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comportement d’investissement sous toutes ses dimensions. Ainsi, elle doit permettre d’appréhender non
seulement les différentes dimensions du portefeuille d’actifs mais également étendre son champ
d’investigation aux processus organisationnels qui déterminent la constitution et l’évolution de ce
portefeuille. Cette préoccupation correspond, comme l’écrit Brennan (1995, p. 17), à une tendance
générale en finance d’entreprise : « la tendance à délaisser les tentatives visant à prescrire des règles
normatives aux décideurs afin de les assister dans la prise de décisions optimales du point de vue
des actionnaires en faveur de tentatives visant à décrire, de façon plus réaliste, la façon dont ces
décisions sont prises en réalité ».
L’absence de réponses à ces questions, dans les manuels de base, ne représente cependant que
l’état de la finance néoclassique la plus traditionnelle, telle qu’elle régnait, il y a plus de 25 ans. La remise
en cause du paradigme néoclassique, ou plutôt son élargissement, a permis, en intégrant certaines
dimensions organisationnelles, d’apporter un certain nombre de réponses qui peuvent contribuer à
construire une véritable théorie explicative de l’investissement.
Pour comprendre l’évolution de l’approche financière de l’investissement, il faut repartir de ses
sources économiques, afin notamment de préciser ce qui la distingue des approches « stratégiques »,
même si les points de rencontre entre les différents paradigmes sont de plus en plus nombreux et si les
frontières tendent à s’estomper. D’une certaine façon, ce qui sépare fondamentalement les paradigmes
économico-financiers des formes les plus extrêmes des autres paradigmes se situe dans la méthodologie
retenue. Celle-ci reste hypothético-déductive ; elle est fondée sur l’individualisme méthodologique, sur le
maintien d’une hypothèse de rationalité relativement forte, sinon substantielle, des individus et sur le
principe d’efficience (au sens de l’efficience Parétienne). Si l’approche financière a gagné en pouvoir
explicatif, ce gain a eu pour contrepartie un coût lié à la complexification de la théorie même si la
structure de cette dernière reste relativement « simple » comparativement aux théories stratégiques.
Enfin, la théorie financière organisationnelle ne doit pas être considérée comme excluant les approches
organisationnelles concurrentes mais comme la réponse apportée par le paradigme traditionnel au défi
initialement adressé par Bower (1970, p. 7 et 8) qui consistait, dans une certaine mesure, à écarter
l’étude de la décision d’investissement du champ de la finance pour le rattacher au domaine du
management : « En fait, tous les problèmes auxquels font référence les sociétés sous le terme de
budgétisation des investissements sont des problèmes de politique générale… La gestion de ces