Tassin, J.; Médoc, J-M; Kull, C.A.; Rivière, J-N.; Balent, G.
Il est nécessaire de documenter les effets à long terme des invasions de plantes à l’échelle
du paysage. Nous avons étudié l’effet potentiellement catalyseur de la plante invasive
Acacia mearnsii De Wild. sur la colonisation de paysages ruraux par des espèces
végétales natives sur l’île de la Réunion (archipel des Mascareignes, océan Indien). On a
récolté des données sur 182 parcelles circulaires de 50 m2 dans un ensemble de 48
grandes zones envahies âgées de un à plus de 48 ans. Il n’y avait que 18 espèces végétales
natives dans les endroits envahis, et celles-là ne se trouvaient que dans 21 des 48 zones.
Les zones envahies par les Acacia qui étaient colonisées par des espèces natives étaient
plus âgées et se situaient plus près des reliquats forestiers les plus fermés. La plupart des
zones envahies colonisées par des espèces natives étaient situées à moins de 200 m de
forêts relictuelles. Les résultats sont cohérents avec des études sur les taux de colonisation
de plantations forestières non indigènes, qui augmentent avec l’âge et diminuent avec la
distance de la source des semences. Ceci dit, le taux de zones envahies par les acacias qui
sont colonisées par la flore indigène reste très faible en comparaison avec les études sur la
colonisation de plantations exotiques dans d’autres pays tropicaux. Nous concluons que
les zones d’invasion d’Acacia mearnsii sont des sites de colonisation médiocre pour les
espèces végétales indigènes. On suspecte que l’allélopathie est un des facteurs les plus
actifs dans la prévention de cette colonisation.