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en pleine gloire, fortune faite. Il n’a pas réuni d’archives. Il s’est effacé derrière son œuvre. Denis Podalydès,
comédien et metteur en scène dit de la retraite soudaine de Shakespeare : « Il me fait penser à Rimbaud, à
tous ces génies dotés de tous les dons du monde, et qui se retirent dans le confort d’un quotidien banal, tels
des parvenus. Maître d’une œuvre gigantesque, ils se révèlent petits hommes entre les hommes, qui les
valent tous, n’importe qui. » (La Croix, jeudi 21 avril 2016).
La fin décevante de Shakespeare ne fait qu’accroître la fascination à son sujet. Évoquons deux pièces majeures :
• Hamlet et le vide de l’existence
La représentation d’Hamlet de Shakespeare se déroule sur quatre heures de spectacle à la fois drôle et
tragique ! Véritable interrogation sur le sens de l'existence humaine, cette pièce aborde le thème du doute
à travers le questionnement intérieur inlassable d'un homme : Hamlet. Ce dernier voit ses nuits hantées par
le spectre de son père qui, lui révélant quelques vérités, l'exhorte à le venger.
Hamlet pose la question essentielle : « être ou ne pas être ». C’est une pièce qui parle du personnage que
l’on est parfois amené à jouer dans la vie comme en témoignent les citations suivantes : « Affectez du moins
l'apparence de la vertu. » ; « L'on m'a dit aussi que vous vous fardiez. Fort bien ! Dieu vous a donné un visage,
et vous vous en fabriquez un autre. »
Hamlet nous donne sept monologues, tous centrés sur les grands thèmes existentiels : le vide de l’existence,
le suicide, la mort, la souffrance, l’action, la crainte de la mort qui retarde les décisions les plus fermes, la
crainte de l’au-delà, l’avilissement de la chair, le triomphe du vice sur la vertu, l’orgueil et l’hypocrisie de
l’être humain, la difficulté d’agir sous le poids d’une réflexion « qui fait de nous des lâches ».
La mort rôde aussi tout au long du spectacle. Le spectre de la mort fait son apparition dès le début. C’est en
fait une pièce sur le doute par rapport à soi-même, par rapport à une transcendance.
Enfin, on peut apprécier, le langage frôlant l’absurde. Les mots parfois ne veulent rien dire. La langue est
admirablement belle. Shakespeare était amoureux des mots. Ces monologues sont des morceaux de poésie
pure, écrits en vers libres, soutenus par une cadence pleine d’une mélodie tantôt douce, tantôt rocailleuse,
d’un rythme lent ou rapide, nous offrant en tout cas des surprises à chaque vers.
• Avec Le Songe d’une nuit d’été, fraîcheur, humour et rêve
Résumé de la pièce : deux couples d'amoureux transis, une dispute entre le roi des elfes et la reine des fées,
Puck et sa potion qui s'en mêlent, et une troupe de comédiens amateurs qui préparent une pièce pour le
mariage d'un prince, tous vont s'entrecroiser dans cette forêt étrange, un peu magique, le temps d'une nuit
d'été ensorcelante qui ressemble à un rêve.
Voici ce que dit un commentateur sur Internet : « C’est une comédie de l’émerveillement. Dans
l'émerveillement, la réalité n'est plus jamais décevante - bien au contraire, elle est celle sur laquelle on va
constituer rien de moins qu'un nouveau monde fondé sur le pardon et la réconciliation. Approuver le réel,
c'est en effet renouveler son moi de fond en comble en se débarrassant de tout le ressentiment et de tous
les instincts de vengeance qui jusqu'à présent le constituaient. "Socialement" parlant, cela signifie que l'on
est prêt de créer une nouvelle communauté où rois et reines, fées et elfes, artisans et comédiens vont tous
pouvoir vivre en paix et en utopie.
Et si les humains ne sont pas assez sages pour s'aimer ou s'accepter, on aura alors recours à la magie... Et
c'est là que cette utopie apparaît réellement comme telle. La leçon improbable du Songe est que sans
sortilège, la paix sociale n'est pas possible. »
Songe d’une nuit d’été est une sorte de parodie de Roméo et Juliette. Shakespeare présente dans cette pièce une
sorte de théâtre dans le théâtre, avec les artisans d’Athènes. En réalité, au temps de Shakespeare, pour faire du
théâtre on avait besoin de charpentiers et de drapiers pour les décors et de bien d’autres corps de métier.
Il y a dans cette pièce trois univers proposés par William Shakespeare. Il y a d’abord l’univers fantastique
avec des fées, des rois, des lutins invisibles. Le deuxième univers est le comique, le burlesque offert par les
artisans d’Athènes. Ils répètent une pièce Pyrame et Thisbé. Leurs maladresses créent un comique
époustouflant. Enfin le troisième univers est le celui des amours : qui aime qui ? Qui désespère qui ?