Comment pose-t-on la question en français populaire?
--
Une comparaison avec le français standard--
Esther Jager s1388398
Dirigé par dr. B.A.A. Kampers-Manhe
Département des langues et cultures romanes
Université de Groningue
Août 2008
Comment pose-t-on la question en français populaire
?
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Le respect du Seigneur est le commencement de la sagesse
Proverbes 1: 7
Comment pose-t-on la question en français populaire
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Tables des matières:
Introduction ……………………………………………………………………………………... ............ 5
Chapitre 1: Qu’est-ce que le français populaire? ....................................................................... ............ 8
1.0. Introduction......................................................................................................................... 8
1.1. La variation linguistique ……………………………………………………………........ 8
1.2. Le français standard …………………………………………………………………....... 9
1.3. La variété populaire …………………………………………………………………....... 11
1.4. Les facteurs internes et externes de la variation linguistique ………………………........ 12
1.5. Le développement du français populaire et son prestige ……………………………....... 13
1.6. Comment considérer le français populaire? ....................................................................... 14
1.7. Conclusion ……………………………………………………………………………….. 16
Chapitre 2: L'interrogation directe: une comparaison entre le français standard et le français
populaire ................................................................................................................... ............ 18
2.0. Introduction ........................................................................................................... ............ 18
2.1. Le système d’interrogation du français standard................................................................. 19
2.1.1. L'interrogation directe totale........................................................................ 20
2.1.2. L’interrogation directe partielle....................................................... ............ 22
2.1.3. La distinction entre la langue écrite et orale dans l'interrogation................. 26
2.1.4. L’interrogation indirecte en français standard ……………………………. 27
2.2. Le système interrogatif du français populaire..................................................................... 29
2.2.1. La répugnance pour l’inversion........................................................................................... 29
2.2.2. Moyens d'éviter l'inversion dans l'interrogation directe totale............................... ............ 30
2.2.2.1. Le suffixe ti …………………………………………………………… 30
2.2.2.2. L’omission de l’inversion à l’aide de la particule est-ce que....... ............ 31
2.2.2.3. L'intonation pour sauver l'ordre canonique des constituants..................... 32
2.2.3. Moyens d'éviter l'inversion dans l'interrogation partielle.................................................... 32
2.2.3.1. Le suffixe ti combiné avec un élément interrogatif................................... 32
2.2.3.2. Est-ce que versus c'est que ....................................................................... 33
2.2.3.3. L’antéposition et la postposition des adverbes interrogatifs..................... 34
2.2.3.4. L’emploi d’un connecteur générique que ................................................. 35
2.3. La conjonction de formes interrogatives: une particularité du français populaire.............. 36
2.4. L’interrogation indirecte du français populaire ………………………………………….. 39
2.5. Conclusion.......................................................................................................................... 40
Chapitre 3 : L’inversion en français standard ………………………………………………………… 42
3.0. Introduction.. ………………………………………………………………………………… 42
Comment pose-t-on la question en français populaire
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3.1. L’inversion complexe ……………………………………………………………………… 42
3.1.1. Propriétés distributionnelles de l’inversion complexe ……………………………. 42
3.1.2. Analyses concernant l'inversion complexe en français standard ……………… …. 43
3.1.2.1. le déplacement vers la droite ……………………………………………………. 44
3.1.2.2. Le déplacement du sujet et le mouvement du verbe……………………………... 44
3.1.2.3. La position et la fonction du clitique dans l’inversion complexe…………........... 49
3.2. L’inversion pronominale……………………………………………………………………... 52
3.2.1. Analyses concernant l’inversion pronominale ……………………………………. 53
3.3. L’inversion stylistique………………………………………………………………………... 56
3.3.1. Les propriétés distributionnelles de l’inversion stylistique………………………... 56
3.3.2. Analyses de l’inversion stylistique………………………………………………… 57
3.3.2.1. Kayne (1972)……………………………………………………………. ……… 58
3.3.2.2. Le sujet in situ …………………………………………………………………... 59
3.3.2.3. Le critère wh de Rizzi (1996)……………………………………………………. 61
3.3.2.4. Kayne & Pollock (2001)…………………………………………………………. 61
3.4. Conclusion ……………………………………………………………………………………63
Chapitre 4 : l’analyse formelle de l’interrogation du français populaire …………………………… 64
4.0. Introduction ………………………………………………………………………………… . 64
4.1. L’absence d’inversion………………………………………………………………………... 65
4.1.1. L’absence du mouvement de I vers C……………………………………………... 65
4.1.2. Les complémenteurs que et est-ce que…………………………………………….. 67
4.1.3. Le critère wh de Rizzi (1996)……………………………………………………… 69
4.2. Les mots wh in situ et les mots wh déplacés………………………………………………… 72
4.2.1. Les éléments wh préposés………………………………………………………………….. 72
4.2.2. Les mots wh in situ…………………………………………………………………………. 74
4.3. Le suffixe –ti…………………………………………………………………………………. 75
4.3.1. Les propriétés syntaxiques de ti…………………………………………………… 76
4.3.2. Les propriétés sémantiques du suffixe ti………………………………………….. 79
4.3.2.1. Le morphème o (Garzonio (2004)) et le morphème ti…………………………... 79
4.4. Le trait [+wh] dans les questions indirectes …………………………………………………. 82
4.5. Les interrogations clivées…………………………………………………………………….. 83
4.5.1. La construction clivée……………………………………………………………… 84
4.5.2. La sémantique et la syntaxe des clivées…………………………………………… 85
4.6. Conclusion …………………………………………………………………………………… 89
Conclusion …………………………………………………………………………………………… 90
Bibliographie …………………………………………………………………………………………….. 92
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Introduction
Quand on parle des variantes du français qui sont parlées par certains groupes ou par des classes sociales
particulières, on utilise le terme sociolecte. Le sociolecte que nous allons analyser dans ce mémoire est le
français populaire, ou bien, en d'autres termes, un emploi non standard du français.
Dans le passé, le français populaire était souvent condamné à être un français “mal parlé” dont feraient usage
les couches sociales défavorisées de la population. Aussi, le français populaire était-il souvent désigné par les
notions «populaire», «parler racaille» ou «caillera» (cf. Gadet 2002). Cependant, cette opinion s’est avérée
ne pas être juste, parce qu’il ne s’agit pas d’un français mal appliqué, mais justement d’une autre variante
linguistique du français qui constitue un “ensemble homogène” (cf. Gadet: 1992: 3). Il est alors possible de
dresser un inventaire des formes grammaticales, lexicales, phonologiques, etc. qui ont évolué de façon
indépendante de la norme et qui sont caractéristiques du français populaire. Cet ensemble homogène peut
alors être qualifié de populaire.
Plusieurs linguistes ont déjà tenté de décrire de façon adéquate les traits syntaxiques et mantiques
du français populaire tel qu’il a évolué jusqu’à présent. Vu le fait que le français populaire ne se trouve pas
dans les grammaires traditionnelles, il leur a fallu avoir recours à des corpus dans lesquels on fait usage de la
langue populaire. Comme le français populaire était souvent considéré comme un langage parlé et non pas
comme un langage écrit, il n'était pas courant de l’utiliser dans la littérature. Pourtant, le langage populaire
est introduit dans l'oeuvre de l'auteur Céline comme étant non seulement un langage oral mais comme un
langage écrit aussi. C'est pour ces raisons que le roman Voyage au bout de la nuit (1932), dans lequel le
narrateur utilise la langue populaire, a été très utile aux linguistes.
A part du lexique populaire on y trouve beaucoup de phénomènes qui sont caractéristiques du
français populaire, comme l’absence du ne de la négation ou par exemple le dédoublement du sujet
1
. Ainsi,
la façon dont on pose la question en langue populaire est un des traits qui distingue nettement le français
populaire du français standard. La phrase (1) est un exemple de l’interrogation populaire:
(1) Quand c’est-ce que c’est qu’il a dit ça? Gadet (1992: 19)
C’est justement ce phénomène de l’interrogation en français populaire qui nous intéressera dans ce mémoire,
une interrogation, qui, comme nous le verrons, diffère beaucoup par rapport à celle du français standard. Le
but du mémoire sera de trouver une réponse à la question suivante: Comment l’interrogation du français
populaire se construit-elle et quelles sont les différences avec le français standard? Ainsi, nous pouvons
1
Voir Bauche (1951), Gadet (1992), Guiraud (1965) pour une présentation et une description précises des traits
syntaxiques du français populaire.
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