LECLONAGE HUMAIN 5
PRÉFACE
A l'aube de ce nouveau siècle, le rythme de la recherche et des découvertes scientifiques ne faiblit
pas. Les publications universitaires et les médias nous informent, presque quotidiennement, de
découvertes nouvelles et importantes qui semblent explorer des profondeurs jusqu'alors
inimaginables, en pénétrant au cœur même de l'univers et en révélant l'essence de ce qui
constitue les êtres humains.
Peu de découvertes illustrent ces développements considérables mieux que le clonage — la
reproduction assistée en laboratoire d'un brin d'ADN qu'on utilise pour produire un être
identique. Tout à coup, des concepts et des pratiques qu'on aurait relégués il y a juste une ou
deux générations au royaume de la science-fiction sont rapidement en train de devenir une
réalité.
Mais ces progrès scientifiques rapides suscitent une réflexion et souvent des préoccupations sur leur
bon usage. La question se pose sans cesse de déterminer jusqu'à quel point la poursuite de la
pratique du clonage devrait être permise.
La communauté internationale a établi avec succès certaines règles éthiques grâce à la Déclaration
universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, adoptée par la Conférence générale de
l'UNESCO en 1997 et que l'Assemblée générale des Nations Unies a fait sienne l'année suivante.
Ce document touche au point essentiel lorsqu'il affirme que la vie humaine a une valeur intrinsèque.
En outre, il stipule que « des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le
clonage à des fins de reproduction d'êtres humains, ne doivent pas être permises ».
Si chaque nation doit déterminer pour sa propre société les limites convenables à fixer au clonage,
on a beaucoup à gagner d'une discussion et d'une réflexion au niveau international. Naturellement,
ce sont les décideurs, les scientifiques et les bioéthiciens qui ont assumé un rôle moteur dans
les débats concernant le clonage et les graves questions éthiques qu'il pose pour l'humanité.
Cependant, d'autres groupes d'opinion, dont le grand public, sont intéressés au premier chef par
un débat éthique plus large et ils veulent souvent en savoir davantage.
Il revient à l'UNESCO, investie d'un mandat éthique qui reste unique dans le système des Nations
Unies, de continuer à être vigilante sur ce sujet, de surveiller la direction que prend la recherche et
de fournir aux gouvernements, aux responsables politiques, à la communauté scientifique et au
grand public les informations précises, fiables qu'ils réclament lorsqu'ils doivent prendre
des décisions sur le clonage. C'est aussi le rôle de l'Organisation de travailler avec toutes les
parties prenantes concernées et de les aider à concilier les avancées rapides de la science et
les valeurs éthiques auxquelles nous sommes tous attachés.
C'est pourquoi je suis heureux de présenter cette brochure explicative qui expose brièvement les
étapes principales du développement des sciences du clonage et décrit les efforts accomplis pour
donner sens à ce qui ouvre peut-être un horizon nouveau aux sciences biologiques.
Koïchiro Matsuura
Directeur général de l'UNESCO