REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE Département de l'économie et de la santé Analyses générales Service de protection de la consommation Dosage de l'aloïne dans les denrées alimentaires à l'aloès Courant 2004, nous avons procédé au dosage de l'aloïne dans des denrées alimentaires à base d'aloé vera. Cette campagne avait révélé d'une part une bonne conformité des produits laitiers à l'aloès, d'autre part des dépassements importants de la valeur limite pour la majorité des jus à base d'aloé vera. Afin de vérifier l'évolution de cette situation, nous avons répété cette campagne en 2005. Les résultats de celle-ci sont toujours aussi mauvais pour les jus d'aloès. Depuis quelques années on trouve sur le marché des denrées alimentaires contenant de l'aloès. Il s'agit d'une plante de la famille des Liliacées. Elle possède des feuilles épaisses et dentelées, disposées en rosette au sommet d’une tige. La structure des feuilles comprend une partie centrale contenant le jus ou le gel et une couche externe contenant des dérivés anthracéniques, dont l'aloïne. Les produits cosmétiques, destinés par définition à un usage externe, ne font l’objet d’aucune valeur limite quant à leur teneur en aloïne. L’ordonnance du DFI sur les substances étrangères et les composants dans les denrées alimentaires du 26 juin 1995 (OSEC, RS 817.021.23) donne une valeur limite pour la teneur maximale en aloïne des denrées alimentaires. Cette valeur est fixée à 0,1 mg/kg. Cette valeur limite est justifiée par l'effet laxatif et irritant des dérivés anthracéniques, ce qui limite leur utilisation aussi bien dans le domaine alimentaire que pharmaceutique. Afin de satisfaire à ces exigences, le mode de préparation du jus d’aloès est particulièrement important si l’on veut éviter de contaminer la partie comestible des feuilles par les dérivés anthracéniques. En pratique, c’est l’étape de séparation entre le gel et la partie périphérique des feuilles qui est importante. Cette opération s’effectue manuellement. Lors d'une première campagne d'analyses effectuée en 2004 nous avions constaté que si les produits laitiers à base d'aloé vera respectaient la valeur limite il -1- en allait autrement des jus et comprimés. En effet, bon nombre de ces produits dépassaient la valeur limite et ce jusqu'à 350 fois ! Cette situation nous a amenés à reconduire ces analyses en 2005 afin d'évaluer si la situation s'était améliorée. Cette année des échantillons ont été prélevés à Genève, aussi bien que dans les cantons de Vaud et Neuchâtel dans le cadre de notre collaboration intercantonale. Ces analyses ont été effectuées par chromatographie en phase liquide bidimensionnelle couplée à la spectrométrie de masse (HPLC-MS/MS). Cette approche a permis d'atteindre une excellente sensibilité et spécificité. Nos analyses ont été effectuées sur tous les produits du marché annonçant comme ingrédient une variété d’aloès. Nous avons analysé au total 22 produits, répartis comme suit : ¾ 8 jus produits laitiers ¾ 8 jus d'aloès ou boissons contenant du jus d'aloès ¾ 1 tisane ¾ 2 extraits liquides sous forme concentrée ¾ 3 produits présentés sous forme de comprimés ou gélules. RESULTATS Catégories de produits analysés Produits laitiers Boissons Tisane Extraits liquides Formes galéniques (gélules, comprimés, etc.) TOTAL Total 8 8 1 2 3 conformes 8 4 0 0 3 non conformes 0 4 1 2 0 22 15 7 Tous les produits laitiers à l’aloès sont conformes à la législation puisque la teneur en aloïne n’excède jamais 0,1 mg/kg. On retrouve la même situation qu'en 2004, ce qui montre que la production de ce genre de produits est bien maîtrisée. Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée en ce qui concerne les jus d'aloès, comme le montre le graphique cidessous : 100 100 100 Taux de conformité [%] 2004 2005 80 60 50 40 26 20 0 Produits laitiers Jus et boissons En effet, la moitié des jus et boissons à base d'aloès présentaient des teneurs dépassant la valeur limite de 0,1 mg/kg. Généralement ces dépassements étaient même très importants puisque dans cette catégorie de produits les dépassements se situaient entre 17 et 74 fois la valeur limite ! La situation était encore pire dans le cas des concentrés qui dépassaient de 74 et 157 fois la valeur limite après dilution. Le fait qu'il soit technologiquement possible de produire des jus d'aloès respectant les exigences légales est heureusement également démontré par les quelques produits qui contenaient moins de 0,1 mg/kg d'aloïne. Ces résultats confirment la disparité de qualité que l’on peut rencontrer dans certains produits à base d’extraits de plantes. Ceci est d’autant plus problématique que la croyance largement répandue qui veut qu’un produit naturel ne puisse pas être toxique est loin d’être vérifiée. Bien au contraire, des cas d’intoxications résultant de confusion ou de surdosage d’extraits végétaux se produisent régulièrement. -2-