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1. INTRODUCTION
La maladie de Nicolas et Favre ou Lymphogranulomatose Vénérienne (LGV) est une maladie
sexuellement transmissible due aux sérovars invasifs, L1, L2 ou L3 de
Chlamydia trachomatis, bact
érie à
développement intracellulaire responsable de nombreuses infections génitales. Cette maladie sévit
dans certaines régions d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Sud et dans les Caraïbes sous une forme
génitale.
En 2003, une forme de LGV rectale due à C.
trachomatis,
se caractérisant par des rectites ulcérées
avec un écoulement purulent ou hémorragique, a émergé en France, en Europe, en Australie et aux
USA dans la population homosexuelle masculine, notamment chez les patients séropositifs pour le VIH.
Cette bouffée épidémique a commencé à Rotterdam où les 15 premiers cas furent diagnostiqués entre
avril et novembre 2003. Il s’agissait de 15 homosexuels masculins âgés de 26 à 48 ans et dont 13
étaient séropositifs pour le VIH. Ces patients ont fait état de rapports sexuels non protégés avec des
partenaires de rencontre dans différents pays européens dont la France. Toutes les souches de C.
trachomatis isolées chez ces patients appartenaient au sérovar L2.
Très vite une alerte européenne émanant de l’European Surveillance System for STI (ESSTI) est
donnée le 14 Janvier 2004. Suite à cette alerte, l’InVS a informé de l’émergence de cette pathologie en
Europe les correspondants habituels chargés de la surveillance des IST en France ainsi que les plus
importants laboratoires de biologie parisiens. Tous les prélèvements rectaux positifs à C.
trachomatis
depuis 2003 retrouvés dans 3 laboratoires de microbiologie parisiens et dans celui de l’hôpital Pellegrin
de Bordeaux ont été envoyés au Centre National de Référence (CNR) des infections à chlamydiae à
Bordeaux pour génotypage par PCR. Une analyse rétrospective des 14 premiers cas montrent que les
patients sont des homosexuels masculins dont l’âge moyen est 40 ans (31-52), résidant à Paris (n=11)
ou à Bordeaux (n=3). Parmi eux, 8 (57%) sont séropositifs pour le VIH et 9 (69%) étaient co-infectés par
un autre germe responsable d’IST. Aucun voyage en zone endémique tropicale n’a été signalé par ces
patients.
Une première information des médecins et des biologistes est effectuée en Avril- Mai 2004 et une
surveillance sentinelle des cas de LGV basée sur les données microbiologiques de génotypage de C.
trachomatis par le CNR des infections à chlamydiae et le recueil de renseignements succincts (sexe,
âge, date des signes cliniques, date du prélèvement) est mise en place. En 2004, ce système de
surveillance sentinelle a permis de dénombrer 104 cas de LGV rectales en France, dont certains sont
rétrospectifs. Le cas le plus ancien a été diagnostiqué en Juillet 2002.
Le nombre de diagnostics de LGV rectale pour lesquels un prélèvement a été envoyé au CNR
augmente de façon régulière depuis 2002 (22 en 2002- 2003, 102 en 2004, 117 en 2005, 140 en 2006,
170 en 2007 et 174 en 2008). Tous ces cas sont des LGV de type L2. Parallèlement, le nombre de
chlamydioses rectales non LGV croît également (7 en 2002- 2003, 26 en 2004, 54 en 2005, 70 en
2006, 76 en 2007 et 83 en 2008).
Fin 2008, la France comptait en tout 725 cas, essentiellement répartis en région parisienne, et la courbe
épidémiologique ne cesse de croître.
Devant l’ampleur de la bouffée épidémique, afin de mieux caractériser l’épidémiologie de cette infection
et de mieux comprendre les modes de transmission de l’agent pathogène, un Réseau de surveillance
des ano-rectites à Chlamydia trachomatis, basé sur le recueil des données microbiologiques et
cliniques, est mis en place. L’analyse descriptive de ces données permettra d’adapter les messages de
prévention et de cibler plus précisément les personnes à risque de cette infection.