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contient une nasale. Cette postposition permet au verbe bàn de s’adjoindre son complément
qui est mâ. La forme infinitive complète du verbe peut être représentée de la façon suivante:
kà bàn mâ ná refuser le maître
kà bàn fɛn ná refuser quelque chose
kà bàn màâ ná refuser quelqu’un
Ceci explique la présence de na chez mâna que N’Diaye considère comme un nom.
La décomposition devrait être à proprement parler la suivante: bàn‚ refuser’, mâ‚ le maître’,
ná <Postposition>, donc‚ refuser le maître’. Si on devrait faire de ces trois éléments un
composé, on aurait un nom à ton bas, c’est à dire bànmànà (le ton de la composition
dépend, du moins en ce qui concerne la variante de Ségou, dont l’auteur est locuteur, du ton
de la première composante bàn et le nom rentre dans la composition sous sa forme
indéterminée).
Or le nom à interpréter, bámánán, est de ton haut et ne se laisserait pas découper de
façon à convenir à l’interprétation de N’Diaye.
Il faudrait signaler de passage que la voyelle de la première syllabe initiale de
bámánán n’est pas nasalisée contrairement à la syllabe initiale de l’interprétation. Toute
cette argumentation nous permet de douter de cette interprétation de N’Diaye.
Mais elle est compréhensible quand on en connaît le fond historique. Lorsque l’islam
fut introduit au 13ème siècle (voir Monteil 1980), certains bamanan avaient refusé de se
laisser convertir à l’islam. Les adhérents de l’islam ont qualifié ces gens comme des gens qui
ont refusé le Dieu, pour les dénigrer. C’est de là, à notre avis, qu’est née cette interprétation
de refuser le maître. Il faut dire qu’il y a là aussi un problème, même si cela était le cas, car on
pourrait se demander quelle était donc l’appellation de cette communauté avant l’introduction
de l’Islam au Mali. La réponse est que toutes les ethnies au Mali avaient leur appellation, les
bamanan ne faisant pas exception. Tout cela laisse à croire que cette interprétation n’est pas
fondée.
Une autre interprétation qui, d’après N’Diaye (1970:92), est peu probable mais qui est
la plus répandue serait que le mot bamanan vient du mot bama ou banba‚ «crocodile», de
sorte que bamanan signifierait‚ «gens du crocodile».
BAZIN (1906:68) partage aussi cet avis.
Il y a là aussi, le même problème tonal qui nous permet de douter de la véracité de
cette interprétation. Signalons de passage que bama peut être considéré comme une variante
dérivée de banba par un processus d’assimilation (cf. DIALLO 2003, 2004). En effet, une
assimilation consonantique régressive s’est produite où la marque de la nasalité n de banba
s'assimile à la consonne b qui lui succède en prenant le même point d'articulation que cette
dernière. On aura alors bamba. Mais l’assimilation ne s’arrête pas là. A lieu ensuite une
assimilation progressive entre b et m où le b s’assimile totalement à la nasale qui le précède
pour devenir cette nasale même; le résultat de cette assimilation mm se réduit ensuite à une
seule nasale m. Ce cas d’assimilation est valable aussi bien pour les mots à ton bas bànbà et
bàmà que pour les mots à ton haut bánbá et bámá. Comme il a été dit plus haut la variante