Critiques à propos de notre "Petit bréviaire des idées reçues en économie"
(Mai 2003, p. 30)
Charlie Hebdo
J'ai eu tort de ne pas parler (plus tôt) des Econoclastes. Les éconoclastes sont des élèves de Normale sup, auxquels
se sont acoquinés deux ou trois profs du supérieur. Les élèves de Normale avaient lancé, il y a plus d'un an, un
mouvement sur l' « autisme en économie », critiquant violemment l'enseignement de l'économique à l'université. A la
suite de leur coup de gueule, Fitoussi avait fait un rapport sur l'enseignement économique, disant qu'il y avait du bon
et du mauvais, quoique parfois du mauvais et du bon. On imagine mal la coupure totale existant entre
l'enseignement de l'économique dans le secondaire (à peu près cohérent et honnête) et celui du supérieur
(totalement soumis à la dictature microéconomique). Leur bouquin, qui vient de sortir à La Découverte, dérouille bien
l'idéologie libérale (sur la Bourse, le marché du travail, etc.) sur des bases factuelles. Quand tous ces gamins seront
profs de fac, ils changeront leur fusil d'épaule. Mais, d'ici là, grâce à Ferry, l'université aura disparu.
Oncle Bernard
(n° 568, 7 Mai 2003, p. 5)
Le Nouvel Économiste
L'économiquement correct sous le feu de la critique
Un groupe d'étudiants, les « Econoclastes », se lance à l'assaut des certitudes en matière économique. Retraites,
démographie, rôle excessif de l'Etat, mondialisation : tout y passe. Incisif, efficace, mais parfois excessif.
Il y a trois ans, un groupe d'étudiants et d'enseignants lançait un appel à la réforme de l'enseignement de l'économie,
trop dépendant à leurs yeux du modèle néo-classique. Il y eut un contre appel puis le rapport de Jean-Pierre [sic]
Fitoussi sur le sujet, puis rien, il semblait qu'on allait en rester là. Comme pour illustrer de façon pratique leur
démarche désormais ancienne, les signataires de l'appel, se désignant désormais sous le nom d' « éconoclastes »
publient un petit livre au titre évocateur : Petit bréviaire des idées reçues en économie. Leur but est, en abordant les
principaux problèmes du moment, de souligner que les réponses qui y sont apportées ne sont pas les bonnes, car
elles s'inscrivent dans la logique d'un libéralisme sans subtilité. Constitué de contributions de plusieurs auteurs, le
livre est par construction divers et inégal.
C'est ainsi qu'il faut lire la remarquable contribution de Bernard Guerrien sur l'endettement public. D'emblée il
rappelle que nos décideurs qui, pour justifier la limitation de la dette à un niveau prédéfini (60 % du PIB selon le
Pacte de stabilité européen), invoquent la nécessité de ne pas transmettre un fardeau trop lourd aux générations
futures feraient bien de relire les économistes anciens, qui avaient déjà dénoncé le caractère de fausse évidence
d'une telle assertion. En effet, Jean-François Melon, un économiste du début du XVIIIème siècle, déclarait déjà que,
par la dette publique, le pays emprunte à lui-même et si la rémunération de la dette a un coût, elle rapporte
également à ceux qui l'ont souscrite. Par-delà son strict contenu, cet article montre que le problème de l'économie
politique est moins son parti pris initial qui serait erroné - idée qui sous-tend la démarche initiale des éconoclastes -
que la méconnaissance de ceux qui s'y réfèrent.
L'analyse de Marx selon laquelle « la véritable barrière de la production capitaliste, c'est le capital lui-même » n'a
jamais été aussi actuelle. Plus grave, le contenu de la croissance est de moins en moins source de bien-être.
(Extrait, page 209)
Autre exemple, en pleine actualité, celui du dossier des retraites. Le rédacteur de l'article montre que le discours sur
l'opposition répartition - capitalisation n'a pas de sens économique : chaque système correspond à un prélèvement
sur la production au profit des personnes inactives du fait de leur âge et la nature juridique de ce prélèvement
(cotisation en cas de répartition, dividende en cas de capitalisation) n'a pas d'influence sur la réalité économique. Il
montre de même que l'indexation des retraites sur les prix et non sur les salaires et leur productivité a pour
conséquence d'exclure sans raison valable la population âgée des bénéfices de l'expansion à venir. On reste
néanmoins un peu sur sa faim sur un sujet où les passions sont en train de s'emporter.
C'est d'ailleurs le défaut général du livre. Si le parti pris de ne pas accepter sans remise en cause les politiques
économiques actuelles est intéressant, la systématisation et l'excès de la critique finissent par se retourner contre les
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