L3S6 – SEG – HPE2 - Examen Mai 14 session 1 – CORRIGE des dissertations - Page 2 sur 4
Sujet 1 : Pourquoi Vanderlint suggère-t’il une « diminution de la
croissance de la rente » ?
Introduction
La rente est le revenu des propriétaires fonçiers. Avec les deux autres revenus, le profit et le
salaire perçus respectivement par les fermiers, commerçants et manufacturiers d’une part, et
la main d’œuvre (agricole et urbaine) d’autre part, elle constitue le revenu ou produit du
Royaume. La croissance économique est assimilée à celle de ce produit. Vanderlint écrit
l’essai MALT (« Money answers all things ») en période de crise (chômage urbain,
paupérisation, déséquilibre des échanges extérieurs) en 1734 en Grande Bretagne. Sa
principale proposition est : réduire, d’au moins un tiers, la croissance de la rente pour sortir de
la crise, et assurer le développement tant du marché intérieur, qu’extérieur, du Royaume.
Cette proposition revêt deux dimensions principales qui constituent autant de motifs de
réduction.
1-La dimension économique, celle où l’auteur innove le plus.
Théoricien macroéconomiste de la croissance, Vanderlint définit celle-ci à la fois comme
extensive et intensive. Il démontre que la croissance de la rente ralentit voire entrave les deux.
a)Produit brut et croissance extensive : la production jointe « Terres-Fermes » est
limitée par le monopole du sol. A l’inverse la concurrence favoriserait la croissance
extensive.
b) produit net réel et croissance intensive : La hausse des prix nationaux, démontrée
par la TQM et le concept de « prime cost », révèle « l’illusion monétaire » des
propriétaires fonciers. Elle réduit le PN réel, et en conséquence amoindrit les « gains
de productivité » du travail.
2-La dimension éthique, celle où l’auteur modernise les auteurs antérieurs (Petty, King)
et les Textes bibliques.
Défenseur d’une éthique libérale et puritaine, l’auteur dénonce les effets négatifs de la
croissance de la rente pour des motifs sociaux et moraux.
a) la rente accroît les inégalités sociales : la répartition inégale des richesses le conduit à
promouvoir un « revenu minimum » (« needfull allowance ») pour les classes pauvres.
b) la rente est moralement injustifiée : revenu « contre nature », elle obère le dessein de
la Providence divine : la libre disposition illimitée des hommes sur les ressources de
la nature. La paupérisation, en privant les hommes de leur travail, est donc immorale.
Conclusion : La proposition vanderlintienne est finalement motivée par le risque
d’infériorisation du Royaume dans la concurrence internationale. L’échange international
sanctionne en effet la hausse du prix d’offre par un solde négatif de la balance. Il s’ensuit
l’instauration d’un taux de change monétaire défavorable, avec des effets paupérisants
(l’auteur appelle ceci le « dreadfull evil »).
Mots clefs : rente, profit, salaire - croissance intensive, extensive – production
jointe - monopole – prime cost - produit brut – produit net – nominal – réel –
TQM et TEABC– illusion monétaire – inégalités -– change monétaire – solde de la
balance commerciale – libre échange.