La lettre du l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. V - juillet-août 2002
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DOSSIER THÉMATIQUE
anciennes avant la mise en place de mesures préventives systé-
matiques, le taux de transmission était de 80 à 100% pour les
femmes AgHBe+ et de 0 à 25% pour les femmes Ac anti-HBe+
(1). À l’heure actuelle, la présence et le taux d’ADN-VHB est
sans doute le meilleur reflet du risque de transmission materno-
infantile du VHB, bien que l’absence de détection d’ADN-VHB
chez la mère ne permette pas d’affirmer l’absence de risque de
transmission materno-infantile et donc impose également l’ap-
plication des mesures de séroprévention.
La contamination par le VHB a lieu essentiellement au moment
de l’accouchement comme le montre l’efficacité des mesures de
séroprévention à la naissance. Une transmission plus précoce in
utero peut cependant advenir, comme le suggère les rares conta-
minations materno-infantiles dues à des hépatites aiguës B au
cours du deuxième trimestre de la grossesse. Le liquide amnio-
tique des femmes Ag HBs+ peut également être contaminant. Le
risque de transmission materno-infantile apparaît cependant très
faible par amniocentèse comme le montre l’absence de contami-
nation lors d’une étude prospective de 21 enfants (2). Une autre
route de contamination pourrait être le lait maternel puisqu’il a
été montré que le lait des femmes Ag HBs+ était fréquemment
positif pour le virus B. Cependant, le taux est toujours faible par
rapport au taux sanguin. Enfin, les mesures de sérovaccination à
la naissance permettent une protection efficace des contamina-
tions de l’enfant. L’allaitement maternel n’est donc pas décon-
seillé chez les femmes Ag HBs+.
Prévention de la transmission materno-infantile du VHB
Il a été clairement établi que la sérovaccination prévenait effica-
cement la transmission materno-infantile du VHB. Dans les pays
de forte endémie où de telles mesures ont été appliquées de
manière systématique comme à Taïwan, il a été montré que la
prévention materno-infantile et la vaccination systématique des
enfants permettaient de diminuer non seulement le risque de trans-
mission du VHB mais également de diminuer de façon très signi-
ficative le risque de maladie chronique du foie et de carcinome
hépato-cellulaire ainsi que la mortalité qui en résultait (3). La
sérovaccination doit être appliquée à tout enfant qui naît de mère
Ag HBs+ (tableau I). Elle débute en salle de travail en injectant
sur chaque bras une dose d’immunoglobulines spécifiques anti-
HBs et la première dose de vaccin. L’injection de vaccin sera
répétée à 1 et 6 mois. Cependant, le taux de protection de la séro-
vaccination n’est pas absolu. Il a été rapporté de l’ordre de 8% à
Taïwan. En revanche, le taux d’échec en zone de faible endémie
n’est pas clairement connu, même s’il est probablement nette-
ment plus faible. Il est donc nécessaire de vérifier l’absence de
contamination (Ag HBs négatif) et l’efficacité de la vaccination
(anticorps anti-HBs positifs, > 10 MUI/ml) chez le jeune enfant.
En cas de risque de transmission élevé, correspondant soit à une
multiplication virale authentifiée par un ADN-VHB positif chez
la mère porteuse chronique de l’Ag HBs, soit en cas d’hépatite
B aiguë au troisième trimestre de la grossesse, des mesures ren-
forcées sont à envisager (tableau I). Il est souhaitable dans ce cas
de réaliser une deuxième injection d’immunoglobulines anti-HBs
à 1 mois. Certains préconisent également la mise en route d’un
traitement par lamivudine chez la mère à partir de la 34esemaine
de grossesse (4). Ce dernier traitement doit faire l’objet d’une
discussion multidisciplinaire avant sa mise en route éventuelle.
Le taux d’échec de la sérovaccination est faible dans les zones de
faible endémie où une politique de dépistage systématique du
VHB a été mise en place chez la mère et de séroprévention chez
le nouveau-né. Dans une étude récente anglaise, le taux d’échec
après un schéma standard (vaccination : 4 doses et immunoglo-
bulines anti-HBs : 1 dose) est de 1,5 % (5). Une étude italienne
rapportant le suivi à long terme (5 à 14 ans) des enfants nés de
mère Ag HBs+ et ayant eu une séroprévention suivant un schéma
standard a rapporté un taux d’échec de 3,3 % (14 enfants Ag HBs-
et anti-HBc+ ; 3 enfants Ag HBs- et anti-HBc+) (6). Plusieurs
causes ont été avancées pour expliquer les échecs de la séropré-
vention : la non-application des schémas recommandés, la trans-
mission in utero du virus B, une multiplication virale élevée chez
la mère et enfin l’existence de mutants du VHB échappant à l’ef-
ficacité du vaccin. Même si ces échecs sont rares, ils nécessitent
la vérification à distance de l’efficacité de la protection chez l’en-
fant.
HÉPATITE C
Prévalence de l’hépatite C chez les femmes enceintes
L’hépatite C est une pathologie fréquente en France puisque sa
prévalence est estimée dans la population générale à 1,1 % dont
environ 80 % ont une multiplication virale authentifiée par une
PCR-VHC qualitative positive. La prévalence de l’hépatite C chez
les femmes enceintes est très variable suivant les études publiées.
En France, la prévalence est également variable en fonction des
régions considérées et des biais de recrutement dans les mater-
Schéma standard Schéma renforcé
●Ig anti-HBs ●Ig anti-HBs (200 UI)
(100 UI) à J0 à J0 et M1
●vaccin anti-VHB ●vaccin anti-VHB
(enfant) à J0, M1 et M6 (enfant) à J0, M1 et M6
Lamivudine
●à partir de 34 semaines
de grossesse ?
Vérifier l’absence de contamination et l’efficacité de la vaccination chez
l’enfant.
Tableau I. Mesure de prévention de la transmission materno-infantile
du VHB.