la bonne résistance de notre place à la récente crise du marché

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Colloque à l’occasion du 20ème anniversaire des
structures du marché financier tunisien
Discours d’ouvertures de Monsieur le Ministre de
l’Economie et des Finances
Tunis, le 25 décembre 2014
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Monsieur le Président du Conseil du Marché Financier
Monsieur le Président de la commission d’organisation et de
surveillance des opérations de bourse d’Algérie
Monsieur le Directeur Général du conseil déontologique des
Valeurs mobilières du Maroc
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Permettez-moi tout d'abord de vous exprimer tout le plaisir
que j'ai à ouvrir les travaux de ce colloque célébrant le 20ème
anniversaire des structures du marché financier tunisien et que
les organisateurs ont judicieusement intitulé « le marché
financier au service de l’économie ».
Je saisi d’ailleurs cette occasion pour remercier le Conseil du
Marché Financier d’avoir veiller à l’organisation du présent
colloque qui va sans aucun doute permettre d’appréhender les
enjeux et d’approfondir la réflexion concernant un sujet dont
le caractère central n’est plus à démontrer à l’heure où le
développement du marché financier est au cœur de toutes les
préoccupations.
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Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Au vu de l’importance du rôle du secteur financier dans le
financement des entreprises nationales et dans l’accélération
de la dynamique de croissance, ce secteur a constamment été
au centre de l’intérêt des pouvoirs publics tunisiens, à la
lumière duquel plusieurs réformes ont été adoptées et ce,
depuis la promulgation de la fameuse loi n°94-117 du 14
novembre 1994 portant réorganisation du marché financier.
A ce titre, Il me plaît de vous rappeler que la refonte du cadre
législatif et réglementaire applicable au marché financier avait
pour objectif principal d’accroître sa capacité de financement
de l’économie tunisienne en complément du financement
bancaire classique.
Mais nonobstant les avancées considérables réalisées au cours
des vingt dernières années dans ce domaine, l’objectif fixé
n’est pas encore entièrement atteint comme en témoigne la
faiblesse du taux de financement de l’investissement privé via
le marché boursier.
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La prédominance du secteur bancaire dans le financement des
entreprises tunisiennes est tout à fait compréhensible et trouve
son explication dans la position privilégiée qu’occupent les
banques pour gérer le risque de crédit des entreprises qu’elles
financent : ce sont elles en effet qui tiennent leurs comptes et
disposent donc d’une information pertinente sur les problèmes
de trésorerie. Elles entretiennent également une relation
souvent étroite avec les chefs d’entreprises qui sont
naturellement réticents à ouvrir le capital de leurs sociétés et à
dévoiler ainsi au public leur situation et leur stratégie
notamment de peur de perdre le contrôle de leurs entreprises.
Cependant et malgré ce constat, il demeure indéniable que la
reprise économique et l’atteinte d’une croissance forte et
durable ne peuvent s’appuyer exclusivement sur l’endettement
bancaire. En effet, elles doivent avant tout se nourrir de
réformes structurelles et d’une capacité d’autofinancement
renforcée des entreprises notamment via le recours au marché
financier.
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Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Cette brève rétrospective des modes de financement de
l’économie tunisienne m’amène logiquement à dire, que la
complémentarité entre financement direct et financement
intermédié constitue la clé du succès pour assurer un
financement équilibré des entreprises tunisiennes et garantir
ainsi la pérennité du tissu économique national.
S’agissant du financement par le marché financier, celui-ci ne
saurait être pleinement rempli sans la dynamisation de ce
marché qui nécessite la poursuite de la diversification
sectorielle des sociétés cotées à la bourse et le développement
de sa capitalisation, afin de lui conférer la profondeur
adéquate.
La concrétisation de cet objectif passe par l'encouragement à
l'introduction en bourse d’un nombre substantiel d’entreprises
pour renforcer leurs capitaux permanents et spécialement leurs
fonds propres
afin de garantir leurs équilibres généraux,
accroître l'investissement, réduire les charges financières et
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améliorer leur compétitivité pour leur permettre de faire face à
la concurrence et de relever les défis des marchés extérieurs.
A ce titre, je ne peux que saluer les efforts entrepris ces deux
dernières années dans ce domaine et qui ont permis d’accroître
sensiblement le nombre de sociétés introduites sur les marchés
de la bourse.
Cet accroissement de la profondeur du marché devra
s’accompagner d’un travail important pour attraire les
investisseurs institutionnels publics et privés. Ceux-ci doivent
être encouragés à venir sur le marché financier et à vaincre les
réticences qui les empêchent de contribuer à son rayonnement
et de profiter des avantages qu’il peut indéniablement leur
rapporter.
Je voudrais également insister sur l’importance du rôle du
capital investissement dans la phase actuelle pour la
promotion de l’innovation, la création et le développement
d’entreprises ainsi que leur restructuration le cas échéant.
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Mais ce rôle dévolu au capital investissement nécessite
indubitablement la mise en place des principes de bonne
gouvernance, afin de
consolider
la protection des
investisseurs et consacrer la bonne gestion afin que le capital
investissement puisse constituer une valeur ajoutée qui se
reflète concrètement dans les performances des sociétés
ciblées.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Conscient de l’interdépendance accrue entre le marché
financier tunisien et le secteur bancaire notamment au vu du
nombre important des banques et des sociétés de leasing
introduites en bourse, nous avons œuvré et nous continuerons
à le faire, pour l’assainissement de la situation de ce secteur
vital. A ce titre nous ne pouvons que nous féliciter de
l’adoption dans le cadre de la loi de finances pour l’année
2015 des mesures permettant la recapitalisation des banques
publiques.
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Cependant des réformes plus structurelles doivent être
engagées pour mettre en place des systèmes d’information
performants et permettre à terme à nos institutions bancaires
d’atteindre une taille optimale leur permettant de faire face à
la concurrence, de continuer à rehausser et à consolider leurs
fonds propres, et d’assurer la mise à niveau de leurs services
et d’en garantir la qualité.
Ces exigences de recapitalisation et de réformes structurelles
permettront de renforcer la pérennité de nos banques et de se
conformer, par la même, aux exigences des recommandations
de Bâle III.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Au vu du contexte économique national mais également
international, il est plus que nécessaire de poursuivre les
réformes pour accroître l’attractivité du marché financier
tunisien et consolider son rôle en tant que levier de
l’investissement. Ceci passe nécessairement par la réalisation
d’un saut qualitatif sur la voie de la modernisation en dotant la
place
financière
tunisienne
des
outils
essentiels
qui
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l’habiliteront à ambitionner légitimement d’être à terme « une
place financière régionale ».
Mais cette ouverture ne saurait se passer de garde-fous
permettant de réaliser un équilibre optimal entre l’intégrité et
la stabilité de la place financière tunisienne et sa compétitivité
dans un environnement hautement concurrentiel et instable.
Cela passe indubitablement par l’ancrage des règles de bonne
gouvernance. Ces règles associées aux règles de régulation
doivent répondre aux nouvelles exigences de la finance de
demain afin d’assurer la stabilité financière et protéger les
consommateurs.
La gouvernance en tant que concept multidimensionnel
nécessite, la coordination des efforts de tous les acteurs du
secteur financier et bancaire et j’entends par là les régulateurs,
les organismes professionnels et les institutions elles-mêmes.
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Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
J’espère que cette journée de réflexion et de célébration va
contribuer à nous guider dans la bonne direction afin
d’intensifier nos efforts pour soutenir la compétitivité du
secteur financier.
Je tiens à réitérer mes remerciements à tous ceux qui ont
participé à l’organisation de ce colloque ainsi qu’à vous tous
collectivement de votre présence et de vos précieuses
contributions.
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