Histoire Médiévale
14/09/11
Le Christ dit à Pierre : « Pais (fait paître) mes brebis ». Cette phrase fonde la politique
des papes théocrates dans le but de revendiquer le pouvoir des laïcs. Le pouvoir
pastoral est exercé pour le bien de celui qui le subit.
Un point d’équilibre momentané est atteint avec la lettre de Gélase écrite en 494 à
l’Empereur d’Orient Anasthase Ier (texte 1). Elle fonde la théorie gélasienne des 2
pouvoirs. Elle porte sur les relations entre l’empereur d’Orient et le pape. Gélase est
depuis peu l’autorité suprême en Occident, tous types de pouvoirs confondus : il n’y
a plus d’empereur. Ça favorise la prise de pouvoir des papes qui gouvernent
politiquement Rome. Gélase formule une théorie équilibrée et ambigüe à Anastase
Ier. Il doit reconnaître qu’il existe 2 sphères indépendantes l’une de l’autre. Les 2
doivent être autonomes et souveraines, sans ingérence. Les prêtres doivent
respecter les lois civiles de l’empereur et vice-versa. Ça pose problème en Orient.
Quelle hiérarchie y a-t-il entre les 2 sphères ? L’une est-elle supérieure ? Gélase ne
donne pas de réponse à cette question ? Les prêtres doivent répondre devant Dieu
du Salut de l’Humanité. Le pape reconnaît néanmoins une dignité supérieure au
pouvoir spirituel. Les pouvoirs de l’empereur et du pape sont distingués en terme de
terminologie :
- L’empereur a la potestas. Il contraint quelqu’un à faire quelque chose.
- Le pape a l’auctoritas. Il a un ascendant plus intériorisé sur celui qui l’éprouve.
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Une hiérarchie non affirmée est sous-entendue.
Au cours du Haut Moyen-Âge, la question est résolue par la prise d’ascendant de
l’empereur occidental sous Charlemagne, à l’âge d’or des Carolingiens. L’empereur
est rétabli en 800. L’empereur domine nettement les relations entre les Eglises à
l’échelle des diocèses. Mais cette hiérarchie s’effondrera avec la Réforme
Grégorienne.
Charlemagne et son 1er successeur sont considérés comme les protecteurs de la
chrétienté. A Rome, le pouvoir pontifical est seulement effectif. Les charges
ecclésiastiques (évêchés, abbatiats) forment des enjeux politiques par l’intermédiaire
des terres. Elles sont alors attribuées et choisies par les empereurs. Cela évite la
patrimonialisation des pouvoirs.
Au temps des carolingiens, les conciles sont nombreux. Ils sont convoqués par les
empereurs ou par le roi, dans le but de définir les normes et les documents
capitulaires. Dans le cadre de la Réforme Grégorienne, il est inimaginable que
l’empereur convoque un concile. Les clercs ont une influence sur les carolingiens ; ils
développent l’idéologie spécifique de la ministérialité royale. L’essence du
fonctionnement impérial est de servir le Salut commun en servant Dieu. Les clercs
sont à la fois soumis à l’autorité impériale et fixent à l’Etat un objectif religieux :
amener l’humanité au Salut. Ils justifient le pouvoir par ses bienfaits spirituels.