inflammatoire de l’intestin au début mai 2015, le médecin du patient a fait analyser le sang de ce dernier pour
rechercher la présence d’anticorps anti-VIH et d’une protéine virale appelée antigène p24. Le test des anticorps
s’est révélé négatif, mais celui de l’antigène p24 a été positif, ce qui laissait soupçonner une infection au VIH de
stade précoce.
Craignant la possibilité que son patient soit aux prises avec une infection au VIH de stade très précoce, le Dr Knox a
prescrit le traitement anti-VIH suivant :
l’inhibiteur de la protéase darunavir (Prezista)
une faible dose de l’inhibiteur de la protéase ritonavir (Norvir) pour augmenter et maintenir une concentration
élevée de darunavir dans le corps
l’inhibiteur de l’intégrase raltégravir (Isentress)
Le patient a continué de prendre Truvada parce que ce médicament avait le potentiel d’offrir une activité antivirale
additionnelle lorsqu’il était associé aux autres médicaments.
Confirmation de l’observance
Le médecin savait qu’il était important d’évaluer l’observance du traitement par Truvada dont son patient faisait
preuve. Ainsi, comme il disposait d’un nombre limité d’échantillons de sang, il a soumis une très faible proportion de
ces derniers à des analyses sophistiquées effectuées dans un laboratoire de recherche de Vancouver sous la
supervision du virologue Richard Harrigan, Ph. D., du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique.
(Notons que la vaste majorité des médecins de famille ne disposent pas d’installations de pointe leur permettant de
stocker des échantillons de sang et d’autres liquides comme c’est la pratique courante dans les laboratoires de
recherche.) Spécifiquement, ces analyses ont mesuré les concentrations des médicaments présents dans Truvada,
soit le ténofovir et FTC.
Il existe une autre manière moins directe d’évaluer l’observance qui consiste à vérifier les dossiers de pharmacies
indiquant les dates où le patient fait exécuter ses ordonnances. Lors d’analyses d’envergure effectuées en
Colombie-Britannique, on a constaté une association importante entre le renouvellement fidèle des ordonnances et
une bonne observance thérapeutique (et de bons résultats cliniques) parmi les personnes qui prenaient des
médicaments anti-VIH.
Dans le cas qui nous concerne, les analyses de sang effectuées en mai 2015 étaient semblables à celles effectuées
lors de certains essais cliniques d’envergure où Truvada a été évalué à titre de PrEP. Les chercheurs de la Colombie-
Britannique ont trouvé que le taux de ténofovir dans le sang du patient était très élevé et indiquait que l’homme
prenait fidèlement Truvada depuis longtemps. D’autres tests plus sophistiqués (spectrométrie de masse) ont
confirmé que le sang du patient contenait de très fortes concentrations de ténofovir et de FTC. Alors il ne faisait
aucun doute que le patient prenait Truvada depuis longtemps en suivant les consignes à la lettre.
Accent sur la souche du VIH
Avant de passer les tests sanguins destinés à évaluer son observance thérapeutique, le patient n’avait
jamais
pris de
médicament anti-VIH autre que Truvada. Cependant, une analyse génétique du virus dont il était alors infecté a révélé
une souche inhabituelle du VIH. Cette dernière avait dans son matériel génétique des changements ou mutations qui
lui permettaient de résister partiellement ou complètement à de nombreux traitements. En général, les mutations de
ce genre apparaissent parce que les consignes concernant la prise des médicaments ne sont pas respectées à la
lettre.
Nous énumérons ci-dessous les classes de médicaments auxquelles la souche du VIH de ce patient était susceptible
de résister :
Analogues nucléosidiques
réduction de deux fois de la sensibilité à l’abacavir (Ziagen)
réduction de 1,3 fois de la sensibilité au ténofovir (Viread et dans Truvada)
forte résistance à 3TC (lamivudine)
forte résistance à FTC (dans Truvada)