.
Souvenons-nous toujours des paroles de l’Apôtre Paul, adressées aux
prêtres d’Ephèse : « Soyez attentifs
à vous-mêmes, et à tout le troupeau
dont l’Esprit-Saint vous a établis gardiens, pour paître l’Eglise de Dieu,
qu’il s’est acquise par le sang de son
propre Fils » (Ac 20,28).
Je confie à la puissante intercession de Marie, Mère de l’Eglise,
ces nouvelles normes, et j’accorde
de tout mon cœur ma Bénédiction
Apostolique à vous, chers Confrères,
aux curés de vos diocèses, et à tous les
prêtres vos collaborateurs ainsi qu’à
tous vos fidèles.
Fait auprès de Saint-Pierre,
le 7 juillet 2007.
Benedictus Pp. XVI
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ommuniqué de presse du Supérieur Général de la Fraternité
Sacerdotale Saint-Pie X
Par le Motu Proprio Summorum Pontificum, le pape Benoît XVI a rétabli dans ses droits la messe tridentine, affirmant avec clarté que le Missel Romain promulgué par saint Pie V n’a jamais été abrogé. La Fraternité Sacerdotale
Saint-Pie X se réjouit de voir l’Eglise retrouver ainsi sa Tradition liturgique, donnant aux prêtres et aux fidèles qui
en avaient été jusqu’à présent privés, la possibilité d’accéder librement au trésor de la messe traditionnelle pour la
gloire de Dieu, le bien de l’Eglise et le salut des âmes. Pour ce grand bienfait spirituel, la Fraternité Saint-Pie X exprime au Souverain Pontife sa vive gratitude.
La lettre qui accompagne le Motu Proprio ne cache pas cependant les difficultés qui subsistent encore. La Fraternité
Saint-Pie X forme le souhait que le climat favorable instauré par les nouvelles dispositions du Saint-Siège permette après le retrait du décret d’excommunication qui frappe toujours ses évêques - d’aborder plus sereinement les points
doctrinaux en litige.
Lex orandi, lex credendi, la loi de la liturgie est celle de la foi. Dans la fidélité à l’esprit de notre fondateur Mgr Marcel
Lefebvre, l’attachement de la Fraternité Saint-Pie X à la liturgie traditionnelle est indissociablement uni à la foi qui
a été professée « toujours, partout et par tous ».
Menzingen, le 7 juillet 2007
Mgr Bernard Fellay
L
ettre du Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale
Saint-Pie X aux fidèles
FRATERNITÉ SACERDOTALE
SAINT PIE X
Schwandegg
CH 6313 MENZINGEN
TEL [41] 41 757.10.50
FAX [41] 41 757.10.55
Bien chers fidèles,
Le Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 rétablit la messe tridentine dans son droit. Il y est clairement reconnu qu’elle n’a jamais été abrogée. Ainsi la fidélité à cette messe – au nom de laquelle beaucoup de prêtres et de laïques ont été persécutés, voire sanctionnés, depuis près de quarante ans –, cette fidélité n’a jamais été
une désobéissance. Il n’est que justice de remercier aujourd’hui Mgr Marcel Lefebvre de nous avoir maintenus dans
cette fidélité à la messe de toujours au nom de la vraie obéissance, contre tous les abus de pouvoir. Nul doute aussi
que cette reconnaissance du droit de la messe traditionnelle ne soit le fruit des très nombreux chapelets adressés à
Notre Dame lors de notre croisade du rosaire en octobre dernier ; sachons lui dire maintenant notre gratitude.
Au delà du rétablissement de la messe de saint Pie V dans son bon droit, il importe d’étudier les mesures concrètes édictées par le Motu Proprio et la justification qu’en donne Benoît XVI dans sa lettre d’accompagnement :
-Les dispositions pratiques prises par le pape doivent permettre de droit à la liturgie traditionnelle – non seulement la messe, mais aussi les sacrements - d’être célébrée normalement. C’est un bienfait spirituel immense
pour toute l’Eglise, pour ces prêtres et ces fidèles jusqu’à présent paralysés par une autorité épiscopale injuste. Il
conviendra cependant d’observer, dans les mois qui viennent, comment ces mesures seront appliquées de fait par
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les évêques et les curés dans les paroisses. C’est bien pourquoi nous continuerons de prier pour le pape afin qu’il
demeure ferme après l’acte courageux qu’il vient de poser.
-La lettre d’accompagnement du Motu Proprio donne les raisons du pape. L’affirmation de l’existence d’un
seul rite sous deux formes - ordinaire et extraordinaire -, égales en droit, et surtout le rejet d’une célébration exclusive de la liturgie traditionnelle, peuvent certes être interprétés comme l’expression d’une volonté politique
de ne pas heurter des Conférences épiscopales ouvertement opposées à toute libéralisation de la messe tridentine. Mais on peut y voir aussi une expression de la « réforme de la réforme » souhaitée par le pape où, comme il
le dit lui-même dans cette lettre, la messe de saint Pie V et celle de Paul VI se féconderaient mutuellement.
En tout cas, il y a chez Benoît XVI le désir certain de réaffirmer la continuité de Vatican II et de la messe qui en
est issue, avec la Tradition bimillénaire. Cette négation d’une rupture causée par le dernier concile - déjà manifestée dans le discours à la curie du 22 décembre 2005 - montre combien l’enjeu du débat entre Rome et la Fraternité
Sacerdotale Saint-Pie X est essentiellement doctrinal. C’est pourquoi il faut que l’indéniable avancée liturgique opérée par le Motu Proprio soit prolongée - après le retrait du décret d’excommunication - par des discussions théologiques.
La référence à Mgr Lefebvre et à la Fraternité Saint-Pie X contenue dans la lettre d’accompagnement, tout comme
la reconnaissance du témoignage rendu par les jeunes générations qui reprennent le flambeau de la Tradition, indiquent nettement que notre constance à défendre la lex orandi a été prise en compte, c’est donc avec la même fermeté
qu’il nous faut poursuivre, avec l’aide de Dieu, le combat pour la lex credendi, le combat de la foi.
Menzingen, le 7 juillet 2007
+ Bernard Fellay
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13 juillet 2007
Au sommaire de Nouvelles de Chrétienté n° 105
Au sommaire :
Consécration d’un autel à Lausanne
Les limbes victimes de la nouvelle théologie du salut
universel
Abbé Patrick de La Rocque
Former les futurs séminaristes
Entretien avec S. E. Mgr Richard Williamson
En visite canonique au Canada
Abbé Niklaus Pfluger
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