QUESTIONS ETHIQUES ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ÉDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE LE CLONAGE HUMAIN QUESTIONS ETHIQUES ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ÉDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE Conception graphique (brochure) : Jérôme Lo Monaco Conception graphique (couverture) : Marion Lo Monaco Crédits photographiques : Page 8 Image de transfert de noyau, © Roslin Institute Page 9 La brebis clonée « Dolly » et sa mère porteuse, © Roslin Institute Page 10 Le chat cloné « CC », © Université A&M du Texas, Collège de médecine vétérinaire Le mulet cloné « Idaho Gem », © Phil Schofield/Université de l'Idaho Des cochons clonés, © Revivicor Inc. (ancienne PPL Therapeutics Inc.), Blacksburg, Virginie Des souris clonées, © Université de Hawaii Des veaux clonés, © Université du Tennessee Des lapins clonés par l'équipe de recherche Jean-Paul Renard, © INRA/Bertrand Nicolas Illustrations : Jérôme Lo Monaco Informations complémentaires : Secrétariat de la Section de bioéthique Division de l'éthique des sciences et des technologies Secteur des sciences sociales et humaines Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) 1, rue Miollis, 75732 Paris Cedex 15, France Tél. 33 (0)1 45 68 37 81 Fax. 33 (0)1 45 68 55 15 http://www.unesco.org/bioethics Publié en 2004 par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy F-75352 Paris 07 SP © UNESCO 2004 Imprimé en France SHS-2006/WS/19 LE CLONAGE HUMAIN S O M M A I R E Préface du Directeur général 5 Une brève histoire du clonage 7 Les récents développements de la recherche du clonage sur les animaux 10 Quelles sont les questions éthiques soulevées par le clonage humain ? 11 Le clonage à des fins de recherche est-il différent du clonage à des fins de reproduction ? 13 Les cellules souches adultes peuvent-elles remplacer les cellules souches embryonnaires ? 16 Le clonage et la communauté internationale 17 Les débats en cours sur les questions éthiques 20 Lectures complémentaires et documentation utile 20 LE CLONAGE HUMAIN P R É F A C E A l'aube de ce nouveau siècle, le rythme de la recherche et des découvertes scientifiques ne faiblit pas. Les publications universitaires et les médias nous informent, presque quotidiennement, de découvertes nouvelles et importantes qui semblent explorer des profondeurs jusqu'alors inimaginables, en pénétrant au cœur même de l'univers et en révélant l'essence de ce qui constitue les êtres humains. Peu de découvertes illustrent ces développements considérables mieux que le clonage — la reproduction assistée en laboratoire d'un brin d'ADN qu'on utilise pour produire un être identique. Tout à coup, des concepts et des pratiques qu'on aurait relégués il y a juste une ou deux générations au royaume de la science-fiction sont rapidement en train de devenir une réalité. Mais ces progrès scientifiques rapides suscitent une réflexion et souvent des préoccupations sur leur bon usage. La question se pose sans cesse de déterminer jusqu'à quel point la poursuite de la pratique du clonage devrait être permise. La communauté internationale a établi avec succès certaines règles éthiques grâce à la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, adoptée par la Conférence générale de l'UNESCO en 1997 et que l'Assemblée générale des Nations Unies a fait sienne l'année suivante. Ce document touche au point essentiel lorsqu'il affirme que la vie humaine a une valeur intrinsèque. En outre, il stipule que « des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains, ne doivent pas être permises ». Si chaque nation doit déterminer pour sa propre société les limites convenables à fixer au clonage, on a beaucoup à gagner d'une discussion et d'une réflexion au niveau international. Naturellement, ce sont les décideurs, les scientifiques et les bioéthiciens qui ont assumé un rôle moteur dans les débats concernant le clonage et les graves questions éthiques qu'il pose pour l'humanité. Cependant, d'autres groupes d'opinion, dont le grand public, sont intéressés au premier chef par un débat éthique plus large et ils veulent souvent en savoir davantage. Il revient à l'UNESCO, investie d'un mandat éthique qui reste unique dans le système des Nations Unies, de continuer à être vigilante sur ce sujet, de surveiller la direction que prend la recherche et de fournir aux gouvernements, aux responsables politiques, à la communauté scientifique et au grand public les informations précises, fiables qu'ils réclament lorsqu'ils doivent prendre des décisions sur le clonage. C'est aussi le rôle de l'Organisation de travailler avec toutes les parties prenantes concernées et de les aider à concilier les avancées rapides de la science et les valeurs éthiques auxquelles nous sommes tous attachés. C'est pourquoi je suis heureux de présenter cette brochure explicative qui expose brièvement les étapes principales du développement des sciences du clonage et décrit les efforts accomplis pour donner sens à ce qui ouvre peut-être un horizon nouveau aux sciences biologiques. Koïchiro Matsuura Directeur général de l'UNESCO LE CLONAGE HUMAIN 5 UNE BRÈVE HISTOIRE DU CLONAGE L e clonage peut sembler un phénomène de laboratoire relativement récent, mais le mot luimême vient de l'Antiquité : le terme grec klwn qui signifie « brindille ». Il fut d'abord employé en horticulture au début du vingtième siècle pour désigner des greffes de plantes, et on l'utilisa également pour les micro-organismes. Dans les années 1970, il finit par désigner un être humain ou un animal viable, engendré à partir d'un seul parent. Ces dernières années, le clonage a fini par signifier toute « copie » artificielle génétiquement identique d'une forme de vie existante. En quoi le clonage diffère-t-il de la reproduction naturelle ? De nombreux organismes, y compris les êtres humains, sont produits par reproduction sexuée : l'ovule femelle est fécondé par le spermatozoïde mâle, et un embryon se développe (fig. 1). La structure génétique de l'embryon, ces paires d'éléments chimiques qui déterminent les caractéristiques humaines, est située dans les chromosomes1 que l'on trouve dans le noyau de chaque cellule embryonnaire. Le nouvel organisme reçoit une moitié de ses gènes de l'ovule maternel et l'autre moitié du spermatozoïde paternel. Dans le clonage par transfert de noyau, en revanche, le noyau de l'ovule est expulsé au moyen d'une procédure microscopique en laboratoire et est remplacé par le noyau d'un donneur, qui contient les gènes particuliers de cet individu. L'ovule, qui devient un embryon, contient donc uniquement les gènes Un spermatozoïde pénètre dans l'ovule Fécondation : Le noyau du spermatozoïde et l'ovule fusionnent L'embryon commence à se développer en plusieurs cellules Blastocyste Fœtus FIG.1: DÉVELOPPEMENT D'UN EMBRYON LE CLONAGE HUMAIN 7 1 chromosome – structure en forme de filament que l'on trouve en nombre variable dans le noyau des cellules (eucaryotes) de plante ou d'animal. Les chromosomes sont constitués de chromatine et portent les gènes en séquence linéaire; ils déterminent les caractéristiques individuelles d'un organisme. A Dictionary of Biology. Oxford University Press, 2000. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 10 octobre 2003 <http://www.oxfordreference.com /views/ENTRY.html?subview= Main&entry=t6.000855> Photo 1. Image de transfert de noyau : le noyau de l'ovule est expulsé au moyen d'une procédure de laboratoire sous microscope et remplacé par le noyau d'une cellule de donneur 2 cytoplasme : substance ressemblant à de la gelée qui entoure le noyau d'une cellule. Concise Medical Dictionary. Oxford University Press, 2002. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 10 octobre 2003 <http://www.oxfordreference.com/views/ ENTRY.html?subview= Main&entry=t60.002431> 3 du donneur (photo 1). L'organisme cloné est une copie génétiquement proche de son seul « parent » (0,05% à 0,1% des gènes sont transmis par les composants cytoplasmiques2 comme les mitochondries3) plutôt qu'une combinaison génétiquement aléatoire des deux parents. Les débuts du clonage remontent à 1952 avec les travaux des biologistes Robert Briggs et Thomas King à Philadelphie. Les scientifiques connaissaient déjà le clonage naturel chez certaines formes d'invertébrés (des organismes sans colonne vertébrale). Par exemple, un ver de terre coupé en deux peut se régénérer en un individu complet. Mais le clonage des vertébrés par intervention humaine semblait beaucoup plus complexe. Briggs et King décidèrent de pratiquer des expériences sur des grenouilles. Ils débutèrent leurs travaux en utilisant « le transfert de noyau de cellule somatique », une méthode théorisée pour la première fois sous forme rudimentaire dans les années 1930 par l'embryologiste allemand Hans Spemann, qui avait fait des expériences en laboratoire sur des salamandres. Cette procédure implique de retirer le noyau d'une cellule somatique 4 et de l'insérer dans une cellule énucléée 5 provenant d’un ovule non fécondé (fig. 2). mitochondrie – (chondriosome) : structure présente en nombre variable dans le cytoplasme de chaque cellule, qui est le site de la production énergétique de la cellule. Les mitochondries contiennent de l'ATP et les enzymes impliquées dans les activités du métabolisme cellulaire, ainsi que leur propre ADN; les gènes mitochondriaux (qui chez les humains codent 13 protéines) sont transmis par les femmes. Chaque mitochondrie est bornée par une double membrane, la membrane intérieure étant repliée sur elle-même et formant des crêtes (cristae) Concise Medical Dictionary. Oxford University Press, 2002. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 10 octobre 2003 <http://www.oxfordreference.com/views/ ENTRY.html?subview=Main&entry= t60.006317> Cellule somatique Ovule non fécondé Le noyau de l'ovule est expulsé Le noyau d'une cellule somatique est retiré 4 cellule somatique : toute cellule d'un organisme, autre que les cellules reproductrices. The Concise Oxford Dictionary. Oxford University Press, 2001. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 11 octobre 2003 <http://www.oxfordreference.com/views/ ENTRY.html?subview=Main&entry= t23.053122> Le noyau de la cellule somatique est inséré dans l'ovule énucléé 5 énucléer : retirer le noyau (d'une cellule). The Concise Oxford Dictionary. Oxford University Press, 2001. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 10 octobre 2003 <http://www.oxfordreference.com/views/ ENTRY.html?subview =Main&entry=t23.018458> Embryon de clone FIG.2 : CLONAGE PAR TRANSFERT DE NOYAU DE CELLULE SOMATIQUE (TNCS) 8 LE CLONAGE HUMAIN Le noyau transplanté commence alors à se diviser et à se multiplier, comme dans une cellule normale, tout en gardant son identité génétique unique. Lorsque Briggs et King réussirent pour la première fois à cloner des têtards, ils transférèrent des noyaux de cellule d'embryon dans des œufs énucléés. Mais lorsqu'ils utilisèrent des noyaux provenant de cellules plus avancées, le taux de survie des embryons de transplant de noyau diminua. Cela laissait supposer que, au fur et à mesure que les embryons se développaient en cellules différenciées, les gènes subissaient un changement irréversible et ne pouvaient être réactivés. Dans ces conditions, il aurait été impossible de créer un clone, une copie génétique d'un animal adulte, en utilisant sa cellule somatique. Au cours des années 1970, cette théorie fut battue en brèche lorsque le biologiste britannique John Gurdon réussit à cloner un têtard à partir d'une cellule somatique, prouvant ainsi qu'un embryon développé ou des cellules différenciées pouvaient être réactivés et produire une vie nouvelle. Réaliser le même exploit sur des mammifères, cependant, semblait un pas énorme à franchir : le clonage d'un mammifère exige en effet des procédures techniques bien plus compliquées qu'avec les amphibiens. Il est plus difficile notamment de se procurer des ovules de mammifères que des œufs de grenouille : ils sont beaucoup moins nombreux et il faut passer par des procédures invasives pour les prélever. Une fois les embryons clonés, on doit les transplanter dans un utérus et aboutir à une gestation si l'on veut reproduire un clone de mammifère. Ainsi, pendant de nombreuses années, le clonage sur des espèces plus complexes, tels les mammifères, est apparu comme une possibilité éloignée et a continué, dans une large mesure, à n'intéresser que la communauté scientifique. Mais cette situation a brusquement changé au début de l’année 1997 lorsqu'une équipe écossaise a annoncé la naissance de Dolly au cours de l'année précédente, une agnelle clonée à partir d'une brebis Ovule non fécondé Cellule somatique Ovule énucléé Le noyau de l’ovule est retiré Le noyau de la cellule somatique est retiré On crée un embryon de clone en faisant fusionner le noyau de la cellule somatique et l'ovule énucléé L'embryon est implanté dans l'utérus d'une mère porteuse Naissance d'un agneau portant les mêmes gènes que le donneur du noyau de la cellule somatique FIG.3 : CLONAGE REPRODUCTIF DU MOUTON LE CLONAGE HUMAIN 9 Photo 2. Le premier mammifère cloné au monde : la brebis Dolly (à gauche) et sa mère porteuse (à droite) adulte (photo 2). Cette percée biologique capitale a fait la une de la presse du monde entier et a semblé ouvrir les perspectives d'un nouvel univers médical, lourd de conséquences. La naissance de Dolly a été réalisée par un chercheur vétérinaire, le Dr Ian Wilmut et ses collègues du Roslin Institute. Leur exploit a fait voler en éclats la conviction selon laquelle on ne pouvait pas utiliser de cellules de mammifères adultes pour recréer une copie génétique. Ils ont eu recours à une version modernisée de la technique de Briggs et King, affinée ultérieurement par le biologiste britannique John Gurdon. Pour créer Dolly, le groupe de Wilmut a utilisé le noyau d'une cellule mammaire « quiescente » provenant d'une brebis blanche de race Finn Dorset, c'est-à-dire une cellule qui avait arrêté de se diviser lorsqu'elle avait été privée au préalable de substances nutritives. Ensuite, on a implanté le noyau à travers la zone pellucide protectrice dans un ovocyte (un ovule non fécondé) énucléé prélevé sur une brebis de race Scottish Blackface. Une minuscule charge électrique l'a aidé à fusionner avec le cytoplasme de l'ovocyte. Après de nombreuses tentatives manquées, les chercheurs sont parvenus à obtenir une cellule d'ovule qui a commencé à se diviser normalement, et celle-ci a été implantée dans la mère porteuse Scottish Blackface. Après une période de gestation normale d'environ cinq mois, Dolly est née (fig. 3). Les tests génétiques ont prouvé qu'elle était un clone, et Dolly est devenue une icône internationale. LES RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS DE LA RECHERCHE DU CLONAGE SUR LES ANIMAUX epuis Dolly, le clonage de plusieurs espèces de mammifères a abouti à de nombreuses naissances viables. Des porcins, des ovins, des bovins, des chats, des rongeurs et, plus récemment, un mulet ont été clonés avec succès (mais pas de singes) (photo 3). Le mulet cloné a suscité une attention particulière car cette espèce — un hybride de jument et d'âne — est généralement stérile. Il est intéressant de noter que le clonage ne débouche pas toujours sur une copie d'aspect rigoureusement identique, comme le montre le cas du chat domestique commun cloné en 2001 : la couleur du pelage était différente de celle du donneur du gène. Plusieurs gènes situés dans le chromosome X entrent en jeu pour déterminer la couleur du pelage du chat, et certains de ces gènes sont désactivés de façon aléatoire au cours du développement de l'embryon chez les chattes, car elles ont deux chromosomes X. En conséquence, même lorsqu'elles proviennent du même donneur, certaines cellules produiront un pelage noir si les autres gènes impliqués dans la couleur sont supprimés, et d'autres donneront un pelage orange si elles sont insérées dans des ovules énucléés qui deviendront à terme un chaton. D Photo 3 : Le chat cloné CC : le premier chat cloné, CC, a une apparence et une couleur de pelage très différentes de son donneur de gènes Le mulet cloné «Idaho Gem» est le premier animal cloné de la famille des équidés L'objectif principal qui sous-tend le développement des techniques de clonage animal est de renforcer le génie génétique sur animaux. Traditionnellement, un nouvel ADN visant à modifier les gènes de l'animal ne peut être inséré que dans des embryons très jeunes, d'habitude généralement au stade une cellule ou deux cellules. Mais l'incorporation ou non de ces gènes dans les embryons est une pure question de hasard. Ainsi, le taux de réussite est très faible et la procédure prend beaucoup de temps. Avec les techniques de clonage, l'ADN est ajouté aux cellules cultivées en boîtes de Petri par milliers ou millions. Il est alors possible de déceler quelles cellules ont incorporé l'ADN. Les techniciens transfèrent ensuite le noyau de ces cellules dans des cellules d'ovule énucléées pour produire des embryons qui contiennent l'ADN modifié. Des cochons clonés : certains chercheurs s'intéressent aux clones de cochon en tant que fournisseurs d'organes pour des greffes sur l’être humain Trois générations de souris créées par clonage Des veaux clonés : dix veaux clonés à partir d'une même vache adulte de race Jersey sont nés viables Ainsi, le clonage animal présenterait également un intérêt pour des industries alimentaires ou pharmaceutiques s'il pouvait aboutir à des produits d'une qualité constante, commercialisables, comme le lait ou la viande, ou s'il pouvait produire des protéines thérapeutiques à partir du lait de chèvre ou de vache, ou des blancs d'œufs de poule (ce qu'on appelle généralement le « pharming » ), ou même des organes de porcs transplantables sur des humains sans entraîner de rejets immunitaires. Une firme de biotechnologie, la Des lapins clonés : les lapins et d'autres animaux clonés pourraient être utiles dans la recherche des causes de maladies chez l'être humain 10 LE CLONAGE HUMAIN PPL Therapeutics Inc., qui travaille avec le Roslin Institute, a cloné Polly en 1997, une brebis produite à partir d'une cellule embryonnaire qui avait été génétiquement transformée. Polly sécrète dans son lait une protéine humaine de coagulation du sang, utile dans le traitement de l'hémophilie. Il n'a pas encore été établi de normes internationales pour réglementer cette technique, et diverses tentatives de clonage non humain sont apparues ici et là. Les annonces de clonages d'animaux réussis ont attiré l'attention du public, mais les scientifiques sont loin de contrôler parfaitement les résultats. Les taux de réussite de la production d'embryons clonés dépendent de l'espèce et des types de cellules utilisés, mais ils restent généralement très bas. Même avec une naissance réussie, on observe un grand nombre d'anomalies et de malformations chez les animaux clonés, dont celle connue sous le nom du syndrome du gros veau. Les animaux clonés sont souvent trop grands pour une naissance normale, et le placenta s'est développé dans des proportions anormales. On ne trouve pas toujours d'explication entièrement satisfaisante à ces anomalies, mais il se peut notamment qu'un noyau retiré d'une cellule somatique ne soit pas en mesure d'être correctement reprogrammé pour que son développement donne une progéniture normale. Selon certains, ces problèmes de technique du clonage seront résolus avec les progrès de la recherche. D'autres prétendent qu'obtenir par clonage une progéniture en parfaite santé est finalement impossible et que des animaux clonés apparemment sains peuvent cacher des anomalies génétiques. QUELLES SONT LES QUESTIONS ÉTHIQUES SOULEVÉES PAR LE CLONAGE HUMAIN ? a possibilité de clonage humain enflamme depuis longtemps l'imagination populaire, y compris dans l'univers du divertissement populaire. Par exemple, un roman à suspense, Ces garçons qui venaient du Brésil, qui fut par la suite porté à l'écran en 1978 à Hollywood, décrit un criminel de guerre nazi qui élève une colonie de jeunes « clones » d'Hitler. Pour beaucoup, le clonage a des connotations d'immortalité humaine ou d'eugénisme à la chaîne. Les canulars, les affirmations injustifiées et les conjectures des médias, qui relèvent parfois plus du domaine de la science-fiction que de la réalité des expériences scientifiques, ont inévitablement interféré dans le débat sur le clonage. L Le débat sur le clonage implique les scientifiques, les législateurs, les autorités religieuses, les philosophes et les organisations internationales, mais il ne se déroule pas toujours dans l'harmonie. De l'avis général, sinon à l'unanimité absolue, le clonage humain « reproductif » — en vue de produire un bébé humain qui soit une copie génétique — est jugé contraire à l'éthique. Wilmut a personnellement expliqué au Congrès des Etats-Unis d’Amérique que le clonage d'un mammifère comportait un fort taux d'échec, puisque sur ses 277 embryons « reconstitués », 29 seulement avaient été implantés dans des brebis et un seul s'était développé avec succès. Il a conclu que « des expériences similaires avec des humains seraient totalement inacceptables ». Le taux d'échec élevé (plus de 90%) et une forte mortalité du clone animal indiquent clairement que ces expériences ne peuvent pas être appliquées aux humains. D'autre part, les animaux clonés semblent souffrir d'un taux élevé de malformations et d'infirmités. Dolly elle-même a fini par être euthanasiée en 2003, à l'âge de six ans et demi seulement, alors que de nombreux moutons vivent plus de dix ans. Elle était atteinte d'une maladie pulmonaire évolutive, que l'on trouve habituellement chez les moutons plus âgés, ainsi que d'arthrite précoce. Certains experts du clonage ont donc émis l'hypothèse que les humains clonés pourraient avoir besoin d'une prothèse de la hanche dès l’adolescence et être atteints de sénilité avant l'âge de vingt ans. Les enjeux éthiques du clonage, notamment en ce qui concerne les humains, semblent défier toute limite. Même si les problèmes de technique du clonage sont résolus avec le temps, de nombreuses questions demeurent. Pour quelles raisons pourrait-on autoriser ou interdire la reproduction d'enfants par clonage ? Devrait-on utiliser le clonage pour les couples stériles ou les couples homosexuels qui veulent une descendance biologique ? De quelle manière un enfant mis au monde par reproduction asexuée ressentirait-il la vie, comme un individu unique ou comme un « prisonnier » génétique ? Un enfant cloné n'est-il qu'un jumeau de son donneur génétique, avec un décalage dans le temps ? Les parents devraient-ils choisir les caractéristiques d'un futur enfant, comme c'est possible LE CLONAGE HUMAIN 11 avec le clonage ? Ces questions et d'autres du même ordre préoccupent aujourd'hui les scientifiques et les bioéthiciens qui voient dans les procédures du clonage une mise en danger potentielle de l'identité humaine (Encadré 1). La communauté mondiale a répondu en déclarant que le clonage humain était contraire à la dignité humaine, dans l'article 11 de la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme (1997), élaborée par l'UNESCO. Dans la partie C de la Déclaration, « Recherche sur le génome humain », il est spécifié que « Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction Encadré 1 : Les problèmes d'êtres humains, ne doivent pas être permises... ». éthiques soulevés par le clonage humain à des fins de reproduction • La sécurité technique et médicale • L'ébranlement de la notion de reproduction et de famille • L'ambiguïté des rapports d'un enfant cloné avec son progéniteur • La confusion de l'identité personnelle et le tort causé au développement psychologique d'un clone • Les inquiétudes relatives à l'eugénisme • Le caractère contraire à la dignité humaine • Le renforcement de la tendance à produire des bébés « sur mesure » et à améliorer les êtres humains Après mûre réflexion, plusieurs pays ont formulé des opinions et des réglementations sur le clonage humain à des fins de reproduction. En France, le Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé a abordé des dilemmes essentiels quand, en 1997, il a rejeté le clonage humain à des fins de reproduction : « L'idée qu'une parfaite similitude génétique entraînerait de soi une parfaite similitude psychique est dénuée de tout fondement scientifique », a déclaré le Comité, en ajoutant que le clonage humain à des fins de reproduction provoquerait « un bouleversement fondamental de la relation entre identité génétique et identité personnelle dans ses dimensions biologiques et culturelles » (Avis N° 54, « Réponse au Président de la République française au sujet du clonage reproductif », avril 1997). D'autres nations ont approuvé, en citant les risques que comporte l'aventure du clonage, notamment par rapport aux mères et aux bébés. Pour le Conseil des sciences et de la technologie du Japon, le clonage humain ne présentait aucune utilité qui en recommandât la pratique. Il ajoutait que les applications médicales utilisant des cellules humaines obtenues par clonage « pouvaient entraîner l'élevage d'êtres humains et une violation des droits de l'homme » (Rapport final demandant des règles juridiques sur la production d'humains par technologie clonique, novembre 1999). De plus, le comité d'experts japonais a conclu que la reproduction asexuée par clonage remettrait en cause le concept de famille dans leur société. Dans son étude « Human Cloning and Human Dignity » (Clonage humain et dignité humaine) en 2002, le Conseil de bioéthique du Président américain observait que les tentatives de clonage humain seraient contraires à l'éthique « pour le moment », en raison « de problèmes de sécurité et de la probabilité qu'il porte tort à ceux qui sont impliqués ». Le rapport faisait état d'un grand nombre d'autres préoccupations qui pouvaient suffire à exclure à jamais toute tentative de clonage humain : « La notion de clonage soulève des questions sur l'identité et l'individualité, la signification qui s'attache au fait d'avoir des enfants, la différence entre procréation et fabrication, et les relations entre générations ». Ces conclusions semblaient annoncer un débat sur la moralité des sciences biologiques et le clonage qui se poursuivrait pendant de nombreuses années à venir. En Tunisie, le Comité national d'éthique médicale a examiné la question du clonage à des fins de reproduction à la demande du ministre de la santé en 1997 et a conclu que toute technologie de clonage humain devait être interdite. Il considérait que cette pratique porte atteinte au concept de reproduction humaine et à la dignité des êtres humains, et qu'elle était la porte ouverte à toutes formes d'abus. Quelque trente pays, dont l’Allemagne, l'Australie, la Colombie, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, la Géorgie, le Japon, la Lettonie, la Norvège, le Pérou et le Royaume-Uni ont jusqu'à présent promulgué diverses lois qui interdisent le clonage humain à des fins de reproduction. 12 LE CLONAGE HUMAIN LE CLONAGE À DES FINS DE RECHERCHE EST-IL DIFFÉRENT DU CLONAGE À DES FINS DE REPRODUCTION ? epuis la naissance de Dolly, les chercheurs biomédicaux ont également concentré leur attention sur le clonage expérimental, dit « thérapeutique », en s'attachant à l'utilisation de la technique du clonage pour obtenir des cellules souches embryonnaires6 destinées à la recherche et à des fins thérapeutiques potentielles. Comme la notion de « thérapeutique » suggère des applications bénéfiques possibles, ce qui à l'heure actuelle semble totalement injustifié, il est préférable de supprimer cette connotation positive et d'utiliser une terminologie plus neutre, à savoir le « clonage à des fins de recherche ». Dans le cas du clonage à des fins de reproduction, l'objectif du transfert de noyau de cellule somatique est de créer un embryon qui porte la même information génétique que le progéniteur et d'implanter l'embryon dans un utérus pour déclencher une grossesse, et à partir de là donner naissance à un bébé. L'objectif du clonage à des fins de recherche, cependant, est de créer un embryon de la même manière que dans le clonage à des fins de reproduction, non pour produire un enfant mais pour se procurer des cellules souches embryonnaires qui contiennent les mêmes caractéristiques génétiques que le progéniteur. L'embryon est inévitablement détruit au cours du processus. D Les cellules souches embryonnaires humaines, isolées pour la première fois en 1998, sont parfois décrites comme des cellules essentiellement « indifférenciées » chez les humains, qui seraient potentiellement transformables en presque n'importe quel type de tissu de l'organisme (Encadré 2). En séparant de l'embryon un peu de masse cellulaire interne au stade du blastocyste, on peut cultiver ces cellules pour produire des cellules souches pluripotentes, capables de donner naissance à du sang, à du muscle ou à de nombreuses autres sortes de tissus et d'organes du corps humain (fig. 4). Embryon La masse cellulaire interne est retirée Stade du blastocyste : L'embryon se transforme en une sphère creuse de cellules, avec une masse cellulaire interne qui forme une épaisseur localisée Les cellules sont cultivées dans des conditions diverses Les cellules se transforment en cellules spécialisées différentes, comme les cellules musculaires, les cellules sanguines et les neurones FIG.4 : CELLULES SOUCHES EMBRYONNAIRES Nombre de biologistes médicaux considèrent ce domaine comme très prometteur pour les traitements futurs, puisque les cellules souches embryonnaires peuvent être systématiquement « élevées » en boîtes de Petri de laboratoire. On pourrait, par exemple, transformer, par des processus de clonage en laboratoire, une cellule souche en une cellule sanguine ou une cellule de muscle cardiaque, pour l'injecter dans le cœur d'un patient cardiaque afin de pallier un disfonctionnement. De cette manière, les chercheurs espèrent en fin de compte utiliser ces cellules polyvalentes pour vaincre des maladies LE CLONAGE HUMAIN 13 6 Cellule souche embryonnaire (cellule-ES) : cellules embryonnaires cultivées qui peuvent proliférer indéfiniment et se différencier en de nombreux tissus différents. McLaren A. et al., Ethical eye : Cloning, publication du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 2002. chroniques ou dégénératives, comme la maladie de Parkinson, la maladie d'Alzheimer ou le diabète, dont souffrent des millions de personnes. Une des sources de cellules souches provient des embryons créés par les laboratoires de fécondation in vitro (FIV). Une fois que les couples ayant des problèmes de stérilité ont conçu de cette manière leurs bébés, on peut conserver les embryons surnuméraires dans de l'azote liquide et, dans certains pays, les utiliser pour la recherche avec le consentement éclairé du couple. On trouve des milliers de ces embryons congelés dans les laboratoires (quelque 400 000 rien qu'aux Etats-Unis d’Amérique, selon une étude achevée en mai 2003). C'est aussi aux Etats-Unis d’Amérique, où la recherche sur les cellules souches embryonnaires est la plus active, que la politique gouvernementale actuelle exige des biologistes travaillant dans les laboratoires financés par le gouvernement fédéral qu'ils utilisent les cellules souches les plus anciennes, issues d'embryons détruits avant le 9 août 2001. Récemment, nombre d'entre eux ont observé que cette décision limite leurs recherches, car ils ne peuvent pas expérimenter de nouvelles méthodes pour se procurer ou cultiver des cellules souches. Par exemple, des travaux récents montrent que des cellules souches provenant d'embryons âgés de 5 jours peuvent se transformer plus facilement en une diversité d'autres cellules et se révéler utiles dans le traitement des maladies cardiaques, des lésions de la moelle épinière et d'autres troubles. Cependant, les cellules souches qui proviennent d'embryons surnuméraires peuvent provoquer un rejet immunitaire si elles sont transplantées sur un patient, tout comme des greffes d'organes reçus par une tierce personne. Si les cellules ou les tissus à transplanter sur un patient proviennent du même patient, ces problèmes ne se posent pas. Par conséquent, certains chercheurs pensent que le clonage à des fins de recherche qui vise à créer un embryon afin de se procurer des cellules génétiquement identiques à partir d'un patient, à les cultiver et à les développer en cellules ou en tissus ciblés, puis à les transplanter sur ledit patient, aidera à éviter le rejet immunitaire (fig.5). Une des principales questions éthiques que posent la conduite du clonage à des fins de recherche et les recherches sur la cellule souche embryonnaire tient au statut moral de l'embryon. Son utilisation a soulevé des objections de la part de ceux qui sont opposés à l'avortement pour des motifs d'ordre moral, religieux ou autre, et de ceux qui s'opposent à toute recherche impliquant la destruction d'un embryon humain. L'argument moral est ici que les embryons devraient être protégés dès l'instant de la conception, car c'est le moment où naît une nouvelle entité humaine qui, potentiellement et dans des circonstances appropriées, devient un être humain unique. Etant donné qu'on ne saurait sacrifier d'êtres humains à quelque fin que ce soit, la destruction d'embryons pour la recherche n'a plus aucune justification. 7 ligne primitive : la cavité longitudinale qui se forme dans la gastrula au cours du développement des embryons des oiseaux et des mammifères. Les cellules de la ligne primitive prolifèrent rapidement pour former les cellules du mésoderme, qui migrent à l'intérieur de l'embryon. A Dictionary of Biology. Oxford University Press, 2000. Oxford Reference Online. Oxford University Press. 10 octobre 2003 http://www.oxfordreference.com/v iews/ENTRY.html? subview=Main&entry =t6.003588 C'est le premier signe du développement du système nerveux. Un argument moral différent met en avant le fait que les embryons méritent d'être protégés et respectés dans une certaine mesure, mais pas autant que les bébés complètement développés. De ce point de vue, le statut moral de l'embryon s'accroît avec son développement, et, une fois qu'il est né, il est habilité à jouir pleinement des droits et de la protection qui lui sont dus en tant qu'être humain. Le statut moral de l'embryon n'est pas absolu, mais relatif par rapport à d'autres biens moraux. Ainsi, quand le statut d'un embryon à un certain stade de développement est mis en balance avec le principe moral d'alléger la souffrance, la destruction d'embryons peut-elle se justifier pour procurer un traitement à des malades. Cet argument apporte une justification à la recherche embryonnaire à des fins thérapeutiques, même si l'allégement de la souffrance n'est à l'heure actuelle qu'hypothétique. Un troisième type d'argument moral soutient qu'il y a dans le développement embryonnaire certaines étapes importantes qui modifient le statut de l'embryon. Par exemple, un embryon à un stade très précoce de développement a le potentiel de devenir un seul ou plusieurs individus, comme les vrais jumeaux, parce que chacune de ses cellules a la possibilité, si elle est séparée, de devenir un fœtus individuel. Mais passé un certain temps, un embryon ne peut plus devenir qu'un seul individu, car ses cellules commencent à se différencier en types de cellules spécifiques pour devenir les parties inséparables et intégrées d'un tout. On peut observer le premier signe de ce point de « non-retour » environ quatorze jours après la fécondation lorsque la ligne primitive7, les rudiments du système nerveux, apparaît. Aussi cet argument fait-il une distinction cruciale dans le temps. Avant quatorze jours de développement, on peut utiliser l'embryon pour la recherche si les bénéfices potentiels contribuent à alléger la souffrance d'autres êtres humains. Après quatorze jours, le statut moral de l'embryon l'emporte sur les intérêts (potentiels) d'autres personnes. 14 LE CLONAGE HUMAIN Ces types d'arguments relatifs au statut moral de l'embryon ainsi que divers préceptes religieux et valeurs socio-culturelles ont influencé l'élaboration des différentes dispositions concernant la protection de l'embryon et la recherche avec embryon au niveau national. Dans certains pays, comme l’Allemagne et le Costa Rica, la destruction d'embryons à des fins de recherche est interdite. L'argument qui s'oppose à l'utilisation d'embryons surnuméraires obtenus Cellule somatique prélevée sur un patient Ovule non fécondé Le noyau de la cellule somatique est expulsé Ovule énucléé On crée un embryon en utilisant l'ovule énucléé et le noyau de la cellule somatique Blastocyste Des cellules spécialisées se développent à partir de la masse cellulaire interne du blastocyste L'utilisation des cellules développées pour le traitement du patient finira peut-être par devenir possible FIG. 5 : LE CLONAGE DE RECHERCHE par la fécondation in vitro est qu'ils proviennent d'une première sélection dans laquelle seuls les « meilleurs » embryons (morphologiquement parlant) ont été utilisés pour une implantation dans l'utérus. Toutefois, d'autres pays, comme la Belgique et le Royaume-Uni, autorisent la recherche sur les embryons surnuméraires ainsi que la création d’embryon à des fins de recherche pendant les quatorze jours qui suivent la fécondation avant l'apparition de la ligne primitive. Distinct de l'utilisation d'embryons surnuméraires produits par fécondation in vitro, le clonage « thérapeutique » peut impliquer la création d'embryons à des fins de recherche. Certains sont partisans de faire une distinction entre une recherche utilisant des embryons surnuméraires, qui, autrement, seraient mis au rebut, et la création spécifique d'embryons, soit par fécondation, soit par technique de clonage, à des fins de recherche. Dans certains pays, comme le Danemark, cet argument autorise la recherche sur les embryons surnuméraires tout en interdisant la création d'embryons aux seules fins de recherche. LE CLONAGE HUMAIN 15 Cependant, la création d'embryons humains à des fins de recherche nécessite une collecte d'ovules. Ainsi peut-on se trouver confronté à des difficultés éthiques et autres pour se procurer des ovules destinés à produire des embryons de clone. Si des centaines d'ovules non fécondés se révèlent nécessaires pour produire un embryon de clone humain, comme dans le clonage animal, comment se les procurera-t-on ? L'obtention d'ovules à partir du corps d'une femme procède d'une technique invasive, et certains ont exprimé l'inquiétude que cela puisse mener à une exploitation des femmes et à une commercialisation des ovules humains. LES CELLULES SOUCHES ADULTES PEUVENT-ELLES REMPLACER LES CELLULES SOUCHES EMBRYONNAIRES ? es recherches préalables sont en cours sur les cellules souches dites « adultes » ou « somatiques », qui ne proviennent pas d'embryons ou de fœtus, mais d'autres sources comme la moelle, le cordon ombilical ou même les tissus d'un individu adulte. En fait, on a décelé des cellules souches dans plusieurs organes et tissus du corps (Encadré 2). Les cellules souches adultes dans un organisme existent en petit nombre pour conserver et réparer les cellules de tissu. Les scientifiques les étudient depuis les années 1960. Si l'on pouvait maîtriser en laboratoire leur transformation en types de cellule spécifiques, elles pourraient se révéler d'une aide précieuse dans la guérison des maladies. D Le premier intérêt des cellules souches adultes est d'ordre moral. Puisqu'elles ne proviennent pas d'un embryon, les objections fondées sur la protection d'une vie humaine potentielle sont sans objet. Le second intérêt qu'offre leur utilisation, si elle proviennent du patient lui-même, serait d'éviter les problèmes de rejet du système immunitaire, qui risquent de survenir lorsqu'on utilise des cellules souches d'un corps étranger. Mais on ne sait pas encore très bien dans quelle mesure ces cellules souches adultes peuvent se révéler utiles. Les cellules souches embryonnaires peuvent être élevées en grande quantité en cultures de laboratoire, mais les cellules souches adultes ne sont pas nombreuses dans les tissus matures. Les points de vue diffèrent sur le potentiel futur de ces dernières. Auparavant, on pensait qu'elles étaient uniquement présentes dans des types très limités de cellules et ne pouvaient se développer que pour devenir ces types de cellules, mais on a découvert récemment qu'il existait dans l'organisme un nombre bien plus important de types de cellules souches adultes, d'une souplesse qui leur permet de se développer d'une manière plus variable. Toutefois, quelques chercheurs observent que même dans ce cas, certaines limites persistent. Encadré 2 : Les cellules totipotentes, pluripotentes et multipotentes dans le développement de l'embryon L'ovule fécondé est « totipotent », ce qui signifie que n'importe laquelle de ses cellules placée dans un utérus peut devenir un fœtus. Après plusieurs jours de fécondation, ces cellules totipotentes commencent à se spécialiser, en formant une sphère creuse de cellules, appelée le blastocyste : cette masse cellulaire interne formera pratiquement tous les tissus du corps humain. Chaque cellule n'est plus capable de devenir elle-même un fœtus, mais elle peut produire de nombreux types différents de cellules qui sont nécessaires au développement fœtal. En raison de cette capacité de se différencier en de nombreuses cellules différentes, ce sont des cellules « pluripotentes ». Et comme on les trouve seulement dans les embryons, on les appelle des cellules souches embryonnaires. Les cellules souches pluripotentes subissent alors ensuite une spécialisation plus poussée : elles deviennent des cellules souches qui produisent des cellules régissant une fonction particulière. C'est le cas des cellules souches du sang, qui développent des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes ; ou celui des cellules souches de la peau, qui donnent naissance aux différents types de cellule de la peau. Ces cellules souches « multipotentes », plus spécialisées, que l'on trouve dans les cellules somatiques, sont appelées cellules souches adultes. 16 LE CLONAGE HUMAIN Par exemple, le prélèvement de cellules souches cérébrales sur un patient reste problématique, et on ne trouve pas tous les types de cellules souches dans les cellules souches adultes. Selon certains chercheurs, au fur et à mesure que la recherche progresse, on découvrira des potentialités plus importantes dans les cellules souches adultes, si bien que celles-ci pourraient remplacer la recherche sur les cellules souches embryonnaires. L'accent porte plus sur la recherche fondamentale que sur les applications cliniques. Si la recherche fondamentale accroît notre connaissance des processus de différenciation et de dédifférenciation, toutes les cellules pourraient être transformées en cellules souches et à nouveau développées en tissus plus spécialisés. Le problème de l'utilisation de cellules souches embryonnaires peut, par conséquent, n'être que provisoire, étant donné les avancées de la recherche fondamentale des sciences de la vie. Os Neutrophile Cellule Cellule myéloïde de souche Cellule souche hématopoïétique multipotente progéniteur Globules rouges Monocyte/macrophage Plaquettes FIG. 6 : CELLULES SOUCHES ADULTES (EX. CELLULE SOUCHE HÉMATOPOÏÉTIQUE) LE CLONAGE ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE i le problème du clonage semblait se projeter sans cesse dans l'avenir, la tâche qui consiste à établir et à mettre en œuvre un cadre international éthique et juridique pour le clonage humain a été rendue encore plus urgente par le flot des découvertes faites en laboratoire à la fin du vingtième siècle. De plus, le champ des préoccupations bioéthiques s'est élargi de façon spectaculaire avec les progrès du clonage, qui ont introduit une dimension nouvelle, en raison des inquiétudes que ces découvertes ont suscitées dans le public et parmi les responsables politiques. S Au niveau international, le problème du clonage à des fins de reproduction a été examiné de toute urgence dans plusieurs organisations des Nations Unies à la suite de l'annonce de la naissance de Dolly en 1997. Par exemple, l'Assemblée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé dans ses résolutions AMS50.37 (1997) et OMS51.10 (1998) que « le clonage pour la reproduction d’êtres humains est inacceptable sur le plan éthique et contraire à la dignité et à l’intégrité de la personne humaine ». Six mois après l'annonce de la naissance de Dolly en 1997, la 29e Conférence générale de l'UNESCO a adopté la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, un document décisif qui est intervenu dans le débat grandissant sur le clonage. L'année suivante, en 1998, l'Assemblée générale des Nations Unies a fait sienne cette Déclaration. Dans ses 25 articles, la Déclaration réaffirme que le génome humain est le « patrimoine de l'humanité » et reconnaît la « dignité intrinsèque » et la « diversité » des membres de la famille humaine. Il est « impératif » ajoute-t-elle, « de ne pas réduire les individus à leurs caractéristiques génétiques ». Et elle interdit formellement, comme on l'a dit plus haut, le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains (Encadré 3). Lors de la session qu'il a tenue à Paris en mai 2001, le Comité intergouvernemental de bioéthique (CIGB) de l'UNESCO a encouragé les Etats membres de l'Organisation à « prendre les mesures appropriées, y compris législatives et réglementaires, pour interdire de manière efficace le clonage reproductif humain ». En ce qui concerne la recherche sur les cellules souches embryonnaires, le CIGB a encouragé les Etats membres « à engager des débats sur les questions éthiques soulevées […] en y LE CLONAGE HUMAIN 17 Encadré 3 : « Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains, ne doivent pas être permises. Les Etats et les organisations internationales compétentes sont invités à coopérer afin d'identifier de telles pratiques et de prendre, au niveau national ou international, les mesures qui s'imposent, conformément aux principes énoncés dans la présente Déclaration. » (Article 11, Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, 1997) associant tous les acteurs concernés». Il a aussi demandé des réglementations ou des lois nationales sur l'utilisation des cellules souches embryonnaires dans la recherche thérapeutique, par exemple, sur la question de l'importation et de l'exportation de cellules embryonnaires vers ou depuis des pays dans lesquels la recherche sur l'embryon est interdite. Une Table ronde composée de 101 Etats membres et de ministres de la science d' « Etats observateurs » ou de leurs représentants a été consacrée à la bioéthique lors d'une réunion qui a eu lieu en octobre 2001 au siège de l'UNESCO. Les participants ont affirmé « l'impératif de la liberté de la recherche » pour la communauté scientifique mondiale, mais ils ont aussi demandé aux chercheurs de « prévoir les problèmes et de relever les défis posés par les progrès scientifiques et techniques, plutôt que d'essayer d'y répondre après coup ». En réaffirmant son opposition au clonage à des fins de reproduction d’êtres humains, la Table ronde a réclamé « une participation éclairée des citoyens, notamment grâce à un débat public et pluraliste » dans les Etats membres, qui tienne compte des « courants de pensée, des systèmes de valeurs, des contextes historiques et culturels, et des convictions philosophiques et religieuses qui sont constitutifs des différentes sociétés ». « La bioéthique », ont ajouté les ministres et leurs représentants, « ne peut se fonder que sur la pratique démocratique ». Cette position est conforme au rapport précédent du Comité international de bioéthique (CIB) de l'UNESCO sur « L'utilisation des cellules souches embryonnaires pour la recherche thérapeutique (2001) » (Encadré 4). Dans une autre tentative multilatérale pour définir un cadre pour la recherche et les pratiques du clonage, le Conseil de l'Europe a promulgué en avril 1997 la « Convention pour la protection des droits de l'homme et de la dignité de l'être humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine : Convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine » (Convention d'Oviedo). Ce document interdit la création d'embryons humains à des fins de recherche. Et, là où la législation nationale permet la recherche sur des embryons in vitro, il réclame une protection appropriée de l'embryon. Le 12 janvier 1998, le Conseil a ouvert à ratification son Protocole additionnel à la Convention pour la protection des droits de l'homme et de la dignité de l'être humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine, portant interdiction du clonage d'êtres humains. Ce protocole, qui n'est pas encore ratifié par l'ensemble des Etats membres du Conseil, décrivait le clonage comme une technique biomédicale précieuse et éthique, et reconnaissait les différences d'opinion sur le clonage de cellules indifférenciées d'origine embryonnaire. S'il ne prenait pas de position particulière sur le clonage de cellules à des fins de recherche, le Protocole interdisait donc tout clonage délibéré d'êtres humains, considérant qu’il constituait une menace pour l'identité humaine. Encadré 4 : Le rapport du CIB sur « L'utilisation des cellules souches embryonnaires pour la recherche thérapeutique » (2001) 55.A.) Le CIB reconnaît que les recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines sont une question sur laquelle il est souhaitable qu'un débat s'engage au niveau national pour déterminer quelle position doit être adoptée au sujet de ces recherches, même si cette position vise à ce qu'elles ne soient pas menées [...] B.) [...] Si l'on envisage d'autoriser que des dons d'embryons surnuméraires au stade préimplantatoire, provenant de traitements de FIV, soient consentis pour des recherches sur les cellules souches embryonnaires à des fins thérapeutiques, une attention particulière sera accordée à la dignité et aux droits des deux parents donneurs [...] 18 LE CLONAGE HUMAIN Ces délibérations et la gravité du sujet ont incité l'Assemblée générale des Nations Unies à entamer un débat en 2001, à la suite d'une initiative franco-allemande qui demandait de préparer une convention s'opposant au clonage à des fins de reproduction, et y voyait le moyen le meilleur et le plus raisonnable de réglementer ce type de phénomènes. L'UNESCO, qui a soutenu le projet, a apporté des contributions importantes dans les domaines scientifique, technique, éthique, philosophique et juridique, au Comité spécial chargé des travaux préliminaires en vue de l’élaboration d’une convention internationale contre le clonage d’êtres humains à des fins de reproduction. Un certain nombre de documents de l'UNESCO appartenant au domaine de la bioéthique ont été mis à la disposition des membres du comité. Les positions des Etats membres des Nations Unies ont révélé une scission entre deux points de vue différents : (1) une interdiction de grande ampleur visant à la fois le clonage à des fins de reproduction et le clonage à des fins de recherche et (2) une interdiction à portée limitée visant le clonage à des fins de reproduction, le clonage à des fins de recherche devant être abordé séparément. Ce désaccord n'a pas été résolu par le Groupe de travail qui s'est réuni pendant l'Assemblée générale des Nations Unies en 2003. Il a été décidé de repousser le débat sur cette question jusqu'à l'Assemblée générale des Nations Unies, en 2004. A la fin 2002, des affirmations médiatiques non fondées, émanant d'une secte qui prétendait avoir cloné le premier être humain, ont souligné l'urgence de disposer de directives en matière de clonage. Le Directeur général de l'UNESCO, M. Koïchiro Matsuura, a aussitôt rappelé à la communauté internationale qu'il fallait agir. « Que cette nouvelle soit confirmée ou non, elle nous rappelle l'urgence qu'il y a à tout mettre en œuvre, tant au niveau national qu'international, pour interdire des expériences non seulement hasardeuses sur le plan scientifique, mais inacceptables sur le plan éthique, car elles portent une atteinte intolérable à la dignité humaine », déclarait le Directeur général. Il ajoutait : « Il ne saurait y avoir de progrès pour l'humanité dans un monde où la science et la technologie se développeraient indépendamment de toute exigence éthique ». Le Directeur général a invité les responsables politiques de toutes les nations à coopérer « afin de prendre toutes les mesures législatives appropriées [...] pour répondre au plus vite à ces défis qui menacent l'humain dans ce qui constitue son irremplaçable singularité ». En octobre 2004, l'Assemblée générale des Nations Unies a rouvert le débat sur l'élaboration d'une convention concernant le clonage des êtres humains. À l'issue de délibérations approfondies sur le projet de texte de la convention, il a été proposé d'élaborer une déclaration des Nations Unies sur le clonage des êtres humains, au lieu d'une convention. En mars 2005, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté par vote la Déclaration des Nations Unies sur le clonage des êtres humains proposée par la Sixième commission et dans laquelle les États membres sont invités à interdire toutes les formes de clonage humain dans la mesure où elles seraient incompatibles avec la dignité humaine et la protection de la vie humaine. Déclaration des Nations Unies sur le clonage des êtres humains (a)Les États membres sont invités à adopter toutes les mesures voulues pour protéger comme il convient la vie humaine dans l'application des sciences de la vie; (b)Les États membres sont invités à interdire toutes les formes de clonage humain dans la mesure où elles seraient incompatibles avec la dignité humaine et la protection de la vie humaine; (c)Les États membres sont en outre invités à adopter les mesures voulues pour interdire l'application des techniques de génie génétique qui pourrait aller à l'encontre de la dignité humaine. . . " LE CLONAGE HUMAIN 19 LES DÉBATS EN COURS SUR LES QUESTIONS ÉTHIQUES L es débats sur la manière de réglementer les techniques de clonage doivent associer à la fois des experts de différents domaines et le grand public, car les problèmes de reproduction et le statut moral de l'embryon touchent à la signification même de la « vie » pour les êtres humains. Les notions de vie, les valeurs et les règles qui concernent la reproduction se sont développées dans chaque société et sont profondément ancrées dans la culture, la tradition et les principes religieux. Mais les progrès rapides de la génétique et de la biotechnologie dépassent facilement les frontières nationales et défient parfois ces valeurs. D'où la nécessité urgente de parvenir à une harmonisation et une réglementation internationales dans le domaine du clonage humain. Naturellement, pour respecter chaque société, des règles nationales différentes peuvent gouverner l'application de certaines technologies. Mais la valeur fondamentale de la « dignité humaine » reste le critère essentiel pour nous guider tous dans notre quête de réponses. LECTURES COMPLÉMENTAIRES Ouvrages Atlan H. et al., Le Clonage humain, Editions du Seuil, Paris, 1999. Dreifuss-Netter F., Problèmes politiques et sociaux , Le clonage humain, La Documentation française, 2003. McLaren A. et. al., Ethical eye: Cloning, Publication du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 2002. Nussbaum M.C. and Sunstein C.R. eds., Clones and Clones: Facts and Fantasies about Human Cloning, W.W. 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La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme (1997) et la Déclaration internationale sur les données génétiques humaines (2003), élaborées avec le concours du Comité international de bioéthique de l’UNESCO (CIB) et adoptées par la Conférence générale de l’UNESCO, offrent aux Etats membres les principes universels concernant le domaine de la génétique à mettre en œuvre dans les réglementations nationales. Parmi ses principales activités, la Division organise des conférences et des colloques sur la bioéthique, publie une série d’ouvrages et de brochures et promeut la mise en réseau des institutions de bioéthique. Depuis 2002, le programme de bioéthique est devenu l’une des cinq priorités de l’UNESCO et la Division entend continuer à promouvoir sa mission éthique. Secrétariat de la Section de bioéthique Division de l’éthique des sciences et des technologies Secteur des sciences sociales et humaines Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) 1 rue Miollis, 75732 Paris Cedex 15, France Tél. 33 (0)1 45 68 37 81 Fax 33 (0)1 45 68 55 15 http://www.unesco.org/bioethics