Avec le digital, la course technologique n’est plus
tirée par les entreprises. Le terme même « digital » - ou
« numérique» - provient de l’univers grand public : son usage
se généralise après 2008, année de la commercialisation
de l’iPhone par Apple. Massivement équipés à moindre
coûts, ce sont désormais les particuliers qui, par un usage
incessant des nouveaux outils, inventent à vive allure
de nouvelles manières de s’informer, de consommer, de
s’associer, de se rencontrer, de vivre. L’homme gagne une
possibilité nouvelle de mise en relation (d’individus, de
groupes et de réseaux, de savoirs) mais aussi une faculté
décuplée d’invention et de création. Avec le développement
exponentiel de ces nouveaux usages, l’entreprise fait face
à des transformations inédites qui s’accélèrent et se
radicalisent.
Le digital n’est pas seulement une question de technologie.
Le terme « digital » dépasse très largement le cadre
réducteur des Systèmes d’Information. La référence au
« digital » englobe l’ensemble des techniques et outils de
traitement de l’information qui modient profondément
notre capacité d’accéder à la connaissance, la culture, la
consommation, ainsi que nos manières de communiquer
et de nous déplacer2. Il porte donc un impact qualitatif
sur les usages, les modèles d’affaire, les organisations,
l’économie et la société. Comme le souligne Nicolas Colin3,
« La France confond le numérique avec de la technologie
et ne considère que l’investissement technologique alors
que ses implications réelles recouvrent des questions
d’infrastructure, d’organisation, de leadership et une
attention renouvelée sur l’expérience client ».
Le digital repose en effet sur l’exploitation radicale des
usages « disruptifs » induits par les technologies, du fait
de leur évolution rapide, du large public qu’elles adressent,
du changement qu’elles entraînent dans les modes
de vie et de travail, et de leur potentiel exponentiel de
création de richesse. Tous les secteurs économiques sont
bouleversés par les effets combinés d’automatisation,
de dématérialisation et de réorganisation des schémas
d’intermédiation que la transformation digitale porte
intrinsèquement4.
Pour autant, nous n’avons encore rien vu. La vague
d’innovations actuelles ne s’appuie que sur des progrès
technologiques déjà anciens : les microprocesseurs,
la baisse du coût de calcul, les télécommunications, le
réseau Internet haut débit et l’usage massif de terminaux
mobiles. L’accélération s’accélère : un champ des possibles
beaucoup plus large est attendu avec le développement
de nouveaux usages permis par l’utilisation combinée du
big data, du paiement par mobile, de l’impression 3D, des
réseaux d’objets connectés, de l’intelligence articielle,
des systèmes auto-apprenant, de nouvelles interfaces
LA TRANSFORMATION DIGITALE BOULEVERSE TOUS
LES SECTEURS ÉCONOMIQUES
Le monde s’est engagé avec l’informatique dans une troisième révolution industrielle, dont les bouleversements
sont aussi considérables qu’en leur temps l’invention de l’écriture puis celle de l’imprimerie1. La transition d’une
économie matérielle, fondée sur des biens physiques, à une économie immatérielle s’inscrit dans une histoire déjà
vieille de plusieurs décennies, d’Allan Turing (1936) aux ordinateurs IBM 360 (1960), du lancement de l’ordinateur
personnel Macintosh (1984) à l’avènement de l’iPhone (2007). À chaque étape, on a parlé de révolution. Depuis
2008, nous sommes entrés dans une nouvelle phase désignée par le terme « numérique » ou son équivalent anglo-
saxon plus utilisé « digital ».
1 Michel Serre, Petite Poucette
2 Le choc numérique, Jean-Pierre Corniou et l’équipe SiaPartners, 2013
3 Nicolas Colin, La revue du digital, 14 juin 2014
4 Rapport Lemoine, 7 novembre 2014
D’après : La transformation numérique de l'économie française, Rapport Philippe Lemoine, Novembre 2014
Dématérialisation
Nouveaux canaux de communication et de
distribution
Baisse des coûts marginaux de production
Baisse des coûts de transaction
Désintermédiation / Réintermédiation
Nouveau rôle joué par les personnes,
acteurs de l’économie collaborative et
réorganisation des chaînes de valeur avec
l’irruption de nouveaux acteurs
Nouveaux actifs issus des données
Automatisation
Accroissement des facteurs de production :
productivité du travail
productivité du capital
productivité de l’énergie et des matières
premières
Les effets économiques de la transformation digitale
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