Les femmes dans la société française depuis 1958 A) La fin d'une société patriarcale Jusqu'aux années soixante, la société française est très patriarcale. Juridiquement, la femme est encore sous la tutelle de son père puis de son mari. Jusqu'en 1965, elle ne peut travailler qu'avec l'autorisation de l’époux. Elle n'a pas non plus d’autorité légale sur ses enfants : il faut attendre 1970 pour que soit inventée l’autorité parentale, qui remplace la puissance paternelle. L’émancipation de la femme au sein du couple et de la famille devient une réalité légale, mais fait aussi l'objet de fortes résistances dans la société. Société patriarcale = dominée par les hommes Émancipation = le fait de se libérer de l’autorité de quelqu'un B) La libéralisation des mœurs La libération sexuelle des années soixante s'accompagne, chez les femmes, de la volonté de maîtriser leur maternité et de disposer librement de leur corps.. Grâce à l'action militante de groupes féministes comme le MLF (Mouvement pour la Libération de la Femme) ou le Planning Familial (voir chronologie), la législation évolue dans le sens d'une plus grande liberté : autorisation de la contraception en 1967. Féminisme : mouvement de lutte pour les droits des femmes La bataille pour l'IVG : considérée comme un crime au regard de la loi, l'Interruption Volontaire de Grossesse est l'objet de débats virulents dans les années soixante-dix. Les opposants crient à l'infanticide, tandis que les partisans de l'IVG entendent éviter aux femmes des grossesses non désirées (cf. procès de Bobigny en 1972) et les protéger du danger des avortements clandestins, souvent non médicalisés. En 1975, l'IVG est légalisée par la loi Veil, du nom de son rapporteur, la ministre de la Santé Simone Veil. L’émancipation juridique accompagne l’évolution de la société et la libéralisation des mœurs. Le fait de vivre en concubinage ou d'avoir un enfant hors mariage tend peu à peu à se banaliser. C) Les femmes dans l’éducation et la vie professionnelle En 1962 seulement 40 à 45 % des femmes ayant entre 30 et 50 ans étaient déclarées actives. Désormais, la proportion de femmes actives à ces âges est supérieure à 80 %. Comment expliquer cette féminisation de l'emploi ? La suppression, en 1965, de l'autorisation maritale pour trouver un emploi a libéré l'emploi féminin. Les mœurs ont évolué vers la recherche de l'autonomie financière, et la volonté de ne plus dépendre du salaire du mari. Par ailleurs, avec la crise économique des années soixante-dix, le ralentissement du pouvoir d'achat a nécessité de plus en plus le recours à un deuxième salaire dans le foyer. En 1983, le gouvernement Mauroy fait voter la loi sur l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes dans le travail : interdictions des discriminations en matière d’embauche, absence de différenciation en matière de rémunération et de déroulement de carrière. Aujourd'hui, les filles sont aujourd'hui plus nombreuses que les garçons à obtenir le baccalauréat (58 % de filles parmi les lauréats en 2010) et à poursuivre des etudes dans le supérieur. Pourtant, le chemin est encore long vers l’égalité de fait : • les salaires féminins sont encore inférieurs aux salaires masculins (de 25% en moyenne chez les cadres), • les femmes sont surreprésentées parmi les chômeurs (frilosité des employeurs face à une éventuelle maternité) et les emplois précaires, • elles sont sous- représentées parmi les dirigeants d'entreprises et les membres des Conseils d'administration. Afin de corriger ces inégalités, est votée en 2011 la loi sur la parité dans les conseils d’administration des entreprises. D) L’accès à la politique En 1944, bien après la plupart des grandes démocraties, la France accorde enfin le droit de vote et d'éligibilité aux femmes. Le taux de féminisation du personnel politique n'a cependant évolué que très lentement, principalement en raison de pesanteurs sociales (faible partage des tâches au sein du foyer par exemple...) qui dissuadent les femmes de s'engager dans des carrières publiques. La loi sur la parité adoptée en 2000 impose aux partis politiques de présenter, sous peine de sanctions financières, autant d'hommes que de femmes aux élections. Si l'Assemblee Nationale et les gouvernements successifs tendent depuis a se féminiser, Ségolène Royal reste la seule à avoir accédé au second tour d'une élection présidentielle (2007).