
en 30 % de produits, 30 % d'ambiance, 30 %
de service et peut-être 10 % pour l’endroit où
nous installons une succursale.
La table commune est un autre élément im-
portant. Elle est présente dans toutes nos
succursales, même dans les pays où les gens
ne sont pas trop enclins à y prendre place. »
Le Pain Quotidien a des activités
dans 15 pays. À quelles différences
culturelles devez-vous faire face ?
Coumont : « La culture du service, un concept
américain, n'existe pas en Russie, par exemple.
Egalement chez nous, il y a une trentaine d'an-
nées, lorsque vous entriez dans un café où vous
n'étiez pas connu, vous deviez souvent insister
pour obtenir la bière que vous souhaitiez.
Dans les pays arabes, nous ne servons bien
sûr pas de viande de porc ni d'alcool. Le
restaurant ferme cinq fois par jour, à l'heure
de la prière. Il y a de petites tables pour les
hommes, tandis que les femmes se rendent
dans des 'family rooms' à l’écart. Il n'a pas
été facile d'installer une table commune,
dans un tel environnement. Nous avons dû
imposer le concept. »
Est-il exact que vous n'avez jamais
investi dans le marketing ?
Coumont : « Pas un centime. L'endroit où
nous ouvrons un établissement dans la
ville compte beaucoup plus pour nous que
la publicité. D'ailleurs, je ne crois pas en la
publicité pour des restaurants. Elle fonc-
tionne tout au plus pour les enseignes de
fast-food. En revanche, une opinion positive
suscite le bouche-à-oreille. »
L’Horeca est un secteur où
s’accumulent les faillites. En quoi
Le Pain Quotidien se distingue des
autres ?
Coumont : « Rien ne vous empêche de ve-
nir chez nous prendre un café, sans plus.
Faites de même dans un autre restaurant et
on vous regardera de travers. Nous n'avons
pas davantage défini d’horaires de repas.
Nous vous servirons volontiers un lunch à
16 heures. Cette flexibilité contribue à notre
succès.
Pour le reste, il s'agit de travailler dur. Nous
ne fermons que le 25 décembre et le 1er jan-
vier. Nos succursales sont ouvertes tous les
autres jours de l'année. Nous travaillons aus-
si la nuit, sept jours sur sept. »
Le Pain Quotidien semble imper-
méable à toutes les modes. Est-il
difficile de maintenir la cohérence ?
Coumont : « Mon rôle, pour l'instant, est de
veiller à ce que les choses ne changent pas
trop. Nous devons rester fidèles à notre phi-
losophie et à une certaine forme d'éthique.
Les clients ne servent pas à nous enrichir ; ils
sont là parce qu'ils apprécient notre pain et
nos autres denrées alimentaires. »
Comment voyez-vous l'avenir ?
Coumont: « Nous employons beaucoup de
collaborateurs jeunes. Il faut poursuivre la
croissance pour leur offrir des perspectives
de promotion. L'expansion n'est pourtant
plus possible en Belgique, où nous avons at-
teint notre plafond. »
Le Pain Quotidien : bientôt 20 ans d'existence et plus de 130 succursales dans 15 pays
www.lepainquotidien.be
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Les conseils d’Alain Coumont
• Sivoussuivezunemode,vousêtesdéjà
en retard. Le train est parti. L'entrepreneur
doit être prêt à prendre des risques.
•Votrepoint dedépartdoitêtreleclient
et non la gestion de vos activités.
L'entrepreneur qui débute avec peu fait
souvent preuve de davantage de passion
que celui qui est plus à l'aise financière-
ment.
Prenez pla ce à table, au Pain Quotidien
5 • MyPay – février 2010