Ce petit texte, clair et assez général, n’est cer-
tainement pas un guide de vote. Et il s’adresse
à «tous les habitants de France», chrétiens ou
non, car la parole de l’Eglise porte bien au-delà
des sacristies. Conscients que les catholiques,
comme tous les autres citoyens, vivent les trans-
formations profondes de la société, avec tout ce
que cela peut comporter comme progrès mais
aussi comme incertitudes, les évêques mettent
l’accent sur cette espérance qui est au cœur
du christianisme, une espérance qui est indivi-
duelle mais aussi collective, d’où l’importance
de participer à la vie citoyenne. Si les références
explicites sont peu nombreuses, ce message
chrétien est aussi au cœur du document épis-
copal, qui se veut une réponse à la «tristesse»
constatée dans le pays, celle de citoyens déçus
voire désabusés et dont le désarroi n’aura fait
qu’aller croissant au cours des dernières se-
maines. «Notre société semble comme à fleur
de peau, à vif », décrivent les évêques dans ce
livre où ils s’inquiètent des postures toujours
plus contestataires, raides, parfois violentes,
ou à l’inverse d’une attitude de désenchante-
ment allant jusqu’au rejet de la politique. À la
base de ce climat pesant, les évêques relèvent
en tout premier lieu le« discrédit »dans lequel
est jetée la classe politique aujourd’hui. Ils dé-
plorent le comportement d’élus de tous bords
aux antipodes de l’idéal du service désintéressé.
Comment leur donner tort? Mais les Français
sont aussi renvoyés à leurs propres contradic-
tions. Ils veulent des autorités publiques plus
présentes mais se plaignent dès qu’elles se font
intrusives. Le désir du risque zéro engendre une
surproduction de normes jugées ensuite trop
contraignantes. « La difficulté de réformer est
une autre bonne illustration des paradoxes de
notre pays », relèvent-ils encore. Les évêques
appellent à retrouver du sens, un horizon com-
mun, une vision anthropologique et culturelle
partagée, qui sache aussi accepter les diffé-
rences de l’autre, avec un vrai sens du débat. Le
principe clé ici est la vraie recherche du com-
promis. Un mot qui n’est pas du goût de tous.
Mais alors qu’il n’est considéré que comme un
boiteux «entre-deux», le compromis retrouve
dans ce livre toute sa noblesse politique. Et les
catholiques doivent avoir toute leur place dans
sa quête. Au final, c’est à«l’engagement de tous»
qu’incitent les évêques français. Une invitation à
s’impliquer pour la collectivité à divers niveaux
afin de ne pas tout attendre du chef de l’État qui
serait perçu comme une « personnalité provi-
dentielle». Chacun pourra faire de ce document
la base de sa réflexion, en essayant d’éclairer sa
conscience, au-delà des postures.
Marie Malzac
* «Dans un monde
qui change, retrouver
le sens du politique»,
coédition Bayard,
Cerf, Mame, 96 p.,
4€.
2 L’ARTICLE CONCERT 3
– ENTRÉE LIBRE –
*dimanche 26 février
Dimanche prochain* à 17h
Le nouvau projet des ensembles vocaux espagnols des B-TENORS
et du Chœur de l’Université Fray Luis de Leon sera présenté pour la
première fois à la paroisse Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle
Stabat Mater
—
LES MYSTÈRES DE LA VIERGE MARIE
La campagne présidentielle n’a pas encore officiellement commencé mais déjà
elle s’est teintée d’agressivité et de malhonnêteté de tous contre tous, rendant
la tâche difficile aux citoyens pris dans l’emballement médiatique. A l’approche
de l’élection, le petit livre publié par la Conférence des évêques de France en
octobre dernier, «Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique»*,
constitue un outil utile pour chercher à y voir plus clair.
Retrouver
le sens du politique