Capteur capacitif – Mesure de niveau N.197 Présentation Principe La mesure du niveau d’un liquide contenu dans une cuve opaque peut être réalisée à l’aide de capteurs capacitifs. Deux cas sont à envisager selon que le liquide est électriquement isolant ou conducteur. Dans le cas d’un liquide isolant la variation de capacité est due au changement de diélectrique dans le condensateur formé de deux conducteurs métalliques (voir figure 1). Dans le cas d’un liquide conducteur, le condensateur est constitué d’un conducteur recouvert d’une fine couche d’un matériau isolant (diélectrique) ; le liquide joue alors le rôle de la seconde armature du condensateur (voir figure 2). La variation de capacité résulte alors du changement de l’aire des armatures du condensateur. métal 000isolant 111 métal111 000 métal ǫair air liquide h isolant e C = C0 + αh h ǫliq 111 000 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 air 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 liquide 000 111 000 111 000 111 onduteur 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 000 111 e e F IGURE 1 – Mesure de niveau capacitive pour un liquide isolant. En géométrie plane α = 0 L(r −1)/e où L est la largeur de la plaque ; en géométrie cylindrique α= 2π0 (r −1)/ln((d+2e)/d) où d est le diamètre du cylindre. métal ǫiso C = βh 1111 0000 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 0000 1111 e F IGURE 2 – Mesure de niveau capacitive pour un liquide conducteur. En géométrie plane β = 0 r L/e où L est la largeur de la plaque ; en géométrie cylindrique β = 2π0 r/ln((d+2e)/d), si e d : β ' πd0 r/e où d est le diamètre du cylindre. La capacité (C) varie linéairement avec la hauteur de liquide (h). La capacité C0 est la capacité du condensateur en l’absence de liquide. La pente (α ou β) dépend de la permittivité du vide (0 ), de la constante diélectrique (r ) du matériau isolant et de la géométrie (plane ou cylindrique) du capteur. Dans la pratique, la géométrie cylindrique est la plus simple à mettre en œuvre et permet de minimiser les effets de bord. Pour les liquides isolants, une tige conductrice cylindrique est introduite dans la cuve qui constitue souvent la seconde armature du condensateur. Pour les liquides conducteurs, une tige conductrice et cylindrique, recouverte d’une couche d’un matériau isolant, est introduite dans la cuve. Un second conducteur est plongé dans le liquide (seconde armature du condensateur) pour permettre la mesure de capacité. Enfin, dans le cas d’un liquide isolant, la capacité risque d’être très faible (e est grand) et les effets de bords importants surtout si la cuve sert d’armature. Le capteur est alors utilisé comme détecteur de niveau en “tout ou rien”. On détecte alors seulement une variation de capacité quand la sonde plonge dans le liquide isolant. Le capteur n’a donc pas besoin d’être linéaire. Comportement électrique de l’eau On considère un condensateur formé de deux conducteurs de surface (S) séparés par une épaisseur d’eau (eeau ) . Un tel condensateur est caractérisé par sa résistance Reau en parallèle 1 avec son impédance capacitive 1/jCeau ω, où Ceau et ω sont la capacité et la pulsation, respectivement. Le rapport de ces deux impédances vaut en module 1 a = Reau Ceau ω = (ρeeau/S )(0 eau S/eeau )ω = ρ0 eau ω avec 0 et eau les permittivités du vide et de l’eau. Si a 1 le dipôle se comporte comme une résistance pure Reau Si a 1 le dipôle se comporte comme un condensateur de capacité Ceau Le tableau ci-dessous présente l’ordre de grandeur attendu pour le coefficient a = ρ0 eau ω pour de l’eau contenant plus ou moins d’espèces dissoutes : eau pure, eau distillée (à l’abri du CO2 ) et eau du robinet. Les fréquences de test envisagées (100 Hz, 1 kHz et 10 kHz) sont celles généralement disponible sur les LCRmètres. résistivité (Ω·m) f=100 Hz f=1 kHz f=10 kHz eau pure ' 2 × 105 0.1 1 10 eau distillée ' 104 5 × 10−3 5 × 10−2 0.5 eau du robinet ' 20 10−5 10−4 10−3 Le comportement capacitif est observé pour les valeurs de résistivité et de fréquences élevées. Le comportement résistif (c-à-d conducteur) est observé pour les faibles valeurs de résistivité et de fréquence. Dans la suite, on suppose que l’eau a un comportement totalement résistif (ou de façon équivalente que l’eau est un liquide conducteur). Manipulation On propose ici d’illustrer le principe d’une sonde capacitive pour la mesure de niveau d’un liquide conducteur : l’eau du robinet. Description du dispositif La sonde capacitive est présentée sur la figure 3. Elle est constituée d’un fil de cuivre verni. Ce fil verni est courbé de façon à former un “U”, l’extrémité du cœur en cuivre n’est donc pas en contact avec l’eau. Un second fil de même nature et dénudé permet d’établir un contact élecR trique avec l’eau. L’ensemble est protégé par un tube transparent en PMMA 2 (PLEXIGLAS). Une bande millimétrée transparente est collée sur le tube pour permettre la lecture des variations de hauteur d’immersion de la sonde capacitive. Utilisations Étalonnage du capteur La sonde, tenue sur un support à l’aide d’une tige et d’une pince, est plongée dans un réservoir contenant de l’eau du robinet. Le niveau d’immersion est contrôlé en modifiant la hauteur du support ou en vidant le récipient progressivement avec un siphon (utiliser une pince à clamper pour déclencher et interrompre la vidange). Mesurer la capacité de la sonde à l’aide d’un LCRmètre en fonction de la profondeur d’immersion. 1. On peut montrer que a = ρ0 eau ω reste significatif indépendamment de la géométrie du condensateur. 2. Polyméthacrylate de méthyle 2 F IGURE 3 – Sonde capacitive pour la mesure de niveau d’un liquide conducteur. Câble de cuivre monobrin (diamètre 1.50 mm) ; épaisseur de vernis (polyuréthane r = 3, 5, résistivité 1014 Ωm) de quelques dizaines de micromètres. Les deux connecteurs “banane” permettent de raccorder la sonde à un circuit extérieur. Caractérisation en fréquence On peut mesurer à partir de quelle fréquence l’effet résistif de l’eau devient prépondérant dans le capteur, alors modélisé par une capacité (due au verni Polyuréthane diélectrique isolant) et une résistance (due à l’eau) en série. On calcule pour cela la caractéristique U/I de l’impédance Z du capteur dans la configuration présentée sur le schéma de la figure 4 : Z=R 1 + jrCω 1 + j(R + r)Cω où R est la résistance utilisée pour mesurer le courant parcourant le dispositif, r la résistance de l’eau et C la capacité du détecteur. On utilisera un transformateur d’isolement afin de mesurer simultanément le courant et la tension aux bornes du capteur tout en prenant garde au circuit résonant que l’inductance de ce dernier peut former avec le condensateur du capteur. NB : le vernis joue un rôle n”gligeable (résistivité 1014 Ωm). Réaliser le diagramme de Bode de la caractéristique U/I de l’impédance Z du capteur pour retrouver les propriétés mentionnées dans la sous-section “Comportement électrique de l’eau”. Un exemple de diagramme de Bode en gain de Z est donné sur la figure 4. Y2 C ∼ 200pF r Z (dB) 20 ∼ 40mH 10 0 -10 Y1 R ∼ 100kΩ 2 3 4 log (f / 1Hz) 5 F IGURE 4 – À gauche, schéma électrique utilisé pour mesurer le diagramme de Bode de l’impédance caractéristique Z du capteur. À droite, exemple de diagramme de Bode mesuré sur un dispositif du même type. On reconnaît à basse fréquence la coupure due à la résistance de mesure de courant (ici 100 kΩ) et à haute fréquence (16 kHz) la coupure due à l’effet résistif de l’eau (r ' 20 kΩ) pour une capacité de 200 pF environ (correspondants à 20 mm immergés). Le dispositif seul est ainsi assimilable à un condensateur parfait entre 0 et 10 kHz. La résistance de l’eau r est également réalisable avec un LCRmètre (modèle récent conseillé). 3 Capteur de niveau à sortie analogique Le LCRmètre permet une mesure discrète de la capacité. Une alternative consiste à convertir la valeur de la capacité en tension, ce qui constitue une sortie analogique. L’association de la sonde capacitive en série avec une inductance est équivalente à un circuit RLC série où la composante résistive est due à la résistivité de l’eau et à la résistance interne de la bobine. Le détecteur se comportant comme un condensateur variable dont la capacité dépend de la hauteur d’eau h, la fréquence de résonance du circuit dépendra elle aussi de h (figure 5). passe-bas Amplitude (mV) 3000 apteur 2000 1000 zones linéaires sortie analogique 0 -1000 0 0.2 0.4 0.6 log(f/1 MHz) 0.8 F IGURE 5 – À gauche, schéma électrique utilisé réaliser une mesure analogique de la hauteur de niveau d’eau. À droite, exemple de diagramme de Bode mesuré sur un dispositif du même type. En excitant le circuit à une de ses fréquences de coupure (ω = ω0 ± δω/2 où δω est la largeur spectrale du circuit résonant), l’amplitude du signal mesuré aux bornes du capteur est proportionnelle à la hauteur relative de fluide dans la limite des petites variations de hauteur. On mesure ces variations d’amplitude avec une détection d’enveloppe (multiplieur et filtre passe-bas sur la figure 5). Dans la limite des petites variations de hauteur, le signal de sortie est alors directement proportionnel à la hauteur relative de fluide dans la cuve (c-à-d à la variation de la profondeur d’immersion du fil). Application à l’étude d’un déplacement de très faible amplitude : à l’aide d’un fil verni coudé on peut (figure 6) mesurer la réponse spectrale d’un pot vibrant. On utilise une pince ”crocodile” pour fixer le potentiel de l’eau dans la cuve. Du savon est ajouté à l’eau afin de limiter la formation de vagues et diminuer la taille du ménisque autour du fil. La sensibilité du dispositif est alors mesurable (quelques microns). La longueur du fil est suffisamment faible pour que sa fréquence de résonance (∼ 250 Hz) soit supérieure au domaine de fréquence étudié pour le vibreur. A l verni vibreur eau h A B C(h) B F IGURE 6 – Schéma d’utilisation du capteur analogique pour la mesure de la fonction de réponse spectrale d’un pot vibrant. 4