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’ acaci , compagnon dxod
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Le point de vue du botaniste
Acacia seyal
, tout comme
Acacia tortilis
, pourrait être le
shittah
des Hébreux. C’est une légumineuse (famille
des Fabacées), de la sous-famille des mimosas. Il ne doit pas être confondu avec notre acacia, qui est un robinier
(
Robinia pseudoacacia
).
Acacia seyal
porte de longues épines sur les branches et à la base des feuilles,
des fleurs sphériques et jaune vif caractéristiques des mimosas, des fruits en forme de cosses spiralées.
Il produit de la gomme arabique.
Répartition : Du Sénégal au Kenya, en Égypte et au Soudan.
dans cette aridité, aucun autre végétal
ne peut atteindre 15 mètres de haut et
fournir un bois d’œuvre solide. Sans
doute s’agissait-il de l’Acacia seyal, ou
acacia rouge, un épineux de la famille
des mimosas. D’une belle couleur brun
orangé, chargé en tanin, son bois résiste
aux insectes et les Égyptiens l’utilisaient
pour les sarcophages. En revanche, c’est
un bois lourd, d’autant que l’Éternel
demande qu’il soit recouvert d’or ou
de cuivre et fixé par des socles d’argent
massif. À l’intérieur du tabernacle, le
mobilier est également en acacia : le
grand autel pour sacrifier les taureaux
et les béliers, celui pour brûler l’encens,
la table où reposent les douze pains
symbolisant les tribus d’Israël et, dans
le Lieu Très Saint, derrière le Voile, l’Arche d’alliance abritant les
dix commandements. L’ensemble devait peser un poids considérable,
sur les pistes de roche et de sable, dans la chaleur torride du désert…
L’exode des Hébreux prendra fin sur les rives du Jourdain et ils laisse-
ront derrière eux l’acacia. Cet arbre ne liera plus désormais son nom
qu’à certains lieux où il s’épanouit et le cèdre prendra sa place dans
les boiseries du temple de Salomon.
shittah
S’ARRACHER AUX ACACIAS
En hébreu, lacacia est
shittah
,
shittim
au pluriel, dont la racine semble empruntée
à légyptien
shondète
, « ce qui pousse dans les lieux secs ». La dernière fois où cet
arbre est cité dans l’histoire des Hébreux, c’est le jour où ils vont enfin entrer au
pays promis par Dieu : « ils s’arrachèrent hors des acacias [la ville de Shittim] et
entrèrent jusquau Jourdain » (Josué 3. 1). À noter le verbe « s’arracher », comme
si une douloureuse rupture avec lacacia était nécessaire pour symboliser la fin de
lerrance en Égypte, vers un avenir inconnu.
ers l’an 1250 av. J.-C., le peuple d’Israël secoue les chaînes
qui le retiennent esclave en Égypte depuis plus de quatre
siècles. Dans les pas de Moïse, il part pour quarante années
d’exode à travers le désert du Sinaï, avec l’espoir d’arriver un jour à
la Terre promise, au pays de Canaan. Dans cette errance, les Hébreux
s’égarent notamment à adorer un veau d’or. Dieu fait alors appel à
Moïse pour les remettre dans le droit chemin. Au sommet du Sinaï,
il parle au vieux patriarche et lui indique comment bâtir un lieu sacré
où il viendra retrouver son peuple. Ce sera la Tente de la rencontre,
ou Tabernacle, un sanctuaire de bois et de toile adapté à la vie no-
made. Les indications divines, extrêmement précises, occupent deux
chapitres entiers du livre de l’Exode et l’acacia, cité 26 fois, y joue
un rôle fondamental. « On fera une arche de bois d’acacia, de deux
coudées et demie de longueur, d’une coudée et demie de largeur et
d’une coudée et demie de
hauteur […]. Tu feras des
barres de bois d’acacia,
et les revêtiras d’or, et tu
passeras ces barres dans les
boucles le long des côtés
de l’arche pour la porter. »
Les piliers du tabernacle
et de son enceinte, les
cloisons, les meubles, tout
est « de bois d’acacia »,
etsé shittim. Il est vrai que
L’Arche d’alliance
est apportée à
Jérusalem par le
roi David. Elle
est construite
entièrement en bois
d’acacia selon les
instructions divines.
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arfum parmi les plus précieux, l’aloès exalte la vénération
du roi Salomon pour sa bien-aimée dans le Cantique des
cantiques. « Tes jets font un verger de grenadiers, avec les
fruits les plus exquis : le nard et le safran, le roseau odo-
rant et le cinnamome, avec tous les arbres à encens ; la
myrrhe et l’aloès, avec les plus fins arômes. » Dans les Psaumes, le
poète choisit l’aloès pour dresser un portrait élogieux du roi d’Israël
à l’occasion de ses noces. «Tu aimes la justice, tu détestes le mal,
aussi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes
compagnons. Tes vêtements ne sont que myrrhe,
aloès et casse. » Quant à la séductrice des
Proverbes, elle tente d’attirer un amant
par de voluptueuses promesses : « J’ai
parfumé mon lit, de myrrhe, d’aloès et
de cinnamome… » Aromate puissant et
sacré, l’aloès est destiné à embaumer
le corps crucifié de Jésus. « Nicodème
[…] vint aussi apportant un mélange
de myrrhe et d’aloès d’environ cent
livres. Ils prirent donc le corps de
Jésus et l’enveloppèrent de linges,
avec les aromates, comme les Juifs ont
coutume d’ensevelir. »
Mais pour trouver les fragrances de
ce parfum-là, il faut oublier Aloe vera,
ou plutôt Aloes socotrina, plante suc-
culente des zones arides, aux feuilles
charnues et épineuses. Malgré ses
mille vertus médicinales, cet aloès à la
’ alos, un parfum d’trnit
senteur fraîche ne peut rivaliser
avec les effluves capiteux du
« bois d’aloès » évoqué dans la
Bible. Cette résine odoriférante
est restée longtemps une énigme.
Importée de l’Asie lointaine,
connue dans le monde arabo-
musulman sous le nom de bois
d’oud, ailleurs de bois d’agar ou
de bois d’aigle, elle ne se recueille
que sur des Aquilaria, de grands
arbres sauvages dispersés dans les
forêts tropicales. Lorsqu’elles sont
agressées par des champignons,
certaines espèces se défendent
en produisant un composé orga-
nique qui accroît la densité du
bois et fait passer sa couleur d’un
beige pâle à un brun très foncé,
au parfum extrêmement puissant.
Ce bois d’aloès, révéré en parfu-
merie pour sa sensualité mais impossible à synthétiser, a de tout temps
valu son pesant d’or… Il faut aujourd’hui encore 70 kilos de bois
pour obtenir 20 ml d’huile essentielle dont le prix avoisine le millier
d’euros. Leur rareté et leur valeur risquent de signer l’arrêt de mort
des Aquilaria, menacés par la surexploitation dans toute l’Asie du
Sud-Est. Le millénaire bois d’aloès ne sera plus alors qu’un parfum
de légende…
Le point de vue du botaniste
Aquilaria agallocha
- L’aloès de la Bible n’est pas l’
Aloe vera
mais un arbre tropical de la famille des
Aquilaria
,
haut de 6 à 20 m, aux feuilles vert foncé, un peu semblables à du cuir.
Leurs fleurs sont discrètes. Des dix-sept espèces que compte le genre,
huit produisent une résine odoriférante en cas d’attaque de certains champignons.
Répartition : En Inde et Asie du Sud-Est, mais
Aquilaria
a pratiquement disparu d’Indonésie,
de Thaïlande et de Birmanie. Il est très menacé en Nouvelle-Guinée et en Malaisie.
L’embaumement du
corps de Jésus, frotté
avec de la résine
de bois d’aloès au
parfum puissant.
ahalim
UN PARFUM DE CONFUSION ?
Laloès ne se trouve quau pluriel dans la Bible : au masculin ’
ahalim
, au féminin
ahalot
. Sa
racine en hébreu aussi bien quen grec vient de son nom indien
aghil
. Celui-ci a pour origine
le sanscrit
agaru
ou
aguru
, dont le « r » sest adouci en « l ». Les Portugais, en entendant
nommer cet arbre
agulu
dans leurs comptoirs de la Compagnie des Indes, l’ont peut-être
transcrit
aquilae
, doù le nom d’
Aquilae lignum
, c’est-à-dire « bois d’aigle ». En grec ancien, il
a été nommé
agallokhon
.
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uand svill landir
Mais l’amandier est surtout symbole de vigilance. Cette
notion apparaît dans la première prophétie de Jérémie
sous la forme d’un beau jeu de mots, bâti autour de
la racine hébreu, shaqad, commune aussi bien au mot
« amande » qu’à un verbe signifiant « veiller, être atten-
tif » : « Yahvé me dit : “Que vois-tu Jérémie ?” Et je
dis : “Je vois un rameau de veilleur / d’amandier”. Et
Yahvé me dit : “C’est bien vu car je veille à faire ma
parole.” »
Ce rameau de veilleur valide donc la voix du prophète,
porte-parole de Dieu car il a appris à voir ce qui est
important. Cette même notion de vigilance se retrouve
dans le chandelier à sept branches, la ménorah que Dieu
commande à Moïse pour le Tabernacle et dont l’aman-
dier est la référence : « La première branche portera trois
calices en forme de fleur d’amandier, avec bouton et
fleur ; la deuxième branche portera aussi trois calices en
forme de fleur d’amandier, avec bouton et fleur ; il en
sera ainsi pour les six branches partant du candélabre. »
Et Dieu demande que cette grande lampe soit éternelle-
ment tenue allumée, comme une âme éveillée.
Le point de vue du botaniste
Prunus amygdalus -
L’amandier appartient à la grande famille des
Prunus
,
comme le cerisier et l’abricotier. L’amandier sauvage,
Prunus amygdalus
, a donné naissance à la variété
dulcis
(amande douce) et à la variété
amara
(amande amère), ainsi qu’à de nombreux hybrides
à vocation fruitière ou ornementale.
Répartition : Venue d’Iran et d’Afghanistan, l’amande s’est diffusée dans le bassin méditerranéen dès l’Antiquité.
Elle est parvenue aux États-Unis, aujourd’hui premier producteur mondial, au
xix
e siècle.
Parmi tous les bâtons des chefs
de tribu, seule la branche
d’amandier d’Aaron, l’élu
de Dieu, prend vie et fleurit.
’amandier est le premier arbre fruitier à fleurir, dès la fin de
l’hiver. Avant même de porter des feuilles, il ouvre ses fleurs
caressées de rose pâle en un somptueux bouquet. L’aman-
dier joue un rôle spirituel particulier dans la Bible. Lors de l’Exode,
les chefs de certaines maisons d’Israël se dressent contre Moïse et son
frère Aaron, le grand prêtre. Dieu vient secourir ces derniers mais
les rebelles continuent de « murmurer ». Alors, l’Éternel commande
que chacun des chefs apporte un bâton et le dépose au Tabernacle.
Aaron cueille une branche sur un amandier sauvage semblable à ceux
qui poussent encore sur les collines rocailleuses de Palestine. « Le
lendemain, lorsque Moïse entra dans la Tente du rendez-vous, voici,
la verge d’Aaron, pour la maison de Lévi, avait fleuri, elle avait poussé
des boutons, produit des fleurs, et mûri des amandes. » Devant ce
signe indubitable, les rebelles s’inclinent. Plus tard, Isaïe
verra un signe dans cette branche prodigieuse : « Une
pousse germera du tronc de Jesse ; un rejeton fleurira de
ses racines […] la Vierge concevra et enfantera un Fils… »
Des mystiques chrétiens du Moyen Âge y liront une cor-
respondance entre la branche fructifiant sans racines et
la naissance de Jésus sans procréation. Enfin, la branche
d’Aaron est un lointain ancêtre de la crosse des évêques
parfois encore ornée de fleurs ou d’amandes.
shaqèd
LE VIGILE
Deux mots hébreux désignent l’amande : le
premier,
louz
, est emprunté à laraméen. Il
perdure dans larabe
luz
et aurait évolué en
nux
,
nuts
, noix… Le second,
shaqèd
, est
souvent employé au pluriel,
shaquedim
, s’il
sagit des amandes, ou
meshaqoudim,
« en
forme damande ». Sa racine signifie veiller,
ne pas céder au sommeil lorsquon est de
garde, mais aussi attendre empli de hâte,
faire attention au bien comme au mal, être
attentif au moindre signe, mettre tout son
cœur et ses forces à guetter, sans se laisser
divertir.
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