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Président chinois l’autorisation de lui rendre visite à son hôtel : « J’ai reçu
sa réponse dans laquelle il affirmait que puisque j’étais venu à sa rencontre
depuis Washington, il me devait à son tour une visite. Il est venu à pied de
son hôtel au mien, jusque dans ma chambre, créant un chaos absolu parmi
le personnel de sécurité… »
Lors du voyage que Deng Xiaoping avait effectué au Japon en 1979, le côté
émotionnel était encore plus perceptible. En 1972, le Premier Ministre
Tanaka, pris de court par l’initiative des Américains qui avaient omis de
prévenir leur allié, avait bouclé sa valise pour Pékin prenant à son tour par
surprise son entourage, le monde politique nippon et son opinion publique.
Deng lui en gardait une reconnaissance durable à tel point qu’en 1979,
invité officiel du gouvernement nippon, il demandait à rencontrer l’ancien
Premier Ministre Tanaka qui vivait alors des jours difficiles : retiré dans une
modeste maison urbaine d’un quartier de Tokyo, Tanaka venait de faire un
court séjour en prison. Entouré d’une meute de journalistes, Deng était
entré seul dans le jardinet de la maison, avait frappé à la porte comme
n’importe quel visiteur ; il était demeuré une heure en tête à tête avec son
hôte qui le raccompagnait avec courtoisie au portail du jardin. Dans ce geste
de Deng Xiaoping, on aurait pu voir un simple mépris pour les règles
protocolaires si on n’avait présente à l’esprit, l’infamante condamnation à
l’époque, d’un Premier Ministre japonais pour prise illégale d’intérêts et
subventions clientélistes formellement interdites par la loi.
A sa sortie de la maison Tanaka, Deng avait été le témoin ébahi d’une
altercation avec le correspondant d’un journal du nord du Japon, le
Hokkaido Shinbun, particulièrement agressif contre Tanaka, idole tombée de
son piédestal.
Emotion encore lorsque Deng Xiaoping visita le lendemain Nara, l’ancienne
capitale du Japon. Il avait choisi le parc mythique du temple Horiyu-ji pour
rappeler devant un parterre de biches et de daims béats d’admiration au
milieu de la cohorte des officiels, qu’en l’an 804 et 806 de notre ère,
l’Empereur Kammu avait envoyé en Chine deux moines qui allaient devenir
célèbres au Japon, Saicho et Kukai, ce dernier plus connu sous le nom
posthume de Kobo Daichi. Ils avaient ramené du continent le modèle de